dimanche 2 juin 2013

2013-06-02 - C - Le Saint Sacrement - Le Christ nourrit son peuple (Lc 9, 11b-17)



Le Saint Sacrement

Solennité du Seigneur



1ère lecture : Melkisédek offre à Dieu le pain et le vin (Gn 14, 18-20)



Lecture du livre de la Genèse



Comme Abraham revenait d'une expédition victorieuse contre quatre rois, Melkisédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin : il était prêtre du Dieu très-haut.
Il prononça cette bénédiction :« Béni soit Abram par le Dieu très-haut, qui a fait le ciel et la terre ; et béni soit le Dieu très-haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains. »
Et Abram lui fit hommage du dixième de tout ce qu'il avait pris.


2ème lecture : Institution de l’Eucharistie (1Co 11, 23-26)



Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens



Frères, moi, Paul, je vous ai transmis ce que j’ai reçu de la tradition qui vient du Seigneur : la nuit même où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. »
Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. »

Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez à cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne.

Evangile : Le Christ nourrit son peuple (Lc 9, 11b-17)



Alléluia. Alléluia.

Tu es le pain vivant venu du ciel, Seigneur Jésus. Qui mange de ce pain vivra pour toujours.

Alléluia (cf. Jn 6, 51-52)



Évangile de Jésus Christ selon saint Luc



Jésus parlait du règne de Dieu à la foule, et il guérissait ceux qui en avaient besoin.
Le jour commençait à baisser. Les Douze s'approchèrent de lui et lui dirent : « Renvoie cette foule, ils pourront aller dans les villages et les fermes des environs pour y loger et trouver de quoi manger : ici nous sommes dans un endroit désert. » Mais il leur dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répondirent : « Nous n'avons pas plus de cinq pains et deux poissons... à moins d'aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce monde. » Il y avait bien cinq mille hommes.
Jésus dit à ses disciples : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante. » Ils obéirent et firent asseoir tout le monde. Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il les bénit, les rompit et les donna à ses disciples pour qu'ils distribuent à tout le monde. Tous mangèrent à leur faim, et l'on ramassa les morceaux qui restaient : cela remplit douze paniers.



Nous fêtons aujourd’hui le Saint Sacrement.

Alors que nous reprenons le cycle des semaines du temps ordinaire, nous voilà, pour cette fête, replongés pour un temps au cœur de la semaine Sainte, et tout particulièrement au Jeudi Saint avec la Cène au cours de laquelle notre Seigneur Jésus Christ nous a apportée l’Eucharistie…

Pour comprendre le sens de cette fête du Saint Sacrement il convient de se souvenir que ce mot « Eucharistie » veut dire « Action de Grâce ».

C’est cette action de grâce qui doit nous guider en premier quand nous venons à la  Messe dominicale.

Nous faisons une pause dans nos semaines souvent si mouvementées, pleines de joies mais aussi bien souvent de peines… Nous faisons une pause et nous venons, j’allais dire « formellement » offrir tout cela au Seigneur…

Si nous en avons la possibilité, nous pouvons le faire chacun des autres jours car la Messe est dite tous les jours.
A défaut, la prière quotidienne, si nous avons su prendre l’habitude de la pratiquer, peut elle aussi nous permettre de nous en remettre chaque jour à Dieu.

C’est donc plus « formel » lors de la Messe dominicale.

Nous venons déposer tout ce que nous sommes, ce que nous vivons, dans les mains de Dieu et nous le remercions pour toutes les merveilles qu’il réalise chaque jour pour nous, merveilles que bien souvent nous ne voyons même plus, englués que nous sommes dans notre humanité, aveuglés que nous sommes souvent par ces problèmes, ces douleurs qui focalisent toute notre attention et nous font oublier jusqu’aux merveilles de Dieu.

Et pourtant, chaque jour et donc chaque dimanche aussi, le Christ s’offre à nous dans le pain et le vin consacrés, pour nous sauver.

La fête du Saint Sacrement met à l’honneur cette présence REELLE !

« Présence REELLE »…

Toujours habitués à mener nos vies avec notre pâte humaine, n’en oublions nous pas souvent que dans l’Eucharistie c’est cette présence REELLE qui est présente et qui s’offre à nous

Habitués que nous sommes à nous retrouver chaque semaine, ne privilégions nous pas d’avantage nos papotages à l’adoration de notre Dieu qui s’offre à nous REELLEMENT dans le pain et le vin consacrés ?

Savons nous encore, au moment de la consécration, ouvrir nos yeux et surtout nos cœurs au fait que c’est bien Dieu qui vient Personnellement, REELLEMENT à la rencontre de chacun d’entre nous.

Avons-nous encore la présence d’esprit de nous dire « Oui, c’est vrai, le Christ est présent REELLEMENT dans cette hostie et ce vin que l’abbé vient de consacrer… »

Quand nous entrons dans cette église c’est le Père qui nous accueille en personne avec la promesse de se donner à nous à chaque Eucharistie…

Il le fait dès notre entrée… Il le fait sitôt nous avons franchi la porte…

Alors quand nous entrons dans l’église, même si nos regards croisent ceux de nos frères, même si, en chrétiens soucieux de ses frères, nous prenons de leurs nouvelles, nous leur partageons nos plus beaux sourires et même parfois des paroles de réconfort… N’en oublions pas pour autant Celui qui nous accueille, qui est présent au Tabernacle et qui dans l’Eucharistie va une fois encore revivre pour nous Sa Passion pour s’offrir à chacun d’entre nous…

Sachons le saluer en silence par un geste qui traduira pour chacun ce que Dieu représente de grand dans sa vie… Une génuflexion ou plus simplement un salut si notre corps ne nous en permet pas d’avantage… Mais avant tout un geste de profond respect envers ce Dieu qui rejoint chacune de nos humanités.

La Messe, et plus particulièrement l’Eucharistie, devrait être LE grand évènement de notre semaine. En dehors de circonstances très exceptionnelles il ne faudrait jamais le manquer.

Dans certains pays – souvent des pays où la vie est bien moins facile que chez nous – des chrétiens font des dizaines de kilomètres, parfois à pieds, pour participer la célébration de l’Eucharistie, alors que nous, qui avons encore la chance d’avoir des messes dominicales assez proches, d’avoir des moyens de locomotion adaptés et surtout de pouvoir le faire en toute liberté, nous nous en privons parfois…

Pourquoi en ce cas, laisser s’installer ce que j’appellerai une « anorexie Eucharistique » ?

Chaque dimanche nous nous rassemblons pour nous nourrir de la Parole de Dieu et du Corps du Christ.

Le Saint Curé d’Ars disait « Nous n’en sommes pas dignes, mais nous en avons tellement besoin »… Besoin comme d’une nourriture absolument essentielle…


La première lecture, celle du livre de la Genèse nous invite à rendre grâce.

Dans la seconde lecture, Saint Paul rappelle au Corinthiens – et à nous par la même occasion – l’importance de l’Eucharistie dont je viens de parler et son institution.

Et l’Evangile nous permet de faire le parallèle entre l’Eucharistie et son côté essentiel dans nos vies… Aussi essentiel que notre pain quotidien !

Ce texte s’intitule « Le Christ nourrit son peuple » c’est déjà tout un programme…
Il relate un texte que nous connaissons bien : Celui de la multiplication des pains.

Le texte nous dit que Jésus parlait du règne de Dieu à la foule…
Mais voilà… Le jour baisse et la foule est immense…

Les disciples, sans doute animés de bons sentiments mais également d’un peu de crainte face à l’immensité de cette foule, demandent à Jésus de les renvoyer dans les villages alentours où ils pourront trouver un toit pour la nuit mais surtout de la nourriture…

Et Jésus de leur répondre « Donnez leur vous-mêmes à manger ! »

Les disciples trouvent alors des excuses comme pour ramener Jésus à LEUR raison… « Nous n'avons pas plus de cinq pains et deux poissons... à moins d'aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce monde » ce qu’ils savent complètement impossible…

« Cette fois c’est sur, Jésus  va les renvoyer et… nous en serons débarrassés… »

Mais comme à son habitude, Jésus ne se démonte pas : « Faites les asseoir par groupe de cinquante ! »

Et là, les mots du texte ressemblent étrangement à des paroles que nous connaissons bien : « …il les bénit, les rompit et les donna à ses disciples »
Ca ne vous rappelle pas quelque chose ?

L’Evangile nous dit qu’avec tout ce qui resta après la distribution, on remplit encore douze paniers.

Les symboles sont forts…

Avec très peu – Cinq pains et deux poissons – Dieu donne à profusion !
Dieu a besoin de nos gestes de partage, même de tout petits gestes, pour pouvoir réaliser de belles et grandes choses.
Avec ces cinq pains et deux poissons qui sont tout ce que possèdent les disciples, Jésus donne à manger à plus de cinq mille personnes.

Le Christ ne peut rien si nous n’acceptons pas de donner nous aussi de notre essentiel…
Mais si nous acceptons de lui partager ce que nous avons, il peut énormément !
Il peut combler les autres mais peut nous combler nous aussi…

C’est cet « Essentiel » que nous amenons à chaque Eucharistie…
Tout dépend de ce que nous mettons derrière ce mot d’  « Essentiel »…

Souvent nous y voyons nos espères sonnantes et trébuchantes, ce « bel » argent, ces possessions auxquelles nous tenons tant…

Il nous faut, c’est vrai, partager ce que nous possédons à nos frères et ne pas amasser pour le plaisir d’amasser en nous contentant de donner les miettes de ce que nous possédons.

Mais cet « Essentiel » c’est aussi toutes ces choses dont nous nous chargeons et qui nous empêchent de vivre !

Nous apportons à l’Autel tout ce que nous sommes, mais également tout ce que nous ne sommes pas… Tout ce que nous savons faire de bien mais également tout ce que nous ne savons pas ou ne voulons pas faire… Tout ce que nous subissons aussi, tout ce qui nous rend malheureux.

C’est avec ces petits peu que Dieu peut beaucoup…

Il s’offre à nous pour nous transformer et l’Amour qu’il nous donne peut tout changer dans nos vies.

Amen.

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