dimanche 8 février 2015

2015-02-08 - B - 5ème dimanche du temps ordinaire - « Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies » (Mc 1, 29-39)


5ème dimanche du Temps Ordinaire
1ère lecture : « Je ne compte que des nuits de souffrance » (Jb 7, 1-4.6-7)
Lecture du livre de Job
Job prit la parole et dit :
« Vraiment, la vie de l’homme sur la terre est une corvée,
il fait des journées de manœuvre.
Comme l’esclave qui désire un peu d’ombre,
comme le manœuvre qui attend sa paye,
depuis des mois je n’ai en partage que le néant,
je ne compte que des nuits de souffrance.
À peine couché, je me dis :
“Quand pourrai-je me lever ?”
Le soir n’en finit pas :
je suis envahi de cauchemars jusqu’à l’aube.
Mes jours sont plus rapides que la navette du tisserand,
ils s’achèvent faute de fil.
Souviens-toi, Seigneur : ma vie n’est qu’un souffle,
mes yeux ne verront plus le bonheur. »
– Parole du Seigneur.
2ème lecture : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1 Co 9, 16-19.22-23)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
Frères,
annoncer l’Évangile,
ce n’est pas là pour moi un motif de fierté,
c’est une nécessité qui s’impose à moi.
Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile !
Certes, si je le fais de moi-même,
je mérite une récompense.
Mais je ne le fais pas de moi-même,
c’est une mission qui m’est confiée.
Alors quel est mon mérite ?
C’est d’annoncer l’Évangile
sans rechercher aucun avantage matériel,
et sans faire valoir mes droits de prédicateur de l’Évangile.
Oui, libre à l’égard de tous,
je me suis fait l’esclave de tous
afin d’en gagner le plus grand nombre possible.
Avec les faibles, j’ai été faible,
pour gagner les faibles.
Je me suis fait tout à tous
pour en sauver à tout prix quelques-uns.
Et tout cela, je le fais à cause de l’Évangile,
pour y avoir part, moi aussi.
– Parole du Seigneur.
Evangile : « Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies » (Mc 1, 29-39)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Le Christ a pris nos souffrances, il a porté nos maladies. Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là,
aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm,
Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean,
dans la maison de Simon et d’André.
Or, la belle-mère de Simon était au lit,
elle avait de la fièvre.
Aussitôt, on parla à Jésus de la malade.
Jésus s’approcha,
la saisit par la main
et la fit lever.
La fièvre la quitta,
et elle les servait.
Le soir venu, après le coucher du soleil,
on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal
ou possédés par des démons.
La ville entière se pressait à la porte.
Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies,
et il expulsa beaucoup de démons ;
il empêchait les démons de parler,
parce qu’ils savaient, eux, qui il était.
Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube.
Il sortit et se rendit dans un endroit désert,
et là il priait.
Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche.
Ils le trouvent et lui disent :
« Tout le monde te cherche. »
Jésus leur dit :
« Allons ailleurs, dans les villages voisins,
afin que là aussi je proclame l’Évangile ;
car c’est pour cela que je suis sorti. »
Et il parcourut toute la Galilée,
proclamant l’Évangile dans leurs synagogues,
et expulsant les démons.
– Acclamons la Parole de Dieu.





L’Evangile d’aujourd’hui nous décrit une journée avec Jésus.

Elle commence à sa sortie de la synagogue où nous l’avons laissé dans l’Evangile de la semaine dernière.
C’était donc un jour de Sabbat, un jour pendant lequel il est sensé ne rien faire aux yeux de la loi… La loi de Moïse interprétée par les hommes.

En arrêtant pas d’enseigner, de guérir les malades de libérer les possédés les jours de Sabbat, Jésus n’est pas entrain de contrarier ouvertement les scribes et autres notables de l’époque, mais il est entrain d’affirmer qu’il est venu enseigner une loi nouvelle et différente de la loi de Moïse.

Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit…

Ce n’est pas parce que Jésus est venu affirmer une autre loi que la loi de Moïse n’était pas bonne.

Prendre une journée dans la semaine pour adorer Dieu est quelque chose qui ne peut que nous être profitables même des siècles après et à quoi nous sommes d’ailleurs également invités par Jésus lui-même.

Ce sont les nombreux préceptes ajoutés par les hommes que Jésus cherche à faire sauter…

Adorer Dieu : Oui, bien sûr ; Mais en être réduit à ne presque pas lever le petit doigt le jour du Sabbat, ne pas pouvoir certaines choses ou au contraire avoir l’obligation d’en faire d’autres les autres jours : non… Ça ne rime à rien et ce n’est pas comme ça que l’homme plait à Dieu !

Mais revenons en  la journée de Jésus que cet Evangile nous fait vivre.

Le texte nous dit qu’après avoir enseigné à la synagogue, Jésus, accompagné de Jacques et de Jean, alla chez Simon et André.
Malheureusement la belle-mère de Simon était malade. Elle avait de la fièvre.

Jésus n’attend pas…

Il la prend par la main et la fait se lever.
Aussitôt la fièvre la quitte et la voilà tellement en forme qu’elle peut même les servir.

Voilà bien une image de ce qu’est Jésus.

Tout comme la belle-mère de Simon, Jésus vient chercher chacun d’entre nous.
Il prend chacun d’entre nous par la main et nous aide à nous relever.

Nous sommes paralysés par nos péchés, nos limites, de petites ou grandes choses qui - même si bien souvent on dit le contraire - tapotent sans cesse à la porte de notre conscience…
Et bien Jésus vient, Il nous prend par la main et tout d’un coup nos nous sentons libérés.
L’Amour dont nous nous sentons alors inondés nous libère et nous permet de reprendre notre place dans le monde.

C’est une belle métaphore me direz-vous, une belle explication, mais ce n’est sans doute pas aussi évident qu’il y paraît.

Cela suppose tout d’abord effectivement, que nous acceptions de reconnaître que ce que nous avons fait est mal, que nous sommes nous aussi pécheurs.

Dit comme ça, ça peut paraître facile…
Mais je ne suis pas certain que nous soyons capables, dans le quotidien de nos vies, de nous reconnaître facilement pécheurs ou que nous acceptions de reconnaître que nous avons des limites au milieu du monde qui nous entoure.

Retrouver la main du Christ, accepter de le laisser nous libérer de nos fautes, est beaucoup plus facile à proclamer dans le cœur de nos célébrations dominicales qu’à faire dans le quotidien de nos vies.

Mais c’est pourtant aussi là que nous devons apprendre à faire confiance à Dieu.

Ce dernier n’est pas seulement présent dans les sacrements qui égrainent nos dimanches et nos vies, mais également dans le quotidien de ces vies et Il ne demande qu’à prendre notre main.

Cette partie du texte nous invite à laisser en permanence notre main dans celle du Christ, autrement dit, à vouloir le reconnaître, présent dans tous les moments de notre vie.

C’est plus facile de s’adresser à quelqu’un quand on le voit à côté de soi me direz-vous… C’est vrai !
Et ça tombe bien parce que même si nous ne le voyons pas jésus chemine pourtant avec chacun d’entre nous à chaque instant et il n’attend que notre appel.

« Ca y est… Le diacre a encore pété les plombs… Il voit Jésus partout maintenant… ! »

Et bien non, je n’ai pas cette chance…
Mais je peux modestement vous assurer que quand on accepte d’ouvrir les yeux sur ce que nous vivons dans nos journées, quand on accepte de voir la providence divine dans ce que les hommes appellent communément le hasard, alors on finit pas sentir sa présence dans beaucoup de chose.

Et non, je n’entends pas des voix non plus…
Je parle d’une présence, la certitude que celui qu’avec nos limites, nos qualités mais aussi nos défauts nous essayons d’annoncer est réellement présent à côté de tout homme…
Tout homme et pas seulement ses ministres ordonnés, pas seulement les chrétiens.

Sachons lui confier nos vies…
Apprenons à l’appeler dans tous les moments de nos vies.
Apprenons à lui faire une place dans tous les instants que nous vivons même s’ils nous semblent parfois insignifiants.
Cette habitude que nous prendrons, c’est cela ne pas lâcher la main du Christ.

Si on poursuit la lecture du texte on voit qu’après avoir guérit la belle-mère de Pierre, même le soir venu, Jésus est entouré de gens qui viennent de toute la ville et qui ont tous besoin d’être, d’une façon ou d’une autre, guéris et libérés.

Ce Jésus qui était proche des hommes et des femmes de son époque qui souffraient, l’est également des hommes et des femmes qui souffrent aujourd’hui, de toutes celles et ceux que la maladie atteint, de toutes celles et ceux qui n’attendent parfois plus grand-chose de la vie.

Parfois ces personnes, comme Job dans la première lecture, vivent ces douleurs avec révolte… « Pourquoi moi ? » « Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ? »

Il est difficile parfois, quand on est proches de celles et ceux qui souffrent de leur parler de Dieu.

Ensevelis tout entier dans la douleur de leur humanité, ils ne savent plus comment faire pour se mettre à l’écoute de Dieu et même refusent parfois d’entendre parler de Lui…

Et quand ils l’acceptent ils finissent souvent par nous dire soit qu’ils ne savent plus prier ou même qu’ils ne le veulent plus parce qu’ils ne croient plus.

Ils n’en sont pas moins des enfants de Dieu, des êtres auxquels Dieu tient tout autant qu’à nous, des hommes et des femmes à qui autant qu’à nous Jésus tend la main pour les sauver.

Il est de notre devoir de recréer le lien entre la main du Christ et celles de nos frères dans la peine.
Il est de notre devoir en pareil cas d’être les témoins discrets mais présents de l’Evangile.

Comme Saint Paul dans la seconde lecture, nous avons le devoir de tout faire pour ramener ces personnes vers le Père.
Il n’est pas question de les obliger à croire, on ne peut obliger personne à croire !
Ce dont il s’agit c’est d’un témoignage… un témoignage cohérent s’entend… Le témoignage d’une vie d’homme avec ses joies et ses peines, avec ses forces et ses limites, mais une vie vécue en Jésus christ !

L’Evangile nous dit encore que Jésus, bien avant l’aube le lendemain matin, s’était isolé dans un endroit désert pour prier.

Et nous ?

Quand arrivons-nous à nous retrouver dans le désert pour prier ?
Quand savons-nous aménager dans nos vies ces espaces indispensables à la prière ?
Comment pouvons-nous imaginer conserver l’énergie nécessaire pour remplir notre rôle auprès de nos frères, pour continuer à être les témoins heureux et rayonnants du Christ si nous ne nous ressourçons pas dans la prière ?

Quand nous prenons la voiture, nous mettons la radio…
Quand nous rentrons chez nous, nous allumons la télévision…
Même celles et ceux qui cherchent à se détendre en faisant du sport le font avec la musique dans les oreilles…

C’est à croire que les hommes de notre temps ont peur du silence…
C’est peut-être tout simplement parce que les hommes de notre temps ont peur de se retrouver face à eux-mêmes, face à leurs erreurs et leurs limites…

C’est dommage car ce Dieu qui les attends et les rejoint dans ce silence est justement venu pour nous libérer et nous relever !

Quand aménageons-nous des temps de silence dans nos vies pour lui permettre de s’adresser à nous ?

La prière n’est pas un monologue de l’homme vers Dieu !

Elle est un dialogue entre Dieu et les hommes, un instant privilégié où nous pouvons tout remettre au Père et où ce dernier peut nous insuffler l’énergie et le courage de reprendre notre route dans le monde comme il le faisait avec Jésus dans l’Evangile d’aujourd’hui quand il remplissait sa mission sur les routes de Palestine.


Amen

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