dimanche 28 juillet 2013

2013-07-28 - C - 17ème dimanche du Temps Ordinaire - Enseignements de Jésus sur la prière (Lc 11, 1-13)




17ème dimanche du Temps Ordinaire
Temps Ordinaire

 



1ère lecture : Abraham intercède pour la ville condamnée (Gn 18, 20-32)



Lecture du livre de la Genèse



Les trois visiteurs d'Abraham allaient partir pour Sodome. Le Seigneur lui dit : « Comme elle est grande, la clameur qui monte de Sodome et de Gomorrhe ! Et leur faute, comme elle est lourde ! Je veux descendre pour voir si leur conduite correspond à la clameur venue jusqu'à moi. Si c'est faux, je le reconnaîtrai. »
Les deux hommes se dirigèrent vers Sodome, tandis qu'Abraham demeurait devant le Seigneur.
Il s'avança et dit : « Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le pécheur ? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville. Vas-tu vraiment les faire périr ? Est-ce que tu ne pardonneras pas à cause des cinquante justes qui sont dans la ville ? Quelle horreur, si tu faisais une chose pareille ! Faire mourir le juste avec le pécheur, traiter le juste de la même manière que le pécheur, quelle horreur ! Celui qui juge toute la terre va-t-il rendre une sentence contraire à la justice ?»
Le Seigneur répondit: « Si je trouve cinquante justes dans Sodome, à cause d'eux je pardonnerai à toute la ville. »
Abraham reprit : « Oserai-je parler encore à mon Seigneur, moi qui suis poussière et cendre ? Peut-être, sur les cinquante justes, en manquera-t-il cinq : pour ces cinq-là, vas-tu détruire toute la ville ? » Il répondit : « Non, je ne la détruirai pas, si j'en trouve quarante-cinq. »
Abraham insista : « Peut-être en trouvera-t-on seulement quarante ? » Le Seigneur répondit : « Pour quarante, je ne le ferai pas. »
Abraham dit : « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère, si j'ose parler encore : peut-être y en aura-t-il seulement trente ? » Il répondit : « Si j'en trouve trente, je ne le ferai pas. »
Abraham dit alors : « Oserai-je parler encore à mon Seigneur ? Peut-être en trouvera-t-on seulement vingt ? » Il répondit : « Pour vingt, je ne détruirai pas. »
Il dit : « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère : je ne parlerai plus qu'une fois. Peut-être en trouvera-t-on seulement dix ? » Et le Seigneur répondit : « Pour dix, je ne détruirai pas la ville de Sodome. »
2ème lecture : La croix du Christ, source de notre vie (Col 2, 12-14)



Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens



Frère,
par le baptême, vous avez été mis au tombeau avec lui, avec lui vous avez été ressuscités, parce que vous avez cru en la force de Dieu qui a ressuscité le Christ d'entre les morts.
Vous étiez des morts, parce que vous aviez péché et que vous n'aviez pas reçu de circoncision. Mais Dieu vous a donné la vie avec le Christ : il nous a pardonné tous nos péchés.
Il a supprimé le billet de la dette qui nous accablait depuis que les commandements pesaient sur nous : il l'a annulé en le clouant à la croix du Christ.


Evangile : Enseignements de Jésus sur la prière (Lc 11, 1-13)



Alléluia. Alléluia.

Animés par l'Esprit qui fait de nous des fils, nous appelons Dieu : Notre Père.

Alléluia (cf. Rm 8, 15)



Évangile de Jésus Christ selon saint Luc



Un jour, quelque part, Jésus était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean Baptiste l'a appris à ses disciples. »
Il leur répondit : « Quand vous priez, dites :
'Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne.
Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour.
Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes nous pardonnons à tous ceux qui ont des torts envers nous.
Et ne nous soumets pas à la tentation.' »

Jésus leur dit encore : « Supposons que l'un de vous ait un ami et aille le trouver en pleine nuit pour lui demander : 'Mon ami, prête-moi trois pains : un de mes amis arrive de voyage, et je n'ai rien à lui offrir.'
Et si, de l'intérieur, l'autre lui répond : 'Ne viens pas me tourmenter ! Maintenant, la porte est fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner du pain',
moi, je vous l'affirme : même s'il ne se lève pas pour les donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu'il lui faut.
Eh bien, moi, je vous dis : Demandez, vous obtiendrez ; cherchez, vous trouverez ; frappez, la porte vous sera ouverte.
Celui qui demande reçoit ; celui qui cherche trouve ; et pour celui qui frappe, la porte s'ouvre.
Quel père parmi vous donnerait un serpent à son fils qui lui demande un poisson ?
ou un scorpion, quand il demande un œuf ?
Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »



Et dire que nous sommes en temps Ordinaire !

L’école de prière que nous offrent les textes d’aujourd’hui achèvera sans doute de nous faire percevoir le fait que ce temps n’a d’ordinaire que le nom.

Dans la première lecture c’est le fameux texte de la prière d’Abraham qui veut intercéder pour les gens de Sodome.
Et vous l’aurez sans doute remarqué, même s’il le fait avec beaucoup de déférence, Abraham entre avec Dieu dans un marchandage à l’orientale.
Et il négocie plutôt bien puisqu’il est passé de cinquante à dix.

Abraham tente de faire valoir ce qu’il y a de bon dans la vie des hommes aussi peu nombreux puissent ils être.

Il croit - comme ca devrait être le cas de chacun d’entre nous – que la prière d’une minorité de juste, aussi petite soit elle, a plus de poids sur le sort du bienêtre de l’humanité que toutes forces du mal.

Abraham fait confiance à la justice de Dieu qui va jusqu’à épargner une multitude de coupables, pour ne pas châtier en même temps que lui, le juste et innocent qui reste.

Et pourtant les habitants de Sodome n’étaient pas des Saints…
Les Evangiles nous les présentent comme passés maîtres en matière de péchés.

Mais à bien y regarder, est-ce que le monde qui nous entoure n’est pas dans le même état que Sodome ?
Ces médias, dont je parle régulièrement, journaux, radios, télévisions, nous abreuvent de nouveaux crimes, de malversation politiques,  de graves manquement à l’éthique, de perversions chaque jour plus importantes.

Crimes, malversations, manquement et perversions que notre monde semble finalement considérer comme normales ce qui était également le cas dans Sodome.

Alors que faire ?

Ce que nous faisons le mieux c’est bien souvent de nous lamenter…
« Ah là là, c’est bien triste tout ca… On ne sait pas où ca va s’arrêter… Et vous avez vu ces violences dans les banlieues ? »

Et nous en venons inévitablement à accuser et à rejeter la force sur les autres « Tous ces jeunes qui caillassent la police… On n’aurait jamais vu ca avant… Et tous ces hommes politiques qui nous mentent et qui pensent d’avantage à leurs propres intérêts qu’au bien être des gens qu’ils sont pourtant sensés protéger… »

Effectivement la tentation est grande de se lamenter sur ce monde pourri comme on dit…

Et pourtant… Et pourtant Abraham lui fait le choix inverse.
Son comportement nous apprend à changer notre regard sur le monde.

Pourquoi ? Et bien tout simplement parce qu’au milieu de ce monde que bien souvent nous trouvons si pourri, ce monde de crimes, de malversations, de manquement graves et de perversions, subsistent des justes !

Au milieu de toutes ces choses qui sont chaque jour plus graves subsistent donc des justes dont la générosité et la droiture devraient nous aider à nous rappeler que rien n’est définitivement perdu.

Ah effectivement, nos médias n’en font pas leurs choux gras…

Certes en ce moment ils nous parlent du voyage du Pape au Brésil et de innombrables jeunes qui s’y retrouvent.
Mais ils s’empressent immédiatement de commenter le coût de ces journées en oubliant au passage de préciser qu’elles sont d’avantages financées par l’Eglise elle-même que les populations brésiliennes.

Ce n’est que trop rarement que ces mêmes médias s’intéressent aux faits et gestes de ces gens dont je parlais à l’instant, ces personnes généreuses et droites, qui ne sont pas parfaites c’est vrai, mais qui cependant passent leurs vies, là où elles se trouvent, souvent dans l’indifférence la plus totale, à tenter de rendre le monde meilleur autour d’eux.

A la suite d’Abraham, nous sommes nous aussi invités à revoir le monde sous cet angle.

Et la mission des communautés chrétiennes et justement d’intercéder auprès de Dieu pour ce monde qu’il aime tant.

Nous ne sommes pas invités à demander à Dieu de punir les méchants et de préserver les justes comme notre humanité pourrait nous le suggérer, mais à demander à Dieu la conversion des pécheurs…

C’est ce qu’a fait le Christ et nous qui voulons être de ses disciples nous sommes invités à faire de même en marchant à sa suite.

Et croyez moi, c’est notre prière qui nous aidera à changer notre regard sur le monde à nous aussi.
Au lieu de nous lamenter sur tout ce que nous voyons et entendons alors nous aurons la certitude, comme ce fut le cas d’Abraham, que c’est ce qui nous semble être un petit reste de frères droits et justes qui pourra sauver l’humanité.


L’Evangile va encore plus loin dans l’apprentissage de la prière.
Cette fois c’est Jésus lui-même qui nous donne l’exemple.

Souvent dans l’Evangile on entend dire de Lui qu’il était en prière.
Il se mettait un peu à l’écart et priait Son Père pendant de longues heures ; Il lui arrivait parfois d’y passer toute la nuit.

Déjà là ca doit nous interpeler…
Combien de temps est-ce que nous, nous consacrons encore à la prière ?
Savons-nous encore prendre le temps de le faire ?
Savons-nous, comme le faisait lui-même le Christ, aménager de vrais espaces de calme, de vrais moments de nos vies que nous consacrons à la prière ?

Combien d’entre nous ont encore la capacité de décider d’arrêter la télévision ou de ne pas allumer l’ordinateur pour se consacrer à un vrai temps de prière ?

Et pourtant c’est bien là que, comme le Christ, nous trouverons le sens à donner à notre vie. C’est bien dans cette relation personnelle avec le Père que se trouve la source qui nous permettra de devenir des chrétiens heureux en toutes circonstances, des chrétiens prêts à relever le défi de l’Amour dans notre monde.

Nous connaissons tous cet Evangile.
C’est celui par lequel le Christ nous livre la prière du « Notre Père ».
Cela nous semble habituel pour ne pas dire banal.
Et pourtant… Par cette prière qu’il nous offre, Jésus veut nous associer tous à Sa prière.
Il ne garde pas pour lui ce que je me permettrai d’appeler la « recette du bonheur » ; Il la partage avec chacune et chacun d’entre nous.

Et nous vingt et un siècles plus tard que faisons nous ?
Nous rangeons cette recette dans un placard pour nous consacrer à tant de futilités…

Et pourtant, ceux qui la pratiquent au quotidien vous le diront : petit à petit cette prière nous permet d’entrer dans une relation chaque jour plus forte et toujours plus profonde avec Dieu.

Cette prière du « Notre Père » est magnifique ; Tout y est dit dans notre relation à Dieu et aux autres… Une belle référence aux deux premiers commandements.

Il est toujours bon de la reprendre un peu plus en détail, mais je ne reviendrai ici que sur les passages les plus importants.

Au début de cette prière nous sommes invités à nous tourner vers le Père pour le glorifier : « Que Ton Nom soit sanctifié, Que Ton règne vienne, Que Ta volonté soit faite…» ; C’est dans notre vie et dans notre monde que nous devons être les témoins de la présence de Dieu.
Dieu nous aime et nous manifestons notre volonté de l’aimer en retour Lui et tous nos frères.
C’est sa volonté : Faire de nous des témoins vivants et agissant de son Amour !

La seconde partie de cette belle prière concerne nos besoins et ceux de notre monde : « Donne nous aujourd’hui notre pain quotidien… ! »
C’est avec confiance que nous demandons à Dieu le pain dont nous avons besoin chaque jour… Et seulement chaque jour… Point n’est besoin de lui demander celui de demain ou celui dont nous aurons besoin dans une semaine… Prenons les jours et les choses une à une en lui faisant réellement confiance comme nous le disons dans notre prière.

En disant cela nous pensons bien évidemment à la nourriture et aux besoins matériels qui nous permettront de vivre – si possible dans un minimum de confort – et qui nous permettront également de faire vivre ceux qui nous entourent.

N’oublions cependant pas que le pain le plus essentiel de notre vie c’est l’Eucharistie.
Par cette intention de prière, nous manifestons aussi notre souhait que les chrétiens puissent se nourrir le plus souvent possible de ce pain pour être transformés par le Christ…
Rappelons-le : l’Eucharistie, c’est le Christ qui se donne encore et encore, qui souffre sa Passion pour nous encore et encore, pour que nous soyons sauvés par lui.
Dans l’Eucharistie, nous recevons en nous le Christ en personne, le Christ qui peut tout en tout homme qui le souhaite.

Vient alors un moment de cette prière qu’il nous est parfois plus difficile à envisager dans nos vies…
« Pardonne-nous nos offenses… » Ca c’est plutôt facile ! Nous savons bien que nous ne sommes pas parfaits et cela nous rassure de savoir que Dieu notre Père nous offre ce pardon qui libère nos cœurs et nous fait revivre.

Mais vient alors une phrase un peu plus difficile « … comme nous pardonnons aussi  à ceux qui nous ont offensés.»
C’est parfois bien difficile… Nous avons tous de ces douleurs que nous n’arrivons pas à pardonner et pourtant c’est essentiel.
Le pardon que nous recevons de Dieu nous libère…
Et bien celui que nous accordons aux autres – ou que nous recevons des autres d’ailleurs – celui là aussi nous libère et libère ceux à qui nous l’offrons !

Vient alors « Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre nous du mal ». Cette tentation c’est avant tout celle du désespoir… Le désespoir qui conduit à la lamentation et au jugement dont nous parlions tout à l’heure avec Abraham…
Ce désespoir qui est le premier pas vers l’abandon de Dieu, un abandon qui nous conduira inexorablement à notre propre perte.
Jésus nous apprend à nous tourner vers le Père pour lui demander de nous libérer de ce mal qui cherche à nous détruire.

« Demandez, vous obtiendrez ; cherchez, vous trouverez ; frappez, la porte vous sera ouverte. » nous dit le Christ dans l’Evangile !

Comme l’ami de l’Evangile, Dieu exaucera toujours les demandes de celles et ceux qui s’adressent à lui avec sincérité.

Qu’attendons-nous alors pour vous adresser au Père nous aussi ?
Demandons-lui sans relâche… Prions-le pour rendre notre vie féconde et digne de Dieu.

Amen.

dimanche 21 juillet 2013

2013-07-21 - C - 16ème dimanche du Temps Ordinaire - Marthe et Marie accueillent Jésus chez elles (Lc 10, 38-42)




16ème dimanche du Temps Ordinaire
Temps Ordinaire

 



1ère lecture : Abraham donne l'hospitalité à Dieu, qui lui promet un fils (Gn 18, 1-10a)



Lecture du livre de la Genèse



Aux chênes de Mambré, le Seigneur apparut à Abraham, qui était assis à l'entrée de la tente. C'était l'heure la plus chaude du jour.
Abraham leva les yeux, et il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui. Aussitôt, il courut à leur rencontre, se prosterna jusqu'à terre et dit: « Seigneur, si j'ai pu trouver grâce à tes yeux, ne passe pas sans t'arrêter près de ton serviteur. On va vous apporter un peu d'eau, vous vous laverez les pieds, et vous vous étendrez sous cet arbre. Je vais chercher du pain, et vous reprendrez des forces avant d'aller plus loin, puisque vous êtes passés près de votre serviteur ! »
Ils répondirent : « C'est bien. Fais ce que tu as dit. »
Abraham se hâta d'aller trouver Sara dans sa tente, et il lui dit : « Prends vite trois grandes mesures de farine, pétris la pâte et fais des galettes. »
Puis Abraham courut au troupeau, il prit un veau gras et tendre, et le donna à un serviteur, qui se hâta de le préparer. Il prit du fromage blanc, du lait, le veau qu'on avait apprêté, et les déposa devant eux ; il se tenait debout près d'eux, sous l'arbre, pendant qu'ils mangeaient.
Ils lui demandèrent : « Où est Sara, ta femme ? » Il répondit : « Elle est à l'intérieur de la tente. »
Le voyageur reprit : « Je reviendrai chez toi dans un an, et à ce moment-là, Sara, ta femme, aura un fils. »

2ème lecture : Le mystère du Christ s'accomplit dans la vie de l'Apôtre (Col 1, 24-28)



Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens



Frère,
je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous, car ce qu'il reste à souffrir des épreuves du Christ, je l'accomplis dans ma propre chair, pour son corps qui est l'Église.
De cette Église, je suis devenu ministre, et la charge que Dieu m'a confiée, c'est d'accomplir pour vous sa parole, le mystère qui était caché depuis toujours à toutes les générations, mais qui maintenant a été manifesté aux membres de son peuple saint.
Car Dieu a bien voulu leur faire connaître en quoi consiste, au milieu des nations païennes, la gloire sans prix de ce mystère : le Christ est au milieu de vous, lui, l'espérance de la gloire !
Ce Christ, nous l'annonçons : nous avertissons tout homme, nous instruisons tout homme avec sagesse, afin d'amener tout homme à sa perfection dans le Christ.

Evangile : Marthe et Marie accueillent Jésus chez elles (Lc 10, 38-42)



Alléluia. Alléluia.

Heureux qui entend la voix du Seigneur et lui ouvre sa porte : il a trouvé son bonheur et sa joie

Alléluia (cf. Ap 3, 20)



Évangile de Jésus Christ selon saint Luc



Alors qu'il était en route avec ses disciples, Jésus entra dans un village. Une femme appelée Marthe le reçut dans sa maison.
Elle avait une sœur nommée Marie qui, se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.
Marthe était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien ? Ma sœur me laisse seule à faire le service. Dis-lui donc de m'aider. »
Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée. »



L’accueil… Voilà le maître mot de ces textes du seizième dimanche du temps ordinaire.

Encore une de ces valeurs fondamentales qui font la base de notre foi, valeurs que ce temps DE l’ordinaire nous donne de revisiter.

Cette valeur est particulièrement mise en avant dans la première lecture et dans le texte de l’Evangile.

Au chêne de Mambré – vous l’aurez peut-être remarqué – le texte mélange sans cesse une seule et trois personnes. Pourtant quand Abraham s’adresse à elles il dit « Seigneur, si j'ai pu trouver grâce à TES yeux, ne passe pas sans T'arrêter près de TON serviteur… » car il a reconnu en ces trois personnes la présence du Dieu unique…

Les Pères de l’Eglise ont vu en ces trois personnes l’image de la trinité : Trois personnes qui sont un seul Dieu.

Abraham a très bien compris qu’en donnant l’hospitalité à ces trois personnes, c’est Dieu lui-même qu’il accueille.

Cela nous renvoie bien évidemment à notre propre façon d’accueillir...
Accueillir l’autre, celui qui parfois tout près de nous, à besoin que nous sachions l’accueillir comme nous accueillerions Dieu lui-même s’Il se présentait.

Quand on parle d’accueil, je ne peux m’empêcher de faire référence à ces migrants à la rencontre desquels notre Saint Père est allé sur l’île de LAMPEDUSA le huit juillet dernier.

Mais peut-être n’en avez-vous pas réellement entendu parler…

Il faut dire que le tour de France, puis la catastrophe ferroviaire de BRETIGNY, ont successivement fait la une de nos journaux écrits et télévisés.
Cette catastrophe est réelle et toutes les familles plongées d’un coup dans la douleur de la perte d’un être cher méritent toute notre compassion et nos prières.

Il n’en est pas moins que, comme à leur habitude, nos médias se sont immédiatement livrés à de nombreuses spéculations sur les causes et responsabilités de ce tragique accident d’avantage qu’ils ne se sont intéressés aux douleurs que cela représentait pour de trop nombreuses personnes.

Et du coup, ni la visite de notre Saint Père à LAMPEDUSA, ni la façon dont les gens l’ont accueilli, ni ce que le Pape François a dit n’a réellement été relaté dans nos médias.

Je ne peux m’empêcher de penser qu’il est plus facile de faire des choux gras autour des responsabilités d’une catastrophe ferroviaire, certes bien réelle, certes porteuse de douleurs immenses pour les personnes qui l’ont vécue et pour leur famille, mais surtout moins gênante à mettre en scène que le Pape et avec lui la religion Catholique qui mettent le doigt sur une catastrophe humanitaire, bien réelle elle aussi, qui dure depuis des mois et des mois et dont seule une poignée de personnes s’occupe réellement.

Cette visite du Pape fait parfaitement écho au texte de la première lecture comme elle faisait écho la semaine dernière à l’Evangile du Bon Samaritain.
A plus de deux mille ans d’écart, ces deux textes nous renvoient à notre façon à nous d’accueillir l’autre…

Cet « Autre » qui est tout à côté de nous ou très loin et qui quelque part nous fait peur…

Il en est bien souvent de l’accueil à l’autre comme du sacerdoce pour nos enfants : On préfère quand ca tombe sur les pompes des autres !

Nos politiques vont d’ailleurs dans le même sens tantôt nous culpabilisant de ne pas accueillir suffisamment et nous montrant en même temps leur propre désintérêt ne faisant par exemple rien – ou quasiment rien – pour les migrants de LAMPEDUSA ; Nous invitant à faire des efforts pour aider les plus démunis et nous montrant de somptueuses réceptions auxquelles seuls les « grands » de ce monde ont accès…

Avant d’être l’affaire de tous, l’accueil est l’affaire de chacun !

Mais il y en aura peut-être parmi vous qui me rétorqueront qu’on voit ce que ca donne d’accueillir trop largement… : Une immigration galopante, une violence dont nos fameux médias font sans cesse état et qui nous semble toujours mettre en scène des immigrés, de plus en plus de monde pour de moins en moins de travail, etc. etc.

S’il est vrai que celui qui est accueilli a en quelque sorte des « devoirs » ne fut-ce que moraux envers celui qui accueille, il est également vrai que celui qui accueille doit le faire réellement et complètement…

Et c’est sans doute cela qui nous fait peur… Nous ne savons pas où cela peut nous mener, nous qui aimons tant avoir la maîtrise de tout ce qui se passe autour de nous.

Et c’est bien cette peur de l’inconnu sur laquelle le texte de l’Evangile met le doigt.
Bien sur ce texte commence lui aussi par insister sur l’accueil…
Marthe se met en quatre pour que le Seigneur soit bien reçu. Le texte nous dit que « Marthe était accaparée par les multiples occupations du service ».

Elle est affairée à ce qu’elle sait faire, ce qu’elle maîtrise, ce qui lui est connu et ne lui échappera pas.
Elle aimerait que le Seigneur intervienne pour faire une remontrance à Marie et par la même reconnaître le travail qu’elle fait pour lui.

Mais il n’en sera rien, au contraire. « Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée. ».
Il ne fait pas en cela l’apologie de l’oisiveté, Il sait que certaines choses « pratiques » sont nécessaires, mais Il veut faire comprendre à Marthe que ce ne sont pas ces choses qui dans ce contexte, l’aideront à entrer dans le royaume de Dieu… Comme je le dis souvent, elle ne gagnera pas de bons points parce qu’elle aura fait plus de vaisselle ou de ménage que Marie.

Ce qui est important, c’est d’entendre la Parole de Dieu pour pouvoir ensuite caler sa vie sur celle-ci.

Marie a saisi cela et elle « capte » cette Parole pour s’en nourrir, ce qui lui permettra ensuite de caler sa vie dessus.
Par ses paroles, Jésus invite Marthe, elle aussi, à se laisser interpeler la Parole de Dieu, cette Parole qui peut tout changer dans sa vie parce qu’Elle va lui donner un sens.

Quand on accueille ainsi la Parole de Dieu, on ne peut ensuite qu’avoir envie de la communiquer aux autres, et pas seulement en la leur proclamant mais en la leur faisant découvrir par le témoignage de nos vies.

Interpelés par cette Parole nous ferons tout pour caler notre vie sur Elle ; Nous serons alors les vrais témoins de ces bouleversements qu’Elle est capable de produire dans nos vies des bouleversements qui ne nous feront plus peur.

C’est ce que nous monte l’Apôtre Paul dans la seconde lecture dont je n’avais pas encore parlé.

Paul annonce la Parole de Dieu avec beaucoup de zèle.
C’est cette Parole qui l’a transformé.
De persécuteur il est devenu défenseur de la foi chrétienne.

Paul nous redit à la suite de Jésus que cette Parole peut tout changer dans nos vies.
De témoins tièdes et réservés soucieux de propager la Parole certes, mais en prenant souvent inconsciemment soin de préserver nos propres intérêts, nos propres acquis aussi petits soient ils, Elle fera de nous de vrais témoins courageux de la foi, des témoins qui mettront en accord leurs actes avec leurs paroles et leurs intentions, des témoins qui ne seront pas tristes ou apeurés pour autant, bien au contraire, des témoins avant tout soucieux d’apporter à leurs frères tout ce dont ils ont besoin, des témoins de l’accueil et de l’Amour de Dieu en toutes circonstances.

Cette Parole est la portée de chacune et chacun d’entre nous.

Trop souvent nous nous en privons, afférés comme Marthe à toutes ces activités de nos vies.

Qui d’entre nous prend encore le temps de lire un passage de la Sainte Bible chaque jour ?

Qui ose encore prendre le risque de se laisser quotidiennement interpeler par les textes du jour, les méditer seul ou à plusieurs pour qu’ils puissent avoir une chance de nous transformer ?

Combien ne sommes-nous pas à préférer nous réfugier dans les activités tellement terre à terre de notre monde, ces activités que nous maîtrisons certes, qui nous rassurent c’est vrai, mais qui rendent nos vies dénuées de tout sens et ne contribuent qu’à notre perte.

Que répondrons-nous à Dieu quand au terme de notre vie Il nous demandera : « Qu’avez-vous fait aux plus petits d’entre les miens ? »

Lui dirons-nous que nous avons préféré un bon match de foot, un bon film ou encore un jeu vidéo à la chance qu’il nous offrait de nous laisser interpeler par Sa Parole ?

Lui dirons-nous que nous avons préféré faire de l’aide à distance par les dons en espèce, des dons que nous limitons une fois encore pour ne pas nous mettre en risque et qui nous dédouanent si vite et si facilement d’un réel engagement auprès de nos frères ?

Lui dirons-nous que nous avons laissé à nos politiques le soin de régler les problèmes parce que nous les avons élus pour cela et que c’est de leur faute après tout, plutôt que de nous engager dans notre quotidien pour rendre le monde meilleur ?

Dieu s’offre à nous à chaque instant.
A chaque instant, il nous invite, il se fait tout petit et nous supplie de l’aider à changer notre monde.
Pour cela il nous offre la Sainte Bible et les Sacrements !

Mais fidèle à lui-même, il nous laisse notre libre arbitre…
C’est à nous de choisir !

Amen.