dimanche 1 novembre 2015

2015-11-01 - B - Tous les Saints - Solennité - « Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5, 1-12a)


31ème Semaine du Temps Ordinaire
Tous les Saints - Solennité
1ère lecture : « Voici une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues » (Ap 7, 2-4.9-14)
Lecture de l'Apocalypse de saint Jean
Moi, Jean,
    j’ai vu un ange
qui montait du côté où le soleil se lève,
avec le sceau qui imprime la marque du Dieu vivant ;
d’une voix forte, il cria aux quatre anges
qui avaient reçu le pouvoir de faire du mal à la terre et à la mer :
    « Ne faites pas de mal à la terre,
ni à la mer, ni aux arbres,
avant que nous ayons marqué du sceau
le front des serviteurs de notre Dieu. »
    Et j’entendis le nombre de ceux qui étaient marqués du sceau :
ils étaient cent quarante-quatre mille,
de toutes les tribus des fils d’Israël.
    Après cela, j’ai vu :
et voici une foule immense,
que nul ne pouvait dénombrer,
une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues.
Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau,
vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main.
    Et ils s’écriaient d’une voix forte :
« Le salut appartient à notre Dieu
qui siège sur le Trône
et à l’Agneau ! »
    Tous les anges se tenaient debout autour du Trône,
autour des Anciens et des quatre Vivants ;
se jetant devant le Trône, face contre terre,
ils se prosternèrent devant Dieu.
    Et ils disaient :
« Amen !
Louange, gloire, sagesse et action de grâce,
honneur, puissance et force
à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! »
    L’un des Anciens prit alors la parole et me dit :
« Ces gens vêtus de robes blanches,
qui sont-ils, et d’où viennent-ils ? »
    Je lui répondis :
« Mon seigneur, toi, tu le sais. »
Il me dit :
« Ceux-là viennent de la grande épreuve ;
ils ont lavé leurs robes,
ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. »
    – Parole du Seigneur.
2ème lecture : « Nous verrons Dieu tel qu’il est » (1 Jn 3, 1-3)
Lecture de la première lettre de saint Jean
Bien-aimés,
    voyez quel grand amour nous a donné le Père
pour que nous soyons appelés enfants de Dieu
– et nous le sommes.
Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas :
c’est qu’il n’a pas connu Dieu.
    Bien-aimés,
dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu,
mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté.
Nous le savons : quand cela sera manifesté,
nous lui serons semblables
car nous le verrons tel qu’il est.
    Et quiconque met en lui une telle espérance
se rend pur comme lui-même est pur.
    – Parole du Seigneur.
Evangile : « Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5, 1-12a)
Acclamation :
Venez à moi,
vous tous qui peinez sous le poids du fardeau,
dit le Seigneur,
et moi, je vous procurerai le repos.
Alléluia.
(Mt 11, 28)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
    voyant les foules, Jésus gravit la montagne.
Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
    Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait.
Il disait :
    « Heureux les pauvres de cœur,
car le royaume des Cieux est à eux.
    Heureux ceux qui pleurent,
car ils seront consolés.
    Heureux les doux,
car ils recevront la terre en héritage.
    Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice,
car ils seront rassasiés.
    Heureux les miséricordieux,
car ils obtiendront miséricorde.
    Heureux les cœurs purs,
car ils verront Dieu.
    Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés fils de Dieu.
    Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice,
car le royaume des Cieux est à eux.
    Heureux êtes-vous si l’on vous insulte,
si l’on vous persécute
et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous,
à cause de moi.
    Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,
car votre récompense est grande dans les cieux ! »
    – Acclamons la Parole de Dieu.


En cette fête de toussaint - la fête de tous les saints - les textes qui nous sont proposés, pourraient nous sembler tourner autour du noir et de la mort…

L’Apocalypse de Saint Jean nous parle de ceux qui sont morts.
Le texte de Saint Jean nous parle de la rencontre avec Dieu quand nous serons morts.
Il n’y a que le texte d’Evangile qui semble nous parler de joie, une joie que bien souvent nous trouvons naïve dans ce texte que nous connaissons bien.

En fait ces trois textes nous parlent d’un seul et même sujet : La Sainteté !
Mais pas une sainteté réservée à une élite… une sainteté qui concerne chacune et chacun d’entre nous.

Mais reprenons les textes dans l’ordre si vous le voulez bien, pour que nous puissions y découvrir tout cela.

Et commençons donc par le texte de l’Apocalypse de Saint Jean.
Encore aujourd’hui, même pour nombre de chrétiens, l’Apocalypse fait peur…
Le cinéma et la littérature n’y sont sans doute pas pour rien.

Chaque fois qu’on emploie le mot « Apocalypse » quelque part, on nous suggère la fin du monde, des catastrophes plus sanglantes et plus énormes les unes que les autres qui viennent ravager notre planète.

Nous avons tous vu au moins un film nous relatant la fin du monde dans ces conditions « Apocalyptiques » justement…

Le mot « apocalypse » vient du Grec et veut dire « révélation ».
Bien loin du sens commun que nous en avons aujourd’hui et qui parle effectivement de grandes catastrophes, ce mot décrivait – et décrit toujours d’ailleurs – un récit de choses grandioses qui est destiné à soutenir la foi.

Et c’est vrai que le texte qui nous est proposé est grandiose…
Il nous décrit une multitude habillée de blanc, une foule dont les robes sont « blanchies par le sang de l’Agneau. »

Ce récit, cette vision de Jean trouve tout à fait sa place dans le thème de la Sainteté de ce dimanche.

Toutes ces personnes, cette foule innombrable dont nous parle Saint Jean c’est nous, le peuple de Dieu… Un peuple composé de personnes qui comme nous ne sont sans doute pas des grands Saints depuis leur naissance, mais des personnes qui se sont laissées éclairées par Dieu et qui malgré leurs imperfections sont dans la gloire de Dieu.

Ce texte était fait pour soutenir la foi des contemporains de Saint Jean, il  est également fait pour soutenir notre propre foi des dizaines de siècles plus tard.

Il nous rappelle que nous aussi, aussi imparfaits que nous sommes, nous pouvons prétendre à la sainteté si nous nous laissons guider par Dieu…
Ça peut nous sembler impossible à nous, mais n’oublions pas que rien n’est impossible à Dieu !


Dans la seconde lecture, Saint Jean – toujours lui – enfonce le clou si je puis dire.
Il nous dit que chacun de nous est « un enfant bien-aimé de Dieu » !

Un jour nous verrons Dieu tel qu’il est …
Voilà un mystère de plus… Car aucun de nos mots ne nous permet d’imaginer ce que sera cette rencontre, cette découverte…

Nous nous disons que Dieu est grand… Mais chacun de nous a sa propre définition, sa propre vision du Père…

Saint Jean nous apprend ici que la rencontre du Père est quelque chose à vivre dès aujourd’hui, dans notre vie terrestre…
Il nous dit qu’il est normal que nos mots ne puissent décrire Dieu puisque cette rencontre est quelque chose qui se vit dans nos cœurs !

Et vient pour terminer le texte des béatitudes…
« Heureux les pauvres… Heureux ceux qui pleurent…Heureux ceux qui sont persécutés… ».
Quand on le lit tel quel et qu’on ne cherche pas à en découvrir le sens, ce texte peut faire peur et le chemin qu’il nous décrit s’apparente bien plus à un chemin de croix qu’à un chemin de bonheur !

Ceux qui lisent cela sans en comprendre le sens continuent à croire que c’est en amassant les choses de notre monde, en les possédant et en en ayant beaucoup qu’ils se mettront à l’abri du mal et de la peine…

« Heureux les pauvres… » alors que notre monde pense qu’il faut être riche pour être heureux.
« Heureux ceux qui pleurent… » alors que notre monde pense que c’est en amassant qu’on sera heureux et qu’on évitera les larmes.
« Heureux ceux qui sont persécutés… » alors que notre monde continue à penser que c’est en se trouvant du côté des forts qu’on évitera les douleurs de la persécution.

Et notre monde se trompe…

Combien de coupures de journaux, combien de reportages télévisés nous montrent que tous ces biens ne sont éphémères… Combien posséder peut être triste et avilissant…

Souvent quand je dis cela on me répond : « C’est facile à dire quand on ne possède rien ! » une phrase qui symbolise encore combien il nous est difficile de nous détacher de toutes ces choses matérielles que nous aimons posséder et sans lesquelles nous avons l’impression que nous n’existerions pas.

Ce n’est qu’en confiant réellement sa vie à Dieu chaque jour qu’on peut être heureux.
Il sait lui de quoi nous avons vraiment besoin.

Apprendre à se confier à lui c’est apprendre à découvrir petit à petit ce qui est réellement nécessaire à notre vie.

C’est aussi ainsi que nous pouvons apprendre à nous détacher de ce que nous possédons… Nous apprenons également à découvrir ce Dieu qui n’abandonne jamais son peuple et donne à chacun de ses enfants ce dont il a vraiment besoin !

Dieu nous Aime et nous invite à l’aimer en retour !
Dans cet amour tous nos besoins sont présents.

Mettre Dieu en premier de tout dans notre vie est la plus belle recette de bonheur.

Il n’y a que Lui qui puisse combler toute vie… Mais il faut justement parfois toute une vie pour le découvrir…

C’est le chemin de sainteté qui nous est proposé !

Et comprenons bien : les saints que nous fêtons aujourd’hui ne sont pas des gens qui ont été irréprochables tout au long de leur vie !

La sainteté ne se gagne pas à coup de bons points !

Ce n’est pas parce qu’on aura fait plus de bonnes actions que son voisin qu’on aura plus vite que lui accès au royaume de Dieu.

Ce n’est pas à force d’accumuler des bonnes actions comme des bonnes notes que nous serons mieux placés dans un classement imaginaire de Dieu !

Penser cela, vivre en ce sens c’est encore une fois vouloir se baser sur des référentiels humains.
Penser cela, c’est réduire Dieu à l’apothicaire qu’Il n’est pas.

Je l’ai déjà dit et je le répète : Dieu n’a pas de grand livre sur les pages duquel Il aurait tous nos noms et où il mettrait un rond vert chaque fois que nous faisons une bonne action ou une croix rouge chaque fois que nous en faisons une mauvaise.

Ce que Dieu attends de nous, ce qui nous permettra d’accéder un jour à son royaume, c’est le fait de choisir librement de le laisser agir en nous et de lui faire confiance pour nous emmener sur les chemins du vrai bonheur !

Avec l’infinie délicatesse qui traduit tout l’amour qu’Il a pour nous, il nous aide à avancer étape par étape, en nous prenant là où nous sommes, avec nos qualités mais aussi nos limites, sans jamais se lasser pour que nous finissions par abandonner tout ce qui nous retient loin de Lui.

En préparant cette homélie, je suis tombé sur une histoire… L’histoire d’une petite fille qui regardait les vitraux d’une église.
Une personne lui expliquait qui étaient la Vierge Marie, Saint Joseph, Sainte Thérèse que la petite fille voyait sur ces vitraux.

Quelques jours plus tard, alors qu’elle était dans son groupe de catéchisme, on demanda aux enfants s’ils savaient ce qu’est un Saint.
Et la petite fille de répondre aussitôt : « C’est quelqu’un qui laisse passer la lumière. »

Sans le savoir cette petite fille avait tout compris.
Un Saint est quelqu’un qui se laisse traverser par la lumière éclatante de l’Amour de Dieu, un Amour qu’il contribue à éclairer la vie de celles et ceux qui l’entourent.

Voilà la Sainteté… Elle est effectivement accessible à chacune et chacun d’entre nous.
Il suffit  - mais je sais qu’en disant cela je n’ai pas dit grand-chose – il suffit de nous laisser éclairer par l’Amour de Dieu…

Ça peut nous paraître difficile comme ça de but en blanc…
Et pourtant c’est à notre portée.
Une fois encore il nous suffit de le vouloir.


Amen.

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