dimanche 6 avril 2014

2014-04-06 - A - 5° Dimanche de Carême - Evangile Mort et résurrection de Lazare (Lecture brève 11, 3-7.20-27.34-35) (Jn 11, 1-45)


5ème dimanche de Carême


1ère lecture : Le peuple mort va revivre (Ez 37, 12-14)



Lecture du livre d'Ézékiel



Ainsi parle le Seigneur Dieu : Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai sortir, ô mon peuple, et je vous ramènerai sur la terre d'Israël.
Vous saurez que je suis le Seigneur, quand j'ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai sortir, ô mon peuple !
Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez ; je vous installerai sur votre terre, et vous saurez que je suis le Seigneur : je l'ai dit, et je le ferai. 
— Parole du Seigneur.



2ème lecture : Celui qui a ressuscité Jésus vous donnera la vie (Rm 8, 8-11)



Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains



Frères,
sous l'emprise de la chair, on ne peut pas plaire à Dieu.
Or, vous, vous n'êtes pas sous l'emprise de la chair, mais sous l'emprise de l'Esprit, puisque l'Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n'a pas l'Esprit du Christ ne lui appartient pas.
Mais si le Christ est en vous, votre corps a beau être voué à la mort à cause du péché, l'Esprit est votre vie, parce que vous êtes devenus des justes.
Et si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.

Evangile : Mort et résurrection de Lazare (Lecture brève : 11, 3-7.20-27.34-35) (Jn 11, 1-45)



Acclamation : Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. 

Tu es la Résurrection, tu es la Vie, Seigneur Jésus ! Celui qui croit en toi ne mourra jamais.

Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. (cf. Jn 11, 25-26)



Évangile de Jésus Christ selon saint Jean



Un homme était tombé malade. C’était Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de sa sœur Marthe.
(Marie est celle qui versa du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. Lazare, le malade, était son frère.)
Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. »
En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. »
Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare.
Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura pourtant deux jours à l'endroit où il se trouvait ; alors seulement il dit aux disciples : « Revenons en Judée. »
Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs cherchaient à te lapider, et tu retournes là-bas ? »
Jésus répondit : « Ne fait-il pas jour pendant douze heures ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu'il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n'est pas en lui. »
Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami, s'est endormi ; mais je m'en vais le tirer de ce sommeil. »
Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s'il s'est endormi, il sera sauvé. »
Car ils pensaient que Jésus voulait parler du sommeil, tandis qu'il parlait de la mort.
Alors il leur dit clairement : « Lazare est mort, et je me réjouis de n'avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui ! »
Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) dit aux autres disciples : « Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui ! »

Quand Jésus arriva, il trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà.
Comme Béthanie était tout près de Jérusalem — à une demi-heure de marche environ — beaucoup de Juifs étaient venus manifester leur sympathie à Marthe et à Marie, dans leur deuil.
Lorsque Marthe apprit l'arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait à la maison.
Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. Mais je sais que, maintenant encore, Dieu t'accordera tout ce que tu lui demanderas.
Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. »
Marthe reprit : « Je sais qu'il ressuscitera au dernier jour, à la résurrection. »
Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »
Elle répondit : « Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois ; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. »
Ayant dit cela, elle s'en alla appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t'appelle. »
Marie, dès qu'elle l'entendit, se leva aussitôt et partit rejoindre Jésus.
Il n'était pas encore entré dans le village ; il se trouvait toujours à l'endroit où Marthe l'avait rencontré.
Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie, et lui manifestaient leur sympathie, quand ils la virent se lever et sortir si vite, la suivirent, pensant qu'elle allait au tombeau pour y pleurer.
Elle arriva à l'endroit où se trouvait Jésus ; dès qu'elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. »
Quand il vit qu'elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus fut bouleversé d'une émotion profonde.
Il demanda : « Où l'avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Viens voir, Seigneur. »Alors Jésus pleura.
Les Juifs se dirent : « Voyez comme il l'aimait ! »Mais certains d'entre eux disaient : « Lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »Jésus, repris par l'émotion, arriva au tombeau. C'était une grotte fermée par une pierre.
Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du mort, lui dit : « Mais, Seigneur, il sent déjà ; voilà quatre jours qu'il est là. »Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l'ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. »
On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : 
« Père, je te rends grâce parce que tu m'as exaucé. Je savais bien, moi, que tu m'exauces toujours ; mais si j'ai parlé, c'est pour cette foule qui est autour de moi, afin qu'ils croient que tu m'as envoyé. »
Après cela, il cria d'une voix forte : « Lazare, viens dehors ! »
Et le mort sortit, les pieds et les mains attachés, le visage enveloppé d'un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. »
Les nombreux Juifs, qui étaient venus entourer Marie et avaient donc vu ce que faisait Jésus, crurent en lui.
Les textes de ce 5° dimanche de Carême commencent à nous laisser entrevoir le mystère de la résurrection.

Alors que nous sommes encore sur le chemin vers Pâques, ce mystère nous révèle déjà que notre Dieu n’est pas le Dieu des morts mais le Dieu des vivants !

C’est une belle phrase que nous entendons parfois… Mais que veut-elle dire réellement ?

Et bien cela veut dire qu’il ne faut pas attendre de quitter notre monde pour nous réveiller et aller à sa rencontre… Ce carême en est par exemple l’occasion…

Le texte d’Ezéchiel de la première lecture peut nous sembler un peu compliqué… Un peu simpliste sans doute et pourtant la vision que nous décrit le prophète est déjà une approche de la résurrection…

C’est un peu plus clair dans le texte de Saint Paul qui nous est proposé en seconde lecture et cela mérite que nous nous y arrêtions quelques instants.

« Sous l’emprise de la chair, on ne peut pas plaire à Dieu »
Est-ce que nous voilà revenu au fameux débat et l’opposition entre la chair et l’esprit ?

Le texte nous donne la réponse dans les lignes qui suivent, des lignes qui sont très claires si on accepte de les lire et d’essayer de les comprendre en enlevant de nos esprits nos clichés qui associent parfois un peu trop vite « emprise de la chair » et « luxure ».

Ce que nous dit ce texte c’est que tout homme qui accepte que Dieu ait sa place – et de préférence la première place bien entendu – dans sa vie, et bien tout homme qui accepte cela est vivant dès aujourd’hui et à tout jamais.

Avec Dieu à ses côtés, il apprendra petit à petit à repousser au loin les comportements trop humains qui sont la source de toutes ses erreurs, qui sont bien souvent la source de tous ses malheurs.

Si nous n’écoutons que notre chair alors nous nous enfermons dans les seuls désirs auxquels elle nous amène et aux débordements douloureux qui en découlent…

Il n’y a qu’à regarder le monde qui nous entoure pour nous en convaincre…
Quand nous parlons chair nous pensons luxure, c’est vrai, mais il n’y a pas que cela… Notre chair seule nous mène à toutes les violences, tous les égoïsmes, toutes les indifférences j’en passe et des bien pires encore…

Ce que nous dit encore ce texte c’est que tout homme qui s’en remet à Dieu, tout homme qui accepte - comme nous le dit Saint Paul avec ses mots – que l’Esprit de Dieu habite en lui – et bien en cet homme là habite et vit le Christ...

Nous le recevons au jour de notre Baptême et c’est à nous qu’il appartient de décider - ou non - de le laisser réellement vivre en nous et par nous.

C’est vraiment une décision… Dieu comme toujours n’impose rien…

Nous découvrons ensuite l’Evangile, une histoire qu’encore une fois nous connaissons bien et qui pourtant nous livre de si belles et si importantes choses pour nos vies même 21 siècles plus tard.

Lazare, un ami proche de Jésus est malade…
Quand on vient rapporter la nouvelle à Jésus il a cette très belle phrase « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié »

Jésus sait déjà…
Il sait déjà que tout ce qui va se passer sera à jamais dans les mémoires et les esprits… Il sait que ce qui va maintenant se passer sera – comme il le dit – « Pour la gloire de Dieu » et comme pour bien appuyer les choses, il ne décide de partir rejoindre Lazare qu’après deux jours.

Cette partie du texte nous rappelle que Jésus ne reste jamais loin de ceux qui souffrent.

Et nous 21 siècles plus tard comment agissons nous vis-à-vis de la souffrance ?
Notre monde n’a-t-il pas de plus en plus tendance à se détourner de cette souffrance ?

Quand nous nous préparons à Pâques avons-nous réellement le souci de tous les hommes ?

Quand nous nous promenons dans les rues de Lille ou ne fut-ce que celles de Béthune, allons nous à la rencontre des sans abris ou préférons nous changer discrètement de trottoir, sans en avoir l’air, pour ne pas avoir à croiser leur regard ou leurs mains tendues ?

Quand nous arrivons à un feu avec notre voiture et que s’y trouvent les mêmes sans abris souvent avec une petite pancarte, nous sommes nombreux à ralentir… mais seulement pour nous assurer que le feu passera vite au vert pour que nous puissions accélérer et ne pas avoir à éviter le regard de cet homme ou cette femme qui de fait se sentira encore plus rejeté.

« Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour »
L’affection de Jésus pour Lazare et bien plus forte que l’odeur…
L’affection de Jésus est bien plus forte que la douleur…
Il ne recule pas et va au devant de cet ami.

Pouvons-nous en dire autant ?

Souvent nous trouvons des excuses…
Nous récriminons contre les ROM’s  ou les réfugiés qui, comme les sans abris dont je viens de parler, se retrouvent à nos carrefour en tendant la main.

Nous les savons non loin de là, vivant dans des caravanes tirées par des grosses voitures… et nous ne manquons jamais de remarquer ces grosses voitures en nous disant qu’elles sont sans doute le fruit d’un quelconque trafic de drogue ou autre qui nous semble plutôt juteux…
Nous nous dédouanons du fait que nous leur refusons une pièce grâce à ces excuses que nous trouvons bien pratiques.

Qui parmi eux pourra trouver une place dans notre monde si aucun d’entre nous ne fait l’effort d’aller vers eux ?

Je suis certain que mes propos vous interpellent voir vous choquent…
Tout autant que nous sommes nous préfèrerions que ce soit d’abord les autres qui montrent l’exemple en matière de solidarité, voir que ce soit nos gouvernements qui trouvent une solution….

Mais ce n’est pas ainsi que l’entend le Christ !
Il n’excuse nullement ceux qui commettent des vols, des adultères ou des meurtres…
Il ne leur met cependant pas d’étiquette dans le dos et leur tend la main à chaque fois.

Aussi difficile que cela puisse nous paraître c’est à cela qu’il nous invite nous aussi.

La tombe n’est pas la demeure définitive des amis de Jésus.
Comme Lazare nous sommes appelés à venir dehors.
Comme Lazare nous sommes appelés à la vie une vie en Jésus Christ au service de nos frères.

Jésus s’adresse directement à Lazare  parce qu’il n’est pas mort mais vivant.
Jésus s’adresse à chacun d’entre nous parce qu’il nous veut vivants nous aussi.

Les bandelettes qui recouvrent Lazare sont le symbole de notre égoïsme, notre froideur, notre indifférence.
C’est de cela que Jésus veut nous libérer nous aussi …

Avec Marthe et Marie, en cette période de Carême nous faisons nous aussi route vers Pâques et sa résurrection.

C’est à nous qu’il appartient, comme le fit Marthe de dire : « Je crois, Seigneur ; Tu es le Fils de Dieu qui vient sauver le monde »


Amen

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