dimanche 22 novembre 2015

2015-11-22 - B - Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l'Univers - « C’est toi-même qui dis que je suis roi » (Jn 18, 33b-37)


Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l'Univers
1ère lecture : « Sa domination est une domination éternelle » (Dn 7, 13-14)
Lecture du livre du prophète Daniel
Moi, Daniel,
    je regardais, au cours des visions de la nuit,
et je voyais venir, avec les nuées du ciel,
comme un Fils d’homme ;
il parvint jusqu’au Vieillard,
et on le fit avancer devant lui.
    Et il lui fut donné
domination, gloire et royauté ;
tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues
le servirent.
Sa domination est une domination éternelle,
qui ne passera pas,
et sa royauté,
une royauté qui ne sera pas détruite.
    – Parole du Seigneur.
2ème lecture : « Le prince des rois de la terre a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu » (Ap 1, 5-8)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
À vous, la grâce et la paix,
    de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle,
le premier-né des morts,
le prince des rois de la terre.
À lui qui nous aime,
qui nous a délivrés de nos péchés par son sang,
    qui a fait de nous un royaume
et des prêtres pour son Dieu et Père,
à lui, la gloire et la souveraineté
pour les siècles des siècles. Amen.
    Voici qu’il vient avec les nuées,
tout œil le verra,
ils le verront, ceux qui l’ont transpercé ;
et sur lui se lamenteront toutes les tribus de la terre.
Oui ! Amen !
    Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga,
dit le Seigneur Dieu,
Celui qui est, qui était et qui vient,
le Souverain de l’univers.
    – Parole du Seigneur.
Evangile : « C’est toi-même qui dis que je suis roi » (Jn 18, 33b-37)
Acclamation :
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
Béni soit le Règne qui vient,
celui de David, notre père.
Alléluia.
(Mc 11, 9b-10a)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
    Pilate appela Jésus et lui dit :
« Es-tu le roi des Juifs ? »
    Jésus lui demanda :
« Dis-tu cela de toi-même,
ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? »
    Pilate répondit :
« Est-ce que je suis juif, moi ?
Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi :
qu’as-tu donc fait ? »
    Jésus déclara :
« Ma royauté n’est pas de ce monde ;
si ma royauté était de ce monde,
j’aurais des gardes
qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs.
En fait, ma royauté n’est pas d’ici. »
    Pilate lui dit :
« Alors, tu es roi ? »
Jésus répondit :
« C’est toi-même qui dis que je suis roi.
Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci :
rendre témoignage à la vérité.
Quiconque appartient à la vérité
écoute ma voix. »
    – Acclamons la Parole de Dieu.


Cette fois nous touchons de prêt à la fin du temps dit ordinaire.
Ce temps qui se termine -  comme je me plais souvent à la dire -  ce temps n’a cependant d’ordinaire que le nom…

Ce mot – Ordinaire - pourrait nous faire croire que rien ne s’y passe, comme si en dehors de la préparation des principales fêtes de notre Eglise les chrétiens seraient en sommeil, ce qui n’est peut-être pas faux d’ailleurs… Dans l’attente d’un nouvel évènement à fêter…

Le temps ordinaire, est plutôt le temps « de l’ordinaire », ce temps qui permet à chaque chrétien de revisiter les fondements de sa foi,  ces fondements que l’on peut consolider au quotidien au regard des textes d’Evangile qui nous sont offerts chaque jour, qui nous interpellent et nous permettent de nous interroger sans cesse.

Nous devons également revisiter ces fondements au regard des évènements de nos vies, et ceux de la semaine dernière nous interpellent tout particulièrement quant au rôle que les chrétiens peuvent jouer dans un monde qui perd ses repères, un monde qui a plus que jamais besoin du message d’Amour du Christ.

Ce temps se termine et avant d’entrer dans le temps de l’Avent pour nous préparer à Noël, nous voici à la fête du Christ Roi…

Après avoir donc revisité chacune de nos « références » pendant le temps de l’ordinaire, ce sont des lectures que je qualifierai de contemplatives qui nous sont données…

Elles sont faites pour rejoindre chaque chrétien dans ce monde très tourmenté qui nous entoure, elles sont une sorte de pause faite pour nous rassurer… Nous redire à quel point Dieu aime son peuple…

La première lecture annonce aux contemporains de Daniel que le mal n’aura pas le dernier mot… et il est plus que jamais utile de nous le rappeler à nous aussi…

La seconde lecture, extraite de l’Apocalypse de Saint Jean, va dans le même sens…
Elle annonce au peuple des chrétiens persécutés par l’empereur de Rome, le triomphe de l’Amour…

« C’est bien beau tout cela » me direz-vous  « mais ça n’a pas empêché des terroristes fanatiques de frapper des innocents… et même dans mon quotidien, ça ne m’aide pas à payer mes factures et les difficultés de ma vie sont toujours présentes… »

Certains iront peut-être jusqu’à dire « Et où il était Dieu quand des innocents se faisaient massacrer à nos portes ?  Il fait quoi pour la guerre et la faim dans le monde ? Il faut quoi pour nous aider ? Il fait quoi pour la violence dans nos villes ? »

Je vais vous faire une réponse qui vous semblera peut-être un peu directe, mais qui cependant me semble bien être le reflet de la vérité.

Dieu est présent dans chaque parcelle de notre humanité…
Il est présent dans chaque instant de notre vie, heureux ou malheureux…
Il se réjouit avec nous de chaque moment heureux et nous offre son soutient dans tous les moments difficiles de nos vies…

Et c’est vrai que quand il se passe ce que notre pays a vécu le 13 Novembre, nous sommes tellement chargés d’émotions… de peine… de colère… d’incompréhension… que nous avons alors bien du mal à ouvrir les yeux et nos cœurs sur cette présence de Dieu…

Parfois c’est nous qui choisissons de ne pas le voir de ne pas l’entendre, préférant nous laisser aller à nos penchants tellement humains comme la vengeance… Œil pour œil, dent pour dent !

C’est peut-être un peu direct… c’est peut-être un peu dur, mais je crois en toute sincérité que c’est pourtant la vérité et comme toute vérité de ce genre, c’est également à moi qu’elle s’applique.

Nous critiquons les dictateurs, des groupes de fanatiques qui, en Syrie ou ailleurs, font régner la terreur, mais nous trouvons tout à fait normal de nous disputer, parfois au sein même de nos familles souvent pour des broutilles, allant jusqu’à ne plus nous parler pour des sujets dont nous sommes bien incapables de nous souvenir dans le détail après quelques mois…

Nous jetons la pierre à des hommes politiques ou à des sportifs pour le manque d’exemplarité de leur conduite mais à peine avons-nous éteint la télévision ou quitté le stade que nous nous croyons nous aussi au-dessus des lois au volant de notre voiture par exemple.

Les exemples ne manquent pas de ces étiquettes que nous collons dans le dos des autres sans penser que dans une certaine mesure, elles nous sont également applicables.

Et si nous pensons que Dieu pourrait un jour descendre de son paradis pour corriger les injustices et les maux de notre monde, ayons bien à l’esprit qu’il pourrait également nous corriger nous, pour nos propres manquements.

Les textes d’aujourd’hui sont là pour nous rappeler, et c’est nécessaire, que tous ces mauvais comportements n’auront pas le dernier mot…
La vengeance, n’est pas une solution et ce ne sont ni la force ni les armes qui permettent d’obtenir une vraie victoire…

C’est également ce que veut nous faire comprendre le texte d’Evangile.

Nous sommes dans un passage dramatique de la vie de Jésus.
Il vient d’être arrêté et comparaît devant Pilate et tous ces accusateurs qui veulent en finir avec lui parce qu’il les dérange… Il les dérange parce qu’il dit la vérité, une vérité qui perturbe leurs petites combines, une vérité qui remet en cause leurs privilèges et le petit confort de leurs petites vies.

Mais ils ont pensent avoir trouvé une parade…
Ils présentent Jésus comme le roi des Juifs, devant Pilate qui représente le pouvoir de Rome, un pouvoir qui à l’époque domine tout le bassin méditerranéen… un pouvoir qui a implacablement exécuté tous ceux qui s’y sont opposés…
Le sort de Jésus semble donc scellé…

Le texte commence par cette question directe de Pilate à Jésus : « Es-tu le roi des Juifs ? »

Et Jésus de lui répondre par une autre question : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien parce que d'autres te l'ont dit ? »

C’était déjà une bonne question à l’époque puisqu’elle mettait en avant tout le mal que d’autres avaient pu dire à Pilate à son sujet, mais c’est également une très bonne question pour nous aujourd’hui…

C’est une question qu’il nous adresse dans toutes les joies mais surtout dans toutes les peines, les colères de nos vies…

Jésus ne nous demande pas de répondre en récitant notre leçon mot pour mot comme nous avons pu l’apprendre au catéchisme… Il nous demande de regarder au fond de nos cœurs et de lui donner notre propre réponse, celle qui est propre à chacune et chacun d’entre nous.

Si nous l’avons rencontré ne fut-ce qu’un jour dans notre vie alors reviendra à notre esprit ce moment de grâce et nous n’aurons aucun mal à lui dire qui il est pour nous.

Et si ce n’est pas le cas, si nous pensons ne pas avoir encore vécu ce moment de rencontre, si nous le cherchons toujours et avons du mal à le trouver, il n’est cependant pas trop tard…

Si nous voulons vivre cette rencontre mais que comme Pilate nous ne voyons en Lui que celui qui risque d’interférer dans nos vies, de les déranger, d’en perturber le confort relatif alors je peux vous dire que nous avons à notre disposition des moyens bien plus grands que ceux que Pilate avait …

Nous avons la Bible et les Sacrements…

La Bible qui nous dit et nous redit à chaque page que c’est l’Amour de Dieu qui triomphera et que c’est en sachant mettre nos vies en accord avec cette bonne nouvelle que nous pourrons le rencontrer.

Les Sacrements, à commencer par la Messe et la Confession, qui sont là pour nous permettre de nous rapprocher de Dieu et de recevoir son Amour.

Dieu porte sur chacun d’entre nous un regard rempli de sa tendresse et de son amour.

Le Royaume de Dieu n’est pas un royaume au sens ou Pilate l’entendait… Il n’y a pas d’un côté un Roi au-dessus des hommes et de l’autre des sujets obéissant et lointains.

Il y a un Dieu qui s’est fait homme dans le Christ… Un Dieu qui a épousé notre condition humaine, qui a vécu parmi les hommes et qui est mort comme un homme… par amour pour nous…

Cela change complètement la façon dont nous voyons la notion de « Roi » et de « Peuple »…

Le Christ Roi de l’univers que nous fêtons aujourd’hui, nous invite à transmettre cette notion de la royauté dans le monde où il nous envoie…

« Pas simple… » Me direz-vous… « C’est que je sais pas comment faire moi… Je ne suis ni prêtre, ni diacre, j’ai plein de colère dans le coeur  aussi et puis j’aurai pas les mots… »

Qu’à cela ne tienne… Dieu ne nous demande rien d’extraordinaire…
Tout ce qu’il nous demande c’est de retourner dans le monde, avec nos qualités et nos défauts, mais surtout avec la certitude qu’il est là tout proche de nous et qu’il nous apportera toute l’aide nécessaire pour témoigner de son Amour auprès de nos frères…

C’est là, sur le pas de cette église que l’aventure commence, c’est là, sur le pas de cette église que commence le Royaume de Dieu… Si nous le voulons…


Amen.

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