dimanche 26 février 2012

2012-02-26 - B - Jésus au début de sa mission - Mc 1, 12-15

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit le pousse au désert. Et dans le désert il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.
Après l'arrestation de Jean Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. »

Et nous voici à nouveau au premier dimanche de carême…

Depuis mercredi nous sommes entrés dans cette période de quarante jours qui précèdent Pâques, cette magnifique fête qui met en avant le fondement de notre foi : La résurrection de Jésus Christ !

Mais nous n’en sommes pas encore là.

Il nous reste encore 37 jours de carême.

Nombre de personnes, des chrétiens très avertis même, ne savent cependant pas réellement ce qu’est ce carême.

Trop souvent il n’est associé qu’à une période de privations, de jeûne, de sacrifice, de mortification parfois…

Est-il réellement nécessaire de souffrir pour vivre réellement le Carême ?

Parfois même, certains le comparent au Ramadan des musulmans.

Mais le Carême n’est pas le Ramadan.

Pour comprendre en quoi consiste le Carême, le vivre réellement et en retirer tous les bienfaits, il faut en revenir aux écritures.

Les textes de ce jour s’y prêtent tout particulièrement.

La première lecture, cet extrait du livre de la Genèse, nous rappelle que c’est Dieu qui souhaite faire alliance avec nous.

Même quand nous nous convertissons, même quand nous nous tournons vers Dieu pour faire sa volonté, nous ne faisons que répondre à SA volonté de faire alliance avec les hommes.

Dans le texte de la première lecture, Dieu a le souci de communiquer avec l’humanité. Il nous confirme cette volonté de faire alliance avec nous.

Il est Dieu dans sa perfection et son unicité. Il sait que l’homme est pécheur mais parce qu’il aime l’humanité, il veut s’allier avec elle pour la rendre meilleure chaque jour.

Le Christ lui-même le dira : « Je ne suis pas venu pour les bien portant ni pour les justes mais pour les malades et les pécheurs ».

Par ces paroles, il prolonge en quelque sorte, il rappelle lui aussi la volonté d’alliance de Dieu avec les hommes, avec tous les hommes.

Et après cette première lecture, les psaumes nous confirment que Dieu n’est pas hors d’atteinte… Il est le Dieu auquel chacune et chacun d’entre nous peut s’adresser, que chacune et chacun d’entre nous peut prier, ce Dieu dont nous pouvons demander de l’aide pour devenir meilleurs et nous guider vers lui.

A son tour Saint Pierre intervient par la seconde lecture et nous confirme que c’est par le Christ que nous sommes sauvés.

Avec Saint Pierre nous apprenons que plus personne ne peut être prisonnier de la mort.

Mais attention, car ce texte nous apprend aussi que Dieu ne peut pas nous sauver si nous ne le voulons pas.

Etre baptisés, nous dit le texte, c’est nous engager à la suite du Christ. Ceux qui veulent réellement être sauvés et qui essayent de caler leur vie sur celle du Christ, ceux-là seront sauvés, ceux-là SE seront sauvés …

Et nous en arrivons à l’Evangile… Cet Evangile de Marc qui nous parle du désert dans lequel Jésus resta quarante jours.

Dans la vie du Christ, ce désert est une étape entre son baptême et le début de sa vie publique.

Cet épisode, ces QUARANTE jours au désert, ne sont d’ailleurs pas sans nous rappeler les QUARANTE années que le peuple d’Israël a passé au désert après avoir été libéré de l’emprise de pharaon et avant de trouver la terre promise.

Et tout comme pour le Christ, ces quarante jours ne s’étaient pas passés sans que Satan ne se manifeste.

Il avait tenté le peuple d’Israël par tous les moyens ; Souvenez-vous du veau d’or, cette idole qui était le symbole de la division au sein même du peuple élu.

Même si Saint Marc ne nous le décrit pas ici, chacun d’entre nous sait très bien que dans le désert, le Christ lui-même avait été tenté par Satan…

Quand on écoute ce texte, on a l’impression que le Christ est poussé au désert par l’Esprit, on a l’impression que ce désert est un passage obligé pour le Christ.

A n’en pas douter, ce désert est un passage obligé pour chacun d’entre nous.

Il y a toujours un passage pour aller du péché vers Dieu et c’est sans doute pendant ce passage que, comme le peuple d’Israël nous sommes les plus vulnérables…

Ce sont ces passages de nos vies ou nous prenons le courage que nous remettre en question où Satan nous attaque pour tenter de nous faire rebrousser chemin…

Souvenez-vous de ce passage de l’Evangile ou le peuple Hébreu récriminait contre Dieu. Ils en arrivaient même à regretter le temps où ils étaient sous le joug de Pharaon parce que, disaient-ils, en Egypte au moins, ils mangeaient à leur faim. Sans l’aide de Dieu, il est fort probable que nombre d’entre eux auraient fait demi tour.

Il en est de même pour chacun d’entre nous. Et quand les efforts pour aller vers Dieu nous semblent trop difficiles, quand par exemple nous sommes décriés pour les positions que nous prenons en tant que Chrétien, il est sans doute plus facile de faire machine arrière, de nous en retourner à nos petites occupations que de continuer à défendre nos positions.

Dans ce cas là, c’est de Dieu seul que peut nous venir le courage de continuer notre transformation.

Ce courage peut se manifester dans la présence des personnes qui nous entourent, ce courage peut se manifester dans un nouvel élan que nous semblons trouver, mais il vient toujours de Dieu, ce Dieu de la première lecture qui a, une fois pour toute, fait alliance avec nous et qui, quoi qu’en pourront dire certains, ne laisse jamais tomber un de ses enfants quand il crie vers lui.

Vous l’aurez compris, ce Carême qui commence est un chemin de conversion, un chemin que nous CHOISISSONS de faire librement vers Dieu.

Et si nous choisissons de nous imposer quelques privations, si nous décidons de pratiquer quelques journées de jeûne, c’est pour permettre à notre esprit de nous libérer des superflus de nos vies pour pouvoir mieux nous consacrer à Dieu, pour pouvoir mieux nous mettre à son écouté.

Laissons-le-nous guider sur les chemins du bonheur !

Je ne parle pas là des bonheurs matériels de notre monde, il y a fort à parier que Dieu ne nous apportera ni la gloire, ni la fortune au sens où l’entend notre humanité.

C’est notre pauvreté qui fera notre richesse… Cette pauvreté de cœur que nous apprendrons à avoir avec Lui, cette pauvreté de cœur qui nous aidera à remplir notre mission de chrétien en nous mettant au service de celles à qui Dieu nous demande de transmettre Son Amour, cette pauvreté de cœur qui nous permettra de nous mettre réellement à son écouté et de contribuer ici bas à l’avènement de son royaume.

Amen

dimanche 19 février 2012

2012-02-19 - Guérison d'un paralysé, signe du pardon des péchés - Mc 2, 1-12

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

Jésus était de retour à Capharnaüm, et la nouvelle se répandit qu'il était à la maison.
Tant de monde s'y rassembla qu'il n'y avait plus de place, même devant la porte. Il leur annonçait la Parole.
Arrivent des gens qui lui amènent un paralysé, porté par quatre hommes.
Comme ils ne peuvent l'approcher à cause de la foule, ils découvrent le toit au-dessus de lui, font une ouverture, et descendent le brancard sur lequel était couché le paralysé.
Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : « Mon fils, tes péchés sont pardonnés. »
Or, il y avait dans l'assistance quelques scribes qui raisonnaient en eux-mêmes :
« Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? »
Saisissant aussitôt dans son esprit les raisonnements qu'ils faisaient, Jésus leur dit : « Pourquoi tenir de tels raisonnements ?
Qu'est-ce qui est le plus facile ? de dire au paralysé : 'Tes péchés sont pardonnés', ou bien de dire : 'Lève-toi, prends ton brancard et marche' ?
Eh bien ! Pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir de pardonner les péchés sur la terre, je te l'ordonne, dit-il au paralysé : Lève-toi, prends ton brancard et rentre chez toi. »
L'homme se leva, prit aussitôt son brancard, et sortit devant tout le monde. Tous étaient stupéfaits et rendaient gloire à Dieu, en disant : « Nous n'avons jamais rien vu de pareil. »

Voici un nouvel Evangile que nous connaissons bien.

Nous avons changé de chapitre par rapport à la semaine dernière, mais nous sommes immédiatement dans la suite de l’Evangile du lépreux que nous avons entendu dimanche dernier.

Dans cet Evangile, vous vous étiez peut-être étonnés que Jésus demande au lépreux de ne pas aller dire partout qu’il l’avait guéri.

Et cette semaine nous comprenons pourquoi.

Le lépreux, et d’autres sans doute aussi, ont tellement parlé de Jésus qu’il ne peut plus se trouver quelque part sans qu’on lui amène quelqu’un à guérir ou a exorciser…

C’était un risque… Jésus n’est pas toujours vu comme le Fils de Dieu mais comme un guérisseur et de fait la maison dans laquelle il se trouve est assiégée.

Le texte nous dit que Jésus leur annonçait la Parole, mais vous aurez remarqué que cela semble prendre bien peu de place par rapport à cette recherche de guérison qui animent celles et ceux qui viennent à lui.

Mais à bien y regarder, ne trouvez-vous pas que cela peut également ressembler à nos propres vies ?

Nous sommes parfois tellement entrain de vouloir que Dieu résolve tel ou tel problème de notre vie, que nous ne venons plus à lui que pour cela.

Dans ce cas là, tout comme probablement dans le cas de notre Evangile, nous ne sommes souvent totalement imperméables à Sa Parole, centrés sur nous-mêmes et nos problèmes personnels.

Mais heureusement il peut alors nous arriver ce qui arrive au paralysé du texte de Saint Marc.

Ce malheureux qui n’a apparemment plus l’usage de ses jambes est porté par quatre hommes qui veulent absolument l’amener à Jésus, pas à Jésus Fils de Dieu, mais à Jésus le guérisseur.

Ils sont tellement décidés qu’ils en viennent à démonter le toit de la maison pour faire descendre le paralysés sur son brancard jusqu’à Jésus.

Et le texte nous dit : « Voyant leur foi ».

Il ne s’agit donc pas de la foi du paralysé, mais bel et bien de celle des porteurs qu’il s’agit ; C’est grâce à eux que cet homme est sauvé.

Là encore le texte peut rejoindre chacune et chacun d’entre nous.

Il nous rejoint d’ailleurs à deux titres : Celui des porteurs et celui du paralytique.

Celui des porteurs parce qu’il appartient à chaque chrétien que nous sommes d’amener à Jésus dans la prière celles et ceux qui nous entourent et à plus forte raison celles et ceux qui souffrent.

Notre foi ne nous fait alors pas voir Jésus comme un guérisseur mais belle et bien comme le Fils de Dieu, celui qui enlève le péché du monde, celui qui dit au paralysé de notre Evangile « Mon fils, tes péchés sont pardonnés »

Mais il nous arrive à nous aussi d’être à la place de cet homme qui souffre.

Bienheureux sommes nous alors si nous avons autour de nous des porteurs, capables de démonter des toitures, des personnes qui vont nous confier au Christ dans la prière, certains qu’il pourra nous apporter son aide.

Souvent, quand nous perdons un être cher, notre entourage nous assure de ses prières pour notre défunt mais également pour nous.

Ce sont ces porteurs qui s’adressent à Dieu pour nous qui n’osons ou ne savons pas le faire en cette période de douleur.

Combien ne sommes nous pas alors, simplement parce que nous savons que les gens prient pour nous, combien ne sommes nous pas à ressentir un soulagement, un peu de chaleur.

Et cependant, tout le texte le sous-entend, Jésus n’est pas seulement un guérisseur…

Jésus est bel et bien le Fils de Dieu celui qui est venu pour enlever les péchés du monde.

Et s’il est venu enlever les péchés du monde c’est bien parce que c’est le péché qui est le premier des malheurs, de ces choses qui nous font tant souffrir.

Le paralysé du texte d’aujourd’hui, c’est chacun d’entre nous.

Au-delà de nos maux visibles, de nos handicapes, nos maladies, nos infirmités, c’est de notre péché que le Christ est venu nous libérer.

Chacun d’entre nous peut-être paralysé par la rancune, l’égoïsme, l’orgueil.

Nous devenons alors incapables de nous déplacer nous aussi, mais de nous déplacer vers les autres, incapables de les aimer, de partager avec eux de leur pardonner.

C’est alors, plus que jamais, que nous rejoignons la position du paralysé que nous présente Saint Marc ;

C’est alors plus que jamais que nous avons besoin que des porteurs nous amènent à Jésus…

Ces porteurs qui ont la capacité à voir que nous n’allons pas bien, ce sont nos familles, nos amis, les membres de notre communauté paroissiale, des voisins, etc… etc…

En nous portant dans leur prière, ils ont compris que seul le Christ peut alors nous libérer de ces péchés qui nous paralysent et nous rendent incapables d’aimer.

Dans les derniers paragraphes de l’Evangile d’aujourd’hui nous trouvons cette phrase « Prends ton brancard et rentre chez toi. »

Par cette phrase, Jésus remet les choses à leur place !

Il ne veut pas que l’homme dépende des objets… ce sont eux qui doivent dépendre de nous.

Jusque là cet homme était l’esclave de son brancard, cet objet dont il dépendait.

Désormais, c’est le brancard qui est remis entre les mains de l’homme.

La guérison de cet homme, c’est l’image de ce qui se passe quand Jésus nous remet nos péchés : Il nous libère de ce qui paralysait notre cœur, de ce qui nous empêchait d’aimer, de partager, de pardonner nous aussi…

Et tout à la fin de l’Evangile, nous pouvons lire « Tous étaient stupéfaits et rendaient gloire à Dieu, en disant ».

Quand nous sommes libérés de nos péchés, c’est avec toute la communauté chrétienne, que nous pouvons nous remettre en marche sur le chemin que le Christ nous a ouvert.

Nous devenons à nouveau disponibles aux appels de l’Esprit Saint. Le pardon des péchés nous rend libres pour aimer Dieu et avec lui tous les frères qu’il nous confie.

Amen

dimanche 12 février 2012

2012-02-12 - Guérison d'un lépreux - Mc 1, 40-45

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

Un lépreux vient trouver Jésus ; il tombe à ses genoux et le supplie : « Si tu le veux, tu peux me purifier. »
Pris de pitié devant cet homme, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. »
À l'instant même, sa lèpre le quitta et il fut purifié.
Aussitôt Jésus le renvoya avec cet avertissement sévère :
« Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre. Et donne pour ta purification ce que Moïse prescrit dans la Loi : ta guérison sera pour les gens un témoignage. »
Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte qu'il n'était plus possible à Jésus d'entrer ouvertement dans une ville. Il était obligé d'éviter les lieux habités, mais de partout on venait à lui.

L’Evangile de ce jour, nous rappelle combien la situation des lépreux était dramatique au temps de Jésus.

En raison de leur maladie, on les considérait comme des impurs…

Les croyances de l’époque faisaient d’eux des pécheurs qu’ils n’étaient d’ailleurs pas forcément.

Et toujours en raison de leur maladie, ils étaient considérés comme un danger dont il fallait absolument se protéger.

De fait, ils vivaient à l’écart des communautés, a l’écart de leurs propres familles.

De nos jours la lèpre n’est plus une raison d’exclusion et comme nous avons maintenant les moyens de la soigner, c’est même devenu une cause de générosité pour de nombreux pays.

Mais ce n’est pas parce que la lèpre est « sous contrôle » si on peut dire, que toutes les formes d’exclusion ont disparu, bien au contraire.

Quand on lit l’Evangile d’aujourd’hui, on s’aperçoit très vite que 2000 ans plus tard l’exclusion est toujours d’actualité.

2000 ans plus tard ce n’est plus à cause de la lèpre que l’on exclue les gens mais à cause d’autres maux.

Dans notre société qui ne pense qu’au profit à outrance, un homme ou une femme qui se retrouve au chômage perd bien souvent du même coup son emploi mais également ses amis, voir même parfois son droit d’exister.

De même quelqu’un qui est atteint du SIDA est bien souvent condamné sans appel et on le rejette en suspectant ses mœurs alors qu’il a peut être contracté la maladie lors d’une simple transfusion sanguine.

Que dire également de nos comportements vis-à-vis des personnes que nous voyons dans la rue et que malheureusement nous évitons bien plus souvent que nous les aidons.

L’Evangile que nous propose Saint Marc aujourd’hui, nous invite à changer nos comportements.

Cet Evangile nous montre Jésus au cœur des quartiers inhabités, de ces endroits où seuls les lépreux sont parqués entre eux.

Il ne craint pas d’aller à la rencontre des lépreux, ces lépreux qui sont les exclus de son temps.

Et bien sur un lépreux vient à sa rencontre. Il lui demande son aide ; il le supplie même en tombant à ses genoux.

Ce que la loi de moïse dit c’est qu’il faut s’éloigner des lépreux, les éviter à tous prix.

La lèpre est une maladie terriblement contagieuse, nous le savons tous.

Il suffisait de toucher un lépreux pour attraper la maladie soi-même.

Et bien là c’est le contraire… Jésus touche le lépreux et c’est le lépreux qui est purifié. L’Evangéliste fait exprès d’insister sur ce point.

Comme je l’ai dit tout à l’heure, notre époque aussi connait ses propres lèpres et ses propres lépreux.

Elles s’appellent chômage, cancer, sida, drogue alcoolisme, etc…

Il y a aussi des lèpres moins visibles, ces lèpres psychologiques qui font pourtant tout autant souffrir celles et ceux qui nous entourent… Divorce, solitude, etc… font aussi partie des lèpres de notre temps.

Mais rassurons nous, contrairement à la lèpre qui sévissait au temps de Jésus, nos lèpres à nous ne sont la plupart du temps pas contagieuses.

Rien ne dit donc que parce que nous nous approchons d’un sans abri, nous deviendrons sans abri nous-mêmes et je peux vous assurer qu’à nous rapprocher de personnes seules nous ne pourront que contribuer à ce qu’elles le soient moins.

Mais dans le monde où nous vivons, il faut parfois que nous nous fassions violence pour aller vers les autres.

Ce monde est tellement individualiste, tellement tourné vers le pouvoir des choses, tellement tourné vers la finance et la consommation pour soi, que l’AUTRE n’y a bien souvent pas sa place surtout si cet AUTRE est dans la souffrance ou la détresse.

En ce week-end santé, l’Evangile nous rappelle qu’à la suite du Christ nous sommes invités à aller à la rencontre de celles et ceux de ce monde qui sont dans la peine ou la souffrance.

Même si nous ne sommes pas tous capables d’aller donner un coup de main au sans abris de Calais ou de tendre la main à ceux d’entre nous qui se trouvent dans la rue, les possibilités d’aider ne manquent cependant pas.

Il existe autour de nous de très nombreuses associations caritatives qui seront toujours heureuses de nous accueillir pour venir en aide d’une manière ou d’une autre à nos frères.

Qui sait… Peut-être sommes nous des Sœurs Emmanuelle ou des Mères Térésa en puissance… Il suffit parfois de nous y mettre pour découvrir qu’un geste n’est pas aussi impossible qu’il pouvait nous paraître.

Jusqu’au bout le Christ a été à l’écoute des plus petits et des pauvres.

Sur la croix même il a réussi à sauver l’âme de ce larron qui était à ses côté et qui le suppliait de lui réserver une place dans Le Royaume !

Mais, je l’ai dit il y a quelques instants, ce n’est pas toujours facile de se mettre au service des autres…

La seule chose que Dieu nous demande, c’est de lui faire confiance comme le lépreux de notre histoire a fait confiance à Jésus.

Cette confiance peut tout changer.

Cette confiance peut nous guérir nous aussi.

Car après tout, si nous ne savons pas aller à la rencontre des autres si nous avons cette limite en nous, peut-être est-ce parce que nous aussi nous avons besoin d’être guéri par le Christ.

Notre mal s’appelle peut-être crainte du qu’en dira-t’on… s’occuper des autres dans un monde comme le notre n’est pas toujours bien vu…

Notre mal s’appelle peut-être crainte d’être bouleversé…

Plus grave parfois, ce mail s’appelle peut-être égoïsme…

Ce sont là aussi des maux que le Christ lui-même peut guérir en nous.

Tout comme le lépreux de notre Evangile, sachons ouvrir notre cœur avec confiance.

Laissons Dieu y faire sa demeure…

Laissons le nous guérir nous aussi pour qu’à notre tour nous puissions guérir la lèpre de nos frères et nos sœurs.

Amen

dimanche 5 février 2012

2012-02-05 - B - Une journée de Jésus au milieu des malades - Mc 1, 29-39

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En quittant la synagogue, Jésus, accompagné de Jacques et de Jean, alla chez Simon et André.
Or, la belle-mère de Simon était au lit avec de la fièvre. Sans plus attendre, on parle à Jésus de la malade. Jésus s'approcha d'elle, la prit par la main, et il la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait.
Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous les malades, et ceux qui étaient possédés par des esprits mauvais. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit toutes sortes de malades, il chassa beaucoup d'esprits mauvais et il les empêchait de parler, parce qu'ils savaient, eux, qui il était.
Le lendemain, bien avant l'aube, Jésus se leva. Il sortit et alla dans un endroit désert, et là il priait.
Simon et ses compagnons se mirent à sa recherche.
Quand ils l'ont trouvé, ils lui disent : « Tout le monde te cherche. »
Mais Jésus leur répond : « Partons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame la Bonne Nouvelle ; car c'est pour cela que je suis sorti. »
Il parcourut donc toute la Galilée, proclamant la Bonne Nouvelle dans leurs synagogues, et chassant les esprits mauvais.

L’Evangile d’aujourd’hui nous décrit une journée avec Jésus.

Elle commence à sa sortie de la synagogue où nous l’avons laissé dans l’Evangile de la semaine dernière.

C’était donc un jour de Sabbat, un jour pendant lequel il est sensé ne rien faire aux yeux de la loi, la loi de Moïse interprétée par les hommes.

En arrêtant pas d’enseigner, de guérir les malades de libérer les possédés les jours de Sabbat, Jésus n’est pas entrain de contrarier ouvertement les scribes et autres notables de l’époque, mais il est entrain d’affirmer qu’il est venu enseigner une loi nouvelle et différente de la loi de Moïse.

Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit…

Ce n’est pas parce que Jésus est venu affirmer une autre loi que la loi de Moïse n’était pas bonne.

Prendre une journée dans la semaine pour adorer Dieu est quelque chose qui ne peut que nous être profitables même des siècles après et à quoi nous sommes d’ailleurs également invités par Jésus lui-même.

Ce sont les nombreux préceptes ajoutés par les hommes que Jésus cherche à faire sauter…

Adorer Dieu : Oui, bien sur ; Mais en être réduit à ne presque pas lever le petit doigt le jour du Sabbat : non…

Mais revenons en la journée de Jésus que cet Evangile nous fait vivre.

Le texte nous dit qu’après avoir enseigné à la synagogue, Jésus, accompagné de Jacques et de Jean, alla chez Simon et André.

Malheureusement la belle-mère de Simon était malade. Elle avait de la fièvre.

Jésus n’attend pas…

Il la prend par la main et la fait se lever.

Aussitôt la fièvre la quitte et la voilà tellement en forme qu’elle peut même les servir.

Voilà bien une image de ce qu’est Jésus.

Tout comme la belle-mère de Simon, Jésus vient chercher chacun d’entre nous.

Il prend chacun d’entre nous par la main et nous aide à nous relever.

Nous sommes paralysés par nos péchés, nos limites et Jésus nous prend la main pour nous libérer et reprendre notre place dans le monde.

C’est une belle métaphore me direz-vous, une belle explication, mais ce n’est sans doute pas aussi évident qu’il y paraît.

Cela suppose déjà que nous commencions par reconnaître que nous avons des limites et que nous sommes pécheurs.

Dit comme ca, ca peut paraître facile… Mais je ne suis pas certain que nous soyons capables, dans le quotidien de nos vies, de nous reconnaître facilement pécheurs ou que nous acceptions de reconnaître que nous avons des limites au milieu du monde qui nous entoure.

Retrouver la main du Christ, accepter de le laisser nous relever de nos fautes, est beaucoup plus facile dans le cœur de nos célébrations que dans le quotidien de nos vies.

Mais c’est pourtant aussi là que nous devons apprendre à faire confiance à Dieu.

Ce dernier est certes présent dans les sacrements qui égrainent notre vie, mais il l’est également dans le quotidien de nos vies et ne demande qu’à prendre notre main.

Cette partie du texte nous invite à laisser en permanence notre main dans celle du Christ, sous entendu, à vouloir le reconnaître présent dans tous les moments de notre vie et à ne pas manquer de nous adresser à lui…

Sachons l’appeler quand nous avons besoin de lui.

Sachons lui confier les détails les plus insignifiants de nos vies.

C’est une habitude que nous prendrons, c’est cela ne pas lâcher la main du Christ.

Si on poursuit la lecture du texte on voit qu’après avoir guérit la belle-mère de Pierre, même le soir venu, Jésus est entouré de gens qui viennent de toute la ville et qui ont tous besoin d’être, d’une façon ou d’une autre, guéris et libérés.

Ce Jésus qui était proche des hommes et des femmes de son époque qui souffraient, l’est également des hommes et des femmes qui souffrent aujourd’hui, de toutes celles et ceux que la maladie atteint, de toutes celles et ceux qui n’attendent parfois plus grand-chose de la vie.

Parfois ces personnes, comme Job dans la première lecture, vivent ces douleurs avec révolte… « Pourquoi moi ? » « Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ? »

Il est difficile parfois, quand on est proches de celles et ceux qui souffrent de leur parler de Dieu.

Ensevelis tout entier dans la douleur de leur humanité, ils refusent bien souvent d’entendre parler de Dieu…

Et quand ils l’acceptent ils finissent souvent par nous dire soit qu’ils ne savent plus prier ou même qu’ils ne le veulent plus parce qu’ils ne croient plus.

Ils n’en sont pas moins des enfants de Dieu, des êtres auxquels Dieu tient tout autant qu’à nous, des hommes et des femmes à qui autant qu’à nous Jésus tend la main pour les sauver.

Il est de notre devoir de recréer le lien entre la main du Christ et celles de nos frères dans la peine.

Il est de notre devoir en pareil cas d’être les témoins discrets mais présents de l’Evangile.

L’Evangile nous dit ensuite que Jésus, bien avant l’aube le lendemain matin, s’était isolé dans un endroit désert pour prier.

Et nous ?

Quand arrivons-nous à nous retrouver dans le désert pour prier ?

Quand savons-nous aménager dans nos vies ces espaces indispensables à la prière ?

Comment pouvons-nous imaginer conserver l’énergie nécessaire pour remplir notre rôle auprès de nos frères, pour continuer à être les témoins heureux et rayonnants du Christ si nous ne nous ressourçons pas dans la prière ?

Quand nous prenons la voiture, nous mettons l’auro-radio…

Quand nous rentrons chez nous, nous allumons la télévision…

Même celles et ceux qui cherchent à se détendre en faisant du sport le font avec la musique dans les oreilles…

C’est à croire que les hommes de notre temps ont peur de rencontrer Dieu !

Quand aménageons-nous des temps de silence dans nos vies pour lui permettre de s’adresser à nous ?

La prière n’est pas un monologue de l’homme vers Dieu !

Elle est un dialogue entre Dieu et les hommes, un instant privilégié où nous pouvons tout remettre au Père et où ce dernier peut nous insuffler l’énergie et le courage de reprendre notre route dans le monde comme il le faisait avec Jésus dans l’Evangile d’aujourd’hui quand il remplissait sa mission sur les routes de Palestine.

Amen