dimanche 23 mars 2014

2014-03-23 - A - 3° Dimanche de Carême - La Samaritaine et le don de l'eau vive (Jn 4, 5-42 [lecture brève 4, 5-15.19b-26.39a.40-42])


3ème dimanche de Carême


1ère lecture : Par Moïse, Dieu donne l'eau à son peuple (Ex 17, 3-7)



Lecture du livre de l'Exode



Les fils d'Israël campaient dans le désert à Rephidim, et le peuple avait soif. Ils récriminèrent contre Moïse : « Pourquoi nous as-tu fait monter d'Égypte ? Etait-ce pour nous faire mourir de soif avec nos fils et nos troupeaux ? »
Moïse cria vers le Seigneur : « Que vais-je faire de ce peuple ? Encore un peu, et ils me lapideront ! »
Le Seigneur dit à Moïse : « Passe devant eux, emmène avec toi plusieurs des anciens d'Israël, prends le bâton avec lequel tu as frappé le Nil, et va ! Moi, je serai là, devant toi, sur le rocher du mont Horeb. Tu frapperas le rocher, il en sortira de l'eau, et le peuple boira ! » 

Et Moïse fit ainsi sous les yeux des anciens d'Israël.

Il donna à ce lieu le nom de Massa (c'est-à-dire : Défi) et Mériba (c'est-à-dire : Accusation), parce que les fils d'Israël avaient accusé le Seigneur, et parce qu'ils l'avaient mis au défi, en disant : « Le Seigneur est-il vraiment au milieu de nous, ou bien n'y est-il pas ? »



2ème lecture : L'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs(Rm 5, 1-2.5-8)



Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains



Frères,
Dieu a fait de nous des justes par la foi ; nous sommes ainsi en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a donné, par la foi, l'accès au monde de la grâce dans lequel nous sommes établis ; et notre orgueil à nous, c'est d'espérer avoir part à la gloire de Dieu. Et l'espérance ne trompe pas, puisque l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné.

Alors que nous n'étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les coupables que nous étions. — Accepter de mourir pour un homme juste, c'est déjà difficile ; peut-être donnerait-on sa vie pour un homme de bien. Or, la preuve que Dieu nous aime, c'est que le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs.

Evangile : La Samaritaine et le don de l'eau vive (Jn 4, 5-42 [lecture brève: 4, 5-15.19b-26.39a.40-42])



Acclamation : Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. 

Le Sauveur du monde, Seigneur, c'est toi ! Donne-nous de l'eau vive, et nous n'aurons plus soif.

Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. (cf. Jn 4, 42.15)



Évangile de Jésus Christ selon saint Jean



Jésus arrivait à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph, et où se trouve le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s'était assis là, au bord du puits. Il était environ midi.
Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l'eau. 
Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. »
(En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter de quoi manger.)
La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi qui es Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » (En effet, les Juifs ne veulent rien avoir en commun avec les Samaritains.)Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : 'Donne-moi à boire', c'est toi qui lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive. »
Elle lui dit : « Seigneur, tu n'as rien pour puiser, et le puits est profond ; avec quoi prendrais-tu l'eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? »

Jésus lui répondit : « Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. »
La femme lui dit : « Seigneur, donne-la-moi, cette eau : que je n'aie plus soif, et que je n'aie plus à venir ici pour puiser. »
Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. »
La femme répliqua : « Je n'ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n'as pas de mari, car tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari : là, tu dis vrai. »
La femme lui dit : « Seigneur, je le vois, tu es un prophète. Alors, explique-moi : nos pères ont adoré Dieu sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut l'adorer est à Jérusalem. »
Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l'heure vient où vous n'irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père.
Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous adorons, nous, celui que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
Mais l'heure vient — et c'est maintenant — où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père.
Dieu est esprit, et ceux qui l'adorent, c'est en esprit et vérité qu'ils doivent l'adorer. »
La femme lui dit : « Je sais qu'il vient, le Messie, celui qu'on appelle Christ. Quand il viendra, c'est lui qui nous fera connaître toutes choses. »Jésus lui dit : « Moi qui te parle, je le suis. »

Là-dessus, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que demandes-tu ? » ou : « Pourquoi parles-tu avec elle ? »
La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens :« Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Ne serait-il pas le Messie ? »
Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers Jésus

Pendant ce temps, les disciples l'appelaient : « Rabbi, viens manger. »
Mais il répondit : « Pour moi, j'ai de quoi manger : c'est une nourriture que vous ne connaissez pas. »
Les disciples se demandaient : « Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger ? »
Jésus leur dit : « Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre.
Ne dites-vous pas : 'Encore quatre mois et ce sera la moisson' ? Et moi je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour la moisson.
Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit avec le moissonneur.
Il est bien vrai, le proverbe : 'L'un sème, l'autre moissonne.'
Je vous ai envoyés moissonner là où vous n'avez pas pris de peine, d'autres ont pris de la peine, et vous, vous profitez de leurs travaux. »

Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause des paroles de la femme qui avait rendu ce témoignage : « Il m'a dit tout ce que j'ai fait. »
Lorsqu'ils arrivèrent auprès de lui, ils l'invitèrent à demeurer chez eux. Il y resta deux jours.
Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de ses propres paroles, et ils disaient à la femme : « Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant ; nous l'avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c'est vraiment lui le Sauveur du monde. »



Les textes de ce 3ème dimanche de Carême nous nous parlent beaucoup d’eau…
Ils nous parlent d’eau ou plus exactement de ce qui se passe quand nous n’en avons pas… de la soif que cela engendre.

Le premier texte est tiré du livre de l’Exode…
L’Exode… ce long chemin que le peuple d’Israël a fait dans le désert derrière son guide, Moïse, à la recherche de la terre promise… Une terre dont le peuple ne savait rien sinon que c’est là qu’il rencontrerait Dieu…

Il fallait une sacré dose de confiance pour avancer ainsi de point d’eau en point d’eau, au travers du désert à la suite d’un seul homme…

Alors oui, c’est vrai… Ils avaient tous vu ce que Dieu avait fait pour que Pharaon finisse par les laisser partir… Ils avaient assisté aux plaies que l’Egypte avait du endurer pour que le peuple puisse enfin être libre…

Ils avaient même assisté à l’engloutissement de l’armée de Pharaon par la mer que Moïse avait ouverte avec son bâton…

Mais voilà… C’était il y a quelques temps déjà…
La vie avait repris son cours et surtout… La traversée du désert est quand même pénible… Mettre le campement… Défaire le campement… Aller d’un point d’eau à l’autre en espérant à chaque fois en trouver… Souffrir en marchant toute la journée sous le soleil et bien d’autres douleurs encore.

Et le peuple avait fini par faire ce qui arrive à chacun d’entre nous de faire : Il avait fini par ne plus pouvoir supporter cette vie…
Il a suffi qu’à Réphidim l’eau ne soit pas au rendez-vous pour que le peuple se mette en colère…

Il leur est alors arrivé ce qui nous arrive à nous aussi : Le peuple récrimine contre celui qui le gouverne, c'est-à-dire Moïse et à travers Moïse Dieu, dont ils finissaient pas se demander s’ils allaient réellement le rencontrer un jour dans ce désert qui n’en finissait plus.

C’est un peu comme nous quand nous récriminons contre ceux que nous avons élu… Nous trouvons que le bien être promis tarde à venir… Pire, nous trouvons que nos conditions se détériorent et du coup nous râlons nous aussi.

Vous connaissez comme moi les textes qui se trouvent dans le livre de l’Exode…

Tout au long de la traversée du désert, le peuple a souvent trouvé des raisons de récriminer contre et Moïse et contre Dieu…

Et là encore c’est un peu comme nous… Quand les choses ne vont pas comme nous le voulons, il nous faut un coupable et si nous n’arrivons pas à trouver autour de nous quelqu’un sur lequel nous allons pouvoir déverser notre colère et bien, tout comme le peuple d’Israël, nous finissons pas nous en prendre à Dieu…

C’est vrai après tout… Si la famine subsiste encore dans notre monde… C’est tellement plus facile de se dire que si Dieu le voulait il pourrait tout changer…

Quand le chômage persiste, quand nous avons fini de nous en prendre à nos politiques dont nous trouvons sans cesse qu’ils en font d’avantage pour leur ré élection que pour les gens dont ils sont sensés s’occuper, et bien là encore nous finissons par trouver que Dieu pourrait arranger tout cela.

Et bien malgré toutes ces récriminations contre lui, malgré toutes les fois où nous nous sommes détournés de lui pensant qu’il nous avait abandonnés, et bien malgré tout cela, Dieu continue à se tourner vers nous et à ne vouloir qu’une seule chose : Notre bonheur !

La meilleure preuve se trouve encore dans le récit de l’Exode.
Souvent le peuple a récriminé et pourtant à chaque fois, Dieu lui a donné ce qu’il demandait… La manne… de l’eau… le peuple n’a jamais manqué de rien et a fini par arriver jusqu’au mont Sinaï où il a vécu cette rencontre avec Dieu, où il a reçu une nouvelle nourriture : La Parole de Dieu !

Mais la soif n’est pas seulement une question d’eau…
Notre esprit aussi peut avoir soif…

Nous le voyons bien autour de nous : Tant de personnes sont tristes, tant de jeunes ou de moins jeunes ne trouvent plus de sens à leur vies… tant de personnes sont tristes et se sentent tellement accablées par tous les maux de notre temps…

Toutes ces personnes ont en fait soif d’un vrai sens à donner à leur existence…

Très souvent cette soif est provoquée par une traversée du désert elle aussi… le désert spirituel vers lequel notre monde souvent stérile et menaçant les pousse.

Là où ils se trouvent, c'est-à-dire dans un monde d’égoïsme, de violence, et de bien d’autres maux, il n’y a plus rien pour désaltérer leur esprit… Leur permettre de reprendre leur souffle et de repartir certains que quelqu’un les aime et chemine avec eux.

Ce désert, c’est le désert de l’ignorance religieuse !

Les maux du monde dans lequel nous nous trouvons, mais également toutes les tentations de plaisir instantané, toutes les distractions égoïstes finissent pas conduire l’homme à s’éloigner de Dieu.

Pour faire un parallèle qui vaut ce qu’il vaut, les hommes et les femmes de notre temps finissent pas s’installer eux aussi dans un désert d’indifférence… Une indifférence entre les hommes… Une indifférence entre les hommes et Dieu.

Ce à quoi nous invite le carême, ce à quoi nous invitent les textes de ce dimanche, ce n’est rien de moins que remettre Dieu au centre de nos vies pour pouvoir nous abreuver de sa parole et nous guérir de la soif de bonheur qui est la notre.

Car oui La Parole de Dieu rend réellement heureux !

Ce n’est d’ailleurs pas tant la parole en elle-même… Mais plutôt l’effet qu’elle peut produire dans nos vies…

Bien loin de contenir les interdictions que trop souvent le monde qui nous entoure lui trouve, cette Parole contient en fait les recettes du vrai bonheur !

Si nous acceptons de nous laisser interpeler par cette Parole… Si nous acceptons de la laisser faire en nous son effet, alors il est certain, quelles que soient les difficultés de nos vies, que cette Parole nous aidera à trouver les chemins qui mènent au vrai bonheur…

Ce sont toutes ces choses dont notre monde à si peu l’habitude et dont il a cependant tant besoin pour être heureux : Ecoute, Partage, Générosité, Paix, Pardon et bien d’autres choses encore…

Ce sont là des vertus qui sont la source d’une vie réellement heureuse.

En complément de la Parole, pour retrouver cette source, il n’y a pas de secret.
Chaque jour, apprenons ou réapprenons à consacrer du temps à la prière… apprenons ou réapprenons à aller à la rencontre de Dieu, car une prière sincère est une prière dans laquelle chacune et chacun d’entre nous peut rencontrer Dieu…

Et il y a également l’Eucharistie…
On entend parfois dire que les meilleurs chrétiens ne sont pas nécessairement dans les églises et peut être est-ce vrai…
Il ne faut cependant pas se servir de cette phrase comme d’une excuse quand on a pas le courage de se bouger un peu le dimanche matin.

Car s’il peut être vrai que les meilleurs chrétiens ne sont pas nécessairement dans les églises, il est également vrai que c’est en fréquentant régulièrement l’Eucharistie, en se laissant interpeler par le sens réel qu’elle a dans la vie de tout homme, que nous pouvons nous améliorer, apprendre à repousser nos limites si humaines et remettre au cœur de nos vies ce Dieu dont nous avons tant besoin pour être heureux et rendre heureux toutes celles et ceux que le Seigneur met sur notre route chaque jour.

Oui, en ce Carême Dieu vient encore et toujours à notre rencontre.
Il se propose à nous non pour diriger vos vies mais pour nous rendre heureux, vraiment heureux loin des égoïsmes, des rancœurs et des courses à la possession de notre monde.

Il veut tellement notre bonheur que jamais il ne s’impose.
Il veut tellement notre bonheur qu’il nous laisse libres de le choisir ou pas…

C’est donc à chacune et chacun d’entre nous qu’il appartient de faire nos vrais choix en cette période de Carême.


Amen

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