dimanche 23 février 2014

2014-02-23 - A - 7° Dimanche du temps ordinaire - Sermon sur la montagne. Aimez vos ennemis, soyez parfaits comme votre Père céleste (Mt 5, 38-48)


7ème dimanche du Temps Ordinaire


1ère lecture : Tu aimeras ton prochain, car je suis saint (Lv 19, 1-2.17-18)



Lecture du livre des Lévites



Le Seigneur adressa la parole à Moïse :
« Parle à toute l'assemblée des fils d'Israël ; tu leur diras : Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint.

Tu n'auras aucune pensée de haine contre ton frère. Mais tu n'hésiteras pas à réprimander ton compagnon, et ainsi tu ne partageras pas son péché.
Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Je suis le Seigneur ! »



2ème lecture : La sagesse véritable : appartenir tous ensemble au Christ (1 Co 3, 16-33)



Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens



Frères,
n'oubliez pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous.
Si quelqu'un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c'est vous.
Que personne ne s'y trompe : si quelqu'un parmi vous pense être un sage à la manière d'ici-bas, qu'il devienne fou pour devenir sage.
Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. L'Écriture le dit : C'est lui qui prend les sages au piège de leur propre habileté.
Elle dit encore : Le Seigneur connaît les raisonnements des sages : ce n'est que du vent !
Ainsi, il ne faut pas mettre son orgueil en des hommes dont on se réclame. Car tout vous appartient, Paul et Apollos et Pierre, le monde et la vie et la mort, le présent et l'avenir : tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu.



Evangile : Sermon sur la montagne. Aimez vos ennemis, soyez parfaits comme votre Père céleste (Mt 5, 38-48)



Alléluia. Alléluia.

Celui qui garde la parole du Christ connaît l'amour de Dieu dans sa perfection.

Alléluia (cf. 1 Jn 2, 5)



Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu



Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait :
« Vous avez appris qu'il a été dit : Œil pour œil, dent pour dent. Eh bien moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l'autre.

Et si quelqu'un veut te faire un procès et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu'un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. Donne à qui te demande ; ne te détourne pas de celui qui veut t'emprunter.

Vous avez appris qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d'être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n'en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n'en font-ils pas autant ? Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »



Ainsi donc nous sommes le temple de l’Amour de Dieu !

Dans la seconde lecture, c’est ce que Saint Paul rappelle aux chrétiens de Corinthe.

Plus exactement il leur dit qu’ils sont le temple de Dieu, mais puisque Dieu est Amour alors ils sont également le temple de l’Amour de Dieu.

Dit comme ca, ca semble être une belle phrase comme on en trouve un peu partout dans la Bible.

Ce qui est important pour les chrétiens de Corinthe comme pour nous 21 siècles plus tard, c’est qu’elle ait du sens dans nos vies… Qu’elle veuille réellement dire quelque chose dans quotidien de chacune et chacun d’entre nous.

Déjà à l’époque, tout comme nous le sommes, les chrétiens de Corinthe étaient en proie aux divisions.
Le Christ était à peine parti si je puis dire, que ceux là même qui avaient tout juste hérité de son message d’Amour, s’entredéchiraient pour des questions diverses et variées qui leur faisaient oublier qu’ils étaient appelés à être le temple de l’Amour qu’il leur avait transmis

Par cette lecture, nous sommes nous aussi invités à laisser sur le côté nos querelles plus stupides les unes que les autres pour nous souvenir que nous sommes appelés à être ce fameux temple de l’Amour de Dieu.

Mais ca ne nous dit toujours pas ce que c’est qu’être le temple de l’Amour de Dieu, ni même comment cette phrase est sensée éclairer nos vies dans leurs quotidiens.

Essayons de trouver dans les autres textes l’explication de cette phrase et surtout son sens.

Dans la première lecture on nous apprend que le Seigneur, s’adressant à Moïse lui dit : « Parle à toute l'assemblée des fils d'Israël ; tu leur diras : Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint. »

Ca commence mal… Je vous ai dit qu’on allait essayer de trouver la réponse dans les autres lectures et dans celle-ci on nous parle d’être Saints…

Autant remballer tout de suite et passer à autre chose…
Nous savons tous que nous ne sommes pas parfaits et que sans doute aucun d’entre nous ne viendra compléter la liste.

Quoi que…

Reprenons la phrase exacte : « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint. »
Ca ne veut pas dire qu’il faut l’être de façon instantanée.
C’est plutôt une invitation à le devenir… petit à petit.

Dieu nous connait… C’est lui qui nous a fait… Il sait que nous ne sommes pas parfaits … Il sait que notre humanité est capable du pire mais aussi du meilleur.

Ce qu’il nous demande c’est de laisser se révéler en nous ce fameux meilleur côté…

Les plus grands Saints de notre histoire ne sont pas nécessairement nés Saints…

Saint Paul a commencé par persécuter les chrétiens, Sainte Jeanne-D’Arc doit avoir à son actif la mort d’un certain nombre d’Anglais, etc… etc…

Si ces gens sont devenus Saints, c’est parce qu’ils ont permis à Dieu de révéler en eux ce meilleur qu’ils ont alors été capables de mettre au service de celle et ceux que le Seigneur a mis sur leur route.

Vous le voyez, ce n’est pas perdu… Nous avons encore de la marge et il n’est jamais trop tard ni pour commencer ni pour bien faire !

Cela commence sans doute – du moins je l’espère – à vous éclairer sur ce que c’est qu’être le temple de l’Amour de Dieu.

L’Evangile – comme chaque dimanche – arrive en point d’orgue pour nous aider définitivement à y voir clair.

Ce que nous apporte l’Evangile d’aujourd’hui, c’est en quelque sorte la méthode…
A méthode est claire, mais pas vraiment simple à mettre en œuvre…

Les disciples sont rassemblés autour de Jésus sur la montagne.

Ce dernier commence par leur rappeler la loi du Talion.
Cette loi datait de l’ancien testament et même si le terme « œil pour œil et dent pour dent » peut nous sembler barbare aujourd’hui il était un grand progrès pour l’époque.

En effet, avant que cette loi ne soit instaurée, la violence allait crescendo entre les gens, les clans et même les familles pour des peccadilles.

D’escalade en escalade on pouvait voir deux familles s’entretuer pour des raisons qui s’étaient parfois perdues dans les méandres du temps.

La loi du Talion était venue « calmer le jeu » en quelque sorte en rétablissant un châtiment approprié à la faute.

Les disciples ont baigné dans cette loi…
Pour eux c’est une base.

Et bien Jésus bien bouleverser cette base en leur disant qu’ils doivent faire mieux que cela.
Eux, ses disciples, eux qui veulent être reconnus comme des Fils de Dieu, ils doivent abandonner cette loi pour aller encore plus loin.

Ne pas riposter aux méchants…
Tendre la joue droite si on a été giflé sur la gauche plutôt que de répondre…
Sa laisser dépouiller lors d’un procès…
Etc. etc. etc.

Pourquoi tout cela : « car Dieu fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. »

Cette phrase était très importante pour l’époque car le soleil et la pluie étaient considérés comme des dons de Dieu à celles et ceux qu’Il Aimait !

Ce que nous rappelle ce texte c’est que Dieu aime tous les hommes qu’ils soient bons ou… moins bons, justes ou… moins justes…

Ce que nous rappelle également ce texte c’est qu’il nous arrive à nous aussi d’être du côté des moins bons et des moins justes et que donc, même quand nous agissons ainsi, Dieu continue à nous aimer nous aussi en ayant qu’un seul souci, nous ramener dans le droit chemin, un chemin d’amour et de bonheur.

Cet Evangile nous  rejoint dans un monde difficile. Aimer nos ennemis, prier pour ceux qui nous persécutent, ce n’est pas aussi évident qu’il y paraît et pourtant c’est bien cela qui nous est demandé.

Aimer à l’image de Dieu, aimer à l’image du Christ…
Tendre par nos comportements vers cette Sainteté dont nous parlions il y a quelques instants, voilà que c’est qu’être le temple de l’Amour de Dieu.

Un vrai défi dans notre temps n’est-ce pas ?
Mais un défi dans lequel nous ne sommes pas seuls…

Une chose nous est répétée depuis toujours, en laquelle il nous faut absolument continuer à croire : le mal et la violence n’auront pas le dernier mot.

C’est dans l’Amour de Dieu que notre monde trouvera un jour la Paix et la Sérénité.
Ca ne se passera sans doute pas grâce par à un coup de baguette magique comme chacun l’imagine peut-être.

C’est plus surement en nous mettant tous au travail avec le Christ pour compagnon de voyage, en acceptant de laisser tomber nos rancunes et nos habitudes de rendre le mal pour le mal que nous contribuerons à changer les choses et que nous seront réellement le temple de l’Amour de Dieu.


Amen

dimanche 16 février 2014

2014-02-16 - A - 6° Dimanche du temps ordinaire - Sermon sur la montagne. Surpasser la justice des scribes et des pharisiens (Mt 5, 17-37)


6ème dimanche du Temps Ordinaire


1ère lecture : « Tu peux observer les commandements » (Si 15, 15-20)



Lecture du livre de Ben Sirac le Sage



Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle.
Le Seigneur a mis devant toi l'eau et le feu : étends la main vers ce que tu préfères.
La vie et la mort sont proposées aux hommes, l'une ou l'autre leur est donnée selon leur choix.
Car la sagesse du Seigneur est grande, il est tout-puissant et il voit tout.
Ses regards sont tournés vers ceux qui le craignent, il connaît toutes les actions des hommes.
Il n'a commandé à personne d'être impie, il n'a permis à personne de pécher.



2ème lecture : La sagesse de Dieu est ignorée du monde (1 Co 2, 6-10)



Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens



Frères,
c'est bien une sagesse que nous proclamons devant ceux qui sont adultes dans la foi, mais ce n'est pas la sagesse de ce monde, la sagesse de ceux qui dominent le monde et qui déjà se détruisent.
Au contraire, nous proclamons la sagesse du mystère de Dieu, sagesse tenue cachée, prévue par lui dès avant les siècles, pour nous donner la gloire.
Aucun de ceux qui dominent ce monde ne l'a connue, car, s'ils l'avaient connue, ils n'auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire.
Mais ce que nous proclamons, c'est, comme dit l'Écriture : ce que personne n'avait vu de ses yeux ni entendu de ses oreilles, ce que le cœur de l'homme n'avait pas imaginé, ce qui avait été préparé pour ceux qui aiment Dieu.
Et c'est à nous que Dieu, par l'Esprit, a révélé cette sagesse. Car l'Esprit voit le fond de toutes choses, et même les profondeurs de Dieu.


Evangile : Sermon sur la montagne. Surpasser la justice des scribes et des pharisiens (Mt 5, 17-37)



Alléluia. Alléluia.

La loi du Seigneur est joie pour le cœur, lumière pour les yeux. 

Alléluia (cf. Ps 18, 9)



Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu



Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait :
« Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas une lettre, pas un seul petit trait ne disparaîtra de la Loi jusqu'à ce que tout se réalise. Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le Royaume des cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera sera déclaré grand dans le Royaume des cieux.
Je vous le dis en effet : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le Royaume des cieux. Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu'un commet un meurtre, il en répondra au tribunal. Eh bien moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère en répondra au tribunal. Si quelqu'un insulte son frère, il en répondra au grand conseil. Si quelqu'un maudit son frère, il sera passible de la géhenne de feu. Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande sur l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande.  Accorde-toi vite avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu'on ne te jette en prison. Amen, je te le dis : tu n'en sortiras pas avant d'avoir payé jusqu'au dernier sou.

Vous avez appris qu'il a été dit : Tu ne commettras pas d'adultère. Eh bien moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme et la désire a déjà commis l'adultère avec elle dans son cœur. Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi : car c'est ton intérêt de perdre un de tes membres, et que ton corps tout entier ne soit pas jeté dans la géhenne. Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi : car c'est ton intérêt de perdre un de tes membres, et que ton corps tout entier ne s'en aille pas dans la géhenne.
Il a été dit encore : Si quelqu'un renvoie sa femme, qu'il lui donne un acte de répudiation. Eh bien moi, je vous dis : Tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d'union illégitime, la pousse à l'adultère ; et si quelqu'un épouse une femme renvoyée, il est adultère. 
Vous avez encore appris qu'il a été dit aux anciens : Tu ne feras pas de faux serments, mais tu t'acquitteras de tes serments envers le Seigneur. Eh bien moi, je vous dis de ne faire aucun serment, ni par le ciel, car c'est le trône de Dieu, ni par la terre, car elle est son marchepied, ni par Jérusalem, car elle est la Cité du grand Roi. Et tu ne jureras pas non plus sur ta tête, parce que tu ne peux pas rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir. Quand vous dites 'oui', que ce soit un 'oui', quand vous dites 'non', que ce soit un 'non'. Tout ce qui est en plus vient du Mauvais. »




Dans les textes qui nous sont proposés ce dimanche, tout tourne autour de la loi de Dieu et de la façon de la vivre

Car il faut se le rappeler la loi de Dieu n’a pas forcément grand chose à voir avec la loi des hommes.
Ce n’est pas une loi d’obligations et d’interdits mais bel et bien une loi à vivre.

Mais qu’est-ce qu’une loi à vivre ?

Dans nos référentiels humains, une loi nous donne nos droits et devoirs mais nulle part on ne nous dit que c’est une loi à vivre et du coup peut être sommes nous perdus… peut-être avons du mal à comprendre…

Il nous faut alors changer de référentiel et nous souvenir avant tout que Dieu est Amour et que Dieu n’est QUE Amour…

Quand on aime, quand on aime réellement, on ne pose pas d’interdit ; On donne, on propose des principes de vie qui doivent rendre heureux celles et ceux que l’on aime.

Quand on dit à un jeune enfant qu’il ne doit pas mettre ses mains sur la vitre du four, ce n’est pas tant pour le lui interdire que pour lui éviter de souffrir…

Et bien, toute comparaison gardée, c’est exactement ce que nous propose la loi de Dieu ! Des principes de vie, des principes d’Amour qui n’ont qu’un seul but : Nous rendre heureux !

Mais alors me direz-vous, quid des 10 commandements ?
« Tu ne commettras pas de meurtre » «  Tu ne commettras pas d’adultère » etc. etc.

Ca ressemble quand même à s’y méprendre à des vrais commandements au sens littéral du terme…

Mais en fait, si nous relisons ces phrases en oubliant notre référentiel et l’habitude que nous avons de tout poser en interdits, nous voyons très vite que ces phrases ne sont pas bien différentes de celle que nous disons à un enfant quand nous lui disons : « ne mets pas tes mains sur la vitre du four » !

La vraie difficulté des hommes depuis que Moïse a reçu ces commandements c’est que beaucoup d’entre nous confondent liberté et absence de règles morales.

Je pense que vous conviendrez comme moi – surtout les plus anciens – qu’il est souvent difficile de rester vraiment libres devant les séductions de l’argent, du plaisir, du pouvoir ou de toute autre chose qui tournent autour des hommes depuis toujours.

Il nous suffit d’allumer notre poste de télévision, d’ouvrir un journal ou même de regarder un peu ce qui se passe autour de nous pour voir à quelles douleurs ces soi disant libertés nous mènent.

Elles sont dues avant tout des absences – volontaires ou non – de morale dans la vie des hommes.

Tout cela, c’est exactement ce que nous dit la lecture du livre de Ben Sirac le Sage.
Il ne se trompe pas de beaucoup quand il dit que « La vie et la mort sont proposées aux hommes »

L’amour de Dieu étant également liberté, c’est à nous qu’il appartient de faire les bons choix.

Les premiers commandements, ceux laissés par Dieu à Moïse étaient déjà des sortes de balises, que le peuple de Dieu était déjà invité à utiliser non comme des interdits mais plutôt des points de repère leur garantissant le bonheur.

Si on dit que le peuple de Dieu vivait alors dans la crainte, ce n’était pas la crainte de se faire taper dessus par Dieu, mais plutôt la crainte de le perdre de vue en s’égarant sur des chemins où la morale est absente et où l’homme finit pas souffrir.

Avec le temps, même si les fondamentaux sont restés les mêmes, les termes des commandements de Dieu on changé pour s’adapter aux hommes.
Ne pas voler, ne pas tuer, ne pas tromper… les mots ont évolué, mais le sens reste le même.

Dans l’Evangile, Jésus s’inscrit dans cette progression mais il ne supprime pas les étapes précédentes.

Dans ses propos Il commence par mettre à l’amende les scribes et les pharisiens.
Avec le temps, ces derniers - pour asseoir leur pouvoir - ont rajouté tout un tas de préceptes humains sur la loi de Dieu…
Faire ses ablutions avant de manger, faire des offrandes au temple, aller jusqu’à ne pas pouvoir faire ceci ou cela le jour du sabbat, ne relève en rien de la loi de Dieu…

Jésus reprend les commandements laissés par Moïse en précisant tout d’abord que ces derniers sont toujours valables.
Il complète en quelque sorte la loi d’Amour de Dieu… Il va encore plus loin…

Il précise par exemple que certes, il ne faut pas tuer… Mais il ajoute que celui qui a un grief contre son frère et préfère aller déposer une offrande au temple que de se réconcilier avec lui, est aussi coupable que celui qui a tué.

L’Amour doit aller jusqu’au bout des choses et ne pas se contenter de superficiel…

Jésus va jusqu'à inviter ses contemporains à couper et trancher dans le vif
« Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi… Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi »

Ce sont là des images bien entendu…
Jésus ne nous demande pas de nous éborgner ou de nous estropier…
Il nous invite, si nous sommes dans l’erreur, à changer radicalement de vie.
Il nous invite à éliminer de notre vie l’égoïsme, l’orgueil, les mauvais regards mais aussi les regards indifférents que nous portons sur les autres ou encore la rancune qui n’en finit pas de diviser jusque dans les familles.

C’est vrai, ce chemin n’est pas facile.

Même si nous souhaitons changer de vie, cela passe par le fait d’avouer nos fautes, de reconnaître que nous avons eu tort, de demander pardon à ceux que nous avons blessés et d’engager des changements parfois lourds dans nos vies.

Nous ne sommes pas seuls sur ce chemin.
Dieu est avec nous.
Il ne se contente pas de nous donner des commandements, il accompagne chacune et chacun d’entre nous chaque fois que nous reprenons les bons chemins dans nos vies.

Son Esprit est réellement présent !
Alors c’est sur que si nous pensons le voir descendre et aplanir toutes les difficultés de nos vies nous serons déçus.

Mais si nous acceptons de nous en remettre réellement à Lui, alors petit à petit nous sentirons sa force en nous…

Petit à petit même si nos chemins ne s’aplanissent pas, nous sentirons en nous cette force qui nous permettra de les emprunter avec sérénité et joie, le sérénité et la joie qui symbolisent les enfants de Dieu et qui les rendent réellement heureux.

Amen

dimanche 9 février 2014

2014-02-09 - A - 5° Dimanche du temps ordinaire - Sermon sur la montagne. Le sel de la terre et la lumière du monde (Mt 5, 13-16)


5ème dimanche du Temps Ordinaire


1ère lecture : Celui qui donne aux malheureux est une lumière(Is 58, 7-10)



Lecture du livre d'Isaïe



Partage ton pain avec celui qui a faim, recueille chez toi le malheureux sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable.
Alors ta lumière jaillira comme l'aurore, et tes forces reviendront rapidement. Ta justice marchera devant toi, et la gloire du Seigneur t'accompagnera.
Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ; si tu cries, il dira : « Me voici. » Si tu fais disparaître de ton pays le joug, le geste de menace, la parole malfaisante, si tu donnes de bon cœur à celui qui a faim, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera comme la lumière de midi.



2ème lecture : En guise de sagesse, Paul annonce un Messie crucifié (1 Co 2, 1-5)



Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens



Frères, quand je suis venu chez vous, je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige du langage humain ou de la sagesse.
Parmi vous, je n'ai rien voulu connaître d'autre que Jésus Christ, ce Messie crucifié.
Et c'est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant, que je suis arrivé chez vous.
Mon langage, ma proclamation de l'Évangile, n'avaient rien à voir avec le langage d'une sagesse qui veut convaincre ; mais c'est l'Esprit et sa puissance qui se manifestaient, pour que votre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu.



Evangile : Sermon sur la montagne. Le sel de la terre et la lumière du monde (Mt 5, 13-16)



Alléluia. Alléluia.

Lumière du monde, Jésus Christ, celui qui marche à ta suite aura la lumière de la vie.

Alléluia (cf. Jn 8, 12)



Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu



Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait :
« Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n'est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent.

Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée.
Et l'on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.
De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. »




La semaine dernière la présentation au temple, nous avait révélé un Dieu lumière des hommes.

Les textes de ce dimanche nous disent que c’est Dieu lui-même qui se veut notre guide vers cette lumière.

Isaïe, Saint Paul et Saint Matthieu, chacun à leur façon nous disent comment il faut procéder pour découvrir Dieu lumière des hommes, cette lumière qui est la seule à pouvoir nous rendre sereins et paisibles, ces deux qualificatifs qui illustrent si bien les enfants de Dieu.

Je m’arrêterai aujourd’hui sur le texte d’Isaïe dans la première lecture.

Ce texte nous donne ce que nous pourrions prendre pour une recette visant à plaire à Dieu…

« Partage ton pain avec celui qui a faim, recueille chez toi le malheureux sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable. »

Une phrase semble venir conforter cette idée qu’il faut plaire à Dieu : « Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ; si tu cries, il dira : « Me voici. » »

On a l’impression que si on fait tout ce qu’il faut - un peu comme un enfant qui fait bien ses devoirs – alors Dieu « daignera » répondre à nos suppliques et qui sait, peut-être également nous donner les bons points que notre bon travail nous fait mériter.

Et pourtant vous savez comme moi que l’Amour de Dieu est inconditionnel.

Il ne faut pas faire ceci ou cela, remplir un carnet de bonnes actions pour que Dieu « daigne » se pencher sur notre condition humaine et enfin nous rendre heureux.

Ce n’est pas du tout cela que ce texte nous dit.

Ce texte nous invite effectivement à faire le bien autour de nous.

C’est vrai, il nous faut partager ce que nous avons avec ceux qui n’ont pas assez pour vivre…

C’est vrai il nous faut être accueillant à la misère des autres et faire tout notre possible pour la soulager.

C’est encore vrai, il nous faut faire tout notre possible pour que disparaisse de notre vie les paroles malfaisantes, les mauvais comportements qui ne conduisent qu’à la haine et souvent à la violence.

Mais ce que nous donne ce texte, ce n’est pas là une liste de bonnes actions nous ouvrant droit à la grâce de Dieu.

La phrase importante pour bien comprendre ce texte est la dernière : « ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera comme la lumière de midi. »

Si nous agissons comme nous le suggère ce texte, alors dans la nuit noir de notre cœur égoïste, se lèvera une lumière qui nous éclairera et nous réchauffera…

En faisant de notre mieux pour agir ainsi dans notre quotidien, nous commencerons à ressentir ce que le Christ devait ressentir lui aussi ; Nous commencerons à sentir le bonheur de s’offrir aux autres gratuitement, sans aucune notions de récompense, simplement parce que nous serons heureux de rendre heureux.

Alors disparaîtra de notre vie tout sentiment d’égoïsme et de nos ténèbres jaillira une lumière semblable au soleil de midi, quand il brille tellement que nul ne peut le regarder en face, quand il est à son apogée, quand il réchauffe et éclaire notre terre au maximum.

Remplis de cette lumière, nous apprendrons à parler à Dieu dans un langage qu’il peut comprendre, c'est-à-dire un langage de vrai amour.

Nous ne lui demanderons plus de gagner au loto, ou de garantir la réussite des études de nos enfants… Nous lui confieront - avec notre cœur et non avec notre cerveau -, la vie de celles et ceux qui nous entourent en ayant toujours à l’esprit de voir SA volonté se réaliser.

« Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ; si tu cries, il dira : « Me voici. » »

Alors si nous appelons, le Seigneur comme toujours répondra et nous comprendrons ce qu’il nous dit…

Comme toujours il dira « Me voici ! » mais cette fois, comme nous aurons débouché nos oreilles et nos cœurs nous l’entendrons et le comprendrons.
Nous pourrons alors nous adresser à lui, et nous parlerons le même langage que lui.

Mais peut-être mes propos vous semblent ils encore un peu complexes à comprendre…

Si tel est le cas, je vous invite – une fois n’est pas coutume – à regarder la télévision…

Si vous l’avez sur vos étagères, je vous de réserver une soirée pour regarder à nouveau le film qui s’intitule « La grande bagarre de Don Camillo »

Comme vous le savez sans doute, Don Camillo est ce prêtre bouillant que nous pouvons voir, au fil des 5 épisodes de la série, dialoguer très régulièrement avec notre Seigneur.

Dans l’épisode dont je vous parle, Don Camillo est envoyé un temps en exil pour avoir été un peu trop bouillant justement…

Dans cet exil il n’entend plus la voix du Seigneur.
Il en souffre se croyant abandonné de Dieu et ce n’est que quand il apprend à s’abandonner totalement à Lui qu’il l’entend à nouveau…

Notre Seigneur n’avait jamais cessé de lui parler, mais c’est Don Camillo, englué dans SES propres pensées, essayant de se sortir seul de SES problèmes, qui avait fermé ses oreilles et son cœur aux messages de Dieu.

Dieu se révèle aux plus petits…

Cela veut dire que Dieu se révèle à celles et ceux qui acceptent de se dépouiller de toutes les certitudes que notre monde leur dicte.

C’est ainsi que nous pouvons entendre la voix du Seigneur et c’est ainsi que nous pourrons retrouver la paix et la sérénité dont je disais en commençant cette homélie qu’ils sont deux éléments qui vont si bien aux enfants de Dieu, des enfants qui sont alors réellement heureux.


Amen