dimanche 27 février 2011

2011-02-27 - A - Sermon sur la montagne. Confiance en Dieu notre Père - Matthieu - 6 - 24 à 34

Evangile selon Saint Matthieu 6, 24-34

Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Aucun homme ne peut servir deux maîtres : ou bien il détestera l'un et aimera l'autre, ou bien il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'Argent.
C'est pourquoi je vous dis : Ne vous faites pas tant de souci pour votre vie, au sujet de la nourriture, ni pour votre corps, au sujet des vêtements. La vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que les vêtements ?
Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils ne font pas de réserves dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux ?
D'ailleurs, qui d'entre vous, à force de souci, peut prolonger tant soit peu son existence ?
Et au sujet des vêtements, pourquoi se faire tant de souci ? Observez comment poussent les lis des champs : ils ne travaillent pas, ils ne filent pas.
Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n'était pas habillé comme l'un d'eux.
Si Dieu habille ainsi l'herbe des champs, qui est là aujourd'hui, et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de peu de foi ?
Ne vous faites donc pas tant de souci ; ne dites pas : 'Qu'allons-nous manger ? ' ou bien : 'Qu'allons-nous boire ? ' ou encore : 'Avec quoi nous habiller ? '
Tout cela, les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin.
Cherchez d'abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché.
Ne vous faites pas tant de souci pour demain : demain se souciera de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine.

« L’argent est un bon esclave mais un mauvais maître »
Voilà un adage bien connu qui s’adapte tout à fait à l’Evangile de ce dimanche.

Choisir entre Dieu et l’Argent c’est choisir entre Dieu et nous-mêmes…
Nous-mêmes et notre petit confort…
Le bien manger, le bien rouler dans une belle voiture, le bien habiter dans une belle maison, le bien habillé avec des vêtements de marque, le bien paraître aux yeux des autres…

Etre au service du dieu argent c’est se mettre au service d’une idole…
Et avoir des idoles c’est être esclave de ces idoles…

Avoir une belle voiture pour paraître, c’est prendre le risque d’en vouloir une plus belle quand notre voisin en aura achetée une lui aussi…

Quand nous vivons ainsi et que nous voulons posséder les choses, est-ce que finalement ce ne sont pas ces choses qui finissent pas nous posséder ?

Notre monde n’arrête pas de nous parler d’argent.
Tout est sacrifié sur l’autel de la rentabilité…
Le travail bien fait, les conditions de travail et finalement la santé physique, morale et même spirituelle des hommes et des femmes de notre époque.

Tout cela pourquoi ?

Pour faire des profits, de plus en plus de profits…
Des profits qui permettront aux plus chanceux ou aux plus avides d’entre nous, de s’acheter de plus en plus de choses, bien souvent sur le dos de moins chanceux que nous.

Et tous ces biens que nous aurons amassés, qu’en ferons nous le jour ou nous rejoindrons le Père ?
Nous les laisserons ici bas… car rien de tout ce qui est matériel ne nous est utile pour entrer dans le royaume de Dieu…

Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus nous invite à la confiance totale en Dieu…
Et le texte nous le dit :
- Notre Père nourrit les petits oiseaux même s’ils ne font aucune réserve
- Il habille l’herbe des champs mieux que Salomon lui-même
Alors pourquoi nous en faisons nous ?
S’il a tant de soins pour les oiseaux et l’herbe des champs il prendra bien plus encore soin de ses enfants que nous sommes.

« Ouais, il est bien gentil le diacre, mais si je ne travaille pas moi, ca va pas remplir mon frigo ! »

Et bien sur qu’il faut que nous travaillons pour vivre…

Nous avons été créés avec un cerveau et des bras pour dominer la terre et l’organiser en vue de notre bien et celui du monde…

Et cela nécessite bien entendu que nous relevions un peu nos manches.

Il faudra toujours des agriculteurs pour cultiver la terre, des éleveurs pour fournir la viande que nous mangeons, des maçons pour construire nos maisons, et tout un tas de métiers aussi nécessaires les uns que les autres à notre vie.

Nous devons donc travailler pour vivre et subvenir à nos besoins et à ceux de nos familles, c’est tout à fait naturel…
Il est par ailleurs également écrit dans la bible que celui qui ne travaille pas ne dois pas manger non plus…

Mais jamais l’Evangile ne nous dit qu’il faut travailler pour amasser et faire du profit…

Comment pouvons-nous nous consacrer à Dieu et à nos frères si nous passons notre vie à amasser et faire des profits ?

« Ouais, il est toujours aussi gentil le diacre, mais si je ne mets pas un peu de côté pour les études des enfants et pour ma retraite, ca m’étonnerait que ce soit lui qui me les paye… »

Il est tout à fait normal que nous pensions aux études de nos enfants ou même à notre retraite…

Ce que nous demande l’Evangile ce n’est pas de ne pas être prévoyant mais de ne pas amasser pour le plaisir d’amasser…

Je vous l’ai dit il y a quelques instants, dans cet Evangile, Jésus nous invite à la confiance.

Il nous invite à vraiment remettre la direction de nos vies à Dieu.
Tout est résumé dans ces mot du Notre Père : « Que TA volonté soit faite »…

Et pourtant nous sommes tous fait du même bois…
Même si nous disons ces mots avec la plus grande sincérité et la meilleure volonté du monde, à peine sortons-nous de l’église que nous cherchons à reprendre la direction de nos vies…

A peine sommes nous sortis de l’église que nous reprenons le cours de nos vies comme si la messe n’avait été qu’une parenthèse…

A peine sommes nous sortis de l’église que nous laissons à nouveau nos esprits filer vers nos préoccupations et essayer de résoudre toutes les difficultés de nos vies par nous mêmes…

Le meilleur moyen pour nous corriger, c’est de prendre l’habitude dans tout ce que nous faisons, dans le quotidien de nos vies, de nous en remettre à Dieu …

Et dans ce domaine, rien n’est trop petit ou trop simple pour être remis à Dieu…

Nous faisons nos courses au supermarché… remettons nous en à Dieu… Ce n’est jamais sans effet…
Nous conduisons les enfants à l’école, nous arrivons sur notre lieu de travail, nous préparons le repas, nous faisons nos comptes… remettons nous en à Dieu… Ce n’est jamais sans effet…

Dieu est présent dans chacun des moments de nos vies et si nous savons les lui remettre, il leur donnera un sens différent… Il nous aidera à prendre les orientations qui conduiront au bienêtre de chacun…

Et pour autant cette confiance ne nous évitera sans doute pas les peines et les douleurs de la vie…

Nous continuerons à être malade… Nous continuerons à avoir des fins de mois difficiles…

Mais si nous prenons l’habitude de remettre à Dieu les moments les plus anodins de nos vies, alors nous prendrons également l’habitude de lui remettre les moments douloureux…

Notre foi nous permettra alors d’aborder ces moments là sans stress, ou du moins en les relativisant pour nous éviter de nous y noyer.

Ceux d’entre nous qui en ont fait l’expérience vous le diront : Ils connaissent souvent alors la paix du cœur que promet Jésus…

Seigneur, nous qui voulons être tes enfants, aide nous à te confier chaque instant de notre vie sans chercher autre chose que notre juste bienêtre et celui ce ceux qui nous entourent…
Et quand les soucis nous accablent Seigneur, aide nous à nous en remettre totalement à toi…
Apprends-nous à nous libérer de tous nos esclavages et à être de réels témoins de ton Amour auprès de nos frères.

Amen.

dimanche 20 février 2011

2011-02-20 - A - Sermon sur la montagne. Aimez vos ennemis, soyez parfaits comme votre Père céleste - Matthieu - 5 - 38 à 48

Evangile selon Saint Matthieu 5, 38-48

Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Vous avez appris qu'il a été dit : œil pour œil, dent pour dent.

Eh bien moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l'autre.

Et si quelqu'un veut te faire un procès et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau.
Et si quelqu'un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui.

Donne à qui te demande ; ne te détourne pas de celui qui veut t'emprunter.

Vous avez appris qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.

Eh bien moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent,
afin d'être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes.

Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n'en font-ils pas autant ?

Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n'en font-ils pas autant ?

Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait.

Œil pour Œil et dent pour dent… Voilà une expression que nous connaissons bien et que dans notre monde nous mettons de plus en plus de zèle à appliquer.

Si quelqu’un nous fait du mal, quel soulagement, quel plaisir même parfois de lui rendre la pareille, voire plus d’ailleurs, pourquoi pas, ca fait tellement de bien…

Au départ pourtant, cette loi qui date de l’ancien testament était faite pour éviter les escalades, ces escalades qui conduisaient à faire payer au centuple un dommage subit.

Il n’y a qu’à regarder le monde qui nous entoure, à nos portes comme beaucoup plus loin, pour nous apercevoir que cette loi ne porte pourtant aucun fruit...

Chaque jour les médias nous abreuvent de nouvelles violences, chaque jour nous pouvons constater que cette loi de l’œil pour œil ne mène qu’à l’escalade de la violence…

Je te fais du mal… Tu me le rends avec un petit plus… Je te le rends à mon tour avec un nouveau petit plus et l’escalade est ouverte…

Et ne croyons pas que ces escalades ne se passent qu’en Tunisie ou en Egypte.

Elles existent également entre nous, dans nos communautés, sur nos lieux de travail, sur nos routes même.

Il n’y a qu’à regarder notre comportement au volant pour nous en convaincre…

Il suffit qu’un autre automobiliste nous fasse, même le plus involontairement du monde, un refus de priorité pour que nous nous enflammions…

Et je ne m’attarderai pas sur nos comportements au sein même de nos familles, de nos foyers…

Que de disputes pour des miettes laissées sur une éponge, une bouteille vide laissée trop longtemps sur une table, une vaisselle mal essuyée ou une course non faite ou encore un vêtement qui n’a pas rejoint assez rapidement le bac à linge…

Si nous ne devons pas cautionner l’escalade de la violence, il n’en faut pas pour autant laisser courir les malfaiteurs en tous genres.

Même si l’Evangile de la semaine dernière nous invitait à être meilleurs que la loi des hommes, cette dernière doit quand même s’appliquer pour toutes celles et ceux qui mettent en péril notre sécurité et celle de nos enfants.

Notre responsabilité de chrétien est aussi de les protéger.

Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus nous invite à ne pas ajouter la haine à la haine « Je vous dis de ne pas riposter au méchant »

Et il y va fort… Comment ne pas répondre à quelqu’un qui nous gifle ?

Comment ne pas réagir en lui rendant sa gifle ?

Comment en arriver à lui tendre en plus l’autre joue ?

C’est pourtant bien ce que nous demande Jésus…

Et pour cela il nous donne quelque chose de plus fort que la haine, il nous donne l’Amour de Dieu…

Pardonner à ceux que nous aimons… Quoi de plus naturel, quoi de plus facile…

Même ceux que nous classons dans le camp des méchants en font autant.

Quel mérite y a-t-il à cela ?

Pardonner à ceux qui nous font du mal c’est autre chose et plus la douleur ressentie est grande plus le pardon est difficile à offrir…

Pardonner peut alors nous sembler surhumain et Jésus est tout à fait d’accord avec nous.

Avons-nous tant d’orgueil que nous pensions systématiquement être capables d’arriver à tout faire seuls ?

Surhumain veut justement dire que ca dépasse l’homme…

Et qu’est-ce qui peut nous dépasser sinon Dieu…

Qu’est-ce qui peut nous dépasser sinon la mesure de l’amour qu’il a pour notre monde…

Et dans ce monde il n’y a pas que les gentils ; il y a aussi les méchants…

Avons-nous déjà imaginé qu’aux yeux de Dieu ces méchants sont peut-être des gentils en puissance ?

Qui sommes nous pour juger à la place de Dieu qui est bon ou mauvais, qui est gentil ou méchant ?

Qui sommes nous pour nous prononcer à la place de Dieu sur l’avenir de ceux que nous classons souvent trop rapidement dans le camp des mauvais et des méchants ?

L’Evangile nous le dit : «Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. »

Et pour permettre aux méchants de revenir dans le bon camp, permettre à ceux qui nous ont fait du mal de nous faire du bien, Jésus nous donne la recette, une recette tellement simple, tellement évidente, que nous ne la voyons pas alors qu’elle est elle aussi écrite dans cet Evangile : « priez pour ceux qui vous persécutent, afin d'être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux »

Une fois encore qui sommes nous pour juger à la place de Dieu ?

Lui, Il pardonne ! Il NOUS pardonne, à nous qui nous pensons dans le bon camp…

Et Il pardonne également à ceux qui sont dans le mauvais camp…

Comme nous ils peuvent être touchés par la grâce et chercher à se repentir…

Comme nous ils peuvent se tourner vers Dieu et lui demander de les pardonner…

Pour être vraiment les fils de notre Père qui est aux cieux, Jésus nous demande de prier pour ceux qui nous persécutent…

Prier pour que, comme nous le voulons pour nous-mêmes, ils ouvrent les yeux sur leurs fautes, qu’ils les reconnaissent et demandent au Père de les pardonner…

Et la grâce de Dieu dont je viens de parler pourra alors venir sur nous aussi et nous permettre de pardonner à notre tour.

« Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi… »

Amen.

dimanche 13 février 2011

2011-02-13 - A - Sermon sur la montagne. Surpasser la justice des Scribes et des Pharisiens - Matthieu - 5 - 17 à 37

Evangile selon Saint Matthieu 5, 17-37

Lecture intégrale

Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes :je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.
Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas une lettre, pas un seul petit trait ne disparaîtra de la Loi jusqu'à ce que tout se réalise.
Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le Royaume des cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera sera déclaré grand dans le Royaume des cieux.
Je vous le dis en effet : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le Royaume des cieux.
Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu'un commet un meurtre, il en répondra au tribunal.
Eh bien moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère en répondra au tribunal. Si quelqu'un insulte son frère, il en répondra au grand conseil. Si quelqu'un maudit son frère, il sera passible de la géhenne de feu.
Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande sur l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande.
Accorde-toi vite avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu'on ne te jette en prison.
Amen, je te le dis : tu n'en sortiras pas avant d'avoir payé jusqu'au dernier sou.
Vous avez appris qu'il a été dit : Tu ne commettras pas d'adultère.
Eh bien moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme et la désire a déjà commis l'adultère avec elle dans son cœur.
Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi : car c'est ton intérêt de perdre un de tes membres, et que ton corps tout entier ne soit pas jeté dans la géhenne.
Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi : car c'est ton intérêt de perdre un de tes membres, et que ton corps tout entier ne s'en aille pas dans la géhenne.
Il a été dit encore : Si quelqu'un renvoie sa femme, qu'il lui donne un acte de répudiation.
Eh bien moi, je vous dis : Tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d'union illégitime, la pousse à l'adultère ; et si quelqu'un épouse une femme renvoyée, il est adultère. Vous avez encore appris qu'il a été dit aux anciens : Tu ne feras pas de faux serments, mais tu t'acquitteras de tes serments envers le Seigneur.
Eh bien moi, je vous dis de ne faire aucun serment, ni par le ciel, car c'est le trône de Dieu,
ni par la terre, car elle est son marchepied, ni par Jérusalem, car elle est la Cité du grand Roi.
Et tu ne jureras pas non plus sur ta tête, parce que tu ne peux pas rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir.
Quand vous dites 'oui', que ce soit un 'oui', quand vous dites 'non', que ce soit un 'non'. Tout ce qui est en plus vient du Mauvais.

Lecture brève

Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Je vous le déclare : si votre justice ne surpasse pas celle des Scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il en répondra au tribunal. Eh bien moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère, en répondra au tribunal.
« Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Eh bien moi je vous dis : Tout homme qui regarde une femme et qui la désire, a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.
« Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : tu ne feras pas de faux serments, mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur. Eh bien moi, je vous dis de ne faire aucun serment. Quand vous dites : « oui », que ce soit un « oui », quand vous dites « non », que ce sont un « non ». Tout ce qui est en plus vient du mauvais.


« Si votre justice ne surpasse pas celle des Scribes et des Pharisiens vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux »

Dans un monde englué dans des rites plus nombreux et complexes les uns que les autres, Jésus ne remet pas en cause les anciennes lois mais invite ses contemporains à les dépasser.

Tous les exemples qu’il prend : Le meurtre, l’adultère, et bien d’autres encore sont autant de moyens pour illustrer ce qu’il veut dire.

Ne pas tuer !
Bien entendu qu’il ne faut pas tuer… Mais Jésus va plus loin…
Il met quasiment sur un pied d’égalité le fait de tuer son frère et celui de se mettre en colère contre ce dernier.

Ne pas commettre l’adultère !
Bien entendu que ce n’est pas bien… Mais là encore Jésus va plus loin…
Il précise que l’adultère n’est pas seulement un acte mais déjà une pensée…

Dans la version longue de cet Evangile, Jésus prend d’autres exemples encore pour illustrer d’avantage l’enseignement auquel il veut nous sensibiliser.

Je voudrais ici reprendre un des passages de cette version longue :

« Lorsque tu vas présenter ton offrande sur l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. »

Au travers de ce nouvel exemple, Jésus exhorte ses contemporains à ne pas rester bloqués par des rites du corps mais à vérifier avant d’y satisfaire, que tout est en ordre dans notre conscience.

Jésus procède ainsi dans chacun de ses enseignements.
Il donne moult détails ou il utilise des métaphores de son temps pour permettre à ceux qui l’entourent de comprendre que le royaume de Dieu n’est pas accessible en suivant les lois des hommes à la lettre, mais en mettant ses actes en accord avec les valeurs les plus profondes.

Ces détails et ces métaphores ont traversé le temps…
2000 ans après Jésus c’est à nous aujourd’hui qu’ils s’adressent…

Il nous arrive de croire, à tort ou à raison, que le monde de notre époque est plus dur, plus cruel, plus violent que celui de Jésus…

Pour ma part, je pense qu’il n’est ni pire ni meilleur… Il est différent…
Ce monde a connu beaucoup d’évolutions dans des domaines aussi divers que celui de la santé, des technologies, et bien d’autres choses encore…

Et pourtant 2000 ans après le Christ il y a toujours des lois pour tenter de régir la vie des hommes, des lois qui ont-elles aussi changé…

Aujourd’hui il est possible de divorcer au grand jour en toute légalité…
Aujourd’hui, en France, il est possible de pratiquer un avortement en toute légalité…
Aujourd’hui il est tout à fait possible, là encore en toute légalité, de donner la vie grâce à la fécondation in vitro… En oubliant au passage dans l’azote les embryons qui n’auront pas été « sélectionnés » ceux qui n’ont pas, comme on dit aujourd’hui de projet parental.

Et demain ?

Sera-t-il possible LEGALEMENT de choisir le sexe de son enfant, la couleur de ses yeux là encore en sélectionnant l’embryon qui survivra aux autres ?

Sera-t-il possible LEGALEMENT, comme on l’évoque en ce moment dans les médias, de donner la vie à des bébés médicaments, des enfants qui seront mis au monde presque simplement pour « réparer » le corps d’autres enfants malades ?

Sera-t-il possible, toujours LEGALEMENT, de pratiquer l’euthanasie et de mettre fin à une vie parce qu’on aura estimé qu’elle est arrivé à son terme ?

Entendons nous bien, je suis le premier à être heureux des progrès que fait la médecine.
Chaque fois qu’une vie est sauvée parce qu’une avancée médicale a été réalisée, c’est une excellente nouvelle ;

Et en ce dimanche de la santé, s’il nous faut bien évidemment nous engager auprès de tous ceux qui souffrent, il nous faut aussi rendre un très grand hommage à toutes celles et ceux qui sont présents auprès des malades…

Je pense à tous les bénévoles ou tous les personnels médicaux, mais je pense aussi à tous les chercheurs qui dans leur labos contribuent chaque jour à mieux nous soigner.

Mais ce n’est pas parce que notre monde promulguera des lois sur la bioéthique, l’avortement, l’euthanasie ou dans tout autre domaine, qu’elles seront toujours acceptables.

Ces lois ne doivent pas être le rempart derrière lequel nous nous réfugions pour justifier des actes que notre conscience réprouve…

Car c’est bien là que Jésus nous attend…

Il nous invite, comme il le faisait pour les hommes de son temps, à ne pas nous contenter des lois humaines pour justifier nos actes…

Notre conscience doit primer…
Notre conscience doit être plus exigeante que lois…
S’il ne faut peut être pas en arriver à les transgresser, il ne faut cependant pas non plus en arriver à se cacher derrière elles pour justifier des actes que notre conscience, que notre fort intérieur, réprouvent.

Quand nous dirons « Oui » que ce soit un vrai « Oui » et quand nous dirons « Non » que ce soit un vrai « Non » nous dit l’Evangile…

Ce que ce la veut dire c’est que Notre « Oui » ou notre « Non » doivent mettre en accord nos actes et notre conscience…

Nous ne pouvons pas penser que quelque chose est mauvais, et pourtant lui dire « Oui » simplement parce qu’une loi humaine le permet…

Et quand nous disons « Non » qu’il soit lui aussi en accord avec notre conscience…

Quand un acte est permis par une loi, mais que notre conscience le réprouve, sachons trouver en Dieu la force de prononcer ce « Non » haut et fort plutôt que de nous ranger au « Oui » des lois humaines simplement parce qu’une poignée d’hommes aura trouvé que cela représente un soi disant progrès.

Veiller à ce que la conscience des hommes et leurs lois soient en accord les unes avec les autres ; voilà ce qui permettra à l’humanité de se rapprocher du royaume des cieux.

Amen.

dimanche 6 février 2011

2011-02-06 - A - Sermon sur la montagne. Le sel de la terre et la lumière du monde - Matthieu - 5 - 13 à 16

Evangile selon Saint Matthieu 5, 13-16

Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur dit : « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n’est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent.
« Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour le mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les bommes : alors, en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. »

Du sel et de la lumière.
Voilà de quoi nous parle l’Evangile de ce jour…
Voilà ce à quoi nous compare le Christ dans son enseignement.

Allons dans l’ordre de l’Evangile et commençons pas le sel.

Chacune et chacun d’entre nous sait combien cet ingrédient est indispensable à la réussite d’un plat en cuisine.

Qu’il s’agisse de légumes, de viandes, de pâtes ou de tous autres aliments, ne dit ont pas qu’ils voient leurs saveurs se révéler quand ils sont correctement salés… Ni trop, ni trop peu…

Vous pouvez le mettre au début ou en milieu de cuisson, et le laisser petit à petit s’attacher aux aliments et les aider à révéler toute leur saveur ; Ou le rajouter plus tard, une fois que le plat se trouve dans votre assiette pour en avoir le goût immédiat sur la langue.

Ce sont tous ces petits grains qui se sont dissout dans l’eau, tous ces petits grains que nous ne pouvons plus voir, qui ont donné son goût à ce plat que nous dégustons.

Mais chacun d’entre nous sait également que si ce sel a trainé dans sa boîte pendant trop longtemps, s’il a pris l’humidité ou la poussière, si personne ne s’en est servi, si personne n’en a eu besoin, il a perdu son goût et sa capacité à révéler les aliments.

Il n’est plus alors bon à rien et il vaut mieux le jeter à la poubelle.

Et bien c’est à ce sel que Jésus compare les personnes auxquelles il s’adresse, mais ce qui était vrai pour eux à cette époque est encore vrai pour nous aujourd’hui.

Nous sommes le sel de la terre…

Nous sommes à notre tour chargés de transmettre La Parole à celles et ceux qui nous entourent pour les aider à se révéler, les aider avec leurs talents, leur saveur, à porter eux aussi le message d’espoir que nous a transmis le Christ.
Nous aurons alors, chacun à notre place, en fonction de nos capacités, à notre mesure, ni trop, ni trop peu, contribué nous aussi à l’avènement du Royaume…

Et peu importe que nous nous mettions en route au début ou à la fin de notre vie, que nous soyons en début ou en fin de cuisson…

Le plus important est que nous ne laissions pas passer notre vie sans porter La Parole de Dieu à celles et ceux qui nous entourent, celles et ceux vers qui le Christ nous envoie et qui ont tant besoin de Le voir se révéler dans leurs vies.

Quelle que soit notre action, aussi petite soit qu’elle puisse nous sembler, elle sera à l’image des grains de sels…
Malgré sa taille, malgré le fait qu’elle se dissipe comme les grains de sels dans la cuisson, elle donnera du goût, de la saveur, au monde qui nous entoure.

Peu importe, disais-je, que nous nous mettions en route au début de notre vie ou plus tardivement, mais par contre il ne faut surtout pas « oublier » de nous mettre en route, sinon, à l’image de ce sel qui se dénature et qui ne sert plus à rien, nous aurons perdu notre vie…

Le sel ne donne de saveur que si on s’en sert…
Si on le garde dans une boîte sur une étagère, aussi bon soit-il, quelle qu’en soit la qualité, il finit par se dénaturer au point que nous finissions par le jeter.

Et bien nous sommes tout à l’image de ce sel… Si nous n’utilisons pas les talents que nous a donnés Dieu, ou si nous les gardons pour nous en pensant posséder un don unique qu’il ne faut pas laisser perdre, alors il ne servira à rien… Tout comme le sel il aura été gâché…

Et la lumière me direz-vous ?
Quelle métaphore va-t-il bien pouvoir trouver à nous raconter ?

Jésus nous dit que nous sommes la lumière du monde…

Si vous avez des enfants ou des petits enfants, ou si vous vous souvenez de votre enfance, vous savez que quand on est petit, quand on commence à avoir la notion du jour et de la nuit, on est parfois craintifs au moment de s’endormir dans le noir…

Combien de vos enfants et petits enfants n’ont-ils pas besoin d’une veilleuse pour s’endormir ? Cette petite lumière qui les rassure… Qui leur tient chaud à l’esprit… Cette petite lumière qui, par la paix qu’elle leur apporte leur permet de s’endormir sans crainte…

Et il n’est pas question de l’arrêter, de la cacher, sinon la peur revient et l’enfant ne s’endort pas…

Il nous est arrivé à tous de nous retrouver dans le noir suite à une panne de courant…

Et que fait-on en pareil cas : On allume des bougies…
On en cherche d’abord partout dans la maison et on les allume les unes après les autres en les répartissant dans les pièces pour tenter de les éclairer un peu…

Et quand on fait cela est-ce qu’on se contente de poser les bougies sur les tables ? bien sur que non, au contraire : on les met le plus haut possible pour permettre à chacun dans la maison d’en profiter au maximum… La lumière, comme nous le dit l’Evangile « brille pour tous ceux qui sont dans la maison ».

Si le noir représente ce qui est triste, la lumière représente par contre la joie et le bonheur… La lumière représente ce qui est bon…

Le noir est source d’inquiétude alors que la lumière nous permet de nous sentir bien, rassuré…

La lumière c’est ce qui est bien… et ce qui est bien doit être montré…
Une lumière qui serait cachée, aussi puissante soit elle, ne servirait à rien !

Le Seigneur nous invite ici ne pas hésiter à être des témoins de Dieu en montrant à ceux qui nous entourent, croyants ou non croyants, combien le fait de se mettre en route pour Lui conduit au bien…

Mais attention, une lumière qui brille trop peut nous éblouir et finir par nous aveugler…
Chacun de nous n’est pas fait du même bois…
Chacun d’entre nous avance à sa propre vitesse…
Chacun de nous reçoit Dieu à SA mesure…
Il faut faire attention à ne pas bousculer celles et ceux qui nous entourent en leur assénant des vérités… NOS vérités…

Mais que cela ne nous empêche pas de mettre nos talents au service de Dieu pour nos frères…

Une fois encore, garder nos talents pour nous en pensant posséder un trésor ce serait les gâcher, ce serait mettre la lampe sous le boisseau…

Qu’il s’agisse de Sel ou de Lumière l’Evangile de ce jour nous invite à laisser parler nos talents au service de nos frères, à la construction du royaume…
Il nous invite surtout à ne pas gâcher ces talents en les gardant pour nous ou ceux qui sont comme nous, mais en les révélant à tous.

A la fin de cette messe nous allons vivre le temps de l’envoie…
Par ce temps Dieu nous renvoie dans le monde pour vivre une nouvelle semaine parmi nos frères…
Il nous y envoie pour être ce sel et cette lumière dont nous venons de parler.

Amen.