dimanche 8 novembre 2015

2015-11-08 - B - 32ème dimanche du temps ordinaire - « Cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres » (Mc 12, 38-44)


32ème dimanche du Temps Ordinaire
1ère lecture : « Avec sa farine la veuve fit une petite galette et l’apporta à Élie » (1 R 17, 10-16)
Lecture du premier livre des Rois
En ces jours-là,
    le prophète Élie partit pour Sarepta,
et il parvint à l’entrée de la ville.
Une veuve ramassait du bois ;
il l’appela et lui dit :
« Veux-tu me puiser, avec ta cruche,
un peu d’eau pour que je boive ? »
    Elle alla en puiser.
Il lui dit encore :
« Apporte-moi aussi un morceau de pain. »
    Elle répondit :
« Je le jure par la vie du Seigneur ton Dieu :
je n’ai pas de pain.
J’ai seulement, dans une jarre, une poignée de farine,
et un peu d’huile dans un vase.
Je ramasse deux morceaux de bois,
je rentre préparer pour moi et pour mon fils ce qui nous reste.
Nous le mangerons,
et puis nous mourrons. »
    Élie lui dit alors :
« N’aie pas peur, va, fais ce que tu as dit.
Mais d’abord cuis-moi une petite galette et apporte-la moi ;
ensuite tu en feras pour toi et ton fils.
    Car ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël :
Jarre de farine point ne s’épuisera,
vase d’huile point ne se videra,
jusqu’au jour où le Seigneur
donnera la pluie pour arroser la terre. »
    La femme alla faire ce qu’Élie lui avait demandé,
et pendant longtemps, le prophète, elle-même et son fils
eurent à manger.
    Et la jarre de farine ne s’épuisa pas,
et le vase d’huile ne se vida pas,
ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Élie.
    – Parole du Seigneur.
2ème lecture : « Le Christ s’est offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude » (He 9, 24-28)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Le Christ n’est pas entré
dans un sanctuaire fait de main d’homme,
figure du sanctuaire véritable ;
il est entré dans le ciel même,
afin de se tenir maintenant pour nous
devant la face de Dieu.
    Il n’a pas à s’offrir lui-même plusieurs fois,
comme le grand prêtre qui, tous les ans,
entrait dans le sanctuaire
en offrant un sang qui n’était pas le sien ;
    car alors, le Christ aurait dû plusieurs fois souffrir la Passion
depuis la fondation du monde.
Mais en fait, c’est une fois pour toutes,
à la fin des temps,
qu’il s’est manifesté
pour détruire le péché par son sacrifice.
    Et, comme le sort des hommes est de mourir une seule fois
et puis d’être jugés,
    ainsi le Christ s’est-il offert une seule fois
pour enlever les péchés de la multitude ;
il apparaîtra une seconde fois,
non plus à cause du péché,
mais pour le salut de ceux qui l’attendent.
    – Parole du Seigneur.
Evangile : « Cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres » (Mc 12, 38-44)
Acclamation :
Heureux les pauvres de cœur,
Car le royaume des Cieux est à eux !
Alléluia.
(Mt 5, 3)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là,
    dans son enseignement, Jésus disait aux foules :
« Méfiez-vous des scribes,
qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat
et qui aiment les salutations sur les places publiques,
    les sièges d’honneur dans les synagogues,
et les places d’honneur dans les dîners.
    Ils dévorent les biens des veuves
et, pour l’apparence, ils font de longues prières :
ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »
    Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor,
et regardait comment la foule y mettait de l’argent.
Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes.
    Une pauvre veuve s’avança
et mit deux petites pièces de monnaie.
    Jésus appela ses disciples et leur déclara :
« Amen, je vous le dis :
cette pauvre veuve a mis dans le Trésor
plus que tous les autres.
    Car tous, ils ont pris sur leur superflu,
mais elle, elle a pris sur son indigence :
elle a mis tout ce qu’elle possédait,
tout ce qu’elle avait pour vivre. »
    – Acclamons la Parole de Dieu.


32ème dimanche du temps ordinaire.

Je me plais une fois de plus, à rappeler que ce temps n’a vraiment d’ordinaire que le nom.

Si j’insiste tant au fil des semaines sur ce point, c’est qu’il me paraît important, dans ce temps « ordinaire » justement, de ne pas nous dire que rien ne se passe dans l’Evangile, ou qu’en dehors des grandes fêtes nous pourrions nous sentir comme en repos… en période de récupération avant une nouvelle grande fête.

Ce temps « de l’ordinaire » – Je préfère l’appeler comme cela – nous ramène sans cesse aux fondements de notre foi…
L’ordinaire, doit ici s’entendre au sens de basiques…
Nous sommes sans cesse invités à revisiter les basiques de notre foi, nous sommes sans cesse interpelés sur notre façon de vivre cette foi au quotidien.

Et c’est bien évidemment encore une fois le cas aujourd’hui…

Cette semaine nous en revenons une nouvelle fois à une valeur déjà plusieurs fois évoquée ces dernières semaines : le don de soi… le don TOTAL de soi…

Il n’y a pas trop de toute une vie, de dizaines de dimanches « ordinaires » passés à entendre régulièrement les mêmes textes pour comprendre ce qu’ils veulent dire et à quel point chacun d’entre nous est individuellement concerné.

La tentation est grande, quand la lecture commence, de nous dire : « Ah oui… celui-là je le connais… Il se passe ceci et il arrive cela… »

A peine les premiers mots entendus, nous pensons tout connaître du texte et bien souvent, notre esprit repart aux petites préoccupations de notre quotidien.

C’est dommage… Oui, c’est dommage, car chacune et chacun d’entre nous est invité, d’années en années, de dimanche en dimanche, voir plus si affinités… à écouter ces textes comme si c’était la première fois que nous les entendions…

Si nous apprenons à faire cela, alors, au détour d’une phrase nous apparaîtra peut-être un mot, une attitude que nous n’avions pas remarquée jusque-là et qui soudain nous saute aux yeux, nous rejoignant dans ce que nous vivons à l’instant « T »…

Si nous ne savons pas faire cela, nous nous privons de la Providence de Dieu, cette Providence qui permet à l’Amour de Dieu de se réaliser pour chacune et chacun d’entre nous chaque jour.


Mais revenons-en donc aux textes de ce dimanche…

Le texte de la première lecture nous raconte la rencontre d’Elie et d’une pauvre veuve.

Elie n’a pas été envoyé au désert pour convertir mais pour mendier…
Il n’est pas là avant tout comme l’envoyé de Dieu pour annoncer la bonne Parole, mais comme l’envoyé de Dieu pour recevoir de ses frères.

Et dans ce texte, c’est exactement ce qui se passe…

Cette veuve qui n’espère plus rien de la vie, qui se sent comme on dirait aujourd’hui, au bout du rouleau, et bien cette veuve accepte de partager le peu qui lui reste avec cet homme qu’elle ne connaît pas qui l’interpelle.

Sans doute Elie a-t-il la parole juste, il n’en est pas moins que cette femme qui n’a presque plus rien lui fait confiance et partage avec lui.

Elle est pour nous le symbole de la foi qui partage.

Et c’est de ce petit partage que Dieu fera beaucoup puisqu’il nous est dit que ni la farine ni l’huile ne manqueront désormais…

Ce texte nous dit, et nous pouvons le comprendre simplement, que même nos toutes petites actions sont importantes aux yeux de Dieu et que ces petites actions peuvent avoir des conséquences que nous ne soupçonnons pas…

Un petit sourire, une simple poignée de mains, des petits gestes de nos quotidiens peuvent changer la vie de celui ou celle dont nous ne soupçonnons même pas que Dieu les a mis sur notre route justement pour que nous ayons envers eux ce petit geste d’amour qui pour eux va tout changer.


Et ce texte fait parfaitement écho à l’Evangile d’aujourd’hui.

Le texte de Saint Marc met clairement en avant deux choses : La simplicité qui mène au royaume de Dieu, et l’opposition qu’il y a entre cette simplicité et certaines pratiques de l’époque qui sont d’ailleurs toujours d’actualité dans notre vingt et unième siècle.

La simplicité, c’est celle de cette veuve qui, tout comme dans le texte de Saint Jean, donne tout ce qu’elle a et qui le fait dans une simplicité criante.

Nous faisons ici le parallèle avec notre Dieu qui s’est lui aussi donné complètement dans la plus grande simplicité et même le plus grand dénuement…

C’est ce dénuement que nous allons fêter dans quelques semaines à l’occasion de la très belle fête de Noël.

Nous fêterons alors la naissance de Dieu qui se fait homme dans le froid d’une nuit d’hiver, dans une étable, au milieu des animaux et avec comme premiers témoins les bergers, considérés alors comme des gens peu fréquentables…

Mais ce texte, comme je le disais il y a un instant, met aussi en opposition cette simplicité avec les pratiques qu’il constate…

Et le texte est vraiment très dur : 

« Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat
et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners.
Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »

Dans le texte ils se montrent donc en beaux habits non pour servir Dieu mais pour paraître aux yeux des autres.

Ils se donnent bonne conscience en donnant, mais en donnant de leur superflu et non de leur essentiel… Bien trop occupés qu’ils sont à préserver leur petit confort et leurs belles places.

Nous nous indignons quand nous lisons cela… et sans doute, à l’image de Saint Marc, nous aurions tendance à faire nous aussi le procès de ces scribes et à les condamner, mais à les condamner peut être un peu rapidement.

Pourtant, à notre époque ces pratiques continuent…

Je parle très souvent du journal télévisé, mais il fait un tel étalage des comportements humains de notre époque qu’il est pour moi une source d’inspiration permanente…

Là encore, et moi le premier, nous condamnons bien facilement ceux qui font de belles promesses en période électorale et ne les tiennent pas une fois élus…

Nous condamnons également le comportement de telle ou telle vedette, dans le sport par exemple, qui pense pouvoir s’appuyer sur sa notoriété pour tout se permettre méprisant les lois et au passage les autres…

Le texte d’Evangile qui nous est proposé aujourd’hui l’est pour que nous prenions garde nous aussi à ne pas être placés un jour dans le camp des scribes…

Pour nous aussi, dans notre travail, dans nos activités et même dans nos paroisses, la tentation est grande de rechercher les premières places…

Après tout, c’est bien agréable de recevoir des éloges et d’attirer l’admiration des autres…

Peut-être oublions nous alors que ce qui est le plus important c’est le regard de Dieu…  Et il n’y a qu’à revenir à notre texte d’Evangile si nous voulons nous en convaincre…

Cette petite veuve qui ne donne « que » deux pièces… Aucun de ceux qui l’entourent ne l’a remarquée… Mais Jésus lui, Dieu fait homme, l’a remarquée !

Cet Evangile rejoint également celui des béatitudes que nous entendions le jour de la Toussaint : « Heureux les pauvres de cœurs » ceux qui n’ont rien, ceux qui ne comptent pas aux yeux des autres mais qui sont heureux quand même car ils comptent aux yeux de Dieu !

« Ce qui fait la valeur d’une vie » nous dit Saint Jean, « c’est notre amour de tous les jours pour tous ceux et celles qui nous entourent ».

Guynemer quant à lui disait « Tant qu’on n’a pas tout donné, on n’a rien donné. »

Je me permettrai d’ajouter pour ma part que tout ce qui n’est pas donné est perdu !

Le Seigneur souhaite que nous agissions comme cela devant lui. Il attend de nous que nous donnions sans cesse le meilleur de nous-même à chacune et chacun de celles et ceux qu’il met sur notre route de Chrétien, car c’est bien au nom de notre foi qu’il nous appelle à aimer les autres.

Il nous invite à nous débarrasser de toute hypocrisie, il nous demande d’apprendre à prendre la dernière place en toute circonstance et à préférer son regard aux félicitations éphémères de notre monde.

Un symbole fort nous est laissé pour nous rappeler cela chaque jour et pour nous aider à nous reprendre chaque fois que nous glissons.

Ce symbole c’est la croix !

La lettre aux Hébreux de la seconde lecture nous rappelle que par Sa Passion le Christ a changé l’histoire.

Chaque fois que nous regardons la croix, nous devons nous souvenir que le Christ est mort pour nous en souffrant pour nous et que c’est en mourant aux autres que nous aimons Dieu…  Aimer c’est un don gratuit de soi aux autres… Ce n’est pas un acte dans lequel nous calculons ce que cela peut nous rapporter…

Cela peut nous paraître bien difficile, bien au-delà de nos capacités parfois…

Si tel est le cas, alors ne faisons pas que passer devant la croix.

Arrêtons-nous et prions le Seigneur… Prions le de nous apprendre à donner le meilleur de nous-mêmes, de nous aider à remplir notre vie de Son amour pour Lui et pour nos frères.


Amen.

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