Evangile selon Saint Matthieu 4, 1-11
Jésus, après son baptême, fut conduit au désert par l'Esprit pour être tenté par le démon.
Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
Le tentateur s'approcha et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. »
Mais Jésus répondit : « Il est écrit : Ce n'est pas seulement de pain que l'homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
Alors le démon l'emmène à la ville sainte, à Jérusalem, le place au sommet du Temple
et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Le démon l'emmène encore sur une très haute montagne et lui fait voir tous les royaumes du monde avec leur gloire.
Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si tu te prosternes pour m'adorer. »
Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C'est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, et c'est lui seul que tu adoreras. »
Alors le démon le quitte. Voici que des anges s'approchèrent de lui, et ils le servaient.
Cette fois nous y sommes…
Depuis quelques jours maintenant, nous sommes entrés dans le carême 2011…
Un de plus me direz-vous ? Et bien non !
C’est vrai, comme chaque année, cette année plus tard que d’habitude, nous avons vécu la cérémonie des cendres et c’est vrai, cette année encore les 40 jours qui nous séparent de Pâques vont passer rapidement… Que nous soyons en activité ou en retraite tout va vite aujourd’hui…
Alors n’attendons pas d’être à mi-carême pour nous mettre en marche !
N’attendons pas que le monde qui nous entoure nous donne sa permission pour nous préparer à la Résurrection du Christ…
Si nous attendons que ce soit ce monde qui ralentisse pour nous permettre de nous y préparer alors ce ne sera pas à la mi-carême que nous allons nous réveiller mais au matin de Pâques…
Nous avons tous mille choses à faire…
Aller travailler, nous occuper des enfants, faire à manger…
Regarder la TV, participer aux activités d’un club, lire nos mails, faire nos comptes… et plein d’autres choses encore qui nous servent parfois d’excuses aussi pour bien montrer que nos vies sont pleines et qu’il n’y a plus de place pour participer à une action caritative, un temps de partage, une adoration ou même la messe dominicale.
L’évangile d’aujourd’hui nous invite donc à nous poser, à nous laisser conduire au désert comme Jésus pour y retrouver les sources de notre foi et de notre baptême.
L’évangile d’aujourd’hui nous parle de trois endroits dans lesquels le tentateur comme il est appelé, va chercher à perdre Jésus, trois lieux qui sont hautement symboliques dans le Judaïsme.
Ces trois lieux, vous l’avez entendu, sont le désert, le temple et la montagne.
Tout d’abord : le désert !
C’est là que Dieu avait conduit son peuple pour lui permettre d’échapper à l’esclavage de pharaon en Egypte…
Mais le désert, même quand on est un homme libre, c’est un endroit hostile… Un endroit où il est difficile de survivre, même quand on sait qu’on est le peuple choisi de Dieu…
Alors, jour après jour, privation après privation, le peuple a commencé à maugréer contre Moïse tout d’abord et contre Dieu ensuite…
Être le peuple choisi de Dieu c’est bien…
Être libre c’est bien…
Mais si dans ces plans Dieu n’a pas prévu de pain… Alors à quoi bon être libre ?
Et certains de regretter le temps où ils étaient esclaves certes, mais où ils avaient au moins à manger…
Et nous ? Quels sont nos déserts ?
Nos déserts sont ceux de la possession…
Plus le monde nous offre de jolies choses et plus nous les rendons indispensables à nos vies…
Nos téléphones portables…
Ils n’existaient pas il y a 20 ans et pourtant nous vivions très bien sans…
Nos ordinateurs…
Ils n’existaient pas non plus il y a 30 ou 40 ans et pourtant nous vivions très bien sans…
Le monde qui nous entoure est un monde de consommation dans lequel nous sommes aspirés comme par une tornade, au point que nous n’arrivons bien souvent plus à faire la part des choses entre ce qui nous est nécessaire ou superflu…
« Comment ca tu n’as pas d’adresse mail ? » « Comment ca tu n’as pas de téléphone portable ? » « A l’époque ou nous vivons !!! »
Finalement ce sont toutes ces choses qui finissent pas nous posséder…
Et du coup nous nous refermons sur nous-mêmes, coincés dans nos vies matérialistes où nous ne trouvons même plus de temps pour l’autre, PIRE, où l’autre, et particulièrement le pauvre, celui qui ne possède pas, ne doit pas venir nous déranger…
« C’est vrai tous ces pauvres qu’on voit à la télé… Quand est-ce que le gouvernement va faire quelque chose ? » « Il faudrait que les organisations humanitaires s’en occupent quand même !!! »
Nous sommes tellement englués dans notre petit confort que nous finissons par reprocher aux autres, gouvernements, organisations humanitaires, voisins, de ne pas s’occuper des plus pauvres…
Et pourtant Jésus nous le rappelle « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » Cette parole est faite pour nous nourrir, pour nous faire vivre, et si nous savons la mettre en pratique alors nous saurons nous mettre au service des autres quitte à oublier pour ne fut-ce qu’un moment nos ordinateurs ou nos téléphones portables…
Le second endroit de notre évangile d’aujourd’hui est c’est le temple…
Ce temple qui était sensé être l’endroit où le peuple se rassemblait pour faire monter sa prière vers Dieu…
Mais au fil du temps ce lieu était devenu un lieu de marchandage… Au lieu de servir Dieu, les hommes se servaient de Dieu pour mener à bien leurs petits commerces…
Jésus refusera de se « servir » du temple… Souvenez-vous du récit sur les marchands du temple.
Et notre temple à nous quel est-il ?
Est-ce qu’il ne nous arrive pas à nous aussi de nous servir de Dieu ?
« Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ? » « Ah si le Bon Dieu existait… Il n’aurait pas laissé cet accident arriver… »
C’est quand nous sommes bien dans la panade, une panade dans laquelle nous nous mettons bien souvent tous seuls, que nous nous tournons vers Dieu soit pour le supplier (enfin), soit pour le critiquer…
Ce n’est pas seulement quand nous sommes dans cette panade qu’il faut penser à aimer Dieu… C’est dans le quotidien de nos vies…
Dieu nous aime entièrement d’un amour qui dépasse notre imagination.
Et tout ce qu’il nous demande c’est d’accueillir cet amour… Et pas seulement quand nous sommes dans la peine mais dans chaque instant de notre vie pour que nous fassions fructifier cet amour et que nous en fassions bénéficier tous ceux qui nous entourent…
Le troisième et dernier endroit de notre évangile d’aujourd’hui est c’est la montagne…
Cette montagne c’est le mont Sinaï où Moïse a reçu la loi de Dieu : « Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi… Tu ne te prosterneras pas devant eux et tu ne les serviras pas. »
A peine Dieu avait il donné Sa Loi… qu’aux pieds de la montagne les hommes avaient fabriqué un veau d’or devant lequel ils se prosternaient…
Il n’y a pas bien loin à chercher pour faire la comparaison entre les Hébreux qui se prosternaient devant un veau d’or il y a plus de 2000 ans et nous les hommes et les femmes du 21° siècle.
L’argent, le pouvoir, les biens de consommation dont je parlais plus haut, sont autant de veaux d’or dans nos vies…
Pour avoir beaucoup d’argent, pour être le plus puissant, pour posséder beaucoup de choses, certains sont même prêts à vendre leur âme…
Au désert, au temple et sur la montagne, Jésus a repoussé toutes ces tentations et par trois fois à dit non à Satan pour renforcer encore et encore son « Oui » au Père.
C’est ce « Oui » que Jésus prononcera tout au long de sa vie sur terre.
A sa suite, nous sommes invités à faire le point, à redire le oui de notre baptême et à nous réajuster à l’Amour de Dieu.
Aujourd’hui et tout au long de ce carême, Jésus nous invite :
« Changez vos cœurs, croyez à la bonne nouvelle. Changez de vie, croyez que Dieu vous aime ! »
Amen.
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