dimanche 21 octobre 2012

2012-10-21 - B - Le Fils de l'homme est venu pour servir (brève 42-45) (Mc 10, 35-45)



29ème dimanche du Temps Ordinaire


1ère lecture : « Mon serviteur justifiera les multitudes » (Is 53, 10-11)
Lecture du livre d'Isaïe
Broyé par la souffrance, le Serviteur a plu au Seigneur. Mais, s'il fait de sa vie un sacrifice d'expiation, il verra sa descendance, il prolongera ses jours : par lui s'accomplira la volonté du Seigneur.
À cause de ses souffrances, il verra la lumière, il sera comblé. Parce qu'il a connu la souffrance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs péchés.

2ème lecture : Le grand prêtre compatissant (He 4, 14-16)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères, en Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a pénétré au-delà des cieux ; tenons donc ferme l'affirmation de notre foi.
En effet, le grand prêtre que nous avons n'est pas incapable, lui, de partager nos faiblesses ; en toutes choses, il a connu l'épreuve comme nous, et il n'a pas péché.
Avançons-nous donc avec pleine assurance vers le Dieu tout-puissant qui fait grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours.

Evangile : Le Fils de l'homme est venu pour servir (brève : 42-45) (Mc 10, 35-45)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s'approchent de Jésus et lui disent : « Maître, nous voudrions que tu exauces notre demande. »
Il leur dit : « Que voudriez-vous que je fasse pour vous ? »
Ils lui répondirent : « Accorde-nous de siéger, l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, dans ta gloire. »
Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? »
Ils lui disaient : « Nous le pouvons. » Il répond : « La coupe que je vais boire, vous y boirez ; et le baptême dans lequel je vais être plongé, vous le recevrez. Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m'appartient pas de l'accorder, il y a ceux pour qui ces places sont préparées. »
Les dix autres avaient entendu, et ils s'indignaient contre Jacques et Jean.
Jésus les appelle et leur dit : « Vous le savez : ceux que l'on regarde comme chefs des nations païennes commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.
Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur.
Celui qui veut être le premier sera l'esclave de tous : car le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »


Trois très beaux textes encore en ce dimanche, mais peut-être un peu plus difficile à associer les uns aux autres que les dimanches précédents.

Et pourtant, ils sont une suite logique comme à chaque fois.
Tous ces textes nous parlent de la même chose : le don de soi.. le don TOTAL de soi… le mot « TOTAL » a son importance mais nous y reviendrons tout à l’heure.

Le premier texte est extrait du livre d’Isaïe.
Mais qui est donc ce serviteur broyé par la souffrance dont nous parle Isaïe ?

Est-ce de lui-même qu’il parle ? Lui au moment où il est rejeté par les siens ?
Utilise-t-il cette image pour parler du peuple en exil sur une terre étrangère ?
Ou bien est-ce tout simplement de tout croyant qui souffre, que ce texte nous parle ? De toute personne, et dans ce cas, ça peut être chacune et chacun d’entre nous quand nous rencontrons des difficultés…
Ce qui est sur, c’est que pour nous chrétiens, nous pouvons lire l’annonce de Jésus serviteur de Dieu dans l’histoire de ce serviteur.

Ce très court texte d’Isaïe nous invite à réfléchir sur le sens de la souffrance et du sacrifice…
Mais me direz-vous : Y a-t-il vraiment un sens à la souffrance ? Faut-il en arriver à souhaiter de souffrir ?

Ce n’est pas cela que nous dit le texte, et il me semble important de partir d’un pré-requis : La souffrance, la maladie sont des maux qu’il nous faut combattre par tous les moyens ; Et NON, la souffrance en elle-même n’a aucun sens.

Le texte nous dit que, à cause de sa souffrance, le serviteur verra la lumière.
Cela ne veut pas dire qu’il faut souffrir pour voir la lumière…
Ce texte nous interpelle, nous qui sommes tous un jour ou l’autre confrontés à la souffrance, pour savoir comment nous réagissons devant cette souffrance.

Chacun réagit différemment et il n’est pas question de poser ici un jugement sur quiconque, mais ce texte nous invite à ne pas nous renfermer sur nous même alors, à ne pas en vouloir à le terre entière et rejeter tous ceux qui nous entourent.

Ce n’est certes pas facile, et encore une fois, nous ne sommes pas tous égaux devant la souffrance, mais c’est en remettant cette souffrance à Dieu et en acceptant de continuer à avancer au milieu de ceux qui nous entourent que nous pourrons voir la lumière et être comblé comme nous le dit le texte.

Nous commençons ici à toucher du bout du doigt le terme de « don TOTAL de soi » dont je parlais tout à l’heure.

Et ce don, bien sur, nous le trouvons entièrement réalisé dans la personne de Jésus Christ ; C’est ce que nous rappelle la lettre aux Hébreux de la seconde lecture.

L’image qu’elle nous donne du Christ, comme étant le grand prêtre par excellence est très évocatrice.

Jésus, Tout comme le grand prêtre fait le lien entre la terre et le ciel.
Il parle des hommes à Dieu et de Dieu aux hommes.
Comme un grand prêtre, il intercède pour nous auprès de Dieu pour que nous puissions obtenir sa miséricorde, à la différence près que lui est allé jusqu’au don de sa vie pour que nos péchés nous soient remis.

Et le Concile Vatican II dont, nous fêtons en ce moment le 50° anniversaire, nous a également précisé que ce don de soi concerne chaque baptisé.

Il appartient à chacun d’entre nous de pardonner à ceux qui nous entourent.
Il appartient à chacun d’entre nous de prier pour celles et ceux qui nous entourent, y compris - et surtout oserai-je dire – pour ceux qui nous font souffrir.

C’est vrai ce n’est pas facile… C’est vrai ca n’est absolument pas dans l’air de notre temps et pourtant c’est bien à cela que correspond le don de soi.

Une fois encore nous approchons de cette notion de don TOTAL de soi…


Vient enfin le texte d’Evangile.
Tout commence par une parole de Jacques et jean qui demandent à Jésus de pouvoir siéger à ses côtés dans la gloire.

« Ils sont gonflés ces deux là ! » c’est sans doute notre première réaction mais ca a également été celle des autres disciples.

Mais si nous prenons un peu de recul, cela veut également dire que ces deux disciples avaient quand même déjà bien compris que la gloire de Dieu n’est pas de ce monde… ils ne lui ont pas demandé d’être à ses côtés sur un trône ou à la tête de quelque empire que ce soit, mais à ses côtés dans la gloire, cette gloire qui leur a été donnée de contempler au jours de la transfiguration.

Et comme à son habitude, Jésus profite de l’occasion pour enseigner à ceux qui l’entourent…

Il revient cette fois encore sur la nécessité du don de soi pour accéder au royaume de Dieu.

Il prend pour cela deux symboles… Celui de la coupe et celui du baptême.

La coupe c’est celle qu’il va boire lui-même… Cette coupe qui est pleine des péchés des hommes, de nos péchés, et c’est Jésus qui va s’en charger… IL va les prendre sur SON dos et mourir en demandant au père de NOUS pardonner…

Il nous dit donc que si nous aussi nous voulons accéder au royaume de Dieu, il nous faut passer par l’acceptation de cette coupe…
Il nous faut accepter nous aussi de nous charger des péchés de celles et ceux qui nous entourent et font souffrir, et nous font souffrir…

Il nous faut prier pour eux, accepter d’être du côté de ceux qui souffrent et de demander à Dieu de les pardonner comme le Christ lui-même l’a fait pour nous en mourant sur la croix.

Puis il y a le symbole du baptême…
Ce baptême dont il parle, c’est celui de sa Passion et de sa mort.
Il a souffert sa passion pour les hommes… Il nous a tellement aimés, avec passion, qu’il a accepté de mourir pour nous.

« Eh minute… » Me direz-vous « Je n’ai pas envie de finir comme lui moi… »

Et pourtant, à la mesure de nos capacités, c’est bien ce que Dieu nous demande…
Mais j’ai bien dit : « à la mesure de nos capacités » et j’aurais peut-être du rajouter « dans notre environnement ».

Il n’est pas dans les possibilités de chacun d’entre nous de partir à l’autre bout du monde soulager la souffrance de celles et ceux qui malheureusement subissent la faim ou la guerre.

C’est d’abord là où nous sommes que le Christ nous invite à prendre sa suite et il est fort peu probable de fait, que l’un ou l’autre d’entre nous finisse crucifié au sens littéral du terme.

C’est dans le quotidien de nos vies que le Christ nous attend et nous demande de prendre sa suite… et les possibilités ne manquent pas…

C’est par exemple, dans le respect absolu de son sacrement de mariage, quand l’Autre ne va pas bien pour quelque raison que ce soit, le fait de rester à ses côtés, de tout faire pour comprendre les hauts et les bas de son moral et de l’aider en s’efforçant de rester toujours aimant et disponible…

C’est encore dans notre milieu professionnel, là où trop souvent les nerfs sont à vif et où malheureusement trop souvent les coups tordus sont de mise, en sachant rester souriant, droit, juste et respectueux des autres envers et contre tout…

C’est aussi en famille, quand nos enfants font des choix qui ne sont pas les nôtres, savoir se souvenir que nous aussi nous avons parfois fait des choix décalés et accueillir les leurs avec bienveillance, patience, calme et amour ces deux ingrédients indispensables au maintien du dialogue dont chacun sait très bien qu’il est porteur de paix…

C’est aussi dans nos paroisses, quand nous nous mettons complètement au service des autres, en acceptant de s’offrir à un service d’église plutôt que de chercher à le piloter pour je ne sais quel mérite tellement éphémère…

Mais me direz-vous, c’est qu’en procédant ainsi on risque de s’oublier… de perdre notre identité… de nous faner et de mourir…

C’est possible… C’est possible si on oublie de faire tout cela au nom de notre foi…

Car c’est bien là que se trouve le sens de tout cela…

Dans tous ces moments, ce qui fera la différence, ce qui fera qu’on pourra continuer à vivre aux côtés d’un conjoint en difficultés plutôt que de laisser la colère et la rancœur s’installer et de finir par se séparer…

Ce qui fera que petit à petit on pourra constater que le respect et même parfois l’amitié, s’installent entre collègues alors que tout semblait perdu…

Ce qui fera que le dialogue sera maintenu entre parents et enfants malgré les différences de vue et que chacun saura qu’il peut continuer à compter sur l’autre…

Ce qui fera qu’en paroisse, plus personne ne s’appropriera tel ou tel service mais que chacun trouvera sa place au service des autres…

Ce qui fera que l’on pourra vivre tout cela sans avoir l’impression de se faner, de mourir tout en se donnant TOTALEMENT aux autres, c’est notre foi…
C’est le fait que dans chacun de ces instants de notre vie, nous aurons appris à réagir comme le Christ l’a fait lui aussi.

Cette semaine, j’ai eu le plaisir de vivre un temps d’adoration avec quelques paroissiens de notre grande paroisse dans l’église de Paradis…

J’en profite au passage pour souligner l’importance de ces moments passés face au Seigneur, ces moments de calme où nous pouvons lui remettre tout ce que nous sommes en confiance.

Mardi j’ai terminé, comme je le fais aujourd’hui, par la suggestion d’une petite prière que chacun d’entre nous peut dire chaque matin… Quelques mots prononcés avec cœur… Quelques mots qui, si nous savons les dire avec foi et confiance en Dieu peuvent tout changer et contribuer à ce que tout cela devienne réalité :
« Seigneur, donne moi aujourd’hui d’aller à la rencontre de toutes celles et ceux que tu mettras sur ma route et aide moi à les aimer comme toi tu les aimes »

Amen

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