dimanche 25 octobre 2015

2015-10-25 - B - 30ème dimanche du temps ordinaire - « Rabbouni, que je retrouve la vue » (Mc 10, 46b-52)


30ème dimanche du Temps Ordinaire
1ère lecture : « L’aveugle et le boiteux, je les fais revenir » (Jr 31, 7-9)
Lecture du livre du prophète Jérémie
    Ainsi parle le Seigneur :
Poussez des cris de joie pour Jacob,
acclamez la première des nations !
Faites résonner vos louanges et criez tous :
« Seigneur, sauve ton peuple,
le reste d’Israël ! »
    Voici que je les fais revenir du pays du nord,
que je les rassemble des confins de la terre ;
parmi eux, tous ensemble, l’aveugle et le boiteux,
la femme enceinte et la jeune accouchée :
c’est une grande assemblée qui revient.
    Ils avancent dans les pleurs et les supplications,
je les mène, je les conduis vers les cours d’eau
par un droit chemin où ils ne trébucheront pas.
Car je suis un père pour Israël,
Éphraïm est mon fils aîné.
    – Parole du Seigneur.
2ème lecture : « Tu es prêtre de l’ordre de Melkisédek pour l’éternité » (He 5, 1-6)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Tout grand prêtre est pris parmi les hommes ;
il est établi pour intervenir en faveur des hommes
dans leurs relations avec Dieu ;
il doit offrir des dons et des sacrifices pour les péchés.
    Il est capable de compréhension
envers ceux qui commettent des fautes par ignorance ou par égarement,
car il est, lui aussi, rempli de faiblesse ;
    et, à cause de cette faiblesse,
il doit offrir des sacrifices pour ses propres péchés
comme pour ceux du peuple.
    On ne s’attribue pas cet honneur à soi-même,
on est appelé par Dieu, comme Aaron.
    Il en est bien ainsi pour le Christ :
il ne s’est pas donné à lui-même
la gloire de devenir grand prêtre ;
il l’a reçue de Dieu, qui lui a dit :
Tu es mon Fils,
moi, aujourd’hui, je t’ai engendré,
    car il lui dit aussi dans un autre psaume :
Tu es prêtre de l’ordre de Melkisédek
pour l’éternité.
    – Parole du Seigneur.
Evangile : « Rabbouni, que je retrouve la vue » (Mc 10, 46b-52)
Acclamation :
Alléluia, Alléluia,
Notre Sauveur, le Christ Jésus, a détruit la mort,
il fait resplendir la vie par l'Evangile.
Alléluia.
(2 Tm 1, 10)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là,
    tandis que Jésus sortait de Jéricho
avec ses disciples et une foule nombreuse,
le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait,
était assis au bord du chemin.
    Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth,
il se mit à crier :
« Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! »
    Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire,
mais il criait de plus belle :
« Fils de David, prends pitié de moi ! »
    Jésus s’arrête et dit :
« Appelez-le. »
On appelle donc l’aveugle, et on lui dit :
« Confiance, lève-toi ;
il t’appelle. »
    L’aveugle jeta son manteau,
bondit et courut vers Jésus.
    Prenant la parole, Jésus lui dit :
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »
L’aveugle lui dit :
« Rabbouni, que je retrouve la vue ! »
    Et Jésus lui dit :
« Va, ta foi t’a sauvé. »
Aussitôt l’homme retrouva la vue,
et il suivait Jésus sur le chemin.
    – Acclamons la Parole de Dieu.


Trois textes qui en ce dimanche nous appellent à La Foi !

Mais prenons le temps après le tumulte de notre semaine de pauser un peu…

Chacune et chacun d’entre nous a connu des moments plus ou moins difficiles durant cette semaine…
Les petites contrariétés du quotidien, parfois des disputes avec des gens que pourtant nous aimons ou des choses plus graves et plus lourdes à porter.

Toutes ces choses sont venues obscurcir nos jours…

Et pourtant, si nous croyons vraiment en ce Dieu qui nous rassemble aujourd’hui nous pouvons lui remettre tout cela, certains qu’il peut nous aider à surmonter tout cela…

Nous savons, si nous faisons cette pause dont je viens de parler, si nous prenons quelques instants pour lire au fond de notre cœur, que Dieu est plus fort que tout cela…

Il est celui qui nous permettra de passer au-dessus de ces contrariétés ou difficultés du quotidien et de les ranger à leur place dans notre vie avec la valeur qu’elles ont réellement…

Il est celui qui nous aidera à faire le premier pas vers ceux avec qui nous nous sommes peut-être disputés et avec eux retrouver la sérénité qui permet d’avancer, certains que la bonne entente avec nos frères est bien plus importante que nos divergences.

C’est le sens du texte de la première lecture…

Dans ce texte Jérémie s’adresse à son peuple, un peuple qui vient d’être déporté sans ménagement sur une terre étrangère.

Tous ont le moral au plus bas, et c’est en leur faisant ressentir la joie qui sera la leur au jour de leur retour, que Jérémie les remet en route, leur permet à nouveau de croire en demain et surtout dans le fait que Dieu n’abandonne jamais ses enfants…

Car la bonne nouvelle de ce texte c’est que Dieu est toujours le même… Il ne change pas Lui !
Il nous aime inlassablement et ne demande qu’à nous combler de Son amour !

C’est cela qu’il ne faut jamais oublier, même aux jours les plus sombres de notre existence.

Ce Dieu plein d’amour se révèle en Jésus Christ que la lettre aux Hébreux nous présente comme le grand prêtre.

Ce prêtre c’est celui qui établit des relations entre Dieu et les hommes.
Il est celui qui parle de Dieu aux hommes et celui qui parle des hommes à Dieu.
Comme le disait Jean-Paul II « Il donne Dieu aux hommes et les hommes à Dieu »

De nos jours, cette mission n’est pas seulement celle des ministres de l’Eglise, cette mission est également la nôtre, celle de chacune et chacun d’entre nous.
Nous sommes tous en charge d’annoncer Dieu à nos frères, de leur dire combien Il nous aime, combien il veut notre bonheur ; Et nous avons également pour mission d’intercéder pour eux auprès de Dieu.

Comme les grands prêtres du texte nous sommes tous appelés à témoigner de notre foi auprès de nos frères, chrétiens ou non.

Comme les grands prêtres du texte nous ne sommes pas parfaits… Nous sommes dont très bien placés pour comprendre ce qui a fait tomber nos frères et les confier à Dieu dans la prière en même temps que nos propres péchés.


Et comme toujours le texte d’Evangile vient en point d’orge des trois textes de ce jour.

Nous y rencontrons Jésus au milieu d’une foule et un aveugle, Bartimée, qui est assis sur le bord de la route.

Il y a beaucoup à dire sur ce texte qui contient beaucoup de symboles et qui n’est pas qu’une jolie histoire qui se termine bien… surtout pour Bartimée…

Bartimée est peut-être aveugle des yeux mais pas du cœur…
Apprenant que c’est Jésus qui passe, il se met à crier « Jésus Fils de David… »
Par ces paroles il reconnaît en Lui le Messie.

La première chose que je souhaitais relever, le premier symbole que je voulais vous partager est dans le fait que Bartimée est sauvé avant même d’être guéri… « Va, ta foi t’as sauvé… » ce n’est qu’ensuite qu’il se met à voir.

Le salut que Jésus apporte ce n’est pas d’abord la guérison d’une infirmité physique…

Être sauvé, c’est avant tout être tiré d’un danger dans lequel nous allions périr…

Bartimée, lui qui était mis à l’écart de la société à cause d’un mal auquel il ne pouvait vraisemblablement rien, est sauvé de l’abandon.
Lui qui était sur le bord de la route – au sens propre comme au sens figuré – retrouve sa place sur le chemin des hommes.

Par son geste de foi il devient disciple du Christ qu’il suivra désormais sur la route nous dit le texte, et pas seulement la route sur laquelle Jésus marche physiquement mais surtout sur la route de son enseignement, de son témoignage de l’Amour de Dieu…

C’est aussi à ce cri de foi que Dieu nous invite…

Lui qui nous aime, Lui qui fait toujours le premier pas vers nous, Lui qui souhaite notre bonheur plus que tout, n’attend de nous que ce cri de foi pour pouvoir nous sauver…

C’est quand même un comble, un énorme paradoxe : C’est Dieu qui attend notre « permission » si j’ose dire pour nous sauver.

Parfois, quand nous prenons conscience de nos erreur, de la portée qu’elles ont dans nos vies et celles de ceux qui nous entourent… Parfois donc nous nous sentons tellement petits que nous n’osons plus nous adresser à Dieu…
C’est le piège de l’éloignement dans lequel nous sommes tellement nombreux à tomber…

C’est à l’heure où nous avons le plus besoin de la miséricorde de Dieu que nous nous en éloignons…
Alors que nous n’avons qu’à nous tourner vers lui, crier vers lui avec un cœur sincère pour qu’Il nous sauve.

Et cela m’amène au second point que je voulais vous faire remarquer, au second symbole : Le cri de Bartimée…
Son cri et sa force, sa fougue quand Jésus l’appelle

Car Bartimée crie et parce que la foule tente de le faire taire, Bartimée crie encore plus fort « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! »

Jésus s’arrête et le fait appeler… Vous remarquerez au passage qu’il ne l’appelle pas lui-même, mais j’y reviendrai…
Jésus fait donc appeler Bartimée…

Et le texte nous dit : « L'aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. »

Encore un symbole fort…

Bartimée jette ce manteau qui lui servait à recueillir l’aumône, ce manteau qui le caractérisait si bien comme un rejeté de la société…
Il le rejette car désormais il n’en aura plus besoin, il est sauvé par Dieu !

Ce symbole s’adresse également à nous.

C’est vrai la vie est parfois difficile… et comme pour le peuple de Jérémie dans la première lecture, tout peut nous sembler parfois bien sombre…

Mais Dieu nous demande de croire en son Amour qui peut tout au-delà de toute perception humaine.

Cela veut dire que nous serons sauvés, nous pourrons continuer le chemin parce que comme Bartimée avant même d’être guéris de nos maux, nous serons sauvés…


Il y a encore un symbole fort dans ce texte. C’est la foule dont il y a beaucoup de choses à dire également…

Cela ne transparaît pas directement dans le texte et pourtant cette foule a besoin d’être sauvée elle aussi…
Cette foule qui tente de faire taire Bartimée au moment où il professe sa foi au point qu’il est obligé de crier pour se faire entendre…

Dans ce texte, les aveugles ne sont peut-être finalement pas ceux que l’on croit …

Grâce à l’intervention de Jésus la foule découvre un Dieu qui ne laisse personne sur le côté, un Dieu qui met sur un pied d’égalité les biens portants et les aveugles… un Dieu qui souhaite donner une nouvelle chance aux pécheurs également… Et du coup c’est cette foule qui est envoyée chercher Bartimée…

Le parallèle est tout fait avec notre vie à nous…

C’est à nous qui sommes pour une bonne majorité bien portants, et qui, comme la foule de l’Evangile, tentons de suivre le Christ, que Dieu demande d’aller à la rencontre des plus petits, des exclus des pécheurs également et de veiller à les conduire à Lui…

Comme chaque semaine, comme chaque jour d’ailleurs, les textes sont des cadeaux extraordinaires… des cadeaux qui se renouvellent sans cesse chaque jour …

Chaque jour apprenons à nous laisser éclairer par les textes qui nous seront proposés mais surtout et avant tout par l’Amour de Dieu, alors nous irons de surprise en surprise et nous découvrirons à quel point il est important de proclamer sa foi dans le monde qui nous entoure.


Amen.

dimanche 18 octobre 2015

2015-10-18 - B - 29ème dimanche du temps ordinaire - « Le Fils de l’homme est venu donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10, 35-45)


29ème dimanche du Temps Ordinaire
1ère lecture : « S’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours » (Is 53, 10-11)
Lecture du livre du prophète Isaïe
Broyé par la souffrance, le Serviteur a plu au Seigneur.
S’il remet sa vie en sacrifice de réparation,
il verra une descendance, il prolongera ses jours :
par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira.
    Par suite de ses tourments, il verra la lumière,
la connaissance le comblera.
Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes,
il se chargera de leurs fautes.
    – Parole du Seigneur.
2ème lecture : « Avançons-nous avec assurance vers le Trône de la grâce » (He 4, 14-16)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères,
    en Jésus, le Fils de Dieu,
nous avons le grand prêtre par excellence,
celui qui a traversé les cieux ;
tenons donc ferme l’affirmation de notre foi.
    En effet, nous n’avons pas un grand prêtre
incapable de compatir à nos faiblesses ,
mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses,
à notre ressemblance, excepté le péché.
    Avançons-nous donc avec assurance
vers le Trône de la grâce,
pour obtenir miséricorde
et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours.
    – Parole du Seigneur.
Evangile : « Le Fils de l’homme est venu donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10, 35-45)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia.
Le Fils de l’homme est venu pour servir,
et donner sa vie en rançon pour la multitude
Alléluia.
(cf. Mc 10, 45)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là,
    Jacques et Jean, les fils de Zébédée,
s’approchent de Jésus et lui disent :
« Maître, ce que nous allons te demander,
nous voudrions que tu le fasses pour nous. »
    Il leur dit :
« Que voulez-vous que je fasse pour vous ? »
    Ils lui répondirent :
« Donne-nous de siéger,
l’un à ta droite et l’autre à ta gauche,
dans ta gloire. »
    Jésus leur dit :
« Vous ne savez pas ce que vous demandez.
Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire,
être baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé ? »
    Ils lui dirent :
« Nous le pouvons. »
Jésus leur dit :
« La coupe que je vais boire, vous la boirez ;
et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé.
    Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche,
ce n’est pas à moi de l’accorder ;
il y a ceux pour qui cela est préparé. »
    Les dix autres, qui avaient entendu,
se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean.
    Jésus les appela et leur dit :
 « Vous le savez :
ceux que l’on regarde comme chefs des nations
les commandent en maîtres ;
les grands leur font sentir leur pouvoir.
    Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi.
Celui qui veut devenir grand parmi vous
sera votre serviteur.
    Celui qui veut être parmi vous le premier
sera l’esclave de tous :
    car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi,
mais pour servir,
et donner sa vie en rançon pour la multitude. »
    – Acclamons la Parole de Dieu.

OU LECTURE BREVE


Trois très beaux textes encore en ce dimanche, mais peut-être un peu plus difficile à associer les uns aux autres que les dimanches précédents.

Et pourtant, ils sont une suite logique comme à chaque fois.
Tous ces textes nous parlent de la même chose : le don de soi.. le don TOTAL de soi… le mot « TOTAL » a son importance mais nous y reviendrons tout à l’heure.

Le premier texte est extrait du livre d’Isaïe.
Mais qui est donc ce serviteur broyé par la souffrance dont nous parle Isaïe ?

Est-ce de lui-même qu’il parle ?
Lui au moment où il est rejeté par les siens ?
Utilise-t-il cette image pour parler du peuple en exil sur une terre étrangère ?
Ou bien est-ce tout simplement de tout croyant qui souffre, que ce texte nous parle ?
De toute personne, et dans ce cas, ça peut être chacune et chacun d’entre nous quand nous rencontrons des difficultés…
Ce qui est sûr, c’est que pour nous chrétiens, nous pouvons lire l’annonce de Jésus serviteur Agneau de Dieu dans l’histoire de ce serviteur.

Ce très court texte d’Isaïe nous invite à réfléchir sur le sens de la souffrance et du sacrifice…
Mais me direz-vous : Y a-t-il vraiment un sens à la souffrance ? Faut-il en arriver à souhaiter de souffrir ?

Ce n’est pas cela que nous dit le texte, et il me semble important de partir d’un prérequis : La souffrance, la maladie sont des maux qu’il nous faut combattre par tous les moyens ; Et NON, la souffrance en elle-même n’a aucun sens.

Le texte nous dit que, à cause de sa souffrance, le serviteur verra la lumière.
Et encore une fois, cela ne veut pas dire qu’il faut souffrir pour voir la lumière…
Ce texte nous interpelle, nous qui sommes tous un jour ou l’autre confrontés à la souffrance, pour savoir comment nous réagissons devant cette souffrance.

Chacun réagit différemment et il n’est pas question de poser ici un jugement sur quiconque, mais ce texte nous invite à ne pas nous renfermer sur nous-même alors, à ne pas en vouloir à le terre entière et rejeter tous ceux qui nous entourent.

Ce n’est certes pas facile, et encore une fois, nous ne sommes pas tous égaux devant la souffrance, mais c’est en remettant cette souffrance à Dieu et en acceptant de continuer à avancer au milieu de ceux qui nous entourent que nous pourrons voir la lumière et être comblé comme nous le dit le texte.

Nous commençons ici à toucher du bout du doigt le terme de « don TOTAL de soi » dont je parlais tout à l’heure.

Et ce don, bien sûr, nous le trouvons entièrement réalisé dans la personne de Jésus Christ ; C’est ce que nous rappelle la lettre aux Hébreux de la seconde lecture.

L’image qu’elle nous donne du Christ, comme étant le grand prêtre par excellence est très évocatrice.

Jésus, Tout comme le grand prêtre fait le lien entre la terre et le ciel.
Il parle des hommes à Dieu et de Dieu aux hommes.
Comme un grand prêtre, il intercède pour nous auprès de Dieu pour que nous puissions obtenir sa miséricorde, à la différence près que lui est allé jusqu’au don de sa vie pour que nos péchés nous soient remis.

Et le Concile Vatican II dont, qui a maintenant plus de 50 ans, nous a également précisé que ce don de soi concerne chaque baptisé.

Il appartient à chacun d’entre nous de pardonner à ceux qui nous entourent.
Il appartient à chacun d’entre nous de prier pour celles et eux, y compris - et surtout oserai-je dire – pour ceux qui nous font souffrir.

C’est vrai ce n’est pas facile… C’est vrai ça n’est absolument pas dans l’air de notre temps et la TV nous montre chaque jour – et même plusieurs fois par jour – des exemples de gens qui ne veulent absolument pas entendre de pardon et qui s’acharnent à faire leur justice…
Et pourtant prier pour ceux qui nous font du mal, c’est bien à cela que correspond le don de soi.

Une fois encore nous approchons de cette notion de don TOTAL de soi…


Vient enfin le texte d’Evangile.
Tout commence par une parole de Jacques et jean qui demandent à Jésus de pouvoir siéger à ses côtés dans la gloire.

« Ils sont gonflés ces deux-là ! » c’est sans doute notre première réaction et ça a également été celle des autres disciples.

Mais si nous prenons un peu de recul, cela veut également dire que ces deux disciples avaient quand même déjà bien compris que la gloire de Dieu n’est pas de ce monde… ils ne lui ont pas demandé d’être à ses côtés sur un trône ou à la tête de quelque empire que ce soit, mais à ses côtés « dans la gloire », cette gloire qui leur a été donnée de contempler au jours de la transfiguration.

Et comme à son habitude, Jésus profite de l’occasion pour enseigner à ceux qui l’entourent…

Il revient cette fois encore sur la nécessité du don de soi pour accéder au royaume de Dieu.

Il prend pour cela deux symboles… Celui de la coupe et celui du baptême.

La coupe c’est celle qu’il va boire lui-même… Cette coupe qui est pleine des péchés des hommes, de nos péchés, et c’est Jésus qui va s’en charger… IL va les prendre sur SON dos et mourir en demandant au père de NOUS pardonner…

Il nous dit donc que si nous aussi nous voulons accéder au royaume de Dieu, il nous faut passer par l’acceptation de cette coupe…
Il nous faut accepter nous aussi de nous charger des péchés de celles et ceux qui nous entourent et font souffrir, et nous font souffrir…

Il nous faut prier pour eux, accepter d’être du côté de ceux qui souffrent et de demander à Dieu de les pardonner comme le Christ lui-même l’a fait pour nous en mourant sur la croix. Pas facile tout cela n’est-ce pas ?

Puis il y a le symbole du baptême…
Ce baptême dont il parle, c’est celui de sa Passion et de sa mort.
Il a souffert sa passion pour les hommes… Il nous a tellement aimés, avec passion, qu’il a accepté de mourir pour nous.

« Eh minute… » Me direz-vous « Je n’ai pas envie de finir comme lui moi… »

Et pourtant, à la mesure de nos capacités, c’est bien ce que Dieu nous demande…
Mais j’ai bien dit : « à la mesure de nos capacités » et j’aurais peut-être du rajouter « dans notre environnement ».

Il n’est pas dans les possibilités de chacun d’entre nous de partir à l’autre bout du monde soulager la souffrance de celles et ceux qui malheureusement subissent la faim ou la guerre.

C’est d’abord là où nous sommes que le Christ nous invite à prendre sa suite et il est fort peu probable de fait, - quoique… - que l’un ou l’autre d’entre nous finisse crucifié au sens littéral du terme.

C’est dans le quotidien de nos vies que le Christ nous attend et nous demande de prendre sa suite… et les possibilités ne manquent pas…

C’est par exemple, dans le respect absolu de son sacrement de mariage, quand l’Autre ne va pas bien pour quelque raison que ce soit, le fait de rester à ses côtés, de tout faire pour comprendre ses hauts et ses bas, et de l’aider en s’efforçant de rester toujours plus aimant et toujours plus disponible…

C’est encore dans notre milieu professionnel, là où trop souvent les nerfs sont à vif et où malheureusement trop souvent les coups tordus sont de mise, en sachant rester souriant, droit, juste et respectueux des autres envers et contre tout…

C’est aussi en famille, quand nos enfants font des choix qui ne sont pas les nôtres, savoir se souvenir que nous aussi nous avons parfois fait des choix décalés et accueillir les leurs avec bienveillance, patience, calme et amour ces ingrédients indispensables au maintien du dialogue dont chacun sait très bien qu’il est porteur de paix…

C’est aussi dans nos paroisses, quand nous nous mettons complètement au service des autres, en acceptant de s’offrir à un service d’église plutôt que de chercher à le piloter pour je ne sais quel mérite tellement humain et pourtant tellement éphémère…

Mais me direz-vous, c’est qu’en procédant ainsi on risque de s’oublier… de perdre notre identité… de nous faner et de mourir…

C’est possible… C’est possible si on oublie de faire tout cela au nom de notre foi…

Car c’est bien là que se trouve le sens de tout cela…

Dans tous ces moments, ce qui fera la différence, ce qui fera qu’on pourra continuer à vivre aux côtés d’un conjoint en difficultés plutôt que de laisser la colère et la rancœur s’installer et de finir par se séparer…

Ce qui fera que petit à petit on pourra constater que le respect et même parfois l’amitié, s’installent entre collègues alors que tout semblait perdu…

Ce qui fera que le dialogue sera maintenu entre parents et enfants malgré les différences de vue et que chacun saura qu’il peut continuer à compter sur l’autre…

Ce qui fera qu’en paroisse, plus personne ne s’appropriera tel ou tel service mais que chacun trouvera sa place au service des autres…

Ce qui fera que l’on pourra vivre tout cela sans avoir l’impression de se faner, de mourir tout en se donnant TOTALEMENT aux autres, c’est notre foi…
C’est le fait que dans chacun de ces instants de notre vie, nous aurons appris à réagir comme le Christ l’a fait lui aussi.

Cette semaine, j’ai eu le plaisir de vivre un temps d’adoration dans une paroisse non loin de la nôtre…

J’en profite au passage pour souligner l’importance de ces moments passés face au Seigneur, ces moments de calme où nous pouvons lui remettre tout ce que nous sommes en confiance.

Jeudi j’ai terminé, comme je le fais aujourd’hui, par la suggestion d’une petite prière que chacun d’entre nous peut dire chaque matin… Quelques mots prononcés avec cœur… Quelques mots qui, si nous savons les dire avec foi et confiance en Dieu peuvent tout changer et contribuer à ce que tout cela devienne réalité :
« Seigneur, donne-moi aujourd’hui d’aller à la rencontre de toutes celles et ceux que tu mettras sur ma route et aide moi à les aimer comme toi tu les aimes »


Amen.