dimanche 1 septembre 2013

2013-09-01 - C - 22ème dimanche du Temps Ordinaire - Pour avoir part au royaume de Dieu choisir la dernière place, inviter les pauvres (Lc 14, 1a.7-14)



22ème dimanche du Temps Ordinaire
Temps Ordinaire

 



1ère lecture : Exhortation à l'humilité (Si 3, 17-18.20.28-29)



Lecture du livre de Ben Sirac le Sage



Mon fils, accomplis toute chose dans l'humilité, et tu seras aimé plus qu'un bienfaiteur.
Plus tu es grand, plus il faut t'abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur.
La puissance du Seigneur est grande, et les humbles lui rendent gloire.
La condition de l'orgueilleux est sans remède, car la racine du mal est en lui.
L'homme sensé médite les maximes de la sagesse ; l'idéal du sage, c'est une oreille qui écoute.

2ème lecture : La fête éternelle sur la montagne de la nouvelle Alliance (He 12, 18-19.22-24a)



Lecture de la lettre aux Hébreux



Frères,
quand vous êtes venus vers Dieu, il n'y avait rien de matériel comme au Sinaï, pas de feu qui brûle, pas d'obscurité, de ténèbres, ni d'ouragan, pas de son de trompettes, pas de paroles prononcées par cette voix que les fils d'Israël demandèrent à ne plus entendre.

Mais vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, vers des milliers d'anges en fête et vers l'assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous les hommes, et vers les âmes des justes arrivés à la perfection. Vous êtes venus vers Jésus, le médiateur d'une Alliance nouvelle.

Evangile : Pour avoir part au royaume de Dieu : choisir la dernière place, inviter les pauvres (Lc 14, 1a.7-14)



Alléluia. Alléluia.

Heureux les invités à la table de Dieu : il comble de biens les affamés, il élève les humbles.

Alléluia (cf. Lc 1, 52-53)



Évangile de Jésus Christ selon saint Luc



Un jour de sabbat, Jésus était entré chez un chef des pharisiens pour y prendre son repas. Remarquant que les invités choisissaient les premières places, il leur dit cette parabole :
« Quand tu es invité à des noces, ne va pas te mettre à la première place, car on peut avoir invité quelqu'un de plus important que toi.
Alors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendrait te dire : 'Cède-lui ta place', et tu irais, plein de honte, prendre la dernière place. Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t'a invité, il te dira : 'Mon ami, avance plus haut', et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui sont à table avec toi.
Qui s'élève sera abaissé ; qui s'abaisse sera élevé. »

Jésus disait aussi à celui qui l'avait invité : « Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n'invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ; sinon, eux aussi t'inviteraient en retour, et la politesse te serait rendue.
Au contraire, quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; et tu seras heureux, parce qu'ils n'ont rien à te rendre : cela te sera rendu à la résurrection des justes. »


Les textes de ce vingt deuxième dimanche du temps ordinaire sont mis sous le signe de l’humilité…

Chaque fois que je prépare un couple au mariage, je les invite à choisir des textes pour ce jour important de leur vie.
Souvent, n’ayant pas mis les yeux dans la Bible depuis de trop nombreuses années, ils se trouvent un peu dépourvus et ont bien du mal à comprendre en quoi ces textes, écrits il y a deux mille ans, peuvent rejoindre la vie d’un jeune couple du vingt unième siècle.

Vous savez bien de quoi je parle Christine & Bruno puisque dans les cursus de préparations au mariage que nous animons ensemble, c’est un exercice auquel vous vous adonnez vous aussi.

Et pourtant, quand je commence à préparer une homélie, il m’arrive souvent de me dire que vraiment notre Dieu fait bien les choses !

Très souvent pour ne pas dire toujours, si on veut bien y consacrer un peu de temps, on trouve, ne fut-ce que dans les textes dominicaux, le moyen d’éclairer nos vies et croyez moi, le mot éclairer n’est pas trop fort !

Ce dimanche encore, les textes ne font pas exception à cette règle et en commençant à préparer cette homélie, je me suis dit que la providence divine avait sans doute contribué à ce que ces trois textes que nous venons d’entendre, puissent autant nous rapprocher de ce jubilé, cet anniversaire de vos vingt années de sacrement de mariage que nous sommes heureux de partager avec vous aujourd’hui.

Je l’ai dit tout à l’heure, les textes de ce dimanche nous parlent d’humilité.
Mais ils ne veulent pas seulement nous donner une leçon de politesse ou de savoir-vivre… C’est bien plus profond que cela…

C’est une fois de plus le Christ qui nous montre le chemin, lui qui est mort dépouillé de tout, s’abaissant jusqu’à mourir sur une croix comme nous le dit la lettre de Saint Paul au Philippiens…

La première lecture est une de celles que Ben Sirac nous a laissées…

Cet homme a rencontré beaucoup de personnes qui avaient de grandes responsabilités. Il avait alors pu faire le constat que certains étaient gonflés d’orgueil et que d’autres au contraire agissaient avec patience et douceur.
Il avait également remarqué – et c’est ce qu’il tente de nous livrer dans ce passage de son livre – que c’est en restant humble que l’on arrive à se faire réellement aimer et à être efficace…

Mais là encore il ne s’agit pas d’un simple conseil pour avoir de la considération aux yeux des autres, ou aux yeux de l’autre dans un couple, ce serait se tromper de combat…

L’humilité dont il est question c’est d’abord celle du Seigneur.
En accomplissant toute chose avec humilité on s’accorde au Seigneur lui-même.

Mais en quoi me direz-vous, l’humilité su Seigneur a-t-elle à voir avec la vie de couple ?

Et bien tout simplement parce que quand on veut réellement vivre son sacrement de mariage, on apprend année après année, dispute après dispute, orage après orage, que c’est en ayant l’humilité de se confier ensemble mais aussi individuellement à Dieu qu’on permet à ce sacrement de prendre tout son sens.

C’est bien souvent quand on est au fond du trou, triste ou déçu de nos propres limites qu’on apprend cette humilité…

Et là deux chemins s’offrent à nous…

Nier ces limites et faire comme si elles n’existaient pas… Ce serait alors se ranger au rang des contemporains orgueilleux de notre ami Ben Sirac et rien ne pourrait alors sortir de bon de notre douleur, les nombreux divorces qui malheureusement nous entourent sont là pour nous le rappeler.

Mais on peut également choisir de confier ces limites au Seigneur… Accepter que dans ce sacrement qu’Il partage avec nous il nous apporte son aide…
Lui seul peut alors permettre que grandisse en nous l’humilité nécessaire pour continuer le chemin.
Il sera la source de notre réconfort individuel mais également celui de notre couple.

La lettre aux Hébreux que nous avons eu en seconde lecture devient une suite logique de cela.

Le texte n’est malgré tout pas évident…
Il nous parle de la venue de Dieu et de ses manifestations… le feu du mon Sinaï, des ténèbres, des ouragans, etc… etc…

Et ce texte se termine par ces mots : « Vous êtes venus vers Jésus, le médiateur d'une Alliance nouvelle. »

Ce texte nous dit qu’avec l’arrivée de Jésus Christ c’est l’humilité qui a été mise à l’honneur…
Lui le Fils de Dieu, n’est pas arrivé dans notre monde sur un char céleste accompagné par une cohorte d’anges venus le défendre et imposer la loi de Dieu.
Non, il est arrivé sous les traits d’un enfant petit et fragile.
Il n’est pas entré dans un beau palais où il aurait eu chaud et où rien n’aurait pu lui manquer…
Non, il a choisi de naître dans une simple étable glacée de Bethléem.

A toutes celles et ceux qui avaient dans la tête un sauveur costaud et bien armé qui aurait pu mettre dehors l’envahisseur romain, Jésus est venu offrir le visage de l’humilité, une humilité qu’il a gradée jusqu’à la croix pour montrer au monde que ce n’est que cette humilité qui la mènerait au royaume de Dieu.

Là encore le parallèle est facile à faire avec une vie de couple.

Ce n’est pas en s’imposant à l’autre, en cherchant à le dominer qu’on suit le chemin du Christ et qu’on peut arriver au vrai bonheur…

Quand les jeunes fiancés échangent leurs consentements, ils choisissent souvent cette très belle formule « Je te prends comme épouse – ou époux – et je me donne à toi ! »

Tout est dit en ces quelques mots : « Je me donne à toi… » et vous savez comme moi que le côté physique de ce don n’est qu’un détail du don de soi !

Je me donne à toi, c’est « je m’abandonne à toi… Je te remets tout ce que je suis de bien et de moins bien… je te livre tout ce que je suis et je mets en toi toute ma confiance, une confiance que je sais, jamais tu ne trahiras. »

Le geste d’humilité ultime du Christ, le don de soi par amour qui prend alors tout son sens dans ce Sacrement de mariage.

Même quand on prépare son mariage avec beaucoup de foi il est difficile de percevoir l’ampleur de ce don…
Ce sont là encore, les épreuves de la vie qui nous permettent de le découvrir et là encore la présence du Seigneur dans un couple est un allié de poids !

Et comme souvent le texte d’Evangile vient – si j’ose dire – en point d’orgue des textes de notre dimanche, un texte qui – peut-être – au regard des quelques explications que je viens de vous donner des deux premières lectures, vous semblera encore plus évident.

Une fois encore, en invitant les Pharisiens à ne pas prendre les premières places dans les repas, ce ne sont pas là de simples conseils de politesse que Jésus donne.

A travers ces paroles, le Christ nous parle des conditions d’admission dans le Royaume de Dieu.
Il nous recommande de bannir de notre vie toute ambition malsaine et tout sentiment de supériorité.

C’est un message que nous retrouvons également dans le Magnificat de la Très Sainte Vierge Marie…

« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s'est penché sur son humble servante ; désormais, tous les âges me diront bienheureuse. »

Plus loin encore

« Il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. »

L’Evangile d’aujourd’hui reprend ces très belle paroles et nous invite, à notre tour, à nous occuper des plus petits de notre temps ; Celles et ceux que parfois nous trouvons moins importants parce qu’ils n’ont pas reçu notre éducation ou n’ont pas nos moyens, ces petits qui sont pourtant bel et bien nos frères dans le Christ que nous nous devons de considérer comme nos égaux voir supérieurs à nous, quelle que soit leur condition et dont le Christ nous demande de nous occuper, comme si nous nous occupions de nous-mêmes ou de nos proches, mieux, comme nous nous occuperions de Lui s’Il entrait dans cette église à l’instant.

Bannir de notre vie tout sentiment d’ambition malsaine ou de supériorité.
Faire le don gratuit et désintéressé de l’amour que le Christ nous a transmis et qu’il nous invite à partager à chacun !

Le parallèle avec la vie de couple est là encore facile à faire et il est même double me semble t’il.

Tout d’abord, comme j’ai déjà pu le dire, aucun des époux ne doit se sentir supérieur à l’autre. Il appartient à chacun d’aimer l’autre comme il voudrait lui-même être aimé, de le chérir, de le faire grandir, comme je voudrais moi aussi que l’Autre m’aime et me fasse grandir.

Et puis cela fait également référence à la fécondité du couple, au fruit qu’il se doit de porter.
S’aimer c’est merveilleux, se regarder dans le blanc des yeux c’est beau, mais cela n’est pas tout…

Certes il y a nos chers enfants !
Ces petits êtres que Dieu nous confie et qu’il nous demande d’aimer comme nous-mêmes… plus que nous-mêmes !
Leur bonheur est sans doute le premier et le plus beau fruit d’un couple.
Leur santé, leurs études, et plein d’autres choses nous inquiètent bien souvent mais au final, les voir grandir dans le cadre de notre sacrement de mariage n’est-il pas le plus beau des cadeaux ?

Cependant, si le couple ne se « limite » -si je peux dire – qu’à ses enfants, son accomplissement ne sera jamais réel et total.

La fécondité du couple s’exprime également par ses engagements envers celles et ceux que le Seigneur met sur sa route.
Sans cesse, Il nous appelle non parce qu’il nous donne des ordre mais parce qu’il a voulu avoir besoin de nous pour transmettre son Amour à celles et ceux qui nous entourent.

Et même si ca prend du temps, même si ce n’est pas forcément facile à gérer c’est aussi dans ce service, ce don se soi que le couple trace son chemin vers le Royaume de Dieu, un royaume qui n’est pas une promesse pour le jour lointain de notre mort, mais un royaume qui est à la portée de chacune et chacun d’entre nous dès aujourd’hui si nous acceptons de suivre les chemins du Seigneur.

Voilà ce que je voulais vous partager à tous aujourd’hui…
A Vous Christine et Bruno qui fêtez aujourd’hui votre jubilé et qui, je l’espère, aurez retrouvés vos vingt années de sacrement de mariage dans ces quelques mots, mais également à chacune des personnes présentes dans cette église.

Le bonheur existe et nous avons sous les yeux ce soir les témoins d’une vie de couple que le Seigneur à aidé à rendre heureuse après vingt ans.

Ce mariage, tant remis en question par notre société, tellement malmené par les uns et les autres, vous Christine et Bruno le défendez justement parce qu’il est ce sacrement qui vous rend heureux chaque jour.

Et de fait, votre engagement dans le domaine est avant tout un témoignage.
Ce témoignage que vous nous apportez aujourd’hui, ce témoignage de la présence de Dieu dans toute vie et sa volonté de rendre heureux chacune et chacun d’entre nous.

Par votre intermédiaire aujourd’hui le Seigneur nous montre le bonheur qu’il y a à donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Il nous offre ainsi de parvenir tous à la joie de ton Royaume dès aujourd’hui.

Amen.

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