dimanche 25 novembre 2012

2012-11-25 - B - Evangile « Je suis roi » (Jn 18, 33-37)



Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l'Univers


1ère lecture : La royauté du Fils de l'homme (Dn 7, 13-14)

Lecture du livre de Daniel
Moi, Daniel,
je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d'homme ; il parvint jusqu'au Vieillard, et on le fit avancer devant lui.
Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et toutes les langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite.

2ème lecture : Le sacerdoce royal des sauvés (Ap 1, 5-8)

Lecture de l'Apocalypse de Saint Jean
Que la grâce et la paix vous soient données, de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né d'entre les morts, le souverain des rois de la terre.
À lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous le royaume et les prêtres de Dieu son Père, à lui gloire et puissance pour les siècles des siècles. Amen.
Voici qu'il vient parmi les nuées, et tous les hommes le verront, même ceux qui l'ont transpercé ; et, en le voyant, toutes les tribus de la terre se lamenteront. Oui, vraiment ! Amen !
Je suis l'alpha et l'oméga, dit le Seigneur Dieu, je suis celui qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant.

Evangile : « Je suis roi » (Jn 18, 33-37)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Lorsque Jésus comparu devant Pilate, celui-ci l'interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? »
Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien parce que d'autres te l'ont dit ? »
Pilate répondit : « Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta nation et les chefs des prêtres t'ont livré à moi : qu'as-tu donc fait ? »
Jésus déclara : « Ma royauté ne vient pas de ce monde ; si ma royauté venait de ce monde, j'aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Non, ma royauté ne vient pas d'ici. »
Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C'est toi qui dis que je suis roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix. »




Cette fois nous touchons de prêt à la fin du temps dit ordinaire.
Ce temps qui se termine -  comme je me plais souvent à la dire -  ce temps n’a cependant d’ordinaire que le nom…

Ce mot – Ordinaire - pourrait nous faire croire que rien ne s’y passe, comme si en dehors de la préparation des principales fêtes de notre Eglise les chrétiens seraient en sommeil, ce qui n’est peut-être pas faux d’ailleurs… Dans l’attente d’un nouvel évènement à fêter…

Le temps ordinaire, est plutôt le temps « de l’ordinaire », ce temps qui permet à chaque chrétien de revisiter les fondements de sa foi,  ces fondements que l’on peut consolider au quotidien au regard des textes d’Evangile qui nous sont offerts chaque jour, qui nous interpellent et nous permettent de nous interroger sans cesse.

Ce temps se termine et avant d’entrer dans le temps de l’Avent pour nous préparer à Noël, nous voici à la fête du Christ Roi…

Après avoir donc revisité chacune de nos « références » pendant le temps de l’ordinaire, ce sont des lectures que je qualifierai de contemplatives qui nous sont données…

Elles sont faites pour rejoindre chaque chrétien dans ce monde très tourmenté qui nous entoure, elles sont une sorte de pause faite pour nous rassurer… Nous redire à quel point Dieu aime son peuple…

La première lecture annonce aux contemporains de Daniel que le mal n’aura pas le dernier mot…

La seconde lecture, extraite de l’Apocalypse de Saint Jean, va dans le même sens…
Elle annonce au peuple des chrétiens persécutés par l’empereur de Rome, le triomphe de l’Amour…

« C’est bien beau tout cela » me direz-vous  « mais ca n’améliore pas mon quotidien, ca ne m’aide pas à payer mes factures et les difficultés de ma vie sont toujours présentes… »

Certains iront peut-être jusqu’à dire « Et il est où Dieu ? Il faut quoi pour nous aider ? Il fait quoi pour la faim et les guerres dans le monde ? Il fait quoi pour la violence dans nos villes ? »

Je vais vous faire une réponse qui vous semblera peut-être un peu directe, mais qui cependant me semble bien être le reflet de la vérité.

Dieu est présent dans chaque parcelle de notre humanité…
Il est présent dans chaque instant de notre vie, heureux ou malheureux…
Il se réjouit avec nous de chaque moment heureux et nous offre son soutient dans tous les moments difficiles de nos vies…

C’est nous qui tantôt ne savons pas le voir, empêtrés que nous sommes dans nos difficultés ou assommés par la douleur…
C’est également nous qui parfois préférons fermer nos yeux et nos oreilles à Sa présence, préférant nous laisser aller à nos penchants tellement humains…

C’est peut-être un peu direct… c’est peut être un peu dur, mais je crois en toute sincérité que c’est pourtant la vérité et comme toute vérité de ce genre, c’est également à moi qu’elle s’applique.

Nous critiquons les dictateurs qui, en Syrie ou ailleurs, mènent la vie dure à leur peuple et les oppriment, mais nous trouvons tout à fait normal de nous disputer, parfois au sein même de nos familles souvent pour des broutilles, allant jusqu’à ne plus nous parler pour des sujets dont nous sommes bien incapables de nous souvenir dans le détail après quelques mois…

Nous jetons la pierre à des hommes politiques ou à des sportifs pour le manque d’exemplarité de leur conduite mais à peine avons-nous éteint la télévision ou quitté le stade que nous nous croyons nous aussi au dessus des lois au volant de notre voiture par exemple.

Les exemples ne manquent pas de ces étiquettes que nous collons dans le dos des autres sans penser qu’elles nous sont également applicables.

Et si nous pensons que Dieu pourrait un jour descendre de son paradis pour corriger les injustices et les maux de notre monde, ayons bien à l’esprit qu’il pourrait également nous corriger nous, pour nos propres manquements.

Les textes d’aujourd’hui sont là pour nous rappeler, et c’est nécessaire, que tous ces mauvais comportements n’auront pas le dernier mot…
La vengeance, n’est pas une solution et ce ne sont ni la force ni les armes qui permettent d’obtenir une vraie victoire…

C’est également ce que veut nous faire comprendre le texte d’Evangile.

Nous sommes dans un passage dramatique de la vie de Jésus.
Il vient d’être arrêté et comparaît devant Pilate et tous ces accusateurs qui veulent en finir avec lui parce qu’il les dérange… Il les dérange parce qu’il dit la vérité, une vérité qui perturbe leurs petites combines, une vérité qui remet en cause leurs privilèges et le petit confort de leurs petites vies.

Mais ils ont trouvé une parade…
Ils présentent Jésus comme le roi des Juifs, devant Pilate qui représente le pouvoir de Rome, un pouvoir qui à l’époque domine tout le bassin méditerranéen… un pouvoir qui a implacablement exécuté tous ceux qui s’y sont opposés…
Le sort de Jésus semble donc scellé…

Le texte commence par cette question directe de Pilate à Jésus : « Es-tu le roi des Juifs ? »

Et Jésus de lui répondre par une autre question : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien parce que d'autres te l'ont dit ? »

C’était déjà une bonne question à l’époque puisqu’elle mettait en avant tout le mal que d’autres avaient pu dire à Pilate à son sujet, mais c’est également une très bonne question pour nous aujourd’hui…

C’est une question qu’il nous adresse dans toutes les joies mais surtout dans toutes les difficultés de nos vies…

Jésus ne nous demande pas de répondre en récitant notre leçon mot pour mot comme nous avons pu l’apprendre au catéchisme… Il nous demande de regarder au fond de nos cœurs et de lui donner notre propre réponse, celle qui est propre à chacune et chacun d’entre nous.

Si nous l’avons rencontré ne fut-ce qu’un jour dans notre vie alors reviendra à notre esprit ce moment de grâce et nous n’aurons aucun mal à lui dire qui il est pour nous.

Et si ce n’est pas le cas, si nous pensons ne pas avoir encore vécu ce moment de rencontre, si nous le cherchons toujours et avons du mal à le trouver, il n’est cependant pas trop tard…

Si nous voulons vivre cette rencontre mais que comme Pilate nous ne voyons en Lui que celui qui risque d’interférer dans nos vies, de les déranger, d’en perturber le confort relatif alors je peux vous dire que nous avons des moyens bien plus grands que ceux que Pilate avait à sa disposition…

Nous avons pour cela la Bible et les Sacrements…

La Bible qui nous dit et nous redit à chaque page que c’est l’Amour de Dieu qui triomphera et que c’est en sachant mettre nos vies en accord avec cette bonne nouvelle que nous pourront le rencontrer.

Les Sacrements, à commencer pas la Messe et la Confession, qui sont là pour nous permettre de nous rapprocher de Dieu et de recevoir son Amour.

Dieu porte sur chacun d’entre nous un regard rempli de sa tendresse et de son amour.

Le Royaume de Dieu n’est pas un royaume au sens ou Pilate l’entendait… Il n’y a pas un Roi au dessus des hommes et des sujets obéissant et lointains.

Il y a un Dieu qui s’est fait homme dans le Christ… Un Dieu qui a épousé notre condition humaine, qui a vécu parmi les hommes et qui est mort comme un homme… par amour pour nous…

Cela change complètement la façon dont nous voyons la notion de « Roi » et de « Peuple »…

Le Christ Roi de l’univers que nous fêtons aujourd’hui, nous invite à transmettre cette notion de la royauté dans le monde où il nous envoie…

« Pas simple… » Me direz-vous… « C’est que je sais pas comment faire moi… Je ne suis ni prêtre, ni diacre et puis j’aurai pas les mots… »

Qu’à cela ne tienne… Dieu ne nous demande rien d’extraordinaire…
Tout ce qu’il nous demande c’est de retourner dans le monde, avec nos qualités et nos défauts, mais surtout avec la certitude qu’il est là tout proche de nous et qu’il nous apportera toute l’aide nécessaire pour témoigner auprès de nos frères…

C’est là, sur le pas de cette église que l’aventure commence, c’est là, sur le pas de cette église que commence le Royaume de Dieu… Si nous le voulons…

Amen

dimanche 18 novembre 2012

2012-11-18 - B - La venue du Fils de l'homme (Mc 13, 24-32)



33ème dimanche du Temps Ordinaire


1ère lecture : La résurrection des morts (Dn 12, 1-3)

Lecture du livre de Daniel
Moi, Daniel, j'ai entendu cette parole de la part du Seigneur :
« En ce temps-là se lèvera Michel, le chef des anges, celui qui veille sur ton peuple. Car ce sera un temps de détresse comme il n'y en a jamais eu depuis que les nations existent. Mais en ce temps-là viendra le salut de ton peuple, de tous ceux dont le nom se trouvera dans le livre de Dieu.
Beaucoup de gens qui dormaient dans la poussière de la terre s'éveilleront : les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et la déchéance éternelles.
Les sages brilleront comme la splendeur du firmament, et ceux qui sont des maîtres de justice pour la multitude resplendiront comme les étoiles dans les siècles des siècles. »

2ème lecture : Le sacrifice unique (He 10, 11-14.18)

Lecture de la lettre aux Hébreux
Dans l'ancienne Alliance, les prêtres étaient debout dans le Temple pour célébrer une liturgie quotidienne, et pour offrir à plusieurs reprises les mêmes sacrifices, qui n'ont jamais pu enlever les péchés.
Jésus Christ, au contraire, après avoir offert pour les péchés un unique sacrifice, s'est assis pour toujours à la droite de Dieu. Il attend désormais que ses ennemis soient mis sous ses pieds. Par son sacrifice unique, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qui reçoivent de lui la sainteté.
Quand le pardon est accordé, on n'offre plus le sacrifice pour les péchés.

Evangile : La venue du Fils de l'homme (Mc 13, 24-32)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Jésus parlait à ses disciples de sa venue :
« En ces temps-là, après une terrible détresse, le soleil s'obscurcira et la lune perdra son éclat. Les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l'homme venir sur les nuées avec grande puissance et grande gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, de l'extrémité de la terre à l'extrémité du ciel.
Que la comparaison du figuier vous instruise : Dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l'été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l'homme est proche, à votre porte. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n'arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Quant au jour et à l'heure, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père. »

Ce trente troisième dimanche du temps ordinaire, nous approche de la fin de l’année liturgique.

Avec cette fin d’année liturgique coïncide ces textes de fin des temps que nous venons d’entendre.

Si nous les avons bien écoutés, ils sont durs !
Ils nous parlent de temps de détresse, de soleil qui s’obscurcira, de lune qui perdra son éclat, d’étoiles qui tomberont du ciel.

Toutes ces catastrophes nous les connaissons bien… Et oui, nous les connaissons bien…

Qui d’entre nous n’a pas un jour vu un film catastrophe, lu un livre, un article de journal ou encore regardé avec attention une émission de télévision qui nous parle de l’interprétation que les hommes font de l’apocalypse de Saint Jean, de ce que disent les fameuses prophéties de Nostradamus ou encore de cette fameuse fin du monde que les Mayas nous prédisent pour vingt et un décembre prochain, à quelques jours de Noël… C’est bête, on va manquer les cadeaux et le réveillon…

Et c’est vrai que quand on regarde le journal télévisé, on retrouve toutes ces catastrophes qui semblent annoncer la fin du monde…

Les tsunamis, l’ouragan qui a dévasté New York, la guerre qui semble continuer à se répandre inexorablement un peu partout et à nos portes la violence grandissante…

Cette fin du monde nous est annoncée depuis longtemps…
En l’an mille déjà les prophéties de Nostradamus faisaient grand bruit et chacun pensait les dernières heures de l’humanité arrivées…

Mais me direz-vous, à cette époque les gens étaient moins instruits et ils ne pouvaient pas analyser la situation comme nous pouvons le faire aujourd’hui…

Les gens intelligents que nous sommes se sont quand même posé des questions quand l’an deux mille est arrivé…
Notre monde allait-il survivre à ce passage dans le troisième millénaire ? Le bug tant attendu allait-il nous plonger dans un chaos informatique dont les civilisations ne se remettraient pas ?

Et bien non… Le bug n’a pas eu lieu, et malgré le fait que les médias, comme aujourd’hui, se soient posées beaucoup de questions, malgré le fait que quelques illuminés de renom se soient empressés de nous vendre la fin du monde se faisant au passage un joyeux pécule pour y survivre, cette fin du monde n’a pas eu lieu…

Alors ? La fin du monde est elle pour le vingt et un décembre prochain ?
N’aura-t’elle finalement pas lieu ? Allons-nous nous réveiller le vingt deux décembre dans un monde très similaire à celui du vingt et un ? Pouvons-nous continuer à faire nos emplettes pour Noël et pouvons-nous préparer le réveillon ?

Je n’en sais rien !
Non seulement je n’en sais rien mais en plus je vais vous dire : je m’en fiche complètement !

Je pense que quand nous avons les scénarios de ces psychodrames en tête… Quand nous – et nous c’est moi aussi de temps en temps – quand nous leur donnons une importance qu’ils n’ont pas, quand nous ne faisons que penser à ce que NOUS pourrions perdre nous ne faisons que nous éloigner d’avantage de la vérité de l’Evangile.

Et nous sommes en cela bien aidés par ces médias sensés nous éclairer et qui n’ont quasiment pour seul but que de nous vendre du sensationnel parce que ca fait de l’audimat et surtout des euros qui viennent garnir les poches de celles et ceux qui vivent de la détresse humaines… Ces Pharisiens de l’Evangile de dimanche dernier qui, comme le disait le texte, « …dévorent les biens des veuves et affectent de prier longuement », ces gens qui s’enrichissent sur le dos de la détresse humaines en faignant de nous éclairer.

Où se trouve la vérité de l’Evangile dans tous ces scénarios catastrophes ?

Mais me direz-vous, les textes d’aujourd’hui, ne nous aident pas beaucoup… Eux aussi nous parlent de catastrophe et comme je le disais tout à l’heure de du soleil qui s’obscurcira, de la lune qui perdra son éclat, et des étoiles qui tomberont du ciel.

C’est effectivement ce que nous retenons de ces textes à leur première lecture, comme nous retenons pour vérité certaine les propos des médias dont je viens également de parler…

La vérité de l’Evangile est toute autre et ce ne sont que les limites de notre humanité qui nous empêchent de la voir dans ces textes où elle est cependant évidente.

Dans le texte de la première lecture, Daniel s’adresse à des gens qui sont en situation de détresse et qui se demandent comment continuer à avoir la foi quand la violence des armes s’accélère à leur encontre.

Mais si Daniel nous parle de ces difficultés à la première phrase du texte, il enchaîne immédiatement, et pour le reste du texte, sur tout le bonheur que Saint Michel Archange apportera aux justes, à celles et ceux qui malgré les persécutions n’aurons pas versé dans le camp de la violence mais continueront à vivre leur foi de chrétien…

A ceux là il est promis « qu’ils brilleront comme la splendeur du firmament »

Le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ?

Et le texte de Saint Marc est structuré de la même façon…
Certes il commence par nous parler lui aussi d’étoiles qui tomberont du ciel, du soleil et de la lune dont l’éclat disparaîtra, mais après deux lignes il nous annonce lui aussi l’avènement du royaume de Dieu.

Ces textes ont deux mille ans…

Chaque dimanche, nous tentons de comprendre comment des textes écrits il y a si longtemps nous rejoignent dans notre vingt et unième siècle…
Et là pour une fois c’est l’inverse…

Nous sommes tellement emprunts de notre siècle et de ses difficultés que nous pensons comprendre que toutes ces catastrophes sont encore plus vraies aujourd’hui qu’elles ne l’étaient du temps de Daniel ou de Saint Marc.

C’est encore une fois notre humanité et peut être également un peu de notre orgueil et de notre égoïsme qui nous fait réagir ainsi…

Les catastrophes de tous les siècles sont à la mesure des personnes qui les traversent et celles qui concernaient les persécutions des premiers chrétiens n’étaient de fait pas moins importantes que celles que nous traversons.

Ces textes ne nous parlent pas de la fin DU monde mais de la fin D’UN monde…

Et même si je ne me permettrai pas de chercher à prendre la place de Dieu pour fixer le jour de l’avènement de son règne, je peux, sans trop m’avancer, vous annoncer que le Royaume de Dieu est déjà présent…

Alors certes, si on regarde le journal télévisé ca ne saute pas aux yeux…
Et pourtant le royaume de Dieu est bel et bien déjà en marche…

Il l’est quand le cœur d’un seul homme ou d’une seule femme s’ouvre aux difficultés du monde qui l’entoure et qu’il décide de donner de soi pour aider les autres, les aimer à l’image du Christ…

Il l’est quand un des époux d’un couple en difficulté accepte de remettre ces difficultés dans les mains de Dieu certain que Lui saura alors lui rappeler l’amour qu’il ressentait au premier jour pour traverser la difficulté.

Il l’est quand deux personnes sont en désaccord et que ne fut-ce l’une d’entre elle accepte de déposer dans les mains de Dieu cette difficulté, certain que le Seigneur lui donnera le courage d’aller trouver son frère pour faire la Paix !

Il l’est quand dans une famille en difficulté un parent ou un jeune accepte de déposer dans les mains de Dieu leurs différences de vues certain qu’Il l’aidera à permettre au dialogue de revenir.

Il le sera quand à force de montrer ce visage de paix et d’amour de Dieu à notre monde, les chrétiens témoigneront tous que l’amour est plus fort que tout !

Dans l’Evangile, l’humanité est comparée à un figuier dont les branches deviennent tendres… C’est cette humanité qui, grâce entre autre au témoignage des chrétiens, s’ouvre à l’Amour de Dieu.

Peut-être vous dites vous que c’est là un monde idyllique que jamais nous n’atteindront, qui est bien trop beau pour être vrai…
C’est pourtant bien ce que décrit l’Evangile d’aujourd’hui, ce texte issu de la Parole de Dieu qui est au cœur de notre foi.

Il y a deux mille ans que le Christ a donné sa vie pour nous…
Ces vingt siècles qui sont passés nous ont-ils tellement transformés que nous ne croyons plus à cette promesse de Dieu ?

Une fois de plus donc, c’est bien à notre foi que Dieu en appelle…
Lui qui nous a aimé le premier nous invite une nouvelle fois à transformer notre monde en l’aimant Lui et en aimant nos frères comme Lui…

Amen

dimanche 11 novembre 2012

2012-11-11 - B - L'ostentation des scribes - L'aumône de la pauvre veuve (brève 41-44) (Mc 12, 38-44)


32ème dimanche du Temps Ordinaire

1ère lecture : La veuve de Sarepta (1R 17, 10-16)
Lecture du premier livre des Rois
Le prophète Élie partit pour Sarepta, et il parvint à l'entrée de la ville. Une veuve ramassait du bois ; il l'appela et lui dit : « Veux-tu me puiser, avec ta cruche, un peu d'eau pour que je boive ? »
Elle alla en puiser. Il lui dit encore : « Apporte-moi aussi un morceau de pain. »
Elle répondit : « Je le jure par la vie du Seigneur ton Dieu : je n'ai pas de pain. J'ai seulement, dans une jarre, une poignée de farine, et un peu d'huile dans un vase. Je ramasse deux morceaux de bois, je rentre préparer pour moi et pour mon fils ce qui nous reste. Nous le mangerons, et puis nous mourrons. »
Élie lui dit alors : « N'aie pas peur, va, fais ce que tu as dit. Mais d'abord cuis-moi un petit pain et apporte-le moi, ensuite tu feras du pain pour toi et ton fils.
Car ainsi parle le Seigneur, Dieu d'Israël : Jarre de farine point ne s'épuisera, vase d'huile point ne se videra, jusqu'au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. »
La femme alla faire ce qu'Élie lui avait demandé, et longtemps, le prophète, elle-même et son fils eurent à manger.
Et la jarre de farine ne s'épuisa pas, et le vase d'huile ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l'avait annoncé par la bouche d'Élie.

2ème lecture : Le sacerdoce du ciel (He 9, 24-28)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Le Christ n'est pas entré dans un sanctuaire construit par les hommes, qui ne peut être qu'une copie du sanctuaire véritable ; il est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu.
Il n'a pas à recommencer plusieurs fois son sacrifice, comme le grand prêtre qui, tous les ans, entrait dans le sanctuaire en offrant un sang qui n'était pas le sien ; car alors, le Christ aurait dû plusieurs fois souffrir la Passion depuis le commencement du monde. Mais c'est une fois pour toutes, au temps de l'accomplissement, qu'il s'est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice.
Et, comme le sort des hommes est de mourir une seule fois, puis de comparaître pour le jugement, ainsi le Christ, après s'être offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude, apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l'attendent.


Evangile : L'ostentation des scribes - L'aumône de la pauvre veuve (brève : 41-44) (Mc 12, 38-44)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Dans son enseignement, Jésus disait : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à sortir en robes solennelles et qui aiment les salutations sur les places publiques,
les premiers rangs dans les synagogues, et les places d'honneur dans les dîners.
Ils dévorent les biens des veuves et affectent de prier longuement : ils seront d'autant plus sévèrement condamnés. »
Jésus s'était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait la foule déposer de l'argent dans le tronc. Beaucoup de gens riches y mettaient de grosses sommes.
Une pauvre veuve s'avança et déposa deux piécettes.
Jésus s'adressa à ses disciples : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le tronc plus que tout le monde. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a tout donné, tout ce qu'elle avait pour vivre. »


32ème dimanche du temps ordinaire.

Je me plais une fois de plus, à rappeler que ce temps n’a vraiment d’ordinaire que le nom.

Si j’insiste tant au fil des semaines sur ce point, c’est qu’il me paraît important, dans ce temps « ordinaire » justement, de ne pas nous dire que rien ne se passe dans l’Evangile, ou qu’en dehors des grandes fêtes nous pourrions nous sentir comme en repos… en période de récupération avant une nouvelle grande fête.

Ce temps « de l’ordinaire » – Je préfère l’appeler comme cela – nous ramène sans cesse aux fondements de notre foi…
L’ordinaire, doit ici s’entendre au sens de basiques…
Nous sommes sans cesse invités à revisiter les basiques de notre foi, nous sommes sans cesse interpelés sur notre façon de vivre cette foi au quotidien.

Et c’est bien évidemment encore une fois le cas aujourd’hui…

Nous sommes entrés, il y a peu, dans l’année de la foi et je vous disais il y a quinze jours combien cela avait de sens…

La semaine dernière c’est LE commandement des commandements que Jésus est venu nous rappeler…

Nous étions déjà en temps ordinaire et c’est pourtant ce moment, que le Christ choisit pour nous rappeler LE premier de tous les commandements, celui de l’Amour…
L’Amour de Dieu pour ses enfants et l’Amour qu’il nous invite à avoir entre nous pour lui montrer combien nous l’aimons Lui.

Et cette semaine nous en revenons une nouvelle fois à une valeur déjà plusieurs fois évoquée ces dernières semaines : le don de soi… le don TOTAL de soi…

Il n’y a pas trop de toute une vie, de dizaines de dimanches « ordinaires » passés à entendre régulièrement les mêmes textes pour comprendre ce qu’ils veulent dire et à quel point chacun d’entre nous est individuellement concerné.

La tentation est grande, quand la lecture commence, de nous dire : « Ah oui… celui-là je le connais… Il se passe ceci et il arrive cela… »

A peine les premiers mots entendus, nous pensons tout connaître du texte et bien souvent, notre esprit repart aux petites préoccupations de notre quotidien.

C’est dommage… Oui, c’est dommage, car chacune et chacun d’entre nous est invité, d’années en années, de dimanche en dimanche, voir plus si affinités… à écouter ces textes comme si c’était la première fois que nous les entendions…

Si nous apprenons à faire cela, alors, au détour d’une phrase nous apparaîtra peut-être un mot, une attitude que nous n’avions pas remarquée jusque là et qui soudain nous saute aux yeux, nous rejoignant dans ce que nous vivons…

Si nous ne savons pas faire cela, nous nous privons de la Providence de Dieu, cette Providence qui permet à l’Amour de Dieu de se réaliser pour chacune et chacun d’entre nous chaque jour.


Revenons-en donc aux textes de ce dimanche…

Le texte de la première lecture nous raconte la rencontre d’Elie et d’une pauvre veuve.

Elie n’a pas été envoyé au désert pour convertir mais pour mendier…
Il n’est pas là avant tout comme l’envoyé de Dieu pour annoncer la bonne Parole, mais comme l’envoyé de Dieu pour recevoir de ses frères.

Et dans ce texte, c’est exactement ce qui se passe…

Cette veuve qui n’espère plus rien de la vie, qui se sent comme on dirait aujourd’hui, au bout du rouleau, et bien cette veuve accepte de partager le peu qui lui reste avec cet homme qui l’interpelle.

Sans doute Elie a-t-il la parole juste, il n’en est pas moins que cette femme qui n’a presque plus rien lui fait confiance et partage avec lui.

Elle est pour nous le symbole de la foi qui partage.

Et c’est de ce petit partage que Dieu fera beaucoup puisqu’il nous est dit que ni la farine ni l’huile ne manqueront désormais…

Ce texte nous dit, et nous pouvons le comprendre simplement, que même nos toutes petites actions sont importantes aux yeux de Dieu et que ces petites actions peuvent avoir des conséquences que nous ne soupçonnons pas…


Et ce texte fait parfaitement écho à l’Evangile d’aujourd’hui.

Le texte de Saint Marc met clairement en avant deux choses : La simplicité qui mène au royaume de Dieu, et l’opposition qu’il y a entre cette simplicité et certaines pratiques de l’époque qui sont d’ailleurs toujours d’actualité dans notre vingt et unième siècle.

La simplicité, c’est celle de cette veuve qui, tout comme dans le texte de Saint Jean, donne tout ce qu’elle a et qui le fait dans une simplicité criante.

Nous faisons ici le parallèle avec notre Dieu qui s’est lui aussi donné complètement dans la plus grande simplicité et même le plus grand dénuement…

C’est ce dénuement que nous allons fêter dans quelques semaines à l’occasion de la très belle fête de Noël.

Nous fêterons alors la naissance de Dieu qui se fait homme dans le froid d’une nuit d’hiver, dans une étable, au milieu des animaux et avec comme premiers témoins les bergers, considérés alors comme des gens peu fréquentables…

Mais ce texte, comme je le disais il y a un instant, met aussi en opposition cette simplicité avec les pratiques qu’il constate…
Et le texte est vraiment très dur :  « Méfiez-vous des scribes, … qui aiment les salutations sur les places publiques, les premiers rangs dans les synagogues, et les places d'honneur dans les dîners.
Ils dévorent les biens des veuves et affectent de prier longuement : ils seront d'autant plus sévèrement condamnés.
»

Dans le texte ils se montrent donc en beaux habits non pour servir Dieu mais pour paraître aux yeux des autres.

Ils se donnent bonne conscience en donnant, mais en donnant de leur superflu et non de leur essentiel… Bien trop occupés qu’ils sont à préserver leur petit confort et leurs belles places.

Nous nous indignons quand nous lisons cela… et sans doute, à l’image de Saint Marc, nous aurions tendance à faire nous aussi le procès de ces scribes et à les condamner bien rapidement.

Pourtant, à notre époque ces pratiques continuent…

Je parle très souvent du journal télévisé, mais il fait un tel étalage des comportements humains de notre époque qu’il est une source d’inspiration permanente…

Là encore, et moi le premier, nous condamnons bien facilement ceux qui font de belles promesses en période électorale et ne les tiennent pas une fois élus…

Nous condamnons également le comportement de telle ou telle vedette, dans le sport par exemple, qui pense pouvoir s’appuyer sur sa notoriété pour tout se permettre méprisant les lois et au passage les autres…

Mais si ce texte nous est livré ce n’est pas pour cela… C’est pour que nous prenions garde nous aussi à ne pas être placé un jour dans le camp des scribes…

Pour nous aussi, dans notre travail, dans nos activités et même dans nos paroisses, la tentation est grande de rechercher les premières places…

Après tout, c’est bien agréable de recevoir des éloges et d’attirer l’admiration des autres…

Peut-être oublions nous alors que ce qui est le plus important c’est le regard de Dieu…  Et il n’y a qu’à revenir à notre texte d’Evangile si nous voulons nous en convaincre…

Cette petite veuve qui ne donne « que » deux pièces… Aucun de ceux qui l’entourent ne l’a remarquée… Mais Jésus lui, Dieu fait homme, l’a remarquée !

Cet Evangile rejoint également celui des béatitudes que nous entendions le jour de la Toussaint : « Heureux les pauvres de cœurs » ceux qui n’ont rien, ceux qui ne comptent pas aux yeux des autres mais qui sont heureux quand même car ils comptent aux yeux de Dieu !

« Ce qui fait la valeur d’une vie » nous dit Saint Jean, « c’est notre amour de tous les jours pour tous ceux et celles qui nous entourent ».

Guynemer quant à lui disait « Tant qu’on n’a pas tout donné, on n’a rien donné. »

Je me permettrai d’ajouter pour ma part que tout ce qui n’est pas donné est perdu !

Le Seigneur souhaite que nous agissions comme cela devant lui. Il attend de nous que nous donnions sans cesse le meilleur de nous même à chacune et chacun de celles et ceux qu’il met sur notre route de Chrétien, car c’est bien au nom de notre foi qu’il nous appelle à aimer les autres.

Il nous invite à nous débarrasser de toute hypocrisie, il nous demande d’apprendre à prendre la dernière place en toute circonstance et à préférer son regard aux félicitations éphémères de notre monde.

Un symbole fort nous est laissé pour nous rappeler cela chaque jour et pour nous aider à nous reprendre chaque fois que nous glissons.

Ce symbole c’est la croix !

La lettre aux Hébreux de la seconde lecture nous rappelle que par Sa Passion le Christ a changé l’histoire.

Chaque fois que nous regardons la croix, nous devons nous souvenir que le Christ est mort pour nous en souffrant pour nous et que c’est en mourant aux autres que nous aimons Dieu…  Aimer c’est un don gratuit de soi aux autres… Ce n’est pas un acte dans lequel nous calculons ce que cela peut nous rapporter…

Cela peut nous paraître bien difficile, bien au-delà de nos capacités parfois…

Si tel est le cas, alors ne faisons pas que passer devant la croix.
Arrêtons-nous et prions le Seigneur… Prions le de nous apprendre à donner le meilleur de nous-mêmes, de nous aider à remplir notre vie de Son amour pour Lui et pour nos frères.

Amen