dimanche 24 juin 2012

2012-06-24 - B - La naissance de Jean Baptiste - Lc 1, 57-66.80


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Quand arriva le moment où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils. Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait prodigué sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle.
Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l'enfant. Ils voulaient le nommer Zacharie comme son père. Mais sa mère déclara : « Non, il s'appellera Jean. » On lui répondit : « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! »
On demandait par signes au père comment il voulait l'appeler. Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Son nom est Jean. » Et tout le monde en fut étonné. À l'instant même, sa bouche s'ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu. La crainte saisit alors les gens du voisinage, et dans toute la montagne de Judée on racontait tous ces événements.
Tous ceux qui les apprenaient en étaient frappés et disaient : « Que sera donc cet enfant ? » En effet, la main du Seigneur était avec lui.
L'enfant grandit et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu'au jour où il devait être manifesté à Israël. 

Et encore une fois, dans ce temps ordinaire, voici une fête extraordinaire…

Aujourd’hui nous fêtons la naissance de Jean Baptiste.
Elle est inscrite six mois avant celle du Christ soit environ trois mois après l’annonciation à Marie.

La Sainte Vierge et Saint Jean Baptiste sont les deux saints dont on fête la naissance dans notre calendrier.
Pourquoi cela ?
Et bien simplement pour nous rappeler que leur vie à tous deux ne s’explique pas en dehors de la référence à Jésus.

Marie est née pour porter le Fils de Dieu et Jean Baptiste est né pour annoncer cette venue.

Cette histoire que nous présente l’Evangile s’inscrit dans une partie de l’Evangile de Saint Luc particulièrement riche.

Tout au début de ce chapitre un, c’était l’Evangile d’hier soir…
Zacharie se présente au temple pour prendre ce que nous appellerions aujourd’hui sa permanence. Il était prêtre et comme les autres prêtres, devait assurer une période de service du culte.

Alors qu’il se présente donc au temple, Zacharie est interpelé par l’Ange Gabriel qui lui annonce que son épouse Elisabeth, qui était stérile, allait enfanter un garçon.

Zacharie doute… Il est déjà âgé et son épouse aussi… La vie ne leur a accordé aucun enfant et même s’ils vivent tous deux dans les commandements de Dieu, Zacharie a cet instant de doute…

Il interroge donc l’Ange… « Comment vais-je savoir que cela arrivera ? »

C’est ce doute qui lui coutera sa voix jusqu’à la naissance de l’enfant que nous raconte l’Evangile d’aujourd’hui.

Toujours dans le même chapitre, s’ensuit l’Evangile de l’annonciation, par l’Ange Gabriel toujours lui, annonciation que chacun d’entre nous connaît bien…
Puis c’est l’Evangile de la visitation au cours duquel Elisabeth nous donne les premières paroles du « Je vous salue Marie » mais au cours duquel également, la Vierge Marie nous offre le Magnificat.

Et sur la fin de ce premier chapitre nous en arrivons enfin à la naissance de jean Baptiste que nous venons d’entendre.

Encore une fois… Ce temps dit « ordinaire » nous réserve de très belles surprises et n’a vraiment rien de si ordinaire que cela…

Zacharie a vécu tous ces évènements…
L’annonce de la naissance de son Fils…
La visitation de Marie…
Il a également sans doute entendu parler de la visite de l’Ange à Marie…

Et parce qu’il a vu, parce qu’il a participé à tous ces évènements, il a cru…

Et sa foi se manifeste par le fait qu’il accepte le nom de Jean pour son Fils…
Alors que de Père en Fils les hommes de l’époque portaient le nom de leur Père, Zacharie accepte que son Fils unique, celui qu’il a tant attendu et dont il attendait tant pour assurer sa descendance, et bien il accepte que cet enfant porte le nom qui lui a été donné par l’Ange Gabriel.

Mais au fait… pourquoi ce nom de « Jean » ?

« Jean » Signifie : « Dieu fait grâce » et c’est bien ce qui est arrivé car en leur donnant cet enfant tant attendu, Dieu fait grâce à Elisabeth et Zacharie…

Et Jean est né d’un homme qui s’appelait Zacharie ce qui veut dire « Dieu se souvient ».

Ces deux expressions : « Dieu fait Grâce » et « Dieu se souvient » sont très importantes pour nous.

Très souvent, c’était vrai à l’époque de Jésus mais ca l’est également à notre époque et peut être d’avantage d’ailleurs, les hommes et les femmes se demandent où est passé Dieu et même s’il ne les a pas abandonnés…

L’Evangile d’aujourd’hui nous redit que « Dieu se souvient »…
Il n’abandonne jamais l’humanité…
C’est souvent l’humanité qui l’abandonne Lui

C’est souvent l’humanité qui, en cessant d’aimer les autres comme Dieu les aime, c’est souvent cette humanité qui abandonne Dieu.

Comment l’Amour de Dieu peut-il se manifester à des hommes qui ont décidé de laisser les travers de leur humanité passer au dessus de l’amour ?

Nous sommes égoïstes, nous rejetons les autres, nous faisons ce qui est mal en sachant très bien que c’est mal ou tout du moins sans nous poser de question et ensuite nous nous étonnons que Dieu n’intervienne pas pour nous aider…

C’est bel et bien nous qui abandonnons Dieu… Et l’Evangile d’aujourd’hui est une nouvelle invitation à nous remettre en question.

Et Dieu fait grâce… A celles et ceux qui comme Elisabeth et Zacharie qui suivent ses commandements, Dieu apporte beaucoup.

Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit…

Les grâces de Dieu ne sont pas comme des bons points qu’il distribuerait aux bons élèves et aux bons élèves seulement.

C’est nous-mêmes qui nous punissons quand nous ne suivons pas les commandements de Dieu…

Mais pour tenter de vous faire comprendre cela, prenons une image que nous connaissons bien, celle de la route !

A l’approche d’un virage dangereux nous voyons bien le panneau qui nous l’annonce et savons fort bien qu’il faut ralentir.

Si nous ralentissons, nous passons ce virage sans difficulté et comprenons au passage le bien fondé de la signalisation et tout le bien être que nous pouvons retirer pour nous même mais également pour les autres à nous y conformer.

Si par contre, nous décidons de l’ignorer il est possible que grâce à notre habileté personnelle nous arriverons à passer le premier, le second et peut-être même le troisième virage sans encombre…
Mais il arrivera un jour où nous prendrons le décor et ce jour là, nous aurons beau regretter, nous aurons beau appeler tous les services de la voirie, ils ne pourront rien pour nous.
Nous payerons alors les conséquences de nos actes et ne serons malheureux que par notre faute.

Et bien il en va de même des commandements de Dieu…

Ce sont, si je puis dire, les panneaux indicateurs de notre vie de Chrétiens…

Si nous acceptons de les étudier, de faire de notre mieux pour les comprendre et les mettre en pratique, nous nous apercevrons par nous-mêmes du bien être qu’ils peuvent apporter dans notre vie et de leur bienfondé.

Mais si par contre nous les ignorons ou tentons de les contourner, si nous essayons de piloter notre vie de chrétien par nous même avec nos propres règles en ne comptant que sur notre habilité et bien il arrivera un jour où nous nous sentirons malheureux de ce qui nous arrive.

Rien ne sert alors de crier vers Dieu en lui demandant de nous aider…
Que peut faire Dieu si nous ne voulons pas réellement au fond de nous qu’il nous aide ?

Il n’y aura alors que la conversion sincère qui pourra nous permettre de nous en sortir.
Dieu nous aidera alors à remonter la pente pour retrouver le bonheur dans nos vies… Le chemin sera long mais Dieu ne nous abandonnera pas pourvu que nous acceptions enfin de le suivre.

C’est cette conversion à laquelle, tout au long de sa vie Jean Baptiste va inviter ses contemporains ; C’est cette conversion à laquelle il nous invite encore aujourd’hui.

Par Jean Baptiste en ce dimanche, Dieu vient à nous pour nous faire grâce…
Chaque jour et particulièrement chaque dimanche, il rejoint toutes les communautés et les invite à la conversion.

Tout comme elle fut celle de Jean Baptiste, notre mission est d’annoncer le Christ en aplanissant les montagnes d’égoïsmes qui nous entourent et en rebouchant les fossés de l’indifférence.
Dieu a besoin de nous pour nous rendre tous heureux.

Amen.

dimanche 17 juin 2012

2012-06-17 - B - Germination et croissance du règne de Dieu - Mc 4, 26-34


Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Parlant à la foule en parabole, Jésus disait :
« Il en est du règne de Dieu comme d'un homme qui jette le grain dans son champ : nuit et jour, qu'il dorme ou qu'il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D'elle-même, la terre produit d'abord l'herbe, puis l'épi, enfin du blé plein l'épi. Et dès que le grain le permet, on y met la faucille, car c'est le temps de la moisson. »
Il disait encore : « À quoi pouvons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole allons-nous le représenter ? Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences du monde. Mais quand on l'a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. »
Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de la comprendre. Il ne leur disait rien sans employer de paraboles, mais en particulier, il expliquait tout à ses disciples.

Le thème récurrent dans les trois textes de ce jour est l’espérance…
Et au travers de ces trois textes ce sont des communautés éprouvés auxquelles s’adressent successivement Ezéchiel, l’Apôtre Paul et Jésus lui-même par la bouche de Saint Marc.

Dans la première lecture tout va mal…

Les habitants de Jérusalem ont été déportés à Babylone et Ezéchiel lui-même a assisté à la chute totale de son pays.
Le peuple n’y croit plus et pense que tout est fini, que c’est la fin irrémédiable de leur religion.

C’est du fond d’un exil contraint que le prophète nous rapporte cette parabole du jeune rameau qui finit par devenir un cèdre, cet arbre énorme et puissant qui est capable de pousser dans des conditions parfois très difficile au point de finir par en abriter toutes sortes d’oiseaux.

Dans la seconde lecture les choses ne vont pas vraiment beaucoup mieux…

L’Apôtre Paul s’adresse à la communauté de Corinthe. Les chrétiens qui y vivent sont des exilés eux aussi mais ils gardent la foi grâce à Paul justement…
Ils savent qu’au retour du Seigneur ils auront à rendre compte de la façon dont ils auront vécue et transmis la Parole de Dieu.

Et dans le texte d’Evangile, c’est au tour de Marc d’aller dans le même sens.

La communauté qui l’entoure commence à trouver le temps long…
Voilà des années que le Seigneur est parti et ils attendent toujours que le règne de Dieu arrive…

Quand les persécutions vont-elles cesser ?
Quand le peuple des chrétiens va-t’il être reconnu ?
Quand va-t’il enfin pouvoir vivre en paix ?
Quand… Quand … Quand…
Quand le Seigneur va-t’il revenir pour établir son règle ?

Et du coup d’autres questions se font pressantes…

Faut-il encore croire et espérer en un Royaume fantôme ?
Ce Jésus après tout, peut-être n’était il qu’un homme comme les autres…
Alors, oui il a fait de belles choses, mais c’était il y a longtemps…
Dieu, s’il existe, aurait-il fini par nous abandonner ?

Mais ces questions que se posait la communauté qui entourait Marc, ces questions ne sont elles pas parfois les nôtre aujourd’hui ?

Les statistiques le montrent : Dans notre Pays les chrétiens sont de moins en moins nombreux…
Beaucoup de nos frères se demandent où est ce Dieu dont nous leur parlons…
Où est il et surtout que fait il quand on voit tant d’hommes, de femmes et d’enfants qui souffrir à travers le monde ?

Que fait-il pour empêcher d’agir les despotes que nous voyons sans cesse à la télévision et qui s’enrichissent d’avantage chaque jour sur le dos de peuples qu’ils sont pourtant sensés protéger ?

Dans notre pays même où est-il ce Dieu alors que tant d’hommes souffrent encore de maladie, d’isolement et que tant d’hommes et de femmes n’ont même pas un toit au dessus de leur tête ?

C’est l’Evangile de ce jour qui peut nous donner la réponse à toutes ces questions.

Le Christ utilise deux paraboles que nous connaissons bien mais dont nous ne percevons peut-être pas tout le sens.

La première nous parle d’un homme qui jette du grain dans son champ… Notez bien qu’on dit « jeter » et pas « semer »… L’homme le jette sans distinction et pourtant le texte nous dit que quoi que fasse cette homme, qu’il dorme ou qu’il se lève, sous entendu qu’il le travaille ou qu’il ne s’en occupe pas, la semence germe et grandit.

On nous dit même en parlant de l’homme qu’il ne sait comment cela se fait…

Et bien ces paroles étaient vraies pour la communauté qui entourait Marc et elles le sont également pour nous aujourd’hui.

Que nous cherchions ou non à travailler au royaume de Dieu…
Que nous cherchions à semer la bonne parole ou que nous la rejetions sans en prendre soin et bien le royaume de Dieu est belle et bien en « gestation » si je puis dire.

Si nous venons à la messe simplement pour nous donner bonne conscience et que nous retournons dans le monde sans nous y investir et en prenant bien soin de ne préserver que nos propres intérêts…

Si nous participons à la vie de notre Eglise pour nous occuper en nous appropriant des services plutôt qu’en les offrant aux autres…

Alors nous sommes semblables à cet homme qui jette la Parole de Dieu…
Nous ne contribuerons pas à son développement et peut-être même serons nous un frein… Mais comme l’homme de l’Evangile nous serons quand même étonnés de voir qu’elle continue à grandir et à se répendre.

Si nous agissons ainsi nous perdons le vrai sens de notre foi.
Si nous agissons ainsi nous sommes alors comme cet homme dont nous parle l’Evangile, qui rejette l’Amour de Dieu ce qui ne l’empêchera absolument pas de se réaliser… Mais sans nous !

Le message est à double tranchant…

Il dit à ceux qui ne veulent pas croire, qui ne veulent pas prendre la suite du Christ, voir même qui cherchent à démolir l’Eglise et à la réduire à néant,  que le royaume de Dieu continuera quand même à se développer.

Mais il est aussi un formidable message d’espoir pour toutes celles et ceux qui sont disposés à recevoir la Parole de Dieu et à faire de leur mieux pour la faire fructifier.

A ceux là, Dieu dit que rien de ce qu’ils font n’est perdu et que tout ce qu’ils font pour prendre la suite du Christ en se mettant au service de leurs frères, contribue à ce que la semence grandisse et grandisse jusqu’à devenir cet arbre de la seconde parabole.

Nos actions ont beau nous sembler aussi insignifiantes que la graine de moutarde, le Seigneur nous dit qu’elles contribuent à ce que le royaume de Dieu soit un jour aussi fort et puissant que cet arbre qui dépassera toute plante et à l’ombre duquel nombre de créatures pourront trouver le repos.

Non, travailler à l’avènement du royaume de Dieu n’est pas vain !
Non, aimer ses frères et faire de notre mieux pour les aider n’est pas passé de mode !

Amen.

dimanche 10 juin 2012

2012-06-10 - B - L’institution de l’Eucharistie, sacrement de la nouvelle Alliance - Mc 14, 12-16.22-26


Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l'on immolait l'agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour ton repas pascal ? »
Il envoie deux disciples : « Allez à la ville ; vous y rencontrerez un homme portant une cruche d'eau. Suivez-le. Et là où il entrera, dites au propriétaire : 'Le maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?' Il vous montrera, à l'étage, une grande pièce toute prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. »
Les disciples partirent, allèrent en ville ; tout se passa comme Jésus le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque.
Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit, et le leur donna, en disant : « Prenez, ceci est mon corps. »
Puis, prenant une coupe et rendant grâce, il la leur donna, et ils en burent tous.
Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, répandu pour la multitude.
Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu'à ce jour où je boirai un vin nouveau dans le royaume de Dieu. »
Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.

Cela fait maintenant deux semaines que le temps de Pâques est terminé et que nous sommes retournés au temps dit « ordinaire »…

Je voudrais m’arrêter quelques instants sur ce mot « Ordinaire ».

On a l’impression, parce qu’on est de retour dans ce temps « ordinaire », que plus rien de bien important ne s’y passe… et pourtant, en deux semaines de temps « ordinaire », nous venons de vivre deux fêtes ô combien importantes de notre Eglise.

La semaine dernière c’était la fête de la Sainte Trinité… Avouez que parler du Père du Fils et de l’Esprit Saint c’est tout sauf ordinaire…

Et aujourd’hui c’est la fête du Saint Sacrement. Là encore c’est d’un fondement de notre foi qu’il s’agit et du coup le mot ordinaire prend un tout autre sens.

Ce fameux temps ordinaire dure trente quatre semaines réparties dans l’année. Et loin d’être un temps ou ne se dérouleraient que des banalités, il est l’occasion d’un quotidien redécouvert et renouvelé.

Pendant cette période, nous sommes donc invités à redécouvrir, à renouveler, par notre participation à l’Eucharistie, le mystère de la mort et de la résurrection du Christ.

Et justement en ce dimanche, nous fêtons le Saint Sacrement que nous sommes invités, puisque nous sommes dans le temps ordinaire, à redécouvrir !

Mais de quoi s’agit il donc ?

Alors oui, nous le savons, c’est le Corps et le Sang du Christ que par notre foi nous voyons dans le pain et le vin que le Prêtre va consacrer dans quelques instants.

Mais ce pain et ce vin… Ce Corps et ce Sang du Christ, que représentent-ils réellement dans nos vies.

Ce sont les trois lectures de ce jour qui peuvent aider chacune et chacun d’entre nous à en trouver le sens dans nos propres vies.

Dans la première lecture nous sommes doucement préparés à cette réalité.

Ce texte nous montre le peuple hébreu qui, sous la conduite de Moïse, vient sceller l’alliance entre Dieu et son peuple avec du sang animal.

Comprenons le bien, ce n’est pas l’homme qui fait alliance avec Dieu mais bien l’inverse : C’est Dieu qui fait le premier pas et qui s’engage avec les hommes.

Et le rite du sang signifie que cette alliance, cet engagement, est définitif… « A la vie, à la mort… » comme nous disons parfois…  

Et en réponse à l’engagement de Dieu, les hommes s’engagent à rester fidèles à sa Parole.

Dans la seconde lecture, c’est de la nouvelle alliance dont on nous parle, cette alliance que le Christ lui-même vient sceller par sa mort sur la croix et sa résurrection.

Ancienne alliance… Nouvelle alliance… les choses se compliquent…
L’une serait elle à opposer à l’autre ?
Est-ce que parce qu’il y a une nouvelle alliance, l’ancienne doit être considérée comme périmée, bonne à être jetée à la poubelle ?

Et bien non, les deux ne s’opposent pas…
L’ancienne alliance était là pour annoncer une réalité bien plus grande : C’est Jésus qui par sa mort et sa résurrection porte le plein achèvement des rites de l’ancienne alliance.

A chaque Eucharistie, nous assistons en direct, au moment où Jésus nous donne sa vie !

Il y a parfois des choses plus difficiles que d’autres à comprendre dans notre foi… Ce sont ce que l’on appelle des mystères… Ces choses que l’on accepte de croire sans complètement les comprendre… par foi justement, parce que nous faisons confiance en Dieu qui nous aime.

Et bien l’Eucharistie fait partie de ces mystères…
A chacune d’entre elles, c’est le Christ lui-même qui nous fait à nouveau don de sa vie comme si c’était la première fois…

Et donc quand nous participons à l’Eucharistie, nous assistons encore et encore et encore au sacrifice que le Christ fait de sa vie, à ses souffrances, à sa mort sur la croix mais heureusement aussi à sa résurrection.

Nous assistons donc également en direct, à la victoire de l’amour sur la mort.

Le point d’orgue de ces trois textes se trouve dans l’Evangile.

Dans ce dernier, nous assistons au dernier repas du Christ vu par Saint Marc.
Dans quelques instants, le Christ va se livrer pour libérer l’humanité de tout ce qui l’éloigne de Dieu.

Cette mort, ce sacrifice que nous revivons à chaque Eucharistie, n’est pas seulement fait pour être adoré. Ce sacrifice nous est donné en nourriture…

C’est la que le mot « communion » prend tout son sens…
Le Christ se donne pour nous au travers de l’Eucharistie… et en communiant  à cette Eucharistie, en communiant avec Dieu, nous nous engageons à la suite de son Fils en lui offrant notre vie nous aussi…

Jésus accepte que son sang soit versé pour nous mais également pour la multitude.
Cela signifie donc que nous ne pouvons pas être en communion avec Dieu si nous ne le sommes pas avec nos frères et nos sœurs au préalable.

Cela veut dire qu’avant de vouloir communier avec le Christ il faut d’abord résoudre les éventuels problèmes que nous avons avec nos frères.
Il faut commencer par nous réconcilier avec nos frères avant de POUVOIR communier avec Dieu.

Ce sont là des mots qu’il faut « digérer » si j’ose dire… Des textes qu’il faut lire et relire, partager et repartager pour comprendre chaque jour d’avantage ce qu’ils veulent dire dans la vie de chacune et chacun d’entre nous.

Nous sommes tous invités à donner notre vie comme le Christ l’a donnée pour nous.
Mais « Donner sa vie » ce n’est pas nécessairement mourir au sens où nous l’entendons…
La crucifixion n’est pas toujours aussi physique que celle du Christ.

Chacune et chacun d’entre nous est invité à changer sa vie pour la mettre en conformité avec les exigences de l’Amour… L’amour de Dieu mais également l’amour de son prochain.

Aimer c’est donner et non pas prendre…
Quand on aime réellement quelqu’un, on est prêt à donner sa vie pour lui… Quand on aime réellement quelqu’un, on est donc prêt à s’oublier soi-même pour permettre à l’autre de se réaliser…

« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses frères ».

En ce dimanche nous fêtons le Saint Sacrement…
En ce dimanche nous nous tentons de nous approcher et de comprendre ce merveilleux mystère de l’Eucharistie, du don de sa vie que le Christ fait pour nous.

Qui d’entre nous pourra maintenant continuer à voir le temps que nous vivons comme un temps ordinaire ?

Amen.

dimanche 3 juin 2012

2012-06-03 - B - Evangile Le baptême au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit - Mt 28, 16-20


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
Au temps de Pâques, les onze disciples s'en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.
Jésus s'approcha d'eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde. »

Nous fêtons aujourd’hui la Sainte Trinité…
Aujourd’hui nous redisons, nous chrétiens, que nous croyons en Dieu, Père, Fils et Esprit Saint.

Nous croyons et pourtant nous savons tous que c’est un mystère qui dépasse notre imagination, qui dépasse notre capacité humaine.
C’est un mystère que nous pouvons passer une vie entière à tenter d’éclaircir sans jamais y arriver.

Pour illustrer ce que cela représente, je vais vous raconter une histoire, vraie ou pas peu importe, qui est attribuée à Saint Augustin.

Un jour qu’il marchait au bord de la mer, il priait en demandant à Dieu de l’aider à comprendre ce fameux mystère de la Sainte Trinité…

Et alors qu’il marchait au bord de l’eau, il rencontre un enfant qui, comme tous les enfants, avait fait un grand trou dans le sable.

Alors que Saint Augustin s’approche de lui, il le voit entrain d’y mettre de l’eau avec un coquillage.

Il lui demande ce qu’il fait et l’enfant de lui répondre qu’il veut mettre la mer dans ce trou.

Saint Augustin lui explique que c’est impossible et l’enfant de lui dire « J’aurai versé toute l’eau de la mer dans ce trou avant que tu n’aies compris le mystère de la Sainte Trinité »

La compréhension du mystère de la Sainte Trinité serait elle donc impossible ?

En fait elle est impossible dans notre système de mesure…
Nos yeux et nos méthodes humaines ne peuvent pas venir à bout de ce mystère.
La Sainte Trinité ne se mesure pas plus en mètres, qu’en litres ou en kilos… C’est un mystère qui dépasse ce que nos yeux peuvent voir, ce que le côté cartésien de nos cerveaux peut mesurer.

Pour connaître ce mystère, il nous faut le regard de la foi.
Il faut nous délester de toutes ces certitudes dont nous pensons qu’elles font notre richesse.
Pour pouvoir connaître le mystère de la Sainte Trinité il faut être pauvre de cœur, car c’est alors que nous savons nous mettre à l’écoute du Seigneur.

Lui, ne cesse de nous parler. Il n’arrête jamais de frapper à la porte de notre cœur.
Mais nous, toujours tellement occupés par les bruits et les occupations de ce monde, nous ne l’entendons souvent même pas.

Et pourtant Dieu est toujours là qui croit en nous plus que nous…

C’était déjà vrai au temps de Moïse.
Le peuple Hébreux a pu voir de ses propres yeux les actes de Dieu qui l’ont conduit en terre promise…
Et pourtant, j’allais presque dire à la première occasion, aux premières douleurs, c’est ce même peuple qui se détourne de Dieu.

Mais Dieu continue à aller vers son Peuple, c’est toujours Dieu qui fait le premier pas, et il continue à lui envoyer des témoins, des prophètes pour lui demander de se convertir.

Dieu nous aime tellement, qu’il finit pas nous envoyer son propre Fils pour nous faire entendre raison…

Et Jésus accueille tout le monde !
Il accueille les malades qu’il guérit et à qui bien souvent il rend également une dignité, et tout cela au nom de l’amour de Dieu.
Il accueille les pécheurs à qui il pardonne leurs péchés, toujours au nom de l’amour de Dieu.

Il donne tout l’amour de Dieu à tous ceux qui le souhaitent, et en retour les hommes de son époque le crucifient…

Et même sur la croix, il continue à aimer en demandant à Dieu de pardonner à ses bourreaux…

Et malgré cela, depuis, Dieu continue à se donner… Aujourd’hui encore il frappe à la porte de nos cœurs et nous supplie d’ouvrir…

Parfois nous l’écoutons en pardonnant nous aussi et en faisant tout ce que nous pouvons pour contribuer à ce que le monde qui nous entoure soit meilleur.

Mais parfois aussi, nous n’ouvrons pas… Parfois aussi, parce que nous cherchons à préserver égoïstement ce que nous avons ou tout simplement parce que nous baissons les bras devant l’indifférence et la méchanceté de certains dans ce monde, nous crucifions à nouveau nous-mêmes le Christ…

Paul saluait les Corinthiens par ces mots que nous connaissons tous «  Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, l’Amour de Dieu le Père et la Communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous »
C’est une des principales salutations du célébrant à la messe.

Toute la tendresse, la miséricorde, le salut, la fidélité, tout l’Amour de Dieu est dans cette salutation…

Combien de fois prononçons nous nous-mêmes cette phrase pour ceux qui nous entourent ?
Peut-être la disons-nous, de temps en temps, pour ceux qui nous sont proches et auxquels nous ne voulons surtout pas qu’arrive un quelconque malheur… Mais aux autres ?

A toutes celles et ceux qui ne partagent pas nos opinions et que nous regardons avec nos certitudes de détenir la vérité…

A toutes celles et ceux qui nous font parfois du mal et à qui nous ne voulons pas pardonner jusque dans nos propres familles parfois…

A toutes celles et ceux qui vivent dans la rue et devant lesquels nous passons rapidement pour les oublier le plus vite possible…

A toutes celles et ceux qui ne partagent pas notre foi et que nous qualifions plus volontiers d’hérétiques que de frères…

A toutes celles et ceux qui n’ont pas la même couleur de peau que nous et que bien trop souvent, même si nous nous qualifions de non racistes, nous regardons d’un œil condescendants…

A toutes celles et ceux qui ont fuit leur pays de peur d’y mourir et que, même si nous les plaignons, nous regardons bien plus souvent avec l’œil de la méfiance plutôt que celui de l’accueil…

La liste est longue et je pourrais la continuer encore un bon moment…
La liste est longue mais pour autant je ne veux surtout pas qu’elle vous accable…

Quand le Christ a envoyé les apôtres en mission il savait très bien qu’elle était démesurée par rapport à leurs forces humaines…

Et c’est pour cela qu’il leur a envoyé une force qui leur permettait de s’attaquer à cette mission, je veux parler de l’Esprit Saint.

C’est grâce à lui qu’ils ont pu remplir la mission que le Messie leur avait confié.
C’est grâce à lui qu’ils ont pu témoigner des merveilles de Dieu auprès de tous ceux qui ne le connaissaient pas.

Ca ne leur a pas évité de connaître la souffrance, la persécution, la prison et la mort aussi pour nombre d’entre eux mais grâce à cette présence de l’Esprit Saint, rien n’a pu les arrêter dans la transmission de l’amour de Dieu !

C’est ce même esprit que nous avons reçu au jour de notre baptême et pour nombre d’entre nous au jour de notre confirmation…

Il est là, en nous, prêt à nous guider…
C’est lui qui nous rend capable d’aimer de plus en plus à la manière du Père.
Et nous en avons forcément besoin pour aimer les autres, ceux dont je vous ai parlé il y a quelques instants et que nous n’aimons pas assez dans ce monde qui est le notre.

Le plus important pour y arriver c’est d’ouvrir notre cœur, notre volonté à accueillir cet Esprit que le Père nous envoie… C’est l’Esprit qui est en nous à qui nous devons nous confier pace qu’il est le Père, cet esprit qui nous aidera à dépasser nos limites, cet esprit qui ne nous demande que notre « Oui » et qui fera le reste.

Amen.