dimanche 25 mars 2012

2012-03-25 - B - Jésus voit arriver son heure - Jn 12, 20-33

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Parmi les Grecs qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu durant la Pâque,
quelques-uns abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée. Ils lui firent cette demande : « Nous voudrions voir Jésus. »
Philippe va le dire à André ; et tous deux vont le dire à Jésus.
Alors Jésus leur déclare : « L'heure est venue pour le Fils de l'homme d'être glorifié.
Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s'il meurt, il donne beaucoup de fruit.
Celui qui aime sa vie la perd ; celui qui s'en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle.
Si quelqu'un veut me servir, qu'il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera.

Maintenant je suis bouleversé. Que puis-je dire ? Dirai-je : Père, délivre-moi de cette heure ? — Mais non ! C'est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci !
Père, glorifie ton nom ! »
Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l'ai glorifié et je le glorifierai encore. »
En l'entendant, la foule qui se tenait là disait que c'était un coup de tonnerre ; d'autres disaient : « C'est un ange qui lui a parlé. »
Mais Jésus leur répondit : « Ce n'est pas pour moi que cette voix s'est fait entendre, c'est pour vous.
Voici maintenant que ce monde est jugé ; voici maintenant que le prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai à moi tous les hommes. »
Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.

Le hasard du calendrier a voulu que cette messe que nous proposons pour les mariés, ceux d’hier ou de demain, rencontre le chemin du carême, ce moment où les chrétiens du monde entier se préparent à cette très belle fête qu’est la résurrection de Jésus au jour de Pâques.

Et bien moi je trouve que le hasard, à moins que ce ne soit la providence de Dieu, a bien fait les choses…

Chaque jour, chaque semaine, les textes que nous entendons sont l’occasion de réfléchir sur nos vies, de voir si nos actes et nos pensées sont en accord avec notre foi.

Et chaque jour, chaque semaine, si nous savons prendre le temps de les lire, voir même de les étudier, les textes nous permettent toujours de faire la lumière sur tel ou tel aspect de notre vie.

Et si je dis que le hasard a bien fait les choses, c’est parce que en lisant les textes de ce dimanche, j’y ai également trouvé de quoi alimenter notre réflexion autour du sacrement du mariage.

Une phrase toute simple a retenu mon attention : « si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s'il meurt, il donne beaucoup de fruit. »

Il n’est peut-être pas évident pour tout le monde que cette phrase au demeurant proche de la botanique ait grand-chose à voir avec le mariage en lui-même et pourtant…

Vous le savez comme moi, quand on met un grain de blé en terre, quand il disparaît et qu’il meurt, c’est là qu’il donne beaucoup de fruits.

Rassurez vous, le sacrement de mariage ne demande à aucun d’entre nous de disparaître en terre… quoi que…

Se marier, vous l’avez tous entendu un jour, c’est se donner à l’autre… et bien au-delà des considérations physiques c’est donner à l’autre tout ce que l’on est… Tout ce que l’on est de bien de fort, mais également se donner avec nos défauts et nos faiblesses.

Quand on aborde l’accompagnement des couples qui se préparent au mariage nous évoquons ce sujet avec les couples au travers d’un autre texte d’Evangile qui est la lettre de Saint Paul aux Ephésiens.

Dans cette lettre, Saint Paul parle de soumission l’un à l’autre et très souvent les réactions sont alors très fortes.

Jamais dans notre vingt et unième siècle, on n’envisage d’associer le mot soumission au sacrement de mariage.

Il faut dire que de nos jours ce mot soumission est très mal connoté…

Il est souvent synonyme d’écrasement de l’autre, et loin de représenter l’harmonie, l’équilibre dans un couple il sous entend le fait que l’un des deux soit inférieur à l’autre.

Mais si dans ce texte, et c’est bien là le sens que Saint Paul voulait lui donner, et si dans ce texte on remplace l’expression « se soumettre à » par « faire confiance à » alors le texte prend une toute autre signification.

Se soumettre à l’autre, c’est lui faire tellement confiance qu’on sait que quoi qu’on puisse lui confier, il ou elle n’en fera jamais usage contre nous.

Se soumettre à l’autre, c’est oser lui confier ces choses qui sont parfois très profondément enfouies dans notre intimité ; Ces choses dont on n’est pas forcément fier, des choses que l’on ne se serait jamais vu dire à personne.

Se soumettre à l’autre, c’est pouvoir le faire en ayant à ce point confiance en l’autre et en l’amour que l’on a l’un pour l’autre, qu’on peut être sûr qu’il, ou elle, ne s’en servira pour rien d’autre que pour m’aider à grandir.

Et cela rejoint bien le texte d’aujourd’hui… le parallèle avec le grain de blé est tout trouvé…

Si on veut que notre mariage porte du fruit, si on veut réellement que notre couple réussisse et que chacun de nous soit heureux, il faut avoir en tête que chacun doit apprendre à mourir à l’autre, à se soumettre à l’autre au sens où nous venons de l’évoquer.

Dit comme ca, ça peut sembler simple et facile quand on se découvre et quand l’Amour est le premier sentiment que l’on rencontre.

Mais après quelques semaines, quelques mois peut-être, voir quelques années même, quand les premières vraies difficultés apparaissent, quand on découvre que l’autre n’a pas que des qualités, quand on s’aperçoit que soi-même on n’a pas non plus toujours la capacité de montrer à l’autre les meilleurs aspects de nous-mêmes, les difficultés apparaissent.

A ce moment là, comme à bien d’autres moments de notre vie, il est temps de se poser et dialoguer en vérité.

C’est là que le Sacrement du mariage peut vous aider.

C’est là que Dieu, qui était présent dans ce Sacrement peut vous apporter son aide.

Contrairement à certaines personnes qui peuvent nous entourer, Dieu n’est pas seulement le compagnon des jours de joie.

Il s’est engagé avec nous au jour de joie de notre mariage et si nous acceptons de lui laisser une place dans notre vie au quotidien, aux jours de bonheur il est certain qu’il sera également présent dans ces jours plus difficiles.

Alors à vous qui allez prochainement vous marier, mais également à vous qui êtes mariés depuis quelques mois ou depuis de nombreuses années, je voudrais simplement dire pour terminer, particulièrement en cette période de Carême, qu’il n’est jamais trop tard pour s’en remettre à Dieu.


Avant nous, il a été ce grain de blé qui est mort en terre pour nous.

Il continue chaque jour, dans chaque sacrement, à se donner aux hommes pour les aider à cheminer sur de vrais chemins d’amour.

Il n’attend qu’une chose de notre part, notre confiance !

Cette soumission qui fait qu’il pourra accueillir chacune et chacun d’entre nous, partager avec nous les moments de joies mais également nous aider à nous relever dans les jours de difficulté.

Amen

dimanche 18 mars 2012

2012-03-18 - B - Dieu a envoyé son Fils pour sauver le monde - Jn 3, 14-21

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle.
Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et le Jugement, le voici : quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
En effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne lui soient reprochées ; mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu.

Nous sommes donc au quatrième dimanche de Carême.

Même si la moitié du chemin est faite, il ne faut pas que nous oublions qu’il n’est pas terminé : Nous sommes toujours en route vers Pâques, nous sommes toujours dans ce temps de conversion auquel nous appellent les textes.

Si vous avez écouté celui de la première lecture, vous avez du le trouver terriblement d’actualité aujourd’hui encore.

Il nous y est dit que, je cite : « tous les chefs des prêtres et le peuple multipliaient les infidélités, en imitant toutes les pratiques sacrilèges des nations païennes ».

Il nous y est également dit qu’ils « tournaient en dérision les envoyés de Dieu, méprisaient ses paroles, et se moquaient de ses prophètes ».

Effectivement les choses n’ont pas beaucoup changé…

Nous vivons dans un monde qui est de plus en plus indifférent à la Parole de Dieu, et qui fait de moins en moins référence à Dieu, ou plutôt, qui, comme les prêtres et le peuple de la première lecture s’est choisi ses propres dieux.

Et ces dieux, ces idoles, ce sont l’argent qui est roi, la course au profit, le désir de paraître, et bien d’autres choses encore.

Si nous nous asseyons ne fut ce que quelques instants il est facile de voir que ces idoles n’ont rien à voir avec Dieu.

Dieu rend libre, et si nous analysons avec sincérité et franchise les idoles dont je viens de parler nous savons bien que nous en devenons vite des esclaves.

Comme les hommes de cette première lecture, le monde dont nous faisons partie, a bien souvent oublié que Dieu nous a donné ce monde pour que nous y vivions ENSEMBLE comme des frères.

Au lieu de cela, nous assistons à une montée continuelle de la violence, de l’exclusion et de tous ces maux qui caractérisent si bien nos sociétés modernes et qui rendent chaque jour les hommes plus malheureux…

Tout comme dans le texte de cette première lecture, Dieu continue cependant à nous envoyer des prophètes, des hommes et des femmes qui dans l’Eglise et dans le monde se lèvent pour tenter de faire entendre le message d’Amour de Dieu.

Et toujours dans ce texte nous pouvons lire que le temple de Jérusalem a été détruit par une armée étrangère…

Ce n’est pas Dieu qui a détruit ce temple, ce n’est pas Dieu qui a voulu la mort de tous ces gens, ce n’est pas Dieu qui a voulu la déportation des survivants, c’est le peuple lui-même qui s’est condamné en s’éloignant de commandements de Dieu et de son amour.

Et le texte de l’Evangile nous le rappelle « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » ou encore « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé »

Mais dans ce cas là me direz vous, pourquoi Dieu n’est il pas intervenu pour garder son peuple des armées Babyloniennes ?

Pourquoi ce Dieu, que l’on dit si puissant, n’est il pas intervenu pour éviter la mort à ces hommes, ces femmes et même des enfants qui peuplaient la ville de Jérusalem ?

C’est la même question que l’on me pose souvent quand une catastrophe survient dans le monde

« Si ton Bon Dieu existe, pourquoi est-ce qu’il n’est pas intervenu pour éviter le tsunami qui est survenu dans l’océan indien et qui a fait 230 000 morts ? »

« Si ton Bon Dieu existe, pourquoi est-ce qu’il n’empêche pas la faim dans le monde ? »

« Si ton Bon Dieu existe, pourquoi est-ce qu’il n’oblige pas les hommes à arrêter de se battre ? »

Il nous est arrivé, il nous arrive peut-être encore, à nous aussi, de nous poser cette question : « Mais où est donc Dieu dans toutes catastrophes humaines ? Et pourquoi n’intervient-il pas ? »

Mais en fait, souhaitons-nous réellement qu’il intervienne ?

Allez… imaginons que Dieu descende là, maintenant et qu’il intervienne…

A partir de ce soir/maintenant : Il n’y aura plus de tsunami et nous éviterons donc de nombreux morts…

A partir de ce soir/maintenant : Il va faire pousser du blé dans le désert et tout le monde mangera à sa faim…

A partir de ce soir/maintenant : Il va intervenir dans les conflits pour ramener la paix…

Et tant qu’à faire qu’il fasse le travail jusqu’au bout…

Ca veut dire qu’il va également devoir intervenir contre toutes celles et ceux qui permettent à des promoteurs de construire des immeubles dans les zones inondables au mépris des lois mais pas de leur propre porte monnaie…

Ca veut également dire qu’il va devoir intervenir contre tous ceux qui détournent la nourriture qui est envoyée à destination des plus pauvres là encore parce qu’ils peuvent s’en mettre plein les poches…

Ca veut aussi dire qu’il va devoir intervenir pour empêcher les marchands d’armes d’alimenter la haine entre les hommes, encore et toujours pour pouvoir s’en mettre les poches…

Si on faisait un sondage parmi tous les détracteurs de Dieu, il est fort à parier que ces propositions feraient recette et que nombre d’entre eux applaudiraient des deux mains…

Et puis tant qu’à faire, allons jusqu’au bout de notre raisonnement…

Puisque nous demandons à Dieu d’intervenir dans les catastrophes, les famines et les guerres, ca veut dire qu’il peut, qu’il doit, également intervenir dans la vie de chacun d’entre nous…

Ca veut donc dire que chaque fois que je médis contre mon voisin qui est mon frère, Dieu doit me corriger…

Ce veut donc dire que chaque fois que je privilégie mes propres intérêts en faisant passer au second plan ceux des hommes et des femmes qui m’entourent, de mon conjoint et mes enfants même parfois, Dieu doit encore me corriger…

Ce veut dire que chaque fois que chaque fois que par mes propos j’alimente la rumeur contre untel ou unetelle, Dieu doit aussi me corriger…

Nous le voyons bien ce raisonnement ne tient pas…

Dieu n’est pas un gendarme qui est sur le bord de la route qui flashe chacune de nos erreurs.

Le message de Dieu est tout autre et de tous temps il n’a cessé de nous le dire et de tenter de nous le faire comprendre par la voix des prophètes et même de son propre Fils.

Jésus, lui-même donc, nous le rappelle dans ces commandements nouveaux qu’il nous donne

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force »

Et tout de suite derrière

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même »

Et il conclue en disant « Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là »

En ce temps de Carême, Dieu nous invite à remettre au cœur de nos vies ces deux commandements.

Il nous invite à mettre ces deux phrases au cœur de CHACUNE de nos actions, même les plus insignifiantes…

Quand nous rentrons chez nous, même après une journée pleine de tracas, essayons d’avoir pour nos proches le regard d’amour que le Christ à pour eux…

Quand nous voyons la discorde déchirer celles et ceux qui nous entourent, jusque dans nos propres familles, sachons nous en remettre au Christ avant de nous prononcer pour qu’il nous aide à nous souvenir du regard bienveillant et sans jugement qu’il avait pour la Samaritaine.

Quand nous sommes devant telle ou telle situation dramatique et injuste que vivent celles et ceux qui nous entourent ou que nous livrent sans ménagement les médias, soucieux de préserver leurs parts d’audimat, sachons, comme le faisait le Christ, monter sur la montagne et prendre le recul nécessaire pour nous en remettre au Père avant toute chose.

Je l’ai dit en commençant : nous sommes toujours en route vers Pâques et il n’est pas encore trop tard pour remettre Dieu ET NOS FRERES au cœur de nos vies.

Amen

dimanche 11 mars 2012

2012-03-11 - B - La prophétie du Temple relevé en trois jours - Jn 2, 13-25

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Comme la Pâque des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem.
Il trouva installés dans le Temple les marchands de boeufs, de brebis et de colombes, et les changeurs.
Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs boeufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs,
et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d'ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »
Ses disciples se rappelèrent cette parole de l'Écriture : L'amour de ta maison fera mon tourment.
Les Juifs l'interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais là ? »
Jésus leur répondit : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. »
Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple, et toi, en trois jours tu le relèverais ! »
Mais le Temple dont il parlait, c'était son corps.

Aussi, quand il ressuscita d'entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu'il avait dit cela ; ils crurent aux prophéties de l'Écriture et à la parole que Jésus avait dite.

Pendant qu'il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en lui, à la vue des signes qu'il accomplissait. Mais Jésus n'avait pas confiance en eux, parce qu'il les connaissait tous et n'avait besoin d'aucun témoignage sur l'homme : il connaissait par lui-même ce qu'il y a dans l'homme.

Nous sommes déjà au troisième dimanche de Carême.

C’est la moitié du chemin que nous avons commencé le mercredi des cendres, ce chemin qui mène à Pâques.

Les textes de ce Carême n’arrêtent pas de nous répéter ce que nous avons entendu au soir du mercredi des cendres : « Convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle »…

Le temps passe et il serait dommage de ne pas répondre à ces appels pressants de l’Evangile.

Mais ne nous y trompons pas, ce n’est pas à nous que Dieu demande d’accomplir des miracles, il nous demande simplement de nous mettre en disposition, tels que nous sommes, avec nos qualités et nos défauts, pour l’accueillir, de lui ouvrir les portes de notre cœur avec l’humilité nécessaire à la transformation.

C’est Lui qui se charge du miracle, c’est Lui qui opèrera en nous la transformation nécessaire.

La première lecture est là pour nous rappeler un chemin incontournable dans cette transformation.

Ce texte est une partie du livre de l’Exode.

Le peuple Hébreu vient de traverser la mer rouge et commence son long parcours dans le désert.

Moïse reçoit de Dieu les dix commandements que nous connaissons.

Ces dix commandements sont les dix paroles de vie que Dieu donne aux hommes de cette époque mais également à chacune et chacun d’entre nous des siècles plus tard.

Et si vous faites une simple analyse de ces dix paroles, vous verrez que trois d’entre elles sont tournées vers Dieu mais que les sept autres sont tournées vers nos frères.

Comme très souvent dans l’Evangile, LA parole nous rappelle que pour arriver à Dieu il ne suffit pas de le prier et de le respecter LUI, mais il faut également nous tourner vers nos frères et les aimer autant que nous aimons Dieu…

Comme vous le voyez cette première lecture n’est pas posée là par hasard… Elle a tout à fait sa place dans le Carême et nous rappelle que le chemin de conversion passe obligatoirement par l’amour de nos frères.

L’Evangile lui non plus n’est pas posé là par hasard…

Il nous donne un autre aspect de cette conversion qui nous est demandée.

Dans cet Evangile, Jésus chasse les marchands et tous les animaux du temple.

Ces commerces avaient cour à l’époque et permettaient à celles et ceux qui venaient faire des sacrifices de trouver sur place les animaux dont ils avaient besoin.

Mais Jésus se fâche… Il ne veut pas que le la maison de Dieu devienne une maison de trafic.

Le temple, c’est d’abord le lieu de la présence de Dieu.

De même, nos églises doivent être des lieux de rencontre avec Dieu.

Nous nous devons donc de les rendre belles et accueillantes pour que nous puissions être dans les bonnes conditions pour rejoindre Dieu.

Il est également important que nos liturgies soient « propres » pour permettre à chacune et chacun d’entre nous d’y rencontrer Dieu.

Mais je viens de le dire : Le temple, c’est d’abord le lieu de la présence de Dieu.

Ce lieu c’est donc aussi notre cœur, cet endroit où Dieu veut également habiter.

Nous devons donc faire attention nous aussi à ce que ce lieu ne devienne pas un lieu de trafics en tous genres.

Très souvent occupés à préserver ou à faire prospérer nos propres intérêts, nous nous accommodons parfois facilement de la vérité ou de la justice.

Pour peu que nous ne soyons pas touchés, il nous arrive parfois de nous arranger avec la vérité ou la justice, même si c’est au détriment d’autrui.

Le Carême est aussi l’occasion de mettre nos actes en accord avec nos paroles et de veiller à ce que notre cœur, cette demeure en laquelle Dieu souhaite résider soit aussi propre que le temple à l’époque de Jésus.

Et c’est bien ce que souhaite Jésus.

Il a piqué sa Sainte colère à son époque en retournant les étales des marchands et en chassant leurs animaux.

Jésus entre dans notre cœur comme il est entré dans le temple de Jérusalem.

Tout comme il a renversé les étales des marchands, il renverse aussi toutes ces priorités qui sont les nôtres mais pas forcément celle du Père.

Ce sont nos intérêts personnels qu’il veut nous aider à remettre en question pour nous permettre de remettre Dieu à la première place dans notre cœur et dans notre vie.

« Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens c’est à moi que vous le faites » nous dit le Seigneur…

Faire la volonté du Père, lui donner la première place dans notre cœur, c’est nous tourner vers les autres plutôt que sur nous-mêmes.

Il n’y a pas de vrai bonheur contre les autres ni sans les autres.

Et s’il n’y a pas de place pour les autres dans notre vie, alors il est très probable qu’il n’y en aura pas non plus pour Dieu lui-même.

Certains ont pour habitude de faire des ménages de printemps et bien en cette période de Carême l’Evangile nous invite à faire le ménage de Pâques pour accueillir comme il se faut le Christ ressuscité.

Amen

dimanche 4 mars 2012

2012-03-04 - B - La Transfiguration - Mc 9, 2-10

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l'écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux.
Ses vêtements devinrent resplendissants, d'une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.
Élie leur apparut avec Moïse, et ils s'entretenaient avec Jésus.
Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est heureux que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. »
De fait, il ne savait que dire, tant était grande leur frayeur.
Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le. »
Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.

En descendant de la montagne, Jésus leur défendit de raconter à personne ce qu'ils avaient vu, avant que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts.
Et ils restèrent fermement attachés à cette consigne, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d'entre les morts ».

En ce second dimanche de Carême, commençons par nous rappeler ce que nous nous disions au mercredi des cendres : Le Seigneur nous appelle à un prendre le temps de retourner vers lui.

Il nous invite, tout au long de ce carême à prendre le temps nécessaire pour nous convertir et entrer dans la joie de Pâques en sachant réellement ce que nous allons vivre.

Vous vous souvenez sans doute de ces trois piliers que nous nous sommes répétés depuis : La prière, le partage et le jeûne !

Ces trois piliers peuvent être déclinés dans tous les temps de notre vie personnelle, professionnelle, associative et familiale pour nous permettre de vraiment nous consacrer au Seigneur en ce temps où nous approchons de sa résurrection.

Et c’est bien dans le ton de ce rappel que se situent les textes de ce jour.

Comme souvent, c’est sur le texte d’Evangile que je vais particulièrement m’arrêter pour que nous comprenions cela ensemble.

Mais que se passe-t-il au juste dans ce texte de Saint Marc ?

On nous dit que Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne.

Comme à chaque fois qu’il a besoin de s’adresser à son Père, le Christ s’éloigne des foules et gravit une montagne.

Pour l’occasion, de façon à pouvoir se consacrer au mieux à sa prière, il n’emmène avec lui que ses plus proches disciples et s’en va nous dit on, sur une haute montagne, loin du bruit, au calme, pour vivre un vrai cœur à cœur avec le Père.

Cet Evangile ne nous demande certes pas de nous mettre à l’alpinisme.

Mais il nous invite à prendre un peu de hauteur sur les choses, de prendre le temps de nous arrêter dans le silence, pour nous préparer à Pâques.

Nous sommes dans un monde bruyant qui court et pire que cela même si j’ose dire, un monde qui occupe notre temps et nos esprits, un monde dans lequel on peut trouver une occupation ou un bruit pour les moindres minutes de liberté de la journée.

A peine levés et déjà nous courons… Tous autant que nous sommes, moi y compris, nous avons notre temps chronométré et mille choses à faire.

Nous montons dans notre voiture pour aller travailler et au lieu, par exemple, de profiter du temps que nous allons y passer pour nous mettre en prière et nous adresser au Père, nous allumons la radio, cette radio qui emplit déjà nos esprits des bruits de notre monde…

Et il en va de même pour celles et ceux qui empruntent les transports en commun…

Sur le quai des gares ou dans les arrêts d’autobus rares sont les gens qui se parlent, mais légion sont celles et ceux qui, le téléphone ou le casque à l’oreille, s’emplissent des bruits de notre monde plutôt que de prendre des nouvelles de ceux qui sont pourtant leurs frères, qu’ils voient chaque jour dans le même train et le même autobus pendant des années parfois, sans rien savoir d’eux.

La journée que nous passons à travailler nous pouvons également dire que nous la passons à courir… Nous ne sommes pas dans le monde du « travailler plus pour gagner plus » mais « travailler plus pour réfléchir moins », le monde du « travailler pour soi et oublier les autres ».

Et sitôt rentrés chez nous, après avoir d’ailleurs repris notre voiture toujours aussi pleine des bruits du monde, nous continuons à courir.

Les devoirs des enfants, que nous bâclons bien souvent, le repas, trop souvent pris en silence face à la télévision, pour pouvoir péniblement nous affaler encore devant cette télévision vers 21H00 pour qu’elle puisse continuer à remplir nos esprits et nos cœurs…

Et la prière dans tout cela ? Non vraiment on a pas le temps…

Et le partage dans tout cela ? Ah oui, le partage… C’est vrai c’est bien… Pour les autres… celles et ceux que l’on voit à la télévision…

Et le jeûne dans tout cela ? Le Jeûne ? Ah oui, manger du poisson le vendredi… Oui, oui, je le fais, c’est d’ailleurs très bon pour mon cœur.

Dans combien de foyers chrétiens y a-t-il encore une prière, une seule prière quotidienne ? Et je ne vous parle même pas de la prière en famille qui est passée depuis bien longtemps au musé des souvenirs, sacrifiée sur l’autel des séries télévisées, des consoles de jeux vidéos ou de FaceBook et MSN qui plutôt que de rapprocher les gens, les laissent stoïques, spectateurs et égoïstes, derrière un nouvel écran.

Et bien l’Evangile d’aujourd’hui nous invite changer tout cela.

Il nous invite à ne pas allumer la radio en montant en voiture pour pouvoir nous consacrer à un instant de prière ou même simplement à partager avec ceux qui partagent éventuellement notre véhicule.

L’Evangile de ce jour nous invite à prendre le train ou l’autobus sans mettre le casque sur nos oreilles, pour pouvons ne fui-ce qu’adresser un sourire et un bonjour à celles et ceux qui voyagent avec nous.

Il nous invite soit à ne pas allumer la télévision en rentrant chez nous soit à avoir le courage de l’éteindre le plus tôt possible pour essayer d’ouvrir un nouvel espace de dialogue au cours duquel chacun aura la possibilité de partager ce que fut sa journée, joies et peines d’une vie que peut-être nos conjoints, parents ou enfants pourront enfin nous aider à porter.

L’Evangile de ce jour nous invite à glisser ne fut-ce qu’un petit « bonjour » à Dieu le matin en se levant et un petit « bonne nuit » le soir avant de se coucher.

Alors oui, nous prendrons un risque…

Un gros risque…

Ou plutôt un GRAND risque…

Le risque de nous ouvrir réellement sur le monde qui nous entoure…

Le risque de le comprendre par nous même plutôt que de nous laisser sans cesse influencer par le petit écran…

Le risque de vouloir se mettre à l’aider…

Le risque d’une prière, simple au départ, mais de plus en plus riche et pleine de vraies paroles, des vraies joies et des vraies douleurs de ce monde que nous pourrons confier au Seigneur…

Le risque de nous retrouver face à ce vrai NOUS MÊME qui est souvent enfoui depuis bien longtemps…

Le risque enfin de découvrir dans nos vies la présence de Dieu, un Dieu d’Amour qui n’attend qu’un petit signe de notre part, pour vous aider à découvrir que par sa mort et sa résurrection il a vaincu une bonne foi pour toute la mort.

Le risque alors de pouvoir lui faire confiance et de pouvoir percevoir sa présence dans chaque instant, heureux ou malheureux de notre vie, certains que ces moments ne pourront nous mener qu’au vrai bonheur, le notre mais également celui de toutes celles et ceux que le Seigneur mettra sur notre route.

Pour résumer, je dirais que le Carême nous est offert comme une période durant laquelle grâce au Christ et à sa résurrection attendue nous avons l’opportunité, si nous le voulons vraiment, de donner un sens à notre vie et de nous rendre tous vraiment heureux.

Amen