dimanche 27 mars 2011

2011-03-27 - A - La Samaritaine et le don de l'eau vive - Jean - 4 - 5 à 42

Evangile selon Saint Jean 4, 5-42

Jésus arrivait à une ville de Samarie appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph,
et où se trouve le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s'était assis là, au bord du puits. Il était environ midi.

Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l'eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. »

(En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter de quoi manger.)

La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi qui es Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » (En effet, les Juifs ne veulent rien avoir en commun avec les Samaritains.)

Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : 'Donne-moi à boire', c'est toi qui lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive. »

Elle lui dit : « Seigneur, tu n'as rien pour puiser, et le puits est profond ; avec quoi prendrais-tu l'eau vive ?
Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? »

Jésus lui répondit : « Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ;

mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. »

La femme lui dit : « Seigneur, donne-la-moi, cette eau : que je n'aie plus soif, et que je n'aie plus à venir ici pour puiser. »

Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. »

La femme répliqua : « Je n'ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n'as pas de mari,
car tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari : là, tu dis vrai. »

La femme lui dit : « Seigneur, je le vois, tu es un prophète. Alors, explique-moi :

nos pères ont adoré Dieu sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut l'adorer est à Jérusalem. »

Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l'heure vient où vous n'irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père.

Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous adorons, nous, celui que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.

Mais l'heure vient - et c'est maintenant - où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père.

Dieu est esprit, et ceux qui l'adorent, c'est en esprit et vérité qu'ils doivent l'adorer. »

La femme lui dit : « Je sais qu'il vient, le Messie, celui qu'on appelle Christ. Quand il viendra, c'est lui qui nous fera connaître toutes choses. »

Jésus lui dit : « Moi qui te parle, je le suis. »

Là-dessus, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que demandes-tu ? » ou : « Pourquoi parles-tu avec elle ? »

La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens :

« Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Ne serait-il pas le Messie ? »

Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers Jésus.

Pendant ce temps, les disciples l'appelaient : « Rabbi, viens manger. »

Mais il répondit : « Pour moi, j'ai de quoi manger : c'est une nourriture que vous ne connaissez pas. »

Les disciples se demandaient : « Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger ? »

Jésus leur dit : « Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre.
Ne dites-vous pas : 'Encore quatre mois et ce sera la moisson' ? Et moi je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour la moisson.

Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit avec le moissonneur.

Il est bien vrai, le proverbe : 'L'un sème, l'autre moissonne. '

Je vous ai envoyés moissonner là où vous n'avez pas pris de peine, d'autres ont pris de la peine, et vous, vous profitez de leurs travaux. »

Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause des paroles de la femme qui avait rendu ce témoignage : « Il m'a dit tout ce que j'ai fait. »

Lorsqu'ils arrivèrent auprès de lui, ils l'invitèrent à demeurer chez eux. Il y resta deux jours.
Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de ses propres paroles,

et ils disaient à la femme : « Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant ;

nous l'avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c'est vraiment lui le Sauveur du monde. »

Cet Evangile que nous venons d’entendre, est en plusieurs partie.

Celle que nous retenons plus communément est la première partie : La rencontre de Jésus et de la Samaritaine.

Mais si vous le voulez bien, commençons par nous poser une question toute simple :

Est-ce le hasard si Jésus et cette femme se rencontrent ce jour là à cet endroit ?

C’est, au début en tous cas, ce que semble nous dire le début de cet Evangile.

Jésus est là, assis au bord du puits, fatigué par une longue route.

Il est seul… l’évangile nous dit que ses disciples étaient partis en ville pour acheter à manger.

Arrive alors une Samaritaine qui vient puiser de l’eau…

Il est environ midi… Il fait chaud… très chaud… C’est une heure inhabituelle pour venir chercher de l’eau.

Dans ce pays de chaleur c’est plutôt le matin ou le soir, quand le soleil n’est pas trop fort, que les gens viennent chercher de l’eau…

De là à imaginer que la Samaritaine vient à cette heure là pour éviter d’être vue, il n’y a qu’un pas, que nous pouvons franchir sans difficulté.

Alors ? Cette rencontre est-elle un hasard ? Par sur !

Jésus a soif… Il demande à la Samaritaine de lui donner à boire…

C’est quelque chose d’impensable à l’époque…

Selon la loi juive, il n’aurait même jamais du entrer en contact avec cette étrangère impure…

C’est une nouvelle fois la preuve que Dieu n’est pas seulement venu pour les Juifs mais pour tout homme et toute femme en réelle recherche de Dieu.

La Samaritaine a soif elle aussi !

Si elle vient en cherchant à ne pas être vue c’est qu’elle se sent mal à l’aise sous le regard des autres…

Elle n’a pas seulement soif d’eau mais également d’amour et de vérité.

Les cinq maris dont parlera ensuite Jésus ne doivent pas être au goût de tout le monde et les regards commencent sans doute à lui peser.

Elle est donc à la recherche d’un regard qui saura lui transmettre l’amour nécessaire à son changement de vie, un amour gratuit qui est donné et non troqué… un amour qu’elle ne recevra pas en échange de quelque chose…

Jésus a ce regard…

Quand il lui parle de ces 5 maris il le fait très habilement, et on imagine très bien la douceur avec laquelle le lui dit : « Tu as raison de dire que tu n'as pas de mari, car tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari : là, tu dis vrai. »

Ce « là, tu dis vrai » est une porte ouverte pour la Samaritaine.

En lui disant cela, Jésus lui ouvre la porte vers SA vérité…

Ces quelques mots ne la condamnent pas mais l’invitent à la conversion, un moyen d’étancher sa soif à elle aussi…

Et la Samaritaine reconnait en lui un envoyé de Dieu… Elle lui demande de lui expliquer.

Jésus et la Samaritaine continuent ainsi leur dialogue autour de ce puits…

Ce puits autour duquel ils partagent, est un symbole très fort !

Dans notre monde, particulièrement notre monde occidental, le puits est un symbole que nous avons beaucoup perdu puisque l’eau arrive maintenant dans nos maisons…

Demandez à un occidental ce qui symbolise la vie ; Il y a fort à parier qu’au moins une personne sur deux ne pensera pas immédiatement à l’eau.

Posez la même question aux gens de beaucoup de région d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Indes et de bien d’autres pays, je suis convaincu que le premier mot qui leur viendrait à l’esprit c’est bien l’eau.

Nous sommes de réels privilégiés puisque nous tournons un robinet et l’eau jaillit.

Pour beaucoup de gens l’eau est un bien très précieux qu’il faut préserver, pour lequel il faut faire des efforts, se battre parfois, et qui, comme le puits, est vraiment un symbole fort de la vie.

Rien d’étonnant alors que le puits ait une telle importance dans la bible et particulièrement dans cet Evangile.

Dans cet Evangile justement le puits est le lieu de rencontre entre deux eaux si je puis dire…

L’eau au sens ou nous la connaissons et qui est indispensable à la vie physique, matérielle… mais également l’eau qui symbolise les commandements de Dieu qui sont eux aussi indispensables à notre vie !

Et comme nous le fait comprendre l’Evangile de ce dimanche, Jésus est l’eau vive qui donne vie.

Même les plus grands pécheurs peuvent se désaltérer auprès de lui car il est l’eau vive qui purifie.

Dans ce monde nous rencontrons tous des difficultés…

Il nous arrive parfois de baisser les bras, et nous trouvons alors le réconfort dans des biens matériels, des objets de consommations, qui, au bout du compte finissent quand même eux aussi pas nous lasser…

Comme la Samaritaine, nous sommes invités nous aussi à venir nous asseoir auprès de Jésus qui nous attend comme il attendait la Samaritaine…

Quand nous faisons cette rencontre, cela change nos vies !

Souvenez-vous de la Samaritaine…

L’Evangile nous dit que « Laissant là sa cruche… »

C’est encore un symbole…

Cela signifie qu’une fois qu’on a fait le plein de l’eau vive qui est Jésus, on a plus besoin de quoi que ce soit d’autre…

Toutes ces choses qui encombrent nos vies ne nous sont plus nécessaires, elles deviennent futiles…

La symbolique est tellement forte que dans l’Evangile c’est l’eau même qui en devient inutile puisque la Samaritaine abandonne sa cruche.

Elle qui semblait se cacher, elle qui venait au puits en dehors des heures pour ne pas être vue, retourne en ville pour dire à tout le monde qu’elle a rencontré le Messie…

La pécheresse a été purifiée et est devenue le témoin de Jésus Christ

En ce troisième dimanche de Carême, Seigneur, tu nous proposes de nous abreuver à la source de l’eau vive et de combler notre soif.

Aide nous à nous poser, à nous laisser purifier par toi et fais de nous, comme la Samaritaine, des messagers de ton amour.

Amen.

dimanche 20 mars 2011

2011-03-20 - A - La transfiguration - Matthieu - 17 - 1 à 9

Evangile selon Saint Matthieu 17, 1-9

Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l'écart, sur une haute montagne.
Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière.
Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s'entretenaient avec lui.

Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. »

Il parlait encore, lorsqu'une nuée lumineuse les couvrit de son ombre ; et, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour ; écoutez-le ! »

Entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre et furent saisis d'une grande frayeur.

Jésus s'approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et n'ayez pas peur ! »

Levant les yeux, ils ne virent plus que lui, Jésus seul.

En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts. »

La transfiguration de Jésus…

Un évangile qui donne tout son sens à notre vie de chrétiens…

Une nouvelle fois, c’est sur la montagne que se passe l’évangile d’aujourd’hui.

Dans la Bible, la montagne est le lieu de la présence de Dieu.

Si Jésus s’y retrouve donc régulièrement, accompagné de quelques uns seulement, c’est donc bien pour se rapprocher de son Père, se retrouver dans sa paix.

Arrêtons-nous juste quelques instants pour faire le parallèle avec la prière…

L’évangile d’il y a deux semaines nous disait justement que quand nous prions, nous devons le faire dans le calme.

Comme le fait ici Jésus, sachons, quand nous voulons nous adresser au Père, retrouver la Paix, retrouver SA Paix, sachons nous retrouver seul ou en petit comité, pour lui confier nos vies et nous en remettre entièrement à son Amour.

C’est dans le calme d’une chambre, dans la proximité d’un couple ou d’une famille, que nous pouvons le plus facilement nous confier au Père, lui remettre nos existences avec tout ce qu’elles contiennent de peines et de difficultés.

Personne pour nous voir, personne pour nous observer, personne pour nous juger, juste le Père et Nous, en tête à tête.

Nous pouvons alors nous laisser aller à lui confier nos plus intimes douleurs, ces douleurs qu’il connaît déjà, il est Dieu, mais qu’il accueille au moment où nous sommes enfin capables de les lui confier… qu’il accueille pour les porter avec nous et nous décharger de ce fardeau…

Peines d’une offense subie…

Peines d’une faute jamais avouée…

Peines d’une vie devenue trop lourde…

Le Père les reçoit comme l’offrande de nos vies, et son Amour nous revient pour transformer nos vies.

Mais revenons-en à l’évangile d’aujourd’hui…

Jésus est donc une nouvelle fois sur la montagne et cette fois il est accompagné de Pierre, de Jacques et de Jean… C’est ce petit comité dont je viens de parler.

Et dès le début de cet Evangile Matthieu décrit ainsi Jésus : « Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. »

Vient alors la vision de Moïse et d’Elie… des personnages que Pierre, Jacques et Jean connaissent bien.

Pierre alors, tout à son humanité, veut dresser trois tentes… Il veut prolonger ce moment de bonheur…

Comme chacun d’entre nous, quand on vit quelque chose de très heureux, un vrai moment de bonheur, Pierre voudrait qu’il ne s’arrête pas et comme chacun d’entre nous il cherche une idée qui permettra de le prolonger.

Il propose donc à Jésus de monter trois tentes… Sans doute se dit-il qu’ainsi il pourra au moins l’espace d’un repas, d’une soirée, d’une nuit préserver le bonheur intense de cette rencontre unique.

C’est la voix du Père Lui-même qui ramène Pierre, Jacques et Jean à la réalité : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis tout mon amour, écoutez-le. »

Oui ils vont l’écouter et le suivre… Aujourd’hui sur la montagne et demain aussi…

Mais ce qu’ils ne savent pas encore c’est qu’il leur faudra également le suivre au jardin des oliviers à l’heure ou Jésus va souffrir et finalement mourir…

Ce Messie qu’il nous faut suivre, c’est un Messie souffrant et crucifié, un Messie qui n’est pas venu pour changer la face du monde avec des épées mais avec l’Amour du Père… « En lui j’ai mis tout mon amour, écoutez-le. »

[Ce Messie nous apprend que parfois dans nos vies aussi, pour pouvoir nous diriger vers la résurrection, il faut savoir mourir…

Traverser les épreuves de la vie se fait bien plus souvent dans de bonnes conditions quand nous acceptons de nous remettre en question, de reconnaitre nos erreurs, que de nous affronter les uns aux autres.

Mourir à soi même, mourir pour l’autre, mourir aux autres… c’est comme Jésus, vouloir leur donner l’amour du Père… voilà ce qui garantie le chemin vers la vraie résurrection.

Et même si cette mort n’est pas facile, si elle est souffrance, elle n’est par pour autant un renoncement, cette mort n’est pas une frustration, ni une obligation, c’est un acte volontaire que nous consentons librement…]

Comme je le disais en commençant, cet évangile de la transfiguration donne tout son sens à notre vie de chrétiens…

Cette lumière mystérieuse est là pour nous révéler la résurrection et la vie auprès du Père.

Et cette lumière qui est tellement forte doit nous accompagner chaque jour de notre vie, dans les bons et les moins bons moments…

Nous devons avoir confiance en cette lumière. Elle est le témoin du fait que souffrance et la mort ne triompheront pas… puisque Jésus va ressusciter !

Nous avons l’impression parfois que nos vies n’ont pas de sens… Parfois nous baissons les bras devant l’ampleur de la tâche ou la somme des difficultés.

Et bien dans ces moments là, sachons nous en remettre pleinement au Christ qui a souffert lui aussi… Qui est mort lui aussi… Mais qui est ressuscité et qui vit désormais auprès du Père dans son amour…

« Il est bien gentil le diacre… Je le sais que je vais mourir un jour et que ce jour là je verrai le Père, ca je le crois volontiers, mais c’est aujourd’hui que j’ai mal, que je souffre moi… »

S’il est vrai que cette promesse se réalisera pleinement au jour de notre mort, il est également vrai qu’elle peut se réaliser pour chacun d’entre nous dès ce soir/matin.

Si nous nous tournons dès aujourd’hui vers le Christ, si nous le laissons nous éclairer, si nous acceptons de mourir pour mieux ressusciter, nous serons alors nous aussi dans la lumière…

Si nous osons lui confier nos difficultés, nos douleurs et nos doutes dans la prière, alors nous découvrirons que nous sommes nous aussi en cours de transfiguration…

La lumière qui éclairera alors nos vies nous permettra de les voir autrement elle leur donnera un sens et nous aidera ainsi à surmonter ou tout au moins à supporter les douleurs de nos vies.

Seigneur, chaque dimanche de ce Carême, tu nous invites à gravir la montagne pour nous rapprocher de toi.

Donne nous, par cette Eucharistie à laquelle nous allons maintenant participer, de nous laisser éclairer par ton amour pour repartir le visage rempli de Ta lumière, cette lumière qui éclairera autrement les détails de nos vies.

Amen.

dimanche 13 mars 2011

2011-03-13 - A - La tentation de Jésus - Matthieu - 4 - 1 à 11

Evangile selon Saint Matthieu 4, 1-11

Jésus, après son baptême, fut conduit au désert par l'Esprit pour être tenté par le démon.
Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.

Le tentateur s'approcha et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. »
Mais Jésus répondit : « Il est écrit : Ce n'est pas seulement de pain que l'homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »

Alors le démon l'emmène à la ville sainte, à Jérusalem, le place au sommet du Temple
et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Le démon l'emmène encore sur une très haute montagne et lui fait voir tous les royaumes du monde avec leur gloire.

Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si tu te prosternes pour m'adorer. »

Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C'est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, et c'est lui seul que tu adoreras. »

Alors le démon le quitte. Voici que des anges s'approchèrent de lui, et ils le servaient.

Cette fois nous y sommes…

Depuis quelques jours maintenant, nous sommes entrés dans le carême 2011…

Un de plus me direz-vous ? Et bien non !

C’est vrai, comme chaque année, cette année plus tard que d’habitude, nous avons vécu la cérémonie des cendres et c’est vrai, cette année encore les 40 jours qui nous séparent de Pâques vont passer rapidement… Que nous soyons en activité ou en retraite tout va vite aujourd’hui…

Alors n’attendons pas d’être à mi-carême pour nous mettre en marche !

N’attendons pas que le monde qui nous entoure nous donne sa permission pour nous préparer à la Résurrection du Christ…

Si nous attendons que ce soit ce monde qui ralentisse pour nous permettre de nous y préparer alors ce ne sera pas à la mi-carême que nous allons nous réveiller mais au matin de Pâques…

Nous avons tous mille choses à faire…

Aller travailler, nous occuper des enfants, faire à manger…

Regarder la TV, participer aux activités d’un club, lire nos mails, faire nos comptes… et plein d’autres choses encore qui nous servent parfois d’excuses aussi pour bien montrer que nos vies sont pleines et qu’il n’y a plus de place pour participer à une action caritative, un temps de partage, une adoration ou même la messe dominicale.

L’évangile d’aujourd’hui nous invite donc à nous poser, à nous laisser conduire au désert comme Jésus pour y retrouver les sources de notre foi et de notre baptême.

L’évangile d’aujourd’hui nous parle de trois endroits dans lesquels le tentateur comme il est appelé, va chercher à perdre Jésus, trois lieux qui sont hautement symboliques dans le Judaïsme.

Ces trois lieux, vous l’avez entendu, sont le désert, le temple et la montagne.

Tout d’abord : le désert !

C’est là que Dieu avait conduit son peuple pour lui permettre d’échapper à l’esclavage de pharaon en Egypte…

Mais le désert, même quand on est un homme libre, c’est un endroit hostile… Un endroit où il est difficile de survivre, même quand on sait qu’on est le peuple choisi de Dieu…

Alors, jour après jour, privation après privation, le peuple a commencé à maugréer contre Moïse tout d’abord et contre Dieu ensuite…

Être le peuple choisi de Dieu c’est bien…

Être libre c’est bien…

Mais si dans ces plans Dieu n’a pas prévu de pain… Alors à quoi bon être libre ?

Et certains de regretter le temps où ils étaient esclaves certes, mais où ils avaient au moins à manger…

Et nous ? Quels sont nos déserts ?

Nos déserts sont ceux de la possession…

Plus le monde nous offre de jolies choses et plus nous les rendons indispensables à nos vies…

Nos téléphones portables…

Ils n’existaient pas il y a 20 ans et pourtant nous vivions très bien sans…

Nos ordinateurs…

Ils n’existaient pas non plus il y a 30 ou 40 ans et pourtant nous vivions très bien sans…

Le monde qui nous entoure est un monde de consommation dans lequel nous sommes aspirés comme par une tornade, au point que nous n’arrivons bien souvent plus à faire la part des choses entre ce qui nous est nécessaire ou superflu…

« Comment ca tu n’as pas d’adresse mail ? » « Comment ca tu n’as pas de téléphone portable ? » « A l’époque ou nous vivons !!! »

Finalement ce sont toutes ces choses qui finissent pas nous posséder…

Et du coup nous nous refermons sur nous-mêmes, coincés dans nos vies matérialistes où nous ne trouvons même plus de temps pour l’autre, PIRE, où l’autre, et particulièrement le pauvre, celui qui ne possède pas, ne doit pas venir nous déranger…

« C’est vrai tous ces pauvres qu’on voit à la télé… Quand est-ce que le gouvernement va faire quelque chose ? » « Il faudrait que les organisations humanitaires s’en occupent quand même !!! »

Nous sommes tellement englués dans notre petit confort que nous finissons par reprocher aux autres, gouvernements, organisations humanitaires, voisins, de ne pas s’occuper des plus pauvres…

Et pourtant Jésus nous le rappelle « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » Cette parole est faite pour nous nourrir, pour nous faire vivre, et si nous savons la mettre en pratique alors nous saurons nous mettre au service des autres quitte à oublier pour ne fut-ce qu’un moment nos ordinateurs ou nos téléphones portables…

Le second endroit de notre évangile d’aujourd’hui est c’est le temple…

Ce temple qui était sensé être l’endroit où le peuple se rassemblait pour faire monter sa prière vers Dieu…

Mais au fil du temps ce lieu était devenu un lieu de marchandage… Au lieu de servir Dieu, les hommes se servaient de Dieu pour mener à bien leurs petits commerces…

Jésus refusera de se « servir » du temple… Souvenez-vous du récit sur les marchands du temple.

Et notre temple à nous quel est-il ?

Est-ce qu’il ne nous arrive pas à nous aussi de nous servir de Dieu ?

« Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ? » « Ah si le Bon Dieu existait… Il n’aurait pas laissé cet accident arriver… »

C’est quand nous sommes bien dans la panade, une panade dans laquelle nous nous mettons bien souvent tous seuls, que nous nous tournons vers Dieu soit pour le supplier (enfin), soit pour le critiquer…

Ce n’est pas seulement quand nous sommes dans cette panade qu’il faut penser à aimer Dieu… C’est dans le quotidien de nos vies…

Dieu nous aime entièrement d’un amour qui dépasse notre imagination.

Et tout ce qu’il nous demande c’est d’accueillir cet amour… Et pas seulement quand nous sommes dans la peine mais dans chaque instant de notre vie pour que nous fassions fructifier cet amour et que nous en fassions bénéficier tous ceux qui nous entourent…

Le troisième et dernier endroit de notre évangile d’aujourd’hui est c’est la montagne…

Cette montagne c’est le mont Sinaï où Moïse a reçu la loi de Dieu : « Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi… Tu ne te prosterneras pas devant eux et tu ne les serviras pas. »

A peine Dieu avait il donné Sa Loi… qu’aux pieds de la montagne les hommes avaient fabriqué un veau d’or devant lequel ils se prosternaient…

Il n’y a pas bien loin à chercher pour faire la comparaison entre les Hébreux qui se prosternaient devant un veau d’or il y a plus de 2000 ans et nous les hommes et les femmes du 21° siècle.

L’argent, le pouvoir, les biens de consommation dont je parlais plus haut, sont autant de veaux d’or dans nos vies…

Pour avoir beaucoup d’argent, pour être le plus puissant, pour posséder beaucoup de choses, certains sont même prêts à vendre leur âme…

Au désert, au temple et sur la montagne, Jésus a repoussé toutes ces tentations et par trois fois à dit non à Satan pour renforcer encore et encore son « Oui » au Père.

C’est ce « Oui » que Jésus prononcera tout au long de sa vie sur terre.

A sa suite, nous sommes invités à faire le point, à redire le oui de notre baptême et à nous réajuster à l’Amour de Dieu.

Aujourd’hui et tout au long de ce carême, Jésus nous invite :

« Changez vos cœurs, croyez à la bonne nouvelle. Changez de vie, croyez que Dieu vous aime ! »

Amen.

dimanche 6 mars 2011

2011-03-06 - A - Conclusion du sermon sur la montagne. La maison bâtie sur le roc - Matthieu - 7 - 21 à 27

Evangile selon Saint Matthieu 7, 21-27

Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Il ne suffit pas de me dire : 'Seigneur, Seigneur !', pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux.
Ce jour-là, beaucoup me diront : 'Seigneur, Seigneur, n'est-ce pas en ton nom que nous avons été prophètes, en ton nom que nous avons chassé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ? '
Alors je leur déclarerai : 'Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui faites le mal ! '
Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le roc.
La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé et s'est abattue sur cette maison ; la maison ne s'est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc.
Et tout homme qui écoute ce que je vous dis là sans le mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable.
La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé, elle a secoué cette maison ; la maison s'est écroulée, et son écroulement a été complet. »

Il y a dans tous les textes d’Evangile des valeurs communes à tous les hommes qui ont envie de construire ensemble… Et celui d’aujourd’hui ne fait pas exception à la règle

Cet Evangile nous parle d’un rocher… La Bible en général et les psaumes en particulier donnent au Seigneur ce nom de « rocher ».

Pour ce Carême 2011, nous aurons donc tous le plaisir de nous retrouver ensemble autour de ce rocher commun qu’est notre Seigneur et même, si j’ose dire, de commencer à construire sur ce rocher.

Chacun d’entre nous sait que si nous voulons construire durable, il faut construire sur le roc, c'est-à-dire sur du solide.

Il en va ainsi de nos maisons bien entendu, mais également de toutes les constructions de nos vies.

A travers les exemples qu’il donne dans cet Evangile, Jésus nous fait comprendre que notre vie est un comme un grand chantier.
Nos vies sont en perpétuelle construction.

Cet Evangile rejoint donc tous ceux qui veulent construire : une vie de couple, une famille, une vie de chrétienne.

Cet Evangile nous rejoint donc nous aussi qui allons mercredi, en entrant dans le carême, nous engager sur le chemin de Pâques…

J’ai dit plus haut que notre vie est comme un grand chantier.
Et du coup, nous pouvons dire que Jésus est notre chef de chantier.

Si nous écoutons ses consignes, si nous mettons en pratique ses conseils, nous avons toutes les chances de construire durable.

Peu importe que les uns soient jeunes et les autres moins jeunes…
Peu importe que certains soient forts et d’autres moins…
Il suffit que nous entendions bien les consignes du chef de chantier Jésus !

Mais attention, il ne faudra pas nous contenter d’entendre ses consignes, il faudra également les mettre en application.

Que donnerait un chantier sur lequel les ouvriers entendraient les consignes de leur chef de chantier mais ne les mettraient pas en pratique ?

Les fenêtres seraient à la place des portes, le mortier ne serait pas correctement dosé…

Il y a fort à parier que la construction ne ressemblerait à rien, qu’elle ne serait pas très solide et qu’elle ne durerait pas très longtemps…

De la même façon, si nous nous engageons sur ce chantier en cherchant à remettre sans cesse en question les consignes du chef de chantier Jésus, autrement dit, si chacun d’entre nous cherche à imposer sa vision plutôt que d’écouter attentivement et de mettre en application les consignes du chef de chantier Jésus, notre construction n’avancerait certainement pas bien vite…

Ce que Dieu nous demande c’est de participer activement à la construction de notre monde… Un monde où nous ferons tout pour que règne la justice et la fraternité, un monde dans lequel personne ne sera laissé loin de son amour.

Et même si nous devons suivre les consignes de notre chef de chantier Jésus, Dieu ne nous demande pas pour autant d’obéir aveuglément…

Pour comprendre ce qu’il attend de nous, il nous a laissé Les Evangiles…
Les évangiles contiennent la Parole de Dieu qui nous a été donnée pour comprendre comment et pourquoi avancer les uns avec les autres, les uns pour les autres, à la suite de Jésus…

Ce n’est pas seulement d’obéissance dont nous parlons, mais c’est surtout de confiance !

Et peu importe une nouvelle fois que nous soyons jeunes ou moins jeunes, que nous soyons forts ou moins forts…

Dieu nous appelle tels que nous sommes, avec nos qualités et nos défauts.
Il ne nous demande qu’une chose : Notre confiance…

Notre confiance dans le fait qu’il saura transformer nos faiblesses en forces…
Notre confiance dans le fait qu’il saura permettre à tous les talents de s’exprimer pour que le chantier réussisse.

Si nous agissons ainsi, ce que nous bâtirons sera beau, solide et traversera le temps…

Une preuve ?
Nous sommes cette preuve !

Il y a 2000 ans, Jésus à embauché un certain Simon Pierre, un certain Jacques et un certain Jean qui étaient de simples pêcheurs.
Il a également embauché un certain Matthieu qui était publicain et collecteur d’impôts…
Une douzaine d’hommes au total, qu’il a pris comme ils étaient, avec leurs qualités et leurs défauts…

Ces hommes ont écouté Sa Parole et ils l’ont mise en pratique….
Et 2000 ans après nous sommes toujours là à en faire mémoire et à vouloir continuer le chantier.

Ce dimanche nous nous tournons vers toi Seigneur…
Nous te demandons de nous aider à continuer le chantier que tu as initié.
Aide nous à comprendre que si ce ne sont pas TES commandements que nous suivons, alors nous bâtirons sur le sable…
Aide nous à construire ensemble sur ce roc que tu es pour nous.

Amen.