dimanche 24 février 2013

2013-02-24 - C - 2ème dimanche de Carême - La Transfiguration (Lc 9, 28b-36)



2ème dimanche de Carême


La Transfiguration



1ère lecture : L'Alliance de Dieu avec Abraham (Gn 15, 5-12.17-18a)

Lecture du livre de la Genèse

Le Seigneur parlait à Abraham dans une vision. Puis il le fit sortir et lui dit : « Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux... » Et il déclara : « Vois quelle descendance tu auras ! »
Abram eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu'il était juste.
Puis il dit : « Je suis le Seigneur, qui t'ai fait sortir d'Our en Chaldée pour te mettre en possession de ce pays. »
Abram répondit : « Seigneur mon Dieu, comment vais-je savoir que j'en ai la possession ? »
Le Seigneur lui dit : « Prends-moi une génisse de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et une jeune colombe. »
Abram prit tous ces animaux, les partagea en deux, et plaça chaque moitié en face de l'autre ; mais il ne partagea pas les oiseaux.
Comme les rapaces descendaient sur les morceaux, Abram les écarta.
Au coucher du soleil, un sommeil mystérieux s'empara d'Abram, une sombre et profonde frayeur le saisit.
Après le coucher du soleil, il y eut des ténèbres épaisses. Alors un brasier fumant et une torche enflammée passèrent entre les quartiers d'animaux.
Ce jour-là, le Seigneur conclut une Alliance avec Abram en ces termes : « À ta descendance je donne le pays que voici. »

2ème lecture : Le Christ nous transfigurera (brève : 3, 20 - 4, 1) (Ph 3, 17-21; 4, 1)
                       
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens

Frères, prenez-moi tous pour modèle, et regardez bien ceux qui vivent selon l'exemple que nous vous donnons.
Car je vous l'ai souvent dit, et maintenant je le redis en pleurant : beaucoup de gens vivent en ennemis de la croix du Christ.
Ils vont tous à leur perte. Leur dieu, c'est leur ventre, et ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte ; ils ne tendent que vers les choses de la terre.
Mais nous, nous sommes citoyens des cieux ; c'est à ce titre que nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l'image de son corps glorieux, avec la puissance qui le rend capable aussi de tout dominer.

Evangile : La Transfiguration (Lc 9, 28b-36)

Acclamation : Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur.
Du sein de la nuée resplendissante, la voix du Père a retenti : « Voici mon Fils, mon bien-aimé, écoutez-le ! »
Acclamation : Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur.
(cf. Mt 17, 5)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier. Pendant qu'il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante.
Et deux hommes s'entretenaient avec lui : c'étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem.
Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, se réveillant, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés.
Ces derniers s'en allaient, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est heureux que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu'il disait.
Pierre n'avait pas fini de parler, qu'une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu'ils y pénétrèrent.
Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le. »
Quand la voix eut retenti, on ne vit plus que Jésus seul. Les disciples gardèrent le silence et, de ce qu'ils avaient vu, ils ne dirent rien à personne à ce moment-là.



Second dimanche de Carême… Déjà…

J’ai compté, ca fait déjà 10 jours que nous sommes en Carême et il en reste 35 jours pour nous préparer à la mort et la résurrection de notre Seigneur.

Il n’est certes jamais trop tard pour bien faire, mais si nous ne nous sommes pas encore mis en route, si nous n’avons pas encore compris que ce temps nous est offert comme un magnifique cadeau pour rejoindre Dieu et nous laisser éclairer de Sa lumière et Son amour, les textes d’aujourd’hui vont à nouveau nous y inviter et nous montrer le chemin.

La première des choses à se rappeler c’est que le carême n’est pas une course à la performance…
Ce n’est pas parce qu’on aura jeuné plus que son voisin ou prié un plus grand nombre de chapelets que les porte du royaume de Dieu nous seront ouvertes plus grandes.

Oui, le jeûne est important…
Oui, la prière est indispensable…
Oui, le partage est incontournable…
Mais ce qui est le plus important est de savoir pourquoi on le fait…

Si, comme je viens de le décrire, c’est une course à la performance, alors je pense que nous nous trompons de combat et encore une fois, les textes d’aujourd’hui sont là pour nous éclairer sur le meilleur moyen de bien vivre son Carême, car il s’agit bien de VIVRE son Carême et non de compter les points obtenus par les sacrifices ou privations que l’on se sera imposées.

Le Carême c’est accueillir Dieu qui fait alliance avec nous…

Il est utile de le rappeler, c’est toujours Dieu qui fait le premier pas.
C’est toujours lui qui NOUS offre SON Amour et voir les choses ainsi, les percevoir dans le quotidien de nos vies peut absolument tout changer.

Ce sont des paroles que l’on entend régulièrement : « Ca peut tout changer » et du fond de notre foi nous nous disons que ca doit être possible mais sans que nous soyons réellement convaincus que cela puisse NOUS arriver…
Pourtant voilà bien quelque chose d’important qui peut alimenter nos réflexions en ce temps de Carême.

Dieu nous aime en premier et nous demande simplement de l’aimer en retour.

Et là non plus il ne s’agit pas de performance…

Ce n’est pas un concours et Dieu n’a rien à voir avec un apothicaire  qui aurait un grand livre avec le nom de chacune et chacun d’entre nous à côté duquel mettrait un rond vert chaque fois que nous faisons quelque chose de bien ou une croix rouge que nous atteignons nos limites.

A ce tarif là il y a fort à parier qu’aucun d’entre nous ne serait digne de son Amour.

Mais Dieu n’est pas cet apothicaire…

Il donne sans compter… Il nous aime et nous invite simplement… Il nous invite à ACCEPTER cet amour dans notre vie, un amour peut effectivement tout changer.

Mais alors me direz-vous quelle est la recette ?
Que faut-il faire pour agir ainsi et changer nos vies pour les rendre plus belles ?

La réponse est simple : Rien !
Rien, puisque comme je l’ai dit, ce n’est pas un concours !

ACCEPTER l’Amour de Dieu c’est tout simplement accepter sa présence dans le quotidien, lui confier tout ce que nous vivons de bien ou de moins bien…
Lui offrir les belles choses que nous faisons et arrêter de tenter de lui cacher celles dont nous sommes moins fières et qu’il connaît de toute façon, mais plutôt les lui remettre également en acceptant que son Amour puisse les éclairer et nous aider à les changer…

Mais vous me direz, accepter Dieu dans sa vie, se mettre à l’écoute de sa Parole, c’est bien plus facile quand la vie nous sourie…

Quand on est au fond du trou, quand on connaît les difficultés de la vie, comme le chômage, la maladie, la solitude, la disparition d’un proche, ce n’est pas évident…

Et pourtant c’est tout le contraire…
C’est dans nos difficultés les plus profondes que Dieu s’offre encore d’avantage à nous…

Et c’est vrai, ce n’est pas facile à percevoir…
Tout empreints de nos difficultés, des difficultés que nous nous évertuons à tenter de résoudre totalement par nous même, et bien nous ne voyons pas Dieu, pire… nous lui reprochons les difficultés dans lesquelles nous nous trouvons et vociférons contre lui parce, selon nous il n’intervient même pas pour nous aider…

Vous le voyez… Il faut bien tout le temps d’un Carême pour permettre à la lumière de Dieu de nous éclairer et de comprendre cela par nous-mêmes.

C’est ce que tente de nous faire comprendre le texte de la première lecture.

Abraham répond à Dieu au fond de ses difficultés…
Le chemin de Dieu ne lui est pas encore familier…
Il ne comprend pas tout mais il Lui fait confiance…

Et s’il est considéré comme juste par Dieu ce n’est pas parce qu’il a amassé les bons points ou les bonnes actions mais simplement parce qu’il a cru en Dieu et qu’il Lui a permis de le rejoindre dans le quotidien de sa vie…
Le texte de l’Evangile nous entraine avec Jésus sur la montagne, ce lieu privilégié où le Christ s’isole pour prier son Père.

Les trois disciples qui l’accompagnent sont témoins de cette prière et pour l’occasion cette prière s’est faite avec les deux illustres prophètes que sont Moïse et Elie…

Leur foi est démultipliée par le message que Dieu leur adresse ce jour là « Celui-ci est mon Fils ! Ecoutez-le ! »

Au jour de notre Baptême, chacune et chacun d’entre nous est devenu enfant de Dieu.

Nous portons en nous le même germe de résurrection que le Christ.
Cette espérance de la résurrection, peut transfigurer toute notre vie, toutes les lutes de nos vies, nos souffrances, notre travail, notre vie de famille…

Dans quelques semaines nous allons fêter la résurrection et le chemin vers Pâques, ce Carême que nous traversons, nous est offert pour comprendre que nous aussi nous pourrons ressusciter au matin de Pâques…

Nos joies seront toujours présentes tout autant sans doute que nos difficultés, mais l’Amour de Dieu nous permettra de les voir différemment, de nous libérer des prisons dans lesquelles elles nous ont enfermés.

C’est de cela qu’il nous faut témoigner au monde qui nous entoure.
Chaque jour nous avons des raisons de trouver que le monde qui nous entoure et qui semble aller de plus en plus mal ne nous mènera à rien de bon.

C’est pourtant à ce monde que chacune et chacun d’entre nous est invité à partager la joie de Pâques… La joie de la résurrection du quotidien… c’est ca le grand changement auquel chaque homme est invité.

Le chemin est prometteur et nous voyons bien que si nous le suivons, même si nous n’en comprenons pas forcément tout, et bien c’est l’Amour de Dieu qui pourra nous rendre heureux.

Le chemin est prometteur mais sur ce chemin, nous sommes avertis par le texte de la seconde lecture que l’autosuffisance est notre ennemie…

Nous ne sommes pas meilleurs parce que nous sommes chrétiens…
Nous devons notre salut à l’Amour de Dieu et non à d’éventuels points que nous accumulerions en faisant telle ou telle bonne action.

En ce temps de Carême, la voix du Père nous est adressée : « Celui-ci est mon Fils ; Ecoutez-le ! »

Il est celui, Il est le SEUL qui peut nous faire vivre réellement, il est le SEUL qui au matin de Pâques nous permettra de participer à la résurrection.

Amen.

dimanche 17 février 2013

2013-02-17 - C - 1er dimanche de Carême - La tentation de Jésus (Lc 4, 1-13)



1er dimanche de Carême


La tentation de Jésus



1ère lecture : La profession de foi du peuple d'Israël (Dt 26, 4-10)

Lecture du livre du Deutéronome

Moïse disait au peuple d'Israël : Lorsque tu présenteras les prémices de tes récoltes, le prêtre recevra de tes mains la corbeille et la déposera devant l'autel du Seigneur ton Dieu.
Tu prononceras ces paroles devant le Seigneur ton Dieu : « Mon père était un Araméen vagabond, qui descendit en Égypte : il y vécut en immigré avec son petit clan. C'est là qu'il est devenu une grande nation, puissante et nombreuse.
Les Égyptiens nous ont maltraités, et réduits à la pauvreté ; ils nous ont imposé un dur esclavage.
Nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères. Il a entendu notre voix, il a vu que nous étions pauvres, malheureux, opprimés.
Le Seigneur nous a fait sortir d'Égypte par la force de sa main et la vigueur de son bras, par des actions terrifiantes, des signes et des prodiges.
Il nous a conduits dans ce lieu et nous a donné ce pays, un pays ruisselant de lait et de miel.
Et voici maintenant que j'apporte les prémices des produits du sol que tu m'as donné, Seigneur. »

2ème lecture : La profession de foi en Jésus Christ (Rm 10, 8-13)
                       
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frère, nous lisons dans l'Écriture : La Parole est près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur. Cette Parole, c'est le message de la foi que nous proclamons.
Donc, si tu affirmes de ta bouche que Jésus est Seigneur, si tu crois dans ton cœur que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, alors tu seras sauvé.
Celui qui croit du fond de son cœur devient juste ; celui qui, de sa bouche, affirme sa foi parvient au salut.
En effet, l'Écriture dit : Lors du jugement, aucun de ceux qui croient en lui n'aura à le regretter.
Ainsi, entre les Juifs et les païens, il n'y a pas de différence : tous ont le même Seigneur, généreux envers tous ceux qui l'invoquent.
Il est écrit en effet, tous ceux qui invoqueront le nom du Seigneur seront sauvés.


Evangile : La tentation de Jésus (Lc 4, 1-13)

Acclamation : Ta parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance.
L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole venant de la bouche de Dieu.
Acclamation : Ta parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. (cf. Mt 4, 19)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Après son baptême, Jésus, rempli de l'Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; il fut conduit par l'Esprit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut mis à l'épreuve par le démon. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.
Le démon lui dit alors : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. »
Jésus répondit : « Il est écrit : Ce n'est pas seulement de pain que l'homme doit vivre. »
Le démon l'emmena alors plus haut, et lui fit voir d'un seul regard tous les royaumes de la terre.
Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir, et la gloire de ces royaumes, car cela m'appartient et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. »
Jésus lui répondit : « Il est écrit : Tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu, et c'est lui seul que tu adoreras. »
Puis le démon le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi à ses anges l'ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
Jésus répondit : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le démon s'éloigna de Jésus jusqu'au moment fixé.


Ca y est, cette fois nous sommes en Carême… C’est le premier dimanche de Carême…

Chaque année, quand commence ce temps fort de préparation à Pâques, nous prenons de bonnes résolutions « Ah… Cette année il ne faut pas que je le manque… Cette année je fais des efforts et je m’y tiens »

Chacun d’entre nous voit cela sous l’angle de l’effort, de la privation qu’il veut s’imposer pour avoir son esprit plus libre pour recevoir Dieu dans son propre chemin vers Pâques…

Et quand nous arrivons à Pâques, nous regardons comment s’est passé notre Carême…
Si nous avons su nous priver, si nous avons su mener à bien nos efforts, nous sommes en quelque sorte satisfaits de notre Carême…
Si à l’inverse, nous avons chuté, si nous avons VOULU mais si nous n’avons pas SU faire ces mêmes efforts, alors nous pensons avoir raté ce rendez-vous annuel avec Dieu.

Sommes nous cependant sûr que c’est bien ainsi qu’il faut voir le Carême ?

Je pense que la réponse se trouve dans le cœur de chacun.
Il appartient à chacune et chacun d’entre nous, dans une rencontre intime avec le Seigneur, de savoir ce qui est le plus approprié de faire pour bien vivre son Carême…

Et puisqu’il est important que chaque démarche soit réfléchie, que chaque démarche nous permette de vivre ce Carême comme un vrai temps de grâce, les textes de ce dimanche sont là pour nous éclairer.

Oui, j’ai bien parlé de temps de grâce… et je pense que ce serait une erreur de ne voir le Carême que sous l’angle des privations…

Mais commençons par le texte de la première lecture.

En matière d’éclairage sur le Carême, ce texte peut sembler être une vraie révolution dans notre relation avec Dieu.

Souvent nous nous disons que si nous donnons à Dieu pendant le Carême et bien Il nous le rendra…

Et même si nous ne sommes pas fourbes, même si nous ne donnons pas pour recevoir, même si nous offrons réellement à Dieu les efforts que nous faisons, nous nous disons que parce que nous lui donnons gratuitement, un jour Dieu nous le rendra…

Ce n’est pas faux, mais c’est peut-être incomplet…

Je ne vais pas rentrer dans le détail de l’explication du texte de la première lecture… Ce serait sans doute trop long…

Et pourtant ce texte est là pour nous montrer qu’au lieu de voir le carême sous l’angle de « Je te donne mes sacrifices et Toi Tu me donneras… plus tard » notre Carême peut aussi être simplement l’occasion d’un retour aux sources de notre foi…

Il n’est alors pas nécessaire d’en faire d’avantage mais de faire différemment…

Peut être n’est-ce pas alors une question de quantité mais de qualité…

Peut-être pouvons-nous tout simplement nous « contenter » d’offrir à Dieu ce que nous avons reçu de Lui…

« Mais qu’est-ce que cela veut dire ?
Pourquoi se contenter d’offrir à Dieu ce qu’il nous a déjà donné ?
Ce n’est pas un Carême ca… Ils sont où les efforts ?
Comment un tel comportement peut-il me conduire à mieux me préparer à Pâques ? »

Entrer en Carême, je viens de le dire, c’est revenir aux sources de notre foi…

Offrir à Dieu ce que lui-même nous a donné, c’est par exemple essayer chaque jour du Carême de prendre au pied de la lettre et à chaque instant la prière du Notre Père : « Que Ton règne vienne, que Ta volonté soit faite… »

Cela veut dire que plutôt que de vouloir tout maîtriser dans nos vies, nous laissons à Dieu le soin de nous guider… je n’ai pas dit de nous piloter car la volonté de Dieu est que nous restions toujours aux commandes de nos vies, mais bien de nous guider, c'est-à-dire de nous montrer les chemins qui nous permettront de bien nous préparer au sacrifice et à la résurrection de Pâques…

Peut-être alors que le Carême c’est simplement accepter de mettre tout ce que nous vivons sous le regard de Dieu, d’accepter que nous ne décidions pas de tout et d’ouvrir les yeux pour que la lumière de Dieu, à défaut de nous donner les solutions, puis nous guider vers La Paix.

Plutôt que de vouloir à tout prix redresser nous-mêmes une situation qui nous paraît injuste et pour laquelle nous nous sommes tant battus, et bien c’est la remettre à Dieu avec nos limites en lui demandant de nous aider à lâcher totalement prise comme l’a fait le Christ lui-même sur le chemin vers Jérusalem…

Plutôt que de continuer à s’en faire d’avantage jour après jour parce qu’on ne s’entend pas avec untel ou une telle, plutôt que de médire sur son compte auprès des autres comme pour s’en libérer un peu, c’est continuer à rencontrer cette personne dans le quotidien d’une entreprise, d’un quartier, d’une association ou même d’une famille, en confiant tout cela à Dieu, en lui demandant de nous aider à aimer l’autre, celui qui nous fait souffrir, comme le Christ lui-même a aimé ses bourreaux au jour de son jugement…

Si nous acceptons de voir le Carême sous cet angle, nous pouvons alors comprendre que le Carême n’est pas tant un temps d’efforts que de libération…
C’est le Seigneur qui fait le plus gros du travail et dans ce temps de Carême Il veut plus que jamais nous libérer de ces rancœurs, ces douleurs qui finissent pas nous rendre esclave et nous empêcher de cheminer vers Dieu.

Ces rancœurs… Ces douleurs accumulées… Ces peines trop longtemps cachées… Ces erreurs trop longtemps inavouées, le Seigneur veut et peut nous en libérer…

Et le Carême n’est plus donc autant un temps d’efforts pour plaire à Dieu qu’un temps d’ouverture, l’ouverture de nos cœurs à un Amour qui dépasse tout, un Amour qui peut nous libérer de tout et nous guérir de tout…

Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit…
Oui, il convient de jeuner…
Oui, il convient de partager…
Oui, il convient plus que jamais de prier…
Oui, il convient plus que jamais de retrouver la paix dans le sacrement de la réconciliation…

Mais vous le voyez maintenant, ce qui convient c’est surtout de savoir pourquoi nous le faisons…


Et sur ce chemin qui nous conduit vers Pâques, comme ce fut le cas pour Jésus après son baptême, nous serons très vraisemblablement nous aussi, tentés par le démon…

Le démon…

Il est tellement malin – il porte bien son nom – que bon nombre d’entre nous n’y croient même plus…

Bon nombre d’entre nous pensent qu’il s’agit d’une métaphore pour nous aider à comprendre la différence entre le bien et le mal…

Mais il existe bel et bien et ce n’est pas parce que nous préférons ne pas en parler que cela va nous en protéger… Bien au contraire…

Il s’immisce dans les plus banales actions  de nos vies quotidiennes, petit à petit, allant jusqu’à nous faire finalement perdre nos repères et prendre des choses inadmissibles pour des choses normales…

Les exemples ne manquent pas et il me semble que parmi les derniers en date se trouve le mariage pour tous et son cortège de ce que l’on ose appeler des « réformes »… la PMA – Procréation Médicalement Assistée – la GPA – Gestation Pour Autrui…

Nous passons tout doucement des droits « DE » l’enfant au droit « A » l’enfant

Nous  allons tout doucement glisser de ce qui nous paraissait inadmissible  vers quelque chose qui paraîtra normal à chacun. – Merci le démon – .

Je pense pour ma part, que ce n’est que dans quelques années que nous pourrons mesurer à quel point cela va faire souffrir les gens, y compris celles et ceux qui, trompés par des discours de liberté, auront défendu avec sincérité, ces projets de loi qui me semblent aller fondamentalement à l’encontre du bonheur du peuple de Dieu.

Et donc oui, sur le chemin du Carême, comme sur les chemins de la vie, nous seront tentés…

Tentés tout simplement de ne pas prendre le temps pour nous préparer à Pâques…

« C’est vrai après tout… On sait bien ce qui va arriver… On ca célébrer la mort et la résurrection de Jésus… Pas besoin en fin de compte d’y passer du temps… On a tellement d’autres choses à faire… »

Ces tentations auxquelles nous succombons, nous conduisent dans l’impasse de nos certitudes humaines et nous détournent de l’amour de Dieu.

A l’opposé de cela La Parole de Dieu nous invite à reconnaître la bonté de Dieu.

Dans le désert sans Dieu qu’est notre monde, le Carême est l’occasion qui nous est offerte de nous remettre sur les chemin de Dieu, c’est notre réponse aimante à un amour sans mesure qui fait sans cesse le premier pas vers chacune et chacun d’entre nous.

Amen.

dimanche 10 février 2013

2013-02-10 - C - 5ème dimanche du Temps Ordinaire - La pêche miraculeuse. La vocation des Apôtres (Lc 5, 1-11)



5ème dimanche du Temps Ordinaire


La pêche miraculeuse. La vocation des Apôtres



1ère lecture : Révélation du Dieu saint et vocation d'Isaïe (Is 6, 1-2a.3-8)

Lecture du livre d'Isaïe

L'année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur qui siégeait sur un trône très élevé ; les pans de son manteau remplissaient le Temple.
Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils avaient chacun six ailes : deux pour se couvrir le visage, deux pour se couvrir les pieds, et deux pour voler.
Ils se criaient l'un à l'autre : « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur, Dieu de l'univers. Toute la terre est remplie de sa gloire. »
Les pivots des portes se mirent à trembler à la voix de celui qui criait, et le Temple se remplissait de fumée.
Je dis alors : « Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j'habite au milieu d'un peuple aux lèvres impures : et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l'univers ! »
L'un des séraphins vola vers moi, tenant un charbon brûlant qu'il avait pris avec des pinces sur l'autel.
Il l'approcha de ma bouche et dit : « Ceci a touché tes lèvres, et maintenant ta faute est enlevée, ton péché est pardonné. »
J'entendis alors la voix du Seigneur qui disait : « Qui enverrai-je ? qui sera notre messager ? » Et j'ai répondu : « Moi, je serai ton messager : envoie-moi. »

2ème lecture : La tradition de la foi au Christ mort et ressuscité (brève : 1...11) (1Co 15, 1-11)
                       
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, je vous rappelle la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncée ; cet Évangile, vous l'avez reçu, et vous y restez attachés,
vous serez sauvés par lui si vous le gardez tel que je vous l'ai annoncé ; autrement, c'est pour rien que vous êtes devenus croyants.
Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j'ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures,
et il a été mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures,
et il est apparu à Pierre, puis aux Douze ;
ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois — la plupart sont encore vivants, et quelques-uns sont morts —
ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les Apôtres.
Et en tout dernier lieu, il est même apparu à l'avorton que je suis.
Car moi, je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d'être appelé Apôtre, puisque j'ai persécuté l'Église de Dieu.
Mais ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et la grâce dont il m'a comblé n'a pas été stérile. Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n'est pas moi, c'est la grâce de Dieu avec moi.
Bref, qu'il s'agisse de moi ou des autres, voilà notre message, et voilà votre foi.


Evangile : La pêche miraculeuse. La vocation des Apôtres (Lc 5, 1-11)

Alléluia. Alléluia.
La voix du Seigneur appelle :
« Venez, suivez-moi, je ferai de vous
des pêcheurs d'hommes. »
Alléluia. (cf. Mt 4, 19)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Un jour, Jésus se trouvait sur le bord du lac de Génésareth ; la foule se pressait autour de lui pour écouter la parole de Dieu.
Il vit deux barques amarrées au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets.
Jésus monta dans une des barques, qui appartenait à Simon, et lui demanda de s'éloigner un peu du rivage. Puis il s'assit et, de la barque, il enseignait la foule.
Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez les filets pour prendre du poisson. »
Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ton ordre, je vais jeter les filets. »
Ils le firent, et ils prirent une telle quantité de poissons que leurs filets se déchiraient.
Ils firent signe à leurs compagnons de l'autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu'elles enfonçaient.
À cette vue, Simon-Pierre tomba aux pieds de Jésus, en disant : « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur. »
L'effroi, en effet, l'avait saisi, lui et ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu'ils avaient prise ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, ses compagnons. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.



Nous sommes au cinquième dimanche du temps ordinaire.

Oserai-je le rappeler une fois encore ; ce temps n’a d’ordinaire que le nom…
C’est le temps DE l’ordinaire…
Un temps qui, en quelque sorte, nous prépare à vivre encore mieux les grandes fêtes de notre année liturgique, en nous permettant, semaine après semaine, de revisiter les fondements de notre foi !


Il y a quinze jours, vous vous en souvenez peut-être, c’était à l’importance de la Parole dans nos vies de chrétiens que les textes nous rappelaient.

La semaine dernière c’était notre rôle de Prophète qui nous était rappelé.

Cette semaine, les textes pourraient tous les trois nous faire penser à un dimanche des vocations.

La première lecture nous parle de la vocation d’Isaïe, la seconde celle de l’Apôtre Paul et l’Evangile de l’appel de Jésus aux premiers disciples.

De tous temps, le Seigneur appelle les gens à une mission bien précise ; et de tous temps ca veut dire aujourd’hui aussi…

Il nous est impossible à nous chrétiens baptisés et parfois confirmés, de nous comporter en simple consommateurs.

Venir et participer à la Messe chaque semaine est indispensable, mais ce n’est pas tout…

Chacun d’entre nous est également envoyé dans le monde pour y témoigner du fait que le Christ est vivant…

Pas moyen d’y échapper… Si nous voulons réellement remplir notre rôle de chrétiens nous devons être acteurs de notre foi ; nous devons nous mouiller pour notre Dieu, pour notre église et pour nos frères.

Ca c’est en partie ce que nous disaient les textes de la semaine dernière.

Aujourd’hui les textes nous révèlent Dieu…

Après cette dimension de prophète que nous visitions la semaine dernière, nous sont offerts trois textes qui, au travers de trois expériences différentes, nous révèlent comment chacun d’entre nous peut recevoir sa vocation !

Isaïe fait une rencontre bouleversante.
Il découvre un Dieu trois fois Saint, c'est-à-dire un Dieu qui est « Tout autre », Un Dieu étranger à nos imperfections, nos péchés, nos limites.

C’est un Dieu qui n’entre pas dans nos catalogues humains.

Il n’est pas « bien en général » mais avec quelques défauts acceptables…
Il est tout, sauf ce que nous avons l’habitude de voir…

Des hommes et des femmes extraordinaires ont traversé l’histoire de l’humanité et parmi eux de grands Saints ;
Mais aussi Saints qu’ils aient été, ils avaient tous à un trait de caractère, dont on sourit parfois aujourd’hui, mais qui ne devait pas particulièrement plaire à leurs contemporains…

Saint Pierre était un colérique fini…
Saint Paul, dont nous parle la seconde lecture, a quand même persécuté nombre de chrétiens…

Plus proche de nous, aussi doux qu’il ait pu être avec les petits, l’Abbé Pierre avait pourtant d’un franc parler redoutable avec nos politiques.

Et bien la rencontre d’Isaïe échappe à tous ces clichés, à toutes ces caractéristiques tellement humaines.

Ce que nous révèle ce texte, c’est que devant une telle Sainteté, nous prenons conscience de nos péchés et nous mesurons les progrès qui nous attendent…

Souvent, nous réduisons Dieu au rang de distributeur automatique de grâces que nous prions quand NOUS en sommes en galère et que nous oublions bien facilement le reste du temps.

Une rencontre comme celle d’Isaïe est possible pour chacun d’entre nous à condition que nous le voulions.
Elle bouleverse et elle nous aide à remettre les pendules de nos vies à l’heure.


La seconde lecture, c’est celle de Saint Paul…
Ce Saint dont je parlais il y a quelques instants, mais qui avant de devenir Saint a pourtant persécuté tant de chrétiens.

Lui aussi, le grand persécuteur, a un jour fait la rencontre du Christ.
C’était sur le chemin de Damas et l’histoire nous dit même qu’il en est tombé de cheval.
C’est à lui que le Christ ressuscité demande de le suivre…

Il a tout d’abord fallu à Paul accepter le fait que ce Christ, dont il combattait les disciples depuis bien longtemps, existait réellement et était vraiment ressuscité des morts.

Et immédiatement après, alors qu’il percute sans doute à l’horreur des persécutions qu’il mène depuis longtemps contre des innocents, il est appelé par ce même Christ à la suivre malgré toutes les horreurs qu’il a perpétrées.

Encore une rencontre bouleversante, puisque de ce jour, Paul a été l’un des plus grands témoins du Christ allant jusqu’à mourir pour lui.


L’Evangile d’aujourd’hui est celui de la pêche miraculeuse…
Dans ce texte le Christ appelle ses premiers disciples.
Il a besoin d’eux pour que la Parole puisse rejoindre tous les hommes.

Pour cela, au lieu de s’adresser à des puissants, des notables ; il décide de s’adresser à de simples pécheurs…  

Nous connaissons tous cette histoire…
Des pécheurs qui ont travaillé toute une nuit sans rien prendre et qui, d’un coup, parce qu’ils ont accepté de remettre à l’eau leurs filets sur la demande de Jésus, prennent tellement de poissons qu’ils ne savent plus comment faire pour le ramener… Ils sont obligés de faire appel à d’autres pécheurs…

Toute une symbolique…
Une fois de plus avec peu, Le Christ donne beaucoup…
Les résultats vont au-delà des espérances des disciples et de fait ils se mettent à suivre le Christ…

Ils comprennent qu’avec lui ils ne manqueront de rien…
Tout d’abord, ils ne manqueront pas, très basiquement, de poisson pour eux-mêmes et pour nourrir leurs familles, mais ils savent très bien, même si ce ne sont que de simples pécheurs, qu’au-delà de ce geste cet homme nommé Jésus, va les emmener vers un destin hors du commun, un destin qui les conduira à porter la Parole de Dieu bien au-delà de toute espérance.


Et bien aujourd’hui c’est à notre tour.
C’est à nous que Dieu s’adresse aujourd’hui,

C’est à chacune et chacun d’entre nous qu’il se révèle le Dieu trois fois Saint,  le Dieu qui peut changer une vie du tout au tout, le Dieu qui demande si peu et qui ne cherche qu’à beaucoup nous donner.

Chacun d’entre nous est envoyé pour être pécheur d’hommes…
Mais ne nous y trompons pas : cette pêche n’a rien à voir avec une capture comme quand il s’agit de poisson…

Cette pêche est plutôt un sauvetage.

Nous sommes en quelques sortes invités à nous jeter à l’eau pour ramener à Dieu celui ou celle qui risque de se noyer.

Mais il ne faut pas oublier que sans Jésus nos filets resteront vides…

Qu’est ce que je veux dire par là ?

Et bien simplement que tout ce que nous faisons dans l’Eglise, nous ne devons pas le faire pour nous…

Le « service » c’est ce que nous faisons pour les autres quand ils en ont besoin et non ce que nous voulons bien faire quand ca nous arrange pour notre propre gloire.

Jeanne d’Arc disait « Messire Dieu premier servi ! »
Et bien il doit en être de même pour nous.

Quel que soit le combat que nous ayons à mener…
Quel que soit le service dans lequel nous nous engageons, nous devons toujours le faire en mettant Dieu au centre…

Si nous abandonnons la prière…
Si nous abandonnons les Sacrements à commencer par la Sainte Eucharistie…
Alors nous nous priverons de la source de notre foi et très vite nous dériverons…
Alors très vite nous perdrons de vue la volonté de Dieu pour ne faire que la notre…

Le Christ nous invite à nous rapprocher de lui, à nous raccrocher à lui…
Si nous agissons ainsi, alors peu nous importeront les difficultés de nos vies car le seigneur remplira nos filets à nous aussi.

Amen.