dimanche 30 octobre 2011

2011-10-30 - A - Reproches de Jésus aux scribes et aux pharisiens - Matthieu - 23 - 1 à 12

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 23,1-12.

Jésus déclarait à la foule et à ses disciples :
« Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse.
Pratiquez donc et observez tout ce qu'ils peuvent vous dire. Mais n'agissez pas d'après leurs actes, car ils disent et ne font pas.
Ils lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.
Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes : ils portent sur eux des phylactères très larges et des franges très longues ;
ils aiment les places d'honneur dans les repas, les premiers rangs dans les synagogues,
les salutations sur les places publiques, ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n'avez qu'un seul enseignant, et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est aux cieux.
Ne vous faites pas non plus appeler maîtres, car vous n'avez qu'un seul maître, le Christ.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s'élèvera sera abaissé, qui s'abaissera sera élevé.

Cela fait cinq semaines maintenant que Matthieu nous parle de pièges qui sont tendus à Jésus.

Ca a commencé par la parabole des deux fils ; Celui qui dit mais ne fait pas et celui qui dit non mais finit par répondre à l’appel de son père.

Puis ca a été l’histoire des vignerons voleurs et meurtriers qui sont allés jusqu’à tuer le fils du maître du domaine pour s’approprier sa vigne.

Nous avons ensuite entendu l’histoire de cet homme qui organisait les noces de son fils et qui mettait dehors ceux qui mentaient sur leur sincérité à rejoindre le Père.

Il y a quinze jours c’était la question de l’impôt dont il fallait savoir s’il fallait ou non le payer à l’empereur.

Dimanche dernier, c’était le docteur de la loi qui essayait de « coincer » Jésus en lui demandant quel était le plus grand commandement.

Aujourd’hui Jésus fait ce que j’appellerai le bilan de ces cinq semaines.

Il met à mal les scribes et les pharisiens que l’on peut retrouver d’ailleurs dans les Evangiles des cinq dernières semaines.

Je voudrais profiter de cet Evangile de bilan, si on peut l’appeler ainsi, pour vous expliquer, comme le sous entend d’ailleurs Jésus, que tous les Pharisiens ne sont pas à mettre dans le même sac… En fait, il y a Pharisien… et Pharisien…

Pour faire plus simple et compréhensible, nous dirons qu’il y avait les Pharisiens de cœur et des Pharisiens de prestige.

Les Pharisiens de cœur étaient des hommes profondément religieux. Ils étaient très attachés à vivre réellement la loi de Moïse ce qui faisait d’eux des hommes sincères, justes et désintéressés.

Jésus a souvent mangé à leur table… il a souvent eu l’occasion de partager avec eux, avec leurs représentants, pour leur expliquer qu’il était le Messie tant attendu, celui qui venait à la suite de Moïse.

Les Pharisiens de prestige sont par contre des hommes qui ont utilisé la loi de Moïse à leur propre profit…

Ils se sont contentés de poser tout à tas de détails pratiques sur la loi, des détails pratiques que l’on appelle des prescriptions.

Ces Pharisiens de prestiges étaient donc attachés à la loi pour la loi en oubliant que la première loi est celle de l’Amour de Dieu et de son prochain, ce que nous rappelait d’ailleurs l’Evangile de la semaine dernière.

Ces hommes là, au demeurant très malins, étaient des hypocrites qui, parce qu’ils maitrisaient très bien les détails pratiques dont je viens de parler, enseignaient une loi qu’ils n’observaient pas.

Ils disent, mais ne font pas, comme le fils de l’Evangile d’il y a cinq semaines ;

Toujours grâce à ces détails techniques, ils sont très exigeants avec les autres en leur imposant de lourds fardeaux qu’eux-mêmes ne portent pas ;

Par contre, ils aiment bien paraître et se faire remarques des autres pour leur connaissance de la loi… Ils portent de beaux habits et l’Evangile d’aujourd’hui nous dit qu’ils aiment occuper les places d’honneur dans les repas et les premiers rangs dans les synagogues…

Vingt siècles plus tard nous les regardons et les montrons du doigt pour leur hypocrisie et le peu de scrupules qu’ils ont à traiter avec mépris ceux qui les entourent mais ne connaissent pas forcément la loi aussi bien qu’eux.

Mais ne nous y trompons pas, vingt siècles plus tard, c’est aussi à nous que s’adresse cet Evangile.

Il s’agit d’un avertissement à toutes celles et ceux qui ont pour mission d’annoncer l’Evangile… C'est-à-dire à chacun d’entre nous Prêtre, Diacre c’est vrai, mais également catéchiste, parents, et tous les chrétiens qui ont cette mission d’annoncer et de témoigner de l’Evangile par une vie calée sur celle du Christ lui-même.

Il peut nous arriver à nous aussi, parce que nous venons à la messe chaque dimanche, parce que nous animons tel ou tel groupe d’église, parce que à force nous commençons à comprendre ce que les textes nous disent… il peut nous arriver de nous considérer meilleurs que les autres… Notre orgueil peut nous amener à penser que nous méritons plus que les autres… les premières places… Les honneurs…

Il est donc important de nous poser cette question : Comment pouvons-vous éviter de devenir nous aussi des Pharisiens de prestige ?

La réponse est simple et claire : Il faut aimer Dieu et nos frères à l’image du Christ…

Vous je ne sais pas, mais moi, chaque fois que je lis ces quelques mots, je trouve que c’est très joli et je ne demande qu’à le mettre en pratique, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est très dur dans le monde qui nous entoure et que bien souvent c’est au dessus de mes forces…

Chaque jour, les médias nous montrent que la violence semble aller grandissante.

Chaque jour on nous montre que ceux qui nous gouvernent sont bien plus souvent concernés par leur propre bien être que par celui des personnes dont ils ont la responsabilité…

Mais alors comment faire pour passer le message d’Amour de Dieu sans céder à la tentation nous aussi de nous renfermer sur nous-mêmes en préservant nos quelques acquis ?

Et bien je n’ai pas concrètement la réponse mais je sais une chose c’est qu’il est illusoire de croire que nous pouvons y arriver seuls avec notre simple humanité…

Nous pouvons très bien décider d’aimer les autres, mais la vie et ses difficultés risquent de très vite nous rappeler à l’ordre et de nous faire baisser les bras.

Le seul moyen d’y arriver c’est, comme l’a fait le Christ lui-même, de nous en remettre à Dieu.

Notre bonne volonté sera décuplée et nos actions ne porteront du fruit en quantité que si nous faisons le vrai choix de nous en remettre à Dieu.

C’est donc à nouveau une question de choix. Et ce choix c’est à nous de le faire.

Le seul moyen d’être capables d’aimer les autres à l’image du Christ c’est de faire ce choix de nous en remettre réellement et sincèrement à Dieu…

Ca ne se fait pas du jour au lendemain ; Ca nécessite de se remettre en question, mais je suis certain que des gens comme Mère Térésa, Sœur Emmanuelle, l’Abbé Pierre, ou bien d’autres encore auraient pu vous dire que c’est là réellement le premier pas vers le vrai bonheur, le notre mais surtout celui de tous ceux qui nous entourent et vers lesquels Dieu nous envoie.

Amen

dimanche 23 octobre 2011

2011-10-23 - A - Amour de Dieu et amour du prochain - Matthieu - 22 - 34 à 40

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 22,34-40.

Les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent,
et l'un d'entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l'épreuve :
« Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? »
Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit.
Voilà le grand, le premier commandement.
Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Tout ce qu'il y a dans l'Écriture - dans la Loi et les Prophètes - dépend de ces deux commandements. »

Une fois de plus les adversaires de Jésus tentent de le « coincer » comme on dirait aujourd’hui.

Et en l’occurrence c’est un docteur de la loi, la loi de Moïse, qui s’adresse à Jésus…

Ce docteur de la loi, fait partie de ces nombreux hommes de l’époque qui se sont attachés à une loi et à tous ses détails

Ces détails pratiques, que l’on appelle des prescriptions sont au nombre de 613.

Ils sont tous issus de la loi de Moïse et les docteurs de la loi, ceux qui consacraient leurs vies à l’étudier, discutaient sans cette entre eux pour savoir laquelle de ces 613 prescriptions était la plus importante.

Ils étaient tellement attachés à gérer ces prescriptions, ces détails « techniques » si je puis dire, qu’ils en avaient oublié le sens même de la loi qui est l’Amour.

Cet Amour est plus grand que toute loi, mais cachés derrière leurs 613 prescriptions, les docteurs de la loi l’ont complètement oublié.

Et du coup, ils ne comprennent pas pourquoi Jésus, qui se dit être le Fils de Dieu, qui se dit être celui qui vient à la suite de Moïse, ils ne comprennent pas pourquoi lui ne respecte pas ces prescriptions.

Ils ne comprennent pas pourquoi Jésus ne respecte pas la loi religieuse quand il s’agit de ne pas faire ceci ou cela pendant le Sabbat…

Ils ne comprennent pas non plus pourquoi Jésus accueille les pécheurs, pourquoi il touche les lépreux et pourquoi il va vers les exclus.

Et quand le docteur de la loi dont nous parle Saint Matthieu, demande à Jésus quel est le plus grand commandement, il tente de le « coincer » en l’emmenant sur le terrain de jeu qui est le sien, un terrain de jeu qui est celui de tous les docteurs de la loi, c'est-à-dire la loi de Moïse et toutes les prescriptions posées par les hommes, cette loi dont il pense être un expert, cette loi dont les détails que lui maîtrise, doivent l’aider à coincer Jésus.

Mais Jésus, comme à son habitude, le prend à contrepied…

Lui qui est venu pour changer les choses, lui donne les deux commandements de la loi d’Amour de Dieu…

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. »

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même »

Et Jésus complète en disant que tout ce qu’il y a dans l’écriture, mais également dans la loi des prophètes, dépend de ces deux commandements.

Il remet les choses en place…

A tous ceux qui ont écrit les prescriptions SUR la loi de Moïse, il précise que toutes ces prescriptions n’ont de sens que si elles sont basées sur les deux premiers commandements qu’il vient de citer.

Du coup, il renvoie à leurs tables de travail tous ces lecteurs de la loi, ces hommes qui prétendent bien la connaître, mais qui en fait ne connaissent que des prescriptions humaines posées depuis des années sur une loi d’Amour.

Jésus les envoie refaire leurs connaissances, revoir tout ce qui a été écrit SUR la loi de Moïse au regard de cette loi d’Amour qui est la seule qui vienne réellement de Dieu.

Ce que nous révèle ce texte, c’est donc que le plus important c’est l’Amour et non la loi pour la loi.

Mais comme toujours, si cet Evangile nous a été laissé, c’est que ce qu’il contient s’adresse autant à nous qu’aux docteurs de la loi d’il y a vingt siècles.

Ce qui fait la valeur de nos vies c’est l’Amour que nous y mettons…

Il y a un texte de la Bible qui nous le dit très bien et qui nous aide à comprendre cela… C’est un texte qui est très couramment choisi par les futurs mariés. C’est une partie de la lettre de Saint Paul aux Corinthiens.

Je vous en cite juste le début.

Saint Paul nous dit :

« J'aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, et toute la foi jusqu'à transporter les montagnes, s'il me manque l'amour, je ne suis rien. »

« J'aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j'aurais beau me faire brûler vif, s'il me manque l'amour, cela ne me sert à rien. »

Ne retrouvez vous pas le docteur de la loi de l’Evangile d’aujourd’hui dans la première phrase ?

Mais peut-être pouvons nous nous y retrouver nous aussi… et pas seulement dans la première mais également dans la seconde.

Notre vie toute entière doit être basée sur l’Amour…

Tout ce que nous faisons, aussi anodin que cela puisse nous sembler, tout ce que nous faisons doit être emprunt d’Amour.

Car comme nous le dit ce beau texte de Saint Paul, nous pouvons distribuer toute notre fortune aux affamés, s’il nous manque l’amour cela ne sert à rien !

Si nous venons à la Messe chaque dimanche, si nous demandons le sacrement de réconciliation régulièrement, si nous participons avec ferveur à toutes les fêtes religieuses, si nous donnons de notre argent à telle ou telle association caritative, souvent pour nous donner bonne conscience d’ailleurs, mais que sitôt rentrés chez nous nous médisons sur nos frères et passons notre temps à les critiquer plutôt qu’à les aider, à leur pardonner même, alors cela ne sert à rien.

Nous devons Aimer Dieu ET notre prochain.

L’un ne peut pas aller sans l’autre… les deux vont ensemble…

Mais on ne peut pas non plus s’occuper des autres en abandonnant Dieu.

Mère Térésa s’occupait beaucoup des plus pauvres, mais réservait toujours une partie de sa journée à prier Dieu.

C’est là, auprès du Père, qu’elle puisait la force d’Aimer.

Nous devons donc nous occuper de nos frères et particulièrement des plus petits sans nous détourner de la messe, et de tout temps qui nous permet de nous ressourcer auprès de Dieu.

Ce week-end se termine les journées missionnaires et cet appel nous rejoint tous.

Notre monde ne va pas bien… Ce n’est pas être défaitiste que de le dire c’est être simplement réaliste. Il suffit d’allumer la télévision pour s’en rendre compte…

Mais ce n’est pas parce que notre monde ne va pas bien que nous devons baisser les bras et nous renfermer sur nous-mêmes, au contraire…

L’opportunité nous est donnée de transformer la vie de nos frères en leur montrant que l’Amour de Dieu nous fait vivre et peut les faire vivre eux aussi.

Mais ne nous trompons pas de cible, c’est bien pour la gloire de Dieu ET le salut du monde que nous sommes envoyés.

Amen

dimanche 16 octobre 2011

2011-10-16 - A - A César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu - Matthieu - 22 - 15 à 21

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 22,15-21.

Les pharisiens se concertèrent pour voir comment prendre en faute Jésus en le faisant parler.
Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d'Hérode : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le vrai chemin de Dieu ; tu ne te laisses influencer par personne, car tu ne fais pas de différence entre les gens.
Donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l'impôt à l'empereur ? »
Mais Jésus, connaissant leur perversité, riposta : « Hypocrites ! Pourquoi voulez-vous me mettre à l'épreuve ?
Montrez-moi la monnaie de l'impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d'argent.
Il leur dit : « Cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ? -
De l'empereur César », répondirent-ils. Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »

« Rendez à César ce qui appartient à César »

Voilà une phrase que nous connaissons bien… Dans notre esprit ca veut dire que si quelque chose appartient à quelqu’un il faut le lui rendre…

Mais dans l’Evangile de ce jour ca va beaucoup loin que ce simple adage.

Commençons si vous le voulez bien par décortiquer le texte que Saint Matthieu nous partage aujourd’hui.

Pour une fois les chefs religieux et les représentants de Rome sont tout à fait d’accord.

D’habitude ils s’entendent plutôt bien mais ca ressemble d’avantage à un « Je t’aime, moi non plus » qu’à une réelle entente.

Mais là, pour une fois, ils ont su se mettre d’accord pour tenter de faire tomber Jésus…

Imaginez à quel point Jésus peut les déranger pour que eux, que tout semble opposer, en arrivent à joindre leurs forces pour essayer de le faire tomber.

Comme ce sont de vrais hypocrites, ils commencent par tenter de le flatter : « Maître, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le vrai chemin de Dieu ; tu ne te laisses influencer par personne, car tu ne fais pas de différence entre les gens. »

Puis vient le moyen qu’ils ont trouvé pour tenter de le faire tomber.

Et ce moyen c’est une question, une simple question.

Mais cette question est très bien tournée : « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? »

Une question apparemment simple mais à laquelle, il semble impossible que Jésus réponde correctement.

En effet, s’il répond oui, s’il dit que l’on peut payer l’impôt à l’empereur, alors il sera traité comme collaborateur de l’occupant qui trahit les siens.

Mais s’il répond non, alors il sera considéré comme ennemi de l’empereur.

Dans les deux cas, ce qui l’attend c’est la prison, voir pire !

Mais Jésus les à vu venir, comme on dirait aujourd’hui…

Et comme à malin il y a malin et demi, Jésus leur retourne une question lui aussi : « Montrez-moi la monnaie de l’impôt ». Puis vient une seconde question « Cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ? »

Mais au fait qu’y a-t-il sur cette pièce ?

Sur les pièces romaines, il y avait l’effigie de César, ca vous l’avez sans doute deviné, mais quelle était donc cette légende dont parle Jésus ?

Et bien il s’agissait de la phrase « Tibère divin César », le Dieu Tibère César, car les empereurs se donnaient le titre de Dieu.

Et c’est de la que vient la phrase que prononce Jésus : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu »

Elle manifeste le fait que Jésus n’est pas du tout d’accord avec ce qui est écrit…

Cet or est peut-être à César, mais César n’est pas Dieu.

Mais en quoi me direz-vous, cette histoire et surtout cette maxime ont-elles à voir avec le monde dans lequel nous vivons ?

Comment pouvons-nous transposer cet Evangile de Matthieu dans nos vies, vingt siècles plus tard ?

Dans le monde qui nous entoure, ceux qui, comme César possèdent beaucoup d’argent n’ont-ils pas eux aussi tendance à se prendre pour Dieu ?

Et est-ce que le monde qui nous entoure, est-ce que nous-mêmes parfois, nous n’avons pas tendance, parce que nous avons une place un peu visible dans la société ou ailleurs, un peu comme les pharisiens de notre histoire, est ce que nous n’avons pas nous aussi tendance à en abuser pour obtenir ceci ou cela ?

De même, quand nous côtoyons ces gens qui ont de l’argent, n’avons-nous pas tendance nous aussi à parfois faire des courbettes et à accepter l’inacceptable pour être bien vus de ces derniers ? On ne sait jamais, ca peut toujours servir…

Il n’y a rien à faire, quand l’argent est le roi, les règles du jeu ne sont plus du tout les mêmes…

Et l’Evangile d’aujourd’hui est là pour nous rappeler l’essentiel : La pièce de monnaie portait la marque de César, mais nous les chrétiens, nous portons la marque de Dieu !

Au jour de notre baptême nous avons été marqués du signe de la croix par lequel nous sommes devenus des enfants de Dieu, et c’est cette marque qui doit orienter toute notre vie.

Cela veut dire que nous devons aimer à l’image de Dieu, à l’image du Christ.

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi je me dis que c’est un vrai défi dans le monde qui est le notre !

Est-il réellement possible d’y arriver ?

Nous sommes tous soumis aux jeux de pouvoirs qui nous entourent ?

Nous sommes tous, et pour des raisons tout à fait valables, ne fut-ce que le bien être de nos familles, nous sommes tous soumis à ces tiraillements perpétuels entre nos consciences et nos portes monnaies, entre la justice réelle et celle qui nous arrange…

Et si nous croyons que nous pouvons y arriver seuls, je pense que nous nous trompons…

Je l’ai dit tout à l’heure : par notre baptême nous sommes devenus enfants de Dieu.

Et comme des enfants qui apprennent à marcher, il nous arrive de tituber, voir de tomber…

Quand nous titubons sur les chemins de la vérité et de la justice en acceptant ce qui n’est pas acceptable ; quand nous tombons parfois au point de faire du mal autour de nous sachons, comme l’enfant qui apprend à marcher, sachons nous tourner vers notre Père pour lui demander son aide.

Et la Messe dominicale est aussi là pour cela…

Elle est là pour nous aider à nous ressourcer.

Nous y apportons tout ce que nous avons vécu de bien et de moins bien et nous l’offrons à Dieu.

Avec nous Il se réjouira de ce que nous aurons réalisé de bien.

Il saura également accueillir ce que nous avons moins bien réussi voir complètement raté, comme un Père accueille les erreurs, les faux pas de ses enfants.

Il saura nous aider à nous remettre sur le chemin et à retourner dans le monde pour tenter une nouvelle fois de le rendre meilleur.

Si dans notre semaine il nous est arrivé d’accorder trop d’importance à l’argent et au pouvoir, alors la Messe dominicale nous permettre de rendre à César ce qui appartient à César mais surtout de rendre à Dieu ce qui lui appartient.

Rendre à Dieu ce qui est à Dieu ce n’est pas faire des choses extraordinaires.

C’est vivre les choses ordinaires de manière différente, c’est vivre ces choses ordinaires en essayant, avec nos limites, là où nous sommes, en essayant d’y mettre l’amour que le Christ y a mis tout au long de sa vie, en nous laissant conduire par l’Esprit.

Amen

dimanche 9 octobre 2011

2011-10-09 - A - Parabole des invités au festin - Matthieu - 22 - 1 à 14

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 22,1-14.

Jésus disait en paraboles :

« Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils.
Il envoya ses serviteurs pour appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir.
Il envoya encore d'autres serviteurs dire aux invités : 'Voilà : mon repas est prêt, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez au repas de noce. 'Mais ils n'en tinrent aucun compte et s'en allèrent, l'un à son champ, l'autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent.
Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et brûla leur ville.
Alors il dit à ses serviteurs : 'Le repas de noce est prêt, mais les invités n'en étaient pas dignes.
Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous rencontrerez, invitez-les au repas de noce. '
Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu'ils rencontrèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives.
Le roi entra pour voir les convives. Il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce,
et lui dit : 'Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ? ' L'autre garda le silence.
Alors le roi dit aux serviteurs : 'Jetez-le, pieds et poings liés, dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents. '
Certes, la multitude des hommes est appelée, mais les élus sont peu nombreux. »

Une fois de plus voilà une métaphore, une parabole qui nous parle du royaume des cieux et cette fois le texte nous dit qu’il est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils.

Ce roi c’est Dieu bien entendu et il invite l’humanité toute entière aux noces de son Fils Jésus…

Ce sont presque des noces au sens où nous les entendons…

Ce sont les noces du Fils de Dieu qui épouse notre humanité par son incarnation.

Si on se penche sur le sens de cette phrase, on peut rapidement comprendre à quel point il s’agit là d’une chose importante.

Si on regarde dans le dictionnaire au mot épouser, on trouve en première définition : « prendre pour époux ou épouse, se marier »

Déjà ce sens a de l’importance… Puisqu’on parle de noces c’est évidemment le premier auquel on pense.

Jésus, par son incarnation épouse donc, se marie donc, avec l’humanité toute entière…

Nombre d’entre nous sont mariés et nombre d’entre nous ont également mariés leurs enfants… Il nous est donc possible de comprendre l’importance que revêtent les noces de l’Evangile d’aujourd’hui.

Quand nous nous marions, nous souhaitons tous nous donner tout entier à l’autre, ce que Jésus a fait au sens littéral du terme puisqu’il a donné sa vie pour nous.

Quand nous marions nos enfants, c’est important aussi…

Nous souhaitons que nos enfants fassent un mariage heureux et nous réjouissons nous aussi de ce moment important, comme le fait le roi de l’Evangile d’aujourd’hui, comme le fait Dieu quand il veut célébrer les noces de son Fils unique avec l’humanité.

Mais il y a une grosse différence…

Le jour où nous nous marions, ou le jour où nous marions nos enfants, nous choisissons nos invités…

Pour la célébration du mariage pas de problème, nous pouvons sans difficulté aller jusqu’à… Allez nous dirons 600 invitations…

Une église pleine c’est quand même mieux quand les mariés entrent et sortent…

Et puis on se dit qu’avec un peu de chance, comme on a invité large, la moitié des gens seront partis à l’offrande…

Avec encore un peu de chance, le lieu des vins d’honneurs n’étant pas juste à côté de l’église on va encore « perdre » un peu de monde et du coup, ca nous coutera moins cher.

Quand vient le moment de décider qui participera à la soirée, alors là on prend le temps de s’asseoir autour de la table pour bien sélectionner les convives…

Lui : Oui,

Lui : Non…

Oh Lui Non ca fait des années qu’on l’a pas vu…

Elle ? Oh NON… elle a quitté Pierre pour se mettre avec Paul… Pas de ca chez nous…

Quant à Lui, je ne peux pas le voir depuis qu’il a fait ceci ou dit cela…

Nous utilisons tous les critères à notre disposition pour sélectionner les convives et limiter ainsi les frais…

Dieu, Lui, ne fait aucun de ces comptes d’apothicaire… il invite l’humanité toute entière…

Il sait que nous ne sommes pas parfait…

Il sait qu’untel n’est pas venu le voir depuis des années… Mais il l’invite quand même…

Il sait qu’unetelle a quitté Pierre pour se mettre avec Paul… Mais il l’invite quand même…

Il sait qu’un a dit ceci ou cela contre lui… Mais il l’invite quand même…

Il appelle toute l’humanité sans distinction de richesse, de rang social ou même de perfection.

Et là vous me direz : « Oui c’est vrai… Mais pour lui c’est facile… Il ne doit pas mettre la main au porte monnaie… Ca ne lui coûte pas grand-chose…. »

En êtes-vous si surs ???

Dieu est celui qui a donné son Fils en mariage à une humanité dont il savait qu’elle allait le crucifier… Peut-être que le prix y était en fin de compte…

Et donc de fait, nous sommes tous invités à ces noces. Mais attention nous n’en sommes pas pour autant un peuple d’élus ou de nantis.

Dieu nous donne pour mission de relayer cette invitation autour de nous…

Nous avons pour mission de dire à toutes celles et ceux qui nous entourent que Dieu existe, qu’il souhaite marier son Fils à l’humanité et qu’il les invite eux aussi à la noce.

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit…

Il ne s’agit pas de descendre dans la rue avec des pancartes sur lesquelles on aurait inscrit « Dieu existe et il marie son Fils »…

Je pense que ni vous ni mois ne ferions un long chemin avant d’être arrêtés et enfermés…

C’est de notre témoignage que Dieu a besoin.

Il nous demande, nous qui disons croire en lui, de mettre nos actes en accord avec nos paroles, d’aller à la rencontre des plus pauvres, de ceux qui souffrent, de ceux qui sont pécheurs aussi… d’aller vers eux et comme il le ferait lui de les aider, de les soulager et de leur pardonner…

Un programme ambitieux, mais tellement difficile à assurer…

Mais quand nous n’agissons pas ainsi alors nous sommes à l’image de ces gens que le roi de l’Evangile d’aujourd’hui a invités et qui trouvent tout un tas d’excuses pour ne pas venir à la noce…

Le repas est prêt, le marié est arrivé, mais nous refusons d’aller à la noce à laquelle nous sommes pourtant invités.

Mais nous avons tellement de choses à faire…

Il est tellement indispensable de nous occuper de nos petits conforts que nous trouvons toujours autre chose à faire que de nous occuper des autres.

Parfois même nous nous cachons derrière les dons que nous faisons pieusement chaque année à telle ou telle association, telle ou telle œuvre… mais en prenant bien le soin au passage de réclamer le reçu pour obtenir la déduction d’impôts qui va avec…

Même nos dons sont ainsi teintés de nos égoïsmes.

Ce n’est pas à cela que nous sommes invités.

Nous sommes invités à nous donner à nos frères comme nous nous donnons l’un à l’autre dans le mariage…

Nous sommes invités à faire confiance à Dieu pour remplir nos cœurs d’un autre bonheur que celui que peuvent nous procurer temporairement toutes les possessions qui peuvent être les nôtres…

Comme vous le voyez, Dieu ne veut pas d’hypocrites…

Il attend de nous que nous nous tournions sincèrement vers lui, vers son Fils et vers nos frères.

Et l’Evangile de ce jour nous met également en garde…

Si nous nous approchons de lui en faisant semblant alors nous serons traités comme cet homme que le roi repère parmi les convives, cet homme qui ne porte pas l’habit de fête…

L’habit en question c’est l’habit de la conversion, L’habit en question c’est la sincérité que nous mettons à nous tourner réellement vers Dieu…

Et vous aurez remarqué qu’une nouvelle fois on ne nous parle de perfection…

Dieu sait mieux que nous quelles sont nos imperfections, nos péchés…

Il ne nous demande pas d’être parfaits pour nous approcher de lui mais d’avoir la volonté sincère de nous convertir.

Cette conversion peut prendre de multiples visages dans ses actions, mais dans nos cœurs elle n’en a qu’un… Celui de la transparence avec Dieu, celui de la prière par laquelle nous saurons nous reconnaître pécheurs et par laquelle nous saurons demander d’un cœur sincère que Dieu vienne nous convertir.

Tu nous invites à la fête Seigneur ; Alors s’il te plait, donne-nous de répondre avec joie et sincérité.

Fais de nous des messagers de ton invitation auprès de tous ceux que nous rencontrerons sur notre route.

Amen

dimanche 2 octobre 2011

2011-10-02 - A - Parabole des vignerons meurtriers - Matthieu - 21 - 33 à 43

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 21,33-43.


Jésus disait aux chefs des prêtres et aux pharisiens : « Écoutez cette parabole : Un homme était propriétaire d'un domaine ; il planta une vigne, l'entoura d'une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour de garde. Puis il la donna en fermage à des vignerons, et partit en voyage
Quand arriva le moment de la vendange, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de la vigne.

Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l'un, tuèrent l'autre, lapidèrent le troisième.
De nouveau, le propriétaire envoya d'autres serviteurs plus nombreux que les premiers ; mais ils furent traités de la même façon.

Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : 'Ils respecteront mon fils. '

Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : 'Voici l'héritier : allons-y ! Tuons-le, nous aurons l'héritage ! '

Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent.

Eh bien, quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? »

On lui répond : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il donnera la vigne en fermage à d'autres vignerons, qui en remettront le produit en temps voulu. »

Jésus leur dit : « N'avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire. C'est là l'œuvre du Seigneur, une merveille sous nos yeux !
Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui lui fera produire son fruit.

Nous sommes dans la période des textes d’Evangile qui nous parlent de la Vigne…

La semaine dernière c’était l’histoire des deux Fils… celui qui ne va pas à la vigne quand son Père le lui demande, mais se répand et finit par y aller par amour pour son Père et son frère qui dit oui à son Père mais ne fait pas ce à quoi il s’est engagé…

Il y a deux semaines c’était l’histoire d’un maître qui sort à plusieurs reprises pour chercher des ouvriers mais qui au final les paye tous de la même façon qu’ils aient travaillé une heure ou toute la journée.

Et aujourd’hui cette nouvelle parabole qui nous raconte l’histoire de vignerons voleurs et meurtriers qui gèrent mal la vigne qui leur a été laissée en fermage.

Si depuis 3 semaines les textes nous parlent ainsi de la vigne du Seigneur, c’est tout simplement que l’Evangéliste et en l’occurrence Saint Matthieu souhaite insister tout particulièrement sur le fait que notre responsabilité est grande aux yeux de Dieu, de faire fructifier le royaume qu’il nous laissé.

Mais commençons par en revenir au texte…

Il commence par une parole bien précise dite par Jésus lui-même : « Ecoutez cette parabole »…

Jésus insiste, un peu comme nous le faisons quand nous prenons la parole devant une assemblée un peu dispersée dont nous n’avons pas toute l’attention…

Jésus s’adresse une nouvelle fois aux chefs des prêtres et aux pharisiens comme il le faisait dans l’Evangile de la semaine dernière.

Ce sont des hommes imbus de leurs personnes…

Alors que le peuple est sous le joug de l’autorité Romaine ils jouissent d’un statut un peu privilégié dans lequel ils sont des nantis.

Ils ont de l’argent, de beaux vêtements, les meilleures places dans tous les endroits et se soucient bien d’avantage de ces privilèges que du Royaume de Dieu…

A n’en pas douter, il y a des choses qui n’ont pas beaucoup changé depuis deux mille ans…

Et si Jésus commence en disant « Ecoutez cette parabole » c’est justement pour attirer leur attention… Il leur demande de faire ce qu’ils ne veulent justement pas faire c'est-à-dire écouter !

Jésus va les déranger, ils le savent, et il est beaucoup plus facile pour eux de faire semblant de ne pas entendre, de ne pas être concernés par ses paroles.

Jésus les rappelle donc à l’ordre non en les invitant, mais en les sommant de l’écouter… en s’assurant que chacun entendra bien ce qu’il a à dire.

Et il prend cette parabole que nous connaissons bien…

Des vignerons indélicats ont reçu une vigne en fermage…

Vous noterez au passage que le maître du domaine avait tout préparé…

La vigne était plantée, les vignerons étaient donc certains qu’il y aurait bien une récolte.

Elle était clôturée et il y avait une tour de garde ; les vignerons étaient donc certains que personne ne viendrait chaparder et que tout le fruit de la vigne serait récupéré.

Et pour finir le pressoir était creusé… Il n’y avait donc plus, une fois que le raisin aurait été récolté, qu’à le presser pour en extraire le jus et faire le vin.

Cette partie passe presque inaperçue dans le texte et pourtant elle a son importance. Aujourd’hui on dirait que le travail était mâché et qu’il n’y avait, presque, plus qu’à se baisser…

La pluie et le soleil allaient faire grossir les grappes de raison et il ne restait plus aux vignerons qu’à récolter et presser…

Et bien ces vignerons n’ont cependant pas su faire ce que le maître attendait d’eux… et plutôt que de mettre leur énergie à tirer le meilleur partie de la vigne en la soignant avec un réel amour pour en remettre le fruit à leur maître, ils ont mis cette énergie à s’approprier un bien qui ne leur appartenait pas.

Et non seulement ils sont devenus des voleurs, mais en plus ils sont devenus des meurtriers en assassinant les serviteurs que le maître leur a envoyé pour leur faire entendre raison et même son propre fils.

Et quand Jésus termine son histoire et qu’il demande aux chefs des prêtres et aux pharisiens ce que fera le maître avec ces vignerons, on a l’impression qu’ils lui répondent en toute innocence, sans se sentir ne fut-ce qu’une seule seconde concernés par cette histoire que Jésus vient de leur raconter…

« Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il donnera la vigne en fermage à d'autres vignerons, qui en remettront le produit en temps voulu. »

Mais Jésus ne se laisse pas démonter et il met définitivement les points sur les « i » : « Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui lui fera produire son fruit. »

Comme dans l’Evangile de la semaine dernière, on ne peut être plus direct…

Et pourtant comme dans l’Evangile de la semaine dernière, c’est aussi à nous que Jésus s’adresse…

A nous aussi il dit « Ecoutez cette parabole » en nous invitant nous aussi à reconsidérer nos comportements…

Mais, me direz-vous, nous n’avons rien de commun avec ces vignerons qui s’approprient une terre qui n’est pas la leur et qui tuent les serviteurs que le maître leur a envoyé…

En êtes vous bien surs ?

Nous nous impliquons dans tel ou tel service d’église c’est vrai, mais le faisons-nous vraiment toujours pour Dieu seul ?

Est-ce qu’avec le temps nous ne nous sommes pas approprié ce service en étant certains de détenir la vérité et en refusant tout nouveau venu avec ses idées qui risqueraient de remettre en question les nôtres ?

Quand nous nous approprions ces services, quand nous refusons les nouveaux venus, ne sommes nous pas comparables aux vignerons du domaine de l’Evangile, ces vignerons qui s’approprient eux aussi quelque chose qui ne leur appartient pas et qui maltraitent ceux que le maître leur envoie…

Cette parabole, comme celle de la semaine dernière, nous rappelle que nous avons reçu le Royaume de Dieu en héritage non pour le transformer à notre gré, non pour faire notre volonté, mais la volonté de Dieu !

Depuis des milliers d’années les hommes sont les vignerons et Dieu est le maître du domaine…

L’histoire humaine est parsemée de nos manquements à Dieu…

Les hommes ont massacrés des prophètes, les hommes ont même tué le Fils du maître du domaine… Avouez que nous ne sommes pas très loin de la parabole d’aujourd’hui.

Mais malgré tout cela, Dieu veut encore et toujours nous faire confiance.

Il nous aime avec passion et ne peut se résoudre à nous châtier à la mesure de nos exactions.

Il croit d’avantage en l’homme que l’homme ne croit en lui-même.

Sans cesse il nous pardonne et nous redonne sa confiance.

Sans cesse il croit, Lui le maître, que nous, les vignerons, pouvons nous convertir et nous mettre au travail.

N’a-t-il pas pardonné à Pierre son triple reniement pour en faire le pilier de son église ?

De telles conversions sont possibles aujourd’hui encore.

De chacun de nous, de chaque pécheur, Dieu peut faire un vrai serviteur de Dieu, un vrai vigneron qui ne comptera pas sa peine mais saura se mettre réellement au service du Maître et de la vigne, au service de Dieu et de ses frères.

La balle est dans notre camp ! C’est vraiment à nous de décider.

Dieu ne s’impose pas à nous, il nous propose son amour…

Il nous propose de travailler avec Lui « Pour Sa gloire et le salut du monde »

Amen