dimanche 25 septembre 2011

2011-09-25 - A - Se convertir non en paroles, mais en actes - Matthieu - 21 - 28 à 32

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 21,28-32.

Jésus disait aux chefs des prêtres et aux anciens : « Que pensez-vous de ceci ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : 'Mon enfant, va travailler aujourd'hui à ma vigne'.

Celui-ci répondit : 'Je ne veux pas. ' Mais ensuite, s'étant repenti, il y alla.

Abordant le second, le père lui dit la même chose. Celui-ci répondit : 'Oui, Seigneur ! ' et il n'y alla pas.
Lequel des deux a fait la volonté du père ? »

Ils lui répondent : « Le premier ».

Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean Baptiste est venu à vous, vivant selon la justice, et vous n'avez pas cru à sa parole ; tandis que les publicains et les prostituées y ont cru. Mais vous, même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas repentis pour croire à sa parole.

Une fois de plus, Jésus fait fort comme on dirait aujourd’hui.

Il parle aux chefs des prêtres et aux anciens et leur fait un reproche cinglant « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostitués vous précèdent dans le royaume de Dieu… »

Mettons nous quelques instants à la place de ces prêtres et de ces anciens…

Nous respectons à la lettre la loi de Dieu…

Nous sacrifions à tous les rituels et à tous les commandements de Dieu…

Nous valons bien mieux que ces publicains et ces prostitués à qui Jésus nous compare… Non mais pour qui se prend-il…

Dieu le sait lui que nous sommes les meilleurs…

Mais Jésus lui aussi sait qu’ils font tout cela…

Il sait, lui le Fils de Dieu, qu’ils respectent la loi dans les moindres détails mais ce n’est pas cela qu’il leur reproche.

Ce qu’il leur reproche c’est de faire cela sans Amour…

Vous l’avez peut être remarqué, la parabole d’aujourd’hui commence comme celle du fils prodigue… « Un homme avait deux fils… »

Souvenez-vous : Le fils cadet était parti avec sa part d’héritage et l’avait dépensée en futilités…

Son frère, lui, était resté au domaine de son Père à travailler pour ce dernier en respectant toutes les lois du domaine, mais sans réel amour, juste par devoir.

Il a refusé de faire la fête au retour de son frère, son frère le pécheur converti qu’avec un réel amour il aurait lui aussi accueilli les bras ouverts.

Ces prêtres et ces anciens sont donc comme ce fils qui n’accueille pas son frère ou comme le fils de l’Evangile d’aujourd’hui : Ils disent, ils répètent, ils ressassent des prières sans mettre en application l’amour qu’elles induisent.

Souvenez vous encore de la prière du pharisien et du publicain qui étaient tous les deux dans le temple et priaient Dieu.

Le premier le faisait au premier rang en se trouvant toutes les qualités et n’était en fait venu que pour se glorifier LUI.

Le publicain lui était resté au fond tu temple, il avait à peine osé franchir la porte et se frappait le torse en reconnaissant ses fautes et sans oser même lever les yeux vers Dieu.

Lui et les prostitués du texte d’aujourd’hui étaient conscients de leur misère morale… Ils étaient conscients du fait que leurs vies n’étaient pas des exemples de vertu…

Il aurait été possible pour les prêtres et les anciens d’accueillir ces pécheurs avec la bienveillance et l’amour d’un frère… Il aurait été possible de leur rendre leur dignité d’enfant de Dieu en les accueillant et en les accompagnant sur le chemin de la conversion…

Mais ils n’en ont rien fait trop occupés à se glorifier eux-mêmes.

Si le publicain de la parabole se tourne vers le Seigneur c’est parce qu’il sait lui, que puisqu’il ne peut pas compter sur la bienveillance et l’amour de ses frères, il ne peut compter que sur la miséricorde de Dieu.

Jusque là il avait dit non aux commandements de Dieu…

Pour être peut-être plus juste, il n’avait pas trouvé en lui le courage de dire oui à ces commandements.

Sachant qu’il ne rencontrerait que mépris chez lez prêtres et les anciens, il s’était tourné vers la miséricorde de Dieu… en direct si je puis dire… Certain que lui ne le rejetterait pas… qu’il l’accueillerait comme auraient du le faire les prêtres et les anciens, et qu’il l’aiderait à accomplir la suite du chemin vers la vertu.

Voilà une bien belle leçon pour les prêtres et les anciens, un bel affront même… Mais tout à leur orgueil ils n’ont pas su saisir l’occasion que Jésus leur offrait de se convertir… Ils ont poursuivi leurs œuvres, et guidés par leur orgueil n’ont eu ensuite dans l’idée que de faire mourir cet homme qui venait les déranger dans leurs vies de « meilleurs parmi les meilleurs… »

Mais cet Evangile s’adresse également à nous aujourd’hui…

Comme nous le disait l’Evangile de la semaine dernière, nous sommes tous invités à travailler à la vigne du Seigneur…

Cette vigne, nous le savons tous, c’est le royaume de Dieu.

Nous sommes toutes et tous invités à accueillir l’Amour de Dieu pour le transmettre autour de Nous.

Nous sommes tous chrétiens baptisés et pour nombre d’entre nous confirmés.

Nous sommes de faits envoyés par Dieu comme les témoins de la bonne nouvelle, cette bonne nouvelle de l’amour de Dieu que nous sommes sensés transmettre à nos frères….

Et j’ai bien dit « sensés »… Car en fait le faisons-nous réellement ?

Ne sommes nous pas parfois, souvent, comme le second fils de la parabole d’aujourd’hui ?

Nous disons mais nous ne faisons pas…

Nous venons à la messe, nous participons aux cérémonies religieuses et de tout notre cœur nous disons « oui » au Seigneur…

Ce « oui », nous le disons dans tous les « Amen » que nous prononçons à la fin des prières et au moment de la communion.

Mais pourtant, sitôt revenus dans le confort de nos vies, mettons nous réellement ces « oui » en pratique ?

Est-ce que nous ne nous contentons pas souvent de ronronner de dimanche en dimanche de messe en messe, tant que nous avons la chance d’en avoir ?

Ces « Oui » que nous prononçons à la messe, savons nous les vivre réellement quand nous rencontrons nos frères et nos sœurs dans l’erreur ? Savons-nous réellement les accueillir d’avantage que les prêtres et les anciens le faisaient avec les publicains et les prostitués ?

Ne préférons-nous par changer de trottoir pour éviter d’avoir à croiser ceux avec lesquels nous sommes en désaccord plutôt que d’au moins tenter d’aller vers eux pour renouer le dialogue ?

Et même encore plus simplement, dans nos groupes de paroisse… Savons-nous laisser la place au nouveau venu ? Savons-nous les écouter, lui et ses idées nouvelles ces idées qui nous bousculent peut-être, ces idées qui remettent en cause nos façons de faire, remettre en cause nos propres idées sans doute…

C’est pourtant là que l’expression « faire église » prend tout son sens…

Et que ce soit entre nous dans ces groupes, avec nos frères et sœurs pécheurs, ou encore avec celles et ceux à qui nous en voulons pour de lointaines histoires et à qui nous n’adressons bien souvent plus la parole plus par orgueil que par colère et bien c’est là que l’Amour de Dieu peut tout…

Le texte d’aujourd’hui nous invite tous à la conversion…

Que nous soyons du côté du juste ou du côté du pécheur, Dieu nous invite à la conversion…

A la conversion de celui qui par amour se décidera à aller vers son frère dans la peine, car il ne faut pas s’y tromper celui qui est dans le péché est d’abord dans la peine…

Ou encore à la conversion de celui qui est dans le péché et qui, parce qu’il aura rencontré un visage de Dieu sans ses frères, trouvera enfin le courage de dire « Oui » à dieu.

Et encore une fois que nous soyons du côté du juste ou du pécheur, il est toujours possible de se reprendre et de changer d’attitude. Dieu n’attend que cela.

Alors, ce soir/matin puisque nous sommes venus vers toi Seigneur, nous t’adressons cette prière : Guéris nous Seigneur… guéris nous de nos péchés et de nos incohérences… Aide nous, aussi difficile, aussi impossible que cela puisse nous paraître, à mettre nos actes en accord avec tous nos « Oui » ces « Amen » que nous allons encore prononcer dans cette messe et à l’heure où nous nous présenterons pour te recevoir dans la communion, aide nous à nous laisser imprégner de ton amour, cet amour que nous avons déjà reçu au jour de notre baptême, cet amour que nous souhaitons réveiller en nous pour être de vrais témoins de Dieu et de son amour auprès de nos frères.

Amen

dimanche 18 septembre 2011

2011-09-18 - A - La générosité de Dieu dépasse notre justice - Matthieu - 20 - 1 à 16a

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 20,1-16a.

Jésus disait cette parabole : « Le Royaume des cieux est comparable au maître d'un domaine qui sortit au petit jour afin d'embaucher des ouvriers pour sa vigne.

Il se mit d'accord avec eux sur un salaire d'une pièce d'argent pour la journée, et il les envoya à sa vigne.

Sorti vers neuf heures, il en vit d'autres qui étaient là, sur la place, sans travail.
Il leur dit : 'Allez, vous aussi, à ma vigne, et je vous donnerai ce qui est juste. ' Ils y allèrent.

Il sortit de nouveau vers midi, puis vers trois heures, et fit de même.

Vers cinq heures, il sortit encore, en trouva d'autres qui étaient là et leur dit : 'Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ? '
Ils lui répondirent : 'Parce que personne ne nous a embauchés. '
Il leur dit : 'Allez, vous aussi, à ma vigne. '
Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant : 'Appelle les ouvriers et distribue le salaire, en commençant par les derniers pour finir par les premiers. '

Ceux qui n'avaient commencé qu'à cinq heures s'avancèrent et reçurent chacun une pièce d'argent.

Quand vint le tour des premiers, ils pensaient recevoir davantage, mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce d'argent.

En la recevant, ils récriminaient contre le maître du domaine :
'Ces derniers venus n'ont fait qu'une heure, et tu les traites comme nous, qui avons enduré le poids du jour et de la chaleur ! '

Mais le maître répondit à l'un d'entre eux : 'Mon ami, je ne te fais aucun tort. N'as-tu pas été d'accord avec moi pour une pièce d'argent ?
Prends ce qui te revient, et va-t'en.

Je veux donner à ce dernier autant qu'à toi : n'ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon bien ? Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce que moi, je suis bon ? '
Ainsi les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers. »

Vous je ne sais pas mais moi, cette histoire de patron qui traite mal ses ouvriers me reste en travers de la gorge…

Comment pouvons nous ne pas nous trouver scandalisés devant cet homme qui reste bien tranquillement au frais dans sa maison toute la journée… qui ne sort que pour embaucher des ouvriers… qui les envoie travailler la vigne sous le soleil et qui en plus ne les rémunère qu’une pièce d’argent et ce, qu’ils aient travaillé une heure ou toute la journée…

Dans notre monde, à notre époque ca ne se passerait pas comme ca…

Les syndicats interviendraient, les médias en feraient des gorges chaudes et chacun d’entre nous, devant son poste de télévision, crierait au loup en traitant de tous les noms ce patron indélicat…

Si nous ne voyons pas plus loin que cela, si nous ne cherchons pas à comprendre ce texte au-delà de ces mots, alors c’est que nous ne valons sans doute guère mieux que ceux à qui Saint Matthieu s’adressait.

Mais au fait… A qui s’adressait Saint Matthieu ?

En fait il s’adressait aux chrétiens d’origine Juive.

Ces hommes étaient restés fidèles à la loi de Moïse et la tentation était grande pour eux de croire que, parce qu’ils étaient des élus de la première heure, Dieu leur accorderait d’avantage d’importance.

Peut-être avons-nous aussi, de temps en temps, la tentation de croire que, parce que nous venons à l’église tous les dimanches, parce que nous appartenons à tel ou tel mouvement de paroisse, voir parce que nous sommes prêtre ou diacre, peut-être avons-nous nous aussi la tentation de croire que nous sommes meilleurs que les autres et en particulier meilleurs que ceux qui ne viennent à la messe qu’occasionnellement ou encore ceux qui retrouvent l’église et n’y reviennent que peu à peu après l’avoir longtemps délaissée.

Si tel est le cas, c’est que nous n’avons pas compris grand-chose à ce que nous disons et même que nous chantons quand nous venons à la messe…

Dieu est Amour ! C’est ce que nous disons chaque dimanche… Mais Dieu n’est pas L’Amour… Dieu est Amour sans le « L apostrophe »

Si nous mettons l’apostrophe, nous assimilons l’amour de Dieu à une pomme par exemple, ou non tien… a un superbe gâteau au chocolat avec beaucoup de crème anglaise… Ou encore à une belle dinde de Noël recouverte de sauce et baignant dans son jus…

Si nous faisons cela alors rien d’étonnant à ce que nous en voulions une belle et très grosse part… Rien d’étonnant à ce que nous cherchions par tous les moyens à démontrer que nous sommes le meilleur, celui qui a travaillé le plus, celui qui a peiné le plus, et qu’il est normal que la plus grosse part nous revienne…

Mais quand on dit que Dieu est Amour c’est tout autre chose…

Pour vous aider à le comprendre je vais prendre un exemple et pour cela je vais m’adresser aux parents et grands parents…

Quand votre premier enfant est né, vous lui avez donné tout votre amour… Vous ne vous êtes pas dit que vous alliez vous limiter en ne lui en donnant que le tiers sous prétexte que vous alliez peut-être encore avoir deux autres enfants…

Et quand le second puis le troisième enfant sont arrivés… Est-ce que vous les avez aimés moins que le premier ? Pas du tout…

Vous leur avez donné tout votre amour à eux aussi…

Ce que vous avez partagé, c’est votre temps, les places à table ou dans la voiture, etc… Mais votre amour, vous l’avez donné à chaque fois en entier… C’était le même amour et il était tout aussi entier.

Est-ce qu’une Maman divise son cœur en trois pour chacun de ses enfants… ? Non pas du tout… Ce qu’elle partage c’est son temps, mais son amour, elle le donne tout entier à chacun de ses enfants… Un peu comme si il se renouvelait à chaque fois…

Et bien il en est de même de Dieu…

A chaque homme, à chaque femme il donne tout son amour.

Et peu lui importe que cet homme ou cette femme soit un chrétien de la première ou de la dernière heure… Peu importe qu’il découvre Dieu en étant enfant et chemine avec lui tout au long d’une vie, ou qu’il le découvre à l’âge de 70 ans et lui ne lui consacre que les dernières années de sa vie.

Oui mais vous me direz… Dans notre histoire ce n’est pas pareil… Les premiers ouvriers de cette histoire ont travaillé dur et dans des conditions difficiles pour gagner leur argent… il serait normal qu’ils gagnent d’avantage que ceux qui sont arrivés les derniers et qui n’ont travaillé quelques heures et dans doute pas les plus dures de la journée…

Et pourtant c’est la même chose…

Dieu n’est pas un apothicaire qui fait des comptes savants pour savoir à qui il doit donner un gramme d’amour de plus ou de moins.

Pour peu que nous nous mettions en route, pour peu que nous croyions en lui et que nous acceptions de travailler à sa vigne, le Seigneur nous donne tout son amour.

Dans la Bible, cette vigne, c’est le monde, un monde que Dieu nous appelle à rendre plus juste et plus fraternel…

Là où nous sommes, avec nos qualités et nos défauts, avec nos dons et nos limites, Dieu nous demande de nous mettre en route pour continuer l’œuvre qu’il nous a laissée, cette œuvre qui consiste à tenter d’aimer le monde comme lui-même l’a aimé.

Il nous demande d’aimer comme lui, c'est-à-dire sans compter ce que l’on fait par rapport à ce que fait ou ne fait pas notre voisin… sans mesurer pour savoir si j’en ai fait plus que lui ou s’il en a fait plus que moi.

Le salaire qui nous est promis c’est la vie éternelle auprès du Père… Et là encore pas de mesure…

Si nous acceptons de croire en Dieu,

Si nous faisons tout ce que nous pouvons pour transmettre sa Parole autour de nous,

Si nous travaillons à un monde plus juste et plus fraternel en son nom…

Alors nous aurons nous aussi part à cette vie éternelle qu’Il nous promet.

Et là encore, je le disais, pas de mesure…

Il en va de la vie éternelle comme de l’Amour de Dieu, il nous sera donné en plénitude.

Si nous sommes en cette église ce matin, c’est pour puiser à la source de l’Amour de Dieu.

Sa Parole est notre nourriture, cette nourriture qui nous aide à revisiter notre foi et surtout notre manière de la vivre.

Petit à petit, de dimanche en dimanche, de textes en textes, nous apprenons à débarrasser nos vies de ce qui les encombre : Certitudes, jalousies, jugements, et en apprenant cela, nous dégageons nos fenêtres pour que la lumière de l’Evangile puisse pénétrer en nous et nous transformer.

Amen

dimanche 11 septembre 2011

2011-09-11 - A - Instructions pour la vie de l'Eglise. Pardonner sans mesure - Matthieu - 18 - 21 à 35

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 18,15-20.


Pierre s'approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu'à sept fois ? »


Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à soixante-dix fois sept fois.


En effet, le Royaume des cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.

Il commençait, quand on lui amena quelqu'un qui lui devait dix mille talents (c'est-à-dire soixante millions de pièces d'argent).


Comme cet homme n'avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette.


Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : 'Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout. ' Saisi de pitié, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.


Mais, en sortant, le serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d'argent. Il se jeta sur lui pour l'étrangler, en disant : 'Rembourse ta dette ! '


Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : 'Prends patience envers moi, et je te rembourserai. '


Mais l'autre refusa et le fit jeter en prison jusqu'à ce qu'il ait remboursé.


Ses compagnons, en voyant cela, furent profondément attristés et allèrent tout raconter à leur maître.
Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : 'Serviteur mauvais ! je t'avais remis toute cette dette parce que tu m'avais supplié.


Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j'avais eu pitié de toi ? '
Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu'à ce qu'il ait tout remboursé.
C'est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur. »

Le texte de la semaine dernière, ce texte qui nous parlait de ce frère qui s’était éloigné du droit chemin, était un préambule à ce magnifique texte plein de sens sur le pardon.

Mais que nous dit exactement ce texte ?

Il nous parle tout d’abord de Pierre, ce brave Pierre qui demande à Jésus combien de fois il faut pardonner à son frère quand il a commit des fautes contre nous…

Croyant sans doute faire plaisir à Jésus, il lui avance le chiffre de sept fois…

Sept ce chiffre qui dans la Bible est repris chaque fois que l’on veut parler de perfection…

Pour Pierre donc, ce chiffre qui est parfait, traduit sans doute la sincérité de son cœur et sa volonté réelle de se conformer aux commandements de Dieu en pardonnant à son frère.

Mais Jésus de lui répondre non pas sept fois mais soixante-dix fois sept fois…

Voyons… Si on fait un calcul rapide, cela fait 490 fois… C’est déjà beaucoup… Pardonner 490 fois à un seul de ses frères ce n’est pas comme pardonner 490 fois dans sa vie…

Pardonner 490 fois dans une vie, on va dire que c’est possible…

Mais pardonner 490 fois à son frère et multiplier cela par le nombre de frères, là ca commence à prendre des proportions difficiles à appréhender.

Et pourtant c’est bien ce que Dieu nous demande… Il nous demande de pardonner toujours et à tout le monde…

Pour étayer ce calcul, Jésus livre à Pierre la parabole de ce roi qui veut régler ses comptes avec ses serviteurs.

Ce roi c’est Dieu évidemment…

Et nous, nous sommes ce serviteur qui doit beaucoup d’argent.

On nous parle de soixante millions de pièces d’argent…

J’ai fait un calcul rapide…

Admettons que les pièces en question soient des pièces d’un euro et que ces pièces soient composées d’argent.

Sachant que chaque pièce pèse 7,5 grammes et que le cours de l’argent est d’environ un euro le gramme…

7,5 grammes fois un fois soixante millions cela nous amène à 450 millions d’euros…

Voilà donc la dette que le serviteur a envers son maître…

Voilà donc, au dire de cette parabole, la dette que chacun d’entre nous envers Dieu.

Nous connaissons très bien cette parabole mais je ne pense pas que quiconque ait jusque là vu les choses sous cet angle.

Notre assistance ici présente pèse donc des dizaines et des dizaines millions d’euros de péchés aux yeux de Dieu…

Mais me direz-vous : « Je ne suis quand même pas aussi pécheur… Je n’ai volé personne…Je n’ai tué personne… Commis aucun génocide… J’essaye de ne faire de tort à personne… »

Mais Dieu lui, nous a dit : « ce que tu fais au plus petit d’entre les mien, c’est à moi que tu le fais… »

Si donc je n’aide pas mon frère dans la peine, si je me contente de regarder la misère du monde sans rien faire, si de temps en temps je commente avec moquerie, voir méchanceté ce que fait mon voisin, si j’entretiens une rancune contre ce dernier parce que son arbre dépasse sur mon terrain ou qu’un jour il a enfoncé ma clôture an manœuvrant avec sa voiture, etc… etc… et bien petit à petit j’accumule aux yeux de Dieu ces 450 millions d’euros de péchés…

Rassurez-vous ce n’est là qu’une parabole… mais qui met quand même le doigt sur nos propres fautes, ces fautes qu’il nous faut ne pas oublier quand nous avons du mal à pardonner nous-mêmes.

Et pourtant cette dette de plusieurs dizaines de millions que nous formons, nous tous ici présents, Dieu est tout prêt à l’effacer d’un seul coup…

Qui parmi nous serait capable d’en faire autant…

Si quelqu’un me devait 450 millions d’euros, est-ce que je lui effacerai sa dette aussi facilement que le fait le roi de notre histoire, aussi facilement que Dieu le fait avec chacune et chacun d’entre nous ? Pas sur…

Et c’est d’ailleurs d’autant moins sur que dans notre histoire, le serviteur qui vient de se faire remettre cette dette colossale, et ce serviteur c’est nous, que ce serviteur donc, n’est pas capable de remettre à son frère une dette de seulement 100 pièces d’argent… 7,5 grammes fois un euro fois 100 pièces, cela ne fait « que » 750 euros…

750 euros… 450 millions d’euros… avouez que la disproportion est flagrante.

Est-ce que cela veut dire que Dieu est prêt à nous remettre une dette de 450 millions d’euros si nous, nous acceptons de remettre une dette de 750 euros ?

Et bien oui, c’est la promesse de Dieu…

Refuser de pardonner c’est refuser les commandements de Dieu, c’est refuser Dieu. Ce n’est pas lui qui nous condamne, c’est nous qui nous condamnons.

Mais cette disproportion est surtout là pour nous montrer que la miséricorde de Dieu est sans limite… 450 millions d’euros… Cela revient à dire que Dieu peut TOUT pardonner…

Il nous demande simplement de pardonner un peu nous aussi.

750 euros… 450 millions d’euros…

Mais me direz vous, « C’est qu’il y a des dettes qui sont bien plus importantes que 750 euros… »

Chaque jour les médias nous abreuvent à l’autre bout du monde mais également à nos portes et peut être dans nos vies, de crimes odieux… des vols… des meurtres… des viols d’enfants… des génocides… qui valent bien plus que 750 euros de péchés…

Et puis après tout, nous ne sommes pas Dieu nous…

Comment pouvons-nous faire pour pardonner des dettes aussi importantes ?

Et pourtant, chaque fois que nous récitons le Notre Père nous le disons nous-mêmes « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi »

Cette prière ne nous a pas été transmise pour être une rengaine que nous récitons sans plus y penser entre l’Eucharistie et la communion ou au moment de nous coucher.

Elle nous a été donnée par le Christ lui-même pour nous aider à demander de l’aide à notre Père qui est aux cieux.

Ce « Comme nous pardonnons aussi… » n’est pas seulement la traduction de ce que nous sommes déjà capables de faire mais de notre volonté de le faire.

Par ces quelques mots nous disons à Dieu que nous pardonnons à nos frères ce que nous sommes déjà capables de leur pardonner, mais nous lui demandons également de nous aider à pardonner d’avantage et particulièrement ce qui nous paraît être supérieur à 750 euros, ce qui nous paraît impardonnable...

Il faut du temps, Dieu le sait bien, mais il est prêt à nous accompagner sur ce chemin.

De la même façon qu’il ne demande qu’à nous pardonner nos propres 450 millions d’euros de péchés, il ne demande qu’à nous aider à pardonner les 750 euros de péchés de notre frère.

En ce jour, Seigneur, nous te confions notre désir de pardon.

Par cette Eucharistie à laquelle nous allons participer, viens à notre rencontre, à la rencontre de notre fragilité…

Rends nous forts pour implorer sincèrement ton pardon.

Rends nous forts et courageux pour aimer et pardonner comme toi.

Amen

dimanche 4 septembre 2011

2011-09-04 - A - Instructions pour la vie de l'Eglise. Tout chrétien est responsable de ses frères - Matthieu - 18 - 15 à 20

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 18,15-20.


Jésus disait à ses disciples : « Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute. S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère.


S'il ne t'écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes afin que toute l'affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins.


S'il refuse de les écouter, dis-le à la communauté de l'Église ; s'il refuse encore d'écouter l'Église, considère-le comme un païen et un publicain.


Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel.


Encore une fois, je vous le dis : si deux d'entre vous sur la terre se mettent d'accord pour demander quelque chose, ils l'obtiendront de mon Père qui est aux cieux.


Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d'eux. »

Vous le comprenez bien ce texte nous parle de pardon…

Le mot important tout au long de cet Evangile c’est le mot « frère ».

Mais qui est donc ce frère dont nous parle le texte.

Est-ce mon frère de sang, celui qui a été élevé par la même Maman ? … Pas seulement…

Est-ce mon frère chrétien, celui qui partage ma foi en Jésus mort et ressuscité pour nous sauver ? … Pas seulement…

Est-ce mon frère musulman ou orthodoxe qui ne partage par la même foi que moi mais qui croit en Dieu lui aussi, un Dieu unique qui est forcément le mien ? … Pas seulement…

Le frère de notre texte d’aujourd’hui, c’est tout homme qui fait partie de la création de Dieu, tout homme qui est aimé de Dieu autant que moi qu’il soit chrétien ou musulman, pauvre ou riche, juste ou pécheur.

J’aurais pu continuer mon homélie en vous vantant les mérites du pardon et en faisant de belles tirades qui nous auraient tous, et tous c’est moi aussi bien entendu, qui nous auraient tous fait comprendre à quel point il est important d’apprendre à tout pardonner… bien sur les petites choses, mais surtout les grosses…

Sans doute aurai-je alors été semblable à ces docteurs de la loi qui vivaient au temps de Jésus et qui prônaient des conseils qu’eux-mêmes ne suivaient pas, qui obligeaient à suivre des lois auxquelles eux-mêmes ne se soumettaient pas.

Mais voilà qu’en début de semaine, alors que je venais comme à mon habitude de lire ce texte et que je le laissais « murir » avant de tenter de vous l’expliquer, voilà qu’est arrivé un évènement qui m’a énormément secoué, un évènement, n’ayons pas peur de le dire, qui est venu mettre ma foi à rude épreuve, qui est venu bouleverser ma façon de voir ce texte et de fait le commentaire que je voulais en faire.

Soucieux de respecter l’anonymat des personnes concernées je ne vous donnerai pas même un prénom, mais il me faut quand même vous raconter cet évènement.

Mon épouse et moi avons dans notre entourage un monsieur qui est papa de jumeaux.

Il y a de nombreux mois de cela, après que le malin ait soigneusement mis à mal leur couple, ces jumeaux ont été emmenés par leur maman dans son pays d’origine, bien loin de la France où ils étaient pourtant nés entourés, je peux vous l’assurer, de l’amour de toute une famille qui ne demandait qu’à les aimer.

Je vous passe le détail des procédures judiciaires qui s’en sont suivies.

J’insisterai simplement sur le fait, et là aussi je peux vous assurer que c’est la vérité, le fait que la volonté du papa était avant tout de permettre à ses enfants d’avoir à ressentir le moins possible cette situation tragique dans laquelle son épouse et lui se trouvaient.

Et voilà que lundi dernier, contre toute attente, la justice française a tranché en la faveur unique de la maman, ne laissant au papa qu’un droit de visite pendant les vacances scolaires dans ce pays lointain.

On a beau être chrétien, on a même beau être diacre, ministre ordonné de notre Eglise, je peux vous assurer que la colère vous prend, une colère noire emprunte d’un sentiment profond d’injustice et d’un dégoût extrême de nos institutions…

J’étais alors en déplacement professionnel et de retour dans ma chambre d’hôtel le soir, je me suis tourné vers la croix avec cette question : « Pourquoi ? Pourquoi Seigneur, alors que tout l’amour et toutes les prières d’une famille chrétienne étaient tournés vers la sincère volonté du bonheur de ses enfants, petits enfants, neveux, nièces, cousins et cousines… pourquoi maintenant, une justice humaine permettait-elle que ces enfants se retrouvent loin des leurs ? »

Et dans ma chambre d’hôtel la seule réponse que j’ai obtenu c’est le silence.

L’après midi même, j’avais pu joindre par téléphone les grands parents de ces enfants… Il étaient anéantis et eux qui avaient tant prié pour que la paix de Dieu revienne sur cette situation, eux qui, comme beaucoup, avaient tant prié pour que, même si les parents ne pouvaient plus rester ensemble, les enfants puissent au moins retrouver une stabilité dans leur vie, et bien ces grands parents n’étaient même plus capables de se tourner vers la croix, non déçus de Dieu, mais vidés de leur force par une décision humaine.

En reprenant le texte de ce dimanche je me suis immédiatement aperçu qu’il m’était difficile, impossible même, après de tels évènements de me présenter devant vous ce matin avec une homélie qui n’était pas teintée de cette expérience.

« Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute » … ca a été fait Seigneur…

« S’il ne t’écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soir réglée sur la parole de deux ou trois témoins » … ca n’a pas été fait sous cette forme mais pourtant, ca aussi ca a été fait Seigneur…

« S’il refuse encore d’écouter dis-le à la communauté de l’Eglise, s’il refuse encore d’écouter l’Eglise, considère-le comme un païen et un publicain. »

Mais alors que l’on pourrait penser qu’il s’agit là d’une condamnation finale, il n’en est rien…

Là où notre amour humain ne peut, pour le moment plus rien, là où notre humanité et nos souffrances atteignent leurs limites, l’amour de Dieu ne s’arrête pas…

Ce frère, cette sœur en l’occurrence, qui s’est mise en dehors de l’Eglise, il faut impérativement la regagner… Pourquoi ? Et bien parce qu’elle en a encore d’avantage besoin que les autres.

Mais me direz-vous : « Qu’est-ce que vous faites de la souffrance du papa et de tous ceux qui l’entourent ? Doit-il se contenter d’une décision injuste et souffrir en silence en se soumettant ? » Bien sur que non !

Bien sur que non, je ne l’oublie pas…

Et bien sur que non, il ne doit pas baisser les bras…

Si la justice des hommes doit se prononcer c’est parce que le mal est présent et notre devoir de chrétien est aussi de le dénoncer aux yeux des hommes.

Ce mal nous le connaissons bien : C’est l’argent, l’orgueil, le mensonge, l’égoïsme, le manque de morale, etc… etc…

Ce sont là des maux qui font souffrir les hommes, les femmes et en l’occurrence surtout les enfants de notre temps, des maux qu’il nous faut dénoncer et condamner.

Cependant, même si nous devons combattre le mal dans nos sociétés, nous ne devons pas oublier que ce frère qui a péché est toujours un frère, un frère malade certes, un frère qui s’est éloigné du juste chemin c’est vrai, mais un frère quand même.

Pour Dieu il n’y a pas de situation désespérée…

Il me faudra sans doute encore un peu de temps pour faire passer complètement ma colère, et c’est dans la prière avec l’aide de l’Esprit Saint que je pourrai retrouver mon calme.

Il faudra peut-être encore d’avantage de temps pour que ce papa puisse revoir ses enfants… Il lui faudra peut-être également un peu de temps pour pouvoir à nouveau se tourner vers Dieu avec sérénité.

Pourtant c’est bien en Dieu que se trouve la solution.

Lui seul peut nous aider à supporter la souffrance et à continuer ce combat contre le mal.

Lui seul peut, contre toute imagination humaine, ramener notre frère de l’ombre à la lumière.

Le chant nous le dit « Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur ».

En ce jour, nous te prions Seigneur.

Aide nous à ne pas sceller la porte de notre cœur avec le feu de notre souffrance.

Aide nous à laisser allumée la veilleuse de l’amour que ton Esprit pourra raviver.

Aide nous à renouveler notre confiance en toi malgré les épreuves afin que comme le Christ notre Seigneur nous puissions apporter le salut à nos frères.

Amen