Conte des 4 bougies
Les quatre bougies brûlaient lentement.
L’ambiance était tellement silencieuse, que l’on pouvait entendre leur conversation.
La première dit : Je suis la paix !
Mais personne n’arrive à me maintenir allumée. Je crois que je vais m’éteindre et, diminuant son feu, elle s’éteint complètement.
La deuxième bougie dit : Je suis la foi !
Dorénavant, je ne suis plus indispensable. Cela n’a pas de sens que je reste allumée plus longtemps.
Quand elle eût fini de parler, une brise souffla sur elle et elle s’éteignit.
Triste, la troisième bougie se manifesta à son tour : Je suis l’amour !
Je n’ai pas de force pour rester allumée. Les personnes me laissent de côté et ne comprennent pas mon importance. Ils oublient même d’aimer ceux qui sont plus proches d’eux.
Et sans plus attendre, elle s’éteignit.
Soudain, un enfant entre et voit les trois bougies éteintes.
Pourquoi êtes-vous éteintes ? Vous devez être allumées jusqu’à la fin.
En disant cela, l’enfant se met à pleurer.
Alors la quatrième bougie parla :
N’aie pas peur, tant que j’ai ma flamme, nous pourrons allumer les autres bougies. Je suis l’espoir !
Avec des yeux brillants, l’enfant prit la bougie de l’espoir et alluma les autres.
Que l’espoir ne s’éteigne jamais à l’intérieur de vous et que chacun de nous aide à faire grandir l’espoir, la foi, la paix et l’amour.
Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (2,1-14)
En ces jours-là, parut un édit de l'empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre — ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. — Et chacun allait se faire inscrire dans sa ville d'origine.
Joseph, lui aussi, quitta la ville de Nazareth en Galilée, pour monter en Judée, à la ville de David appelée Bethléem, car il était de la maison et de la descendance de David. Il venait se faire inscrire avec Marie, son épouse, qui était enceinte.
Or, pendant qu'ils étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l'emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n'y avait pas de place pour eux dans la salle commune.
Dans les environs se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L'ange du Seigneur s'approcha, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d'une grande crainte, mais l'ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : Aujourd'hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. Et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Et soudain, il y eut avec l'ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu'il aime. »
« N’aie pas peur, tant que j’ai ma flamme, nous pourrons allumer les autres bougies car Je suis l’espoir ! »
C’était l’une des dernières phrases du comte que nous avons entendu au début de cette célébration.
Ce sont quelques mots qui font parfaitement écho à l’Evangile que nous venons d’entendre…
Et cet Evangile justement… que nous dit il… et surtout, que ne nous dit il pas ?
Ce qu’il nous dit, ce qu’il nous raconte, c’est une histoire que nous connaissons bien… l’histoire de Marie et de joseph qui arrivent à Bethléem, ville d’origine de Joseph, pour se faire recenser.
Et voilà qu’au moment où ils s’y trouvent, vient le moment où Marie va donner naissance à son Fils.
Et parce que chacun d’entre nous connaît bien cette histoire, nous savons qu’il y a des détails que ne mentionne pas le texte de Saint Luc. Il faisait particulièrement froid en cette nuit sur Bethléem… A cause du recensement, les auberges des alentours étaient toutes complètes et il n’y avait plus de place pour accueillir cette famille pourtant si particulière et surtout cette Maman qui allait donner la vie…
Mais nous qui sommes Parents, nous le savons bien : il n’est pas possible en pareil cas de faire trainer les choses…
Du coup, c’est dans le manque de confort total, dans le fin fond d’une étable balayée par les vents glacés que Marie met au monde Jésus, le Fils de Dieu, avec pour tout « confort » le souffle des animaux présents et un peu de paille.
Deux mille ans plus tard, quand nous regardons la crèche, quand nous y installons les personnages et en particulier le petit Jésus, nous sommes bien au chaud dans le confort de nos maisons, nous sommes également dans la chaleur douçâtre de la préparation de Noël et nous nous attendrissons devant ce petit enfant en plâtre ou en porcelaine qui est toujours peint avec un beau sourire et un visage bien rond et coloré.
Nous le savons, la réalité était toute différente…
Et quand on voit toutes les précautions qui fort heureusement entourent souvent la naissance d’un enfant de nos jours, quand on voit à quel point la Maman et le bébé sont suivis dans les jours et les semaines qui suivent, on comprend encore mieux à quel point la naissance du Christ a eu lieu dans des conditions pour le moins précaires…
Et pourtant c’est bien ainsi que Dieu a CHOISI de se faire homme…
Il n’est pas né dans la chaleur d’une salle d’accouchement entouré par tout un personnel médical formé et attentif, mais dans le froid et le dénuement d’une étable de Bethléem…
Lui Dieu, lui le puissant, a CHOISI de naître à l’écart des richesses, au plus proche des plus pauvres et des plus démunis.
Et ce n’est pas un hasard si les premières personnes à qui la naissance du Roi du monde est annoncée sont des bergers.
Bien loin de l’image que nous pouvons en avoir aujourd’hui, les bergers étaient à l’époque, considérés comme des moins que rien tout juste capables de garder les troupeaux.
C’est à eux que l’Ange s’est manifesté en premier et l’Evangile nous dit que « la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière… »
Une fois de plus Dieu CHOISIT de montrer que c’est des plus petits, de ceux qui souffrent, de ceux qui se sentent misérables et inutiles aux yeux du monde qu’il veut être proche.
Tout au long de sa vie c’est d’ailleurs ce que fera lui aussi le Christ qui va naître dans quelques heures.
Mais cet Evangile nous renvoie également aux réalités de notre monde vingt siècles plus tard.
Y a-t-il de la place dans nos fêtes de Noël pour les plus pauvres, les plus démunis ?
Il y a deux mille ans ce sont les auberges qui étaient pleines et ne pouvaient pas recevoir Jésus… Mais aujourd’hui, y a-t-il encore un peu de place à nos tables et dans nos cœurs pour l’accueillir et en son nom la détresse de celles et ceux qui nous entourent ?
Dans la chaleur de nos fêtes de Noël, ne laissons-nous pas trop souvent aux autres le soin de s’occuper de la détresse des plus pauvres et des plus malheureux ?
Et là vous vous dites :
« Ca y est…
Le diacre devient moralisateur…
Après un joli comte et un joli Evangile, il vient plomber l’ambiance de Noël avec ses histoires de malheureux… »
Rassurez-vous, loin de moi l’idée de moraliser quiconque et si tenté qu’il le faille, c’est d’abord par moi que je commencerais.
Mais pour autant, mon objectif est bien de nous interpeler, et nous c’est autant moi que vous, de nous interpeler donc sur le fait que cette nuit de Noël est l’occasion pour chacun d’entre nous, penché sur la crèche, d’accepter de se laisser attendrir, bouleverser, transformer par ce petit enfant et le fait qu’il soit venu pour les plus démunis.
Et se laisser transformer, ce n’est pas nécessairement changer complètement de vie pour devenir Mère Térésa, Sœur Emmanuelle ou l’Abbé Pierre…
Se laisser transformer, c’est simplement se rendre disponible à la volonté de Dieu…
Se laisser transformer, c’est lui dire clairement que l’on accepte qu’il donne à nos vies le même sens que celui qu’il a donné à la sienne…
Se laisser transformer, c’est croire, que Dieu nous aime tels que nous sommes, avec nos qualités et avec nos limites…
Se laisser transformer, c’est accepter qu’avec ces qualités et ces limites, Dieu agisse en nous pour aller à la rencontre des plus petits de notre monde…
Alors oui, nous prenons un risque…
Le risque d’être heureux en voyant le bonheur dans les yeux de ceux vers lesquels Dieu nous guidera…
Mais me direz-vous, c’est difficile… et dans le monde matérialiste et égoïste qui nous entoure, se mettre au service des plus petits ce n’est pas facile, ce n’est pas naturel…
Nous risquons d’être montrés du doigt en allant à contre-courant…
Ca fait peur…
Et c’est là que nous rejoint le comte de ce début de célébration :
« N’aie pas peur, tant que j’ai ma flamme, nous pourrons allumer les autres bougies car Je suis l’espoir ! »
Tant que nous aurons l’espérance d’un jour meilleur pour les plus petits d’entre nous, tant que nous voudrons bien garder l’espérance en ce Dieu qui se fait homme pour nous ce soir, alors nous ne perdons pas notre capacité à rallumer les bougies de la foi, de la paix et de l’amour dans les yeux de tous les hommes de notre monde.
Amen.